Dernier jour de visite

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L'odeur était toujours aussi affreuse et piquante. Les décombres jonchaient le sol. Ça sentait légèrement le brûlé. Tout était très calme. Parce qu'il n'y avait plus personne. Lucille s'assit par terre et contempla une caravane désertée.

Elle fit demi-tour et rentra chez elle, les larmes irritant ses yeux bleus.

***

Gaël attendait, de l'eau jusqu'au cou, que sa monitrice arrive. Il avait froid, il ressortit de l'eau. Il savait qu'elle apparaîtrait quand elle le voudrait.

Il se promena le long des bassins, détaillant les nageurs, dans l'espoir de la surprendre comme elle l'avait surpris la dernière fois. Il trempa ses pieds, comme autrefois, comme quand il ne savait pas nager. Puis il se laissa glisser dans le bain. Il eut une petite montée d'adrénaline quand ses cheveux se mouillèrent et entama une longueur de brasse, pas trop loin du bord en cas de problème.

-Mesdames, messieurs notre piscine fermera ses portes dans une vingtaine de minutes merci d'évacuer les bassins.

Gaël ouvrit les yeux, il descendit les gradins, un peu déçu. Manifestement, Sally l'avait oublié. Il se fit la remarque qu'il savait à présent nager et qu'elle s'était sûrement dit la même chose. Tant pis, il avait aimé sa voix rassurante mais toutes les bonnes choses avaient une fin. Il jeta un dernier regard aux badauds qui se pressaient mais ne la vit pas.

Il sortit, s'acheta un en-cas et attendit, comme à son habitude. Il n'attendait pas Sally, puisqu'elle n'était pas venue. Il attendait un changement, ou une lassitude de sa part, empli d'un entrain qu'il ne se connaissait pas. Il n'avait pas envie de rentrer et il passa une heure assit sur un petit cube en béton à suivre le ballet des piétons.

Un poids s'abattit sur ses épaules.

-Bouh!

Il n'y avait qu'une personne au monde pour faire ça.

-Lucille?
-Oui.

Elle avait pleuré et cela lui fendit le cœur. Il n'aimait pas poser des questions sur leur tristesse aux personnes malheureuses. Il préférait qu'on lui dise si on avait envie. En l'occurrence, Lucille ne disait jamais rien sur ses déboires. Il lui parla de la dernière série qu'ils avaient vu, il fit des plaisanteries obscènes, elle rit.

Puis chacun rentra chez soi.

Sel de merWhere stories live. Discover now