Quand s'éleva le matin, chassant la nuit terrible,
La Bête voulut s'élever contre ce rêve horrible.
Elle chercha un miroir, un lac ou un étang,
Ou elle pourrait sans peine, détailler son changement.
Elle trouva et mira son reflet déformé,
Et son cri s'étendit par toute la forêt.
Elle pleura de détresse, pria jusqu'à l'Enfer,
De voir son beau visage perdu pour cette Terre.
Son désespoir bien vite, se mua en colère.
Elle s'éleva comme le diable, et jura de défaire
Cette injure innommable et cette magicienne,
Pour qui son cœur brulait d'une sanglante haine.
Réservant son courroux, elle chercha un asile,
Un lit, une belle table, un repos plus tranquille,
Imaginant déjà les vulgaires, obligés,
Face à son sang, son nom, si ce n'est à sa beauté.
Elle goûta l'amertume de la réalité
Quand d'une première maison elle se trouva chassée,
N'éveillant chez son peuple que cris, pleurs, et terreur,
Jusqu'à faire défaillir les jeunes femmes d'horreur.
A la seconde ferme, on tenta de l'abattre,
Elle dut fuir les fusils et la chaleur de l'âtre,
Sans un autre refuge que cette forêt sombre,
Dangereuse charmeuse, mère de toute les ombres.
Errant parmi les bois, l'âme en peine, solitaire,
Elle atteint sans le voir une petite chaumière.
Paniquée, apeurée, elle se prépare à fuir,
Quand un jeune habitant décide de sortir.
Tenant un plat brulant dans ses pâles mains d'enfant,
La fillette la fixe de ses yeux innocent.
Comme pétrifiée, la Bête hume le doux parfum,
La petite porte aussi un gros morceau de pain.
Au sol, tout près du monstre, timidement déposée,
L'offrande inespérée est vite dévorée,
La fillette discrète retourne à son foyer,
Souriant doucement au monstre rassasié.
L'autre s'en retourna, parmi les fourrés noirs
Un peu moins terrifiants, éclairés d'un espoir.
De la chaleur au cœur, prenant la nuit pour toit,
Au pied d'un chêne immense, enfin, elle se coucha.
La Bête qui toujours n'avait que méprisé
Ces bambins inutilement bruyants et laids
Fut surprise d'admirer la pureté de l'enfant
Qui avait su l'aider à travers l'enchantement.
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Contes Trahis : Bestiale
PoetryImaginez des contes, de nouveaux contes de fées. Des contes sombres, cruels, et bien souvent tragique, car les dieux et les fées sont rarement bienveillant. Des contes qui soulignent les travers des mortels. Des contes merveilleux, des contes fantas...