Contes Trahis : Bestiale

Partie 1 : La servante

Un matin comme les autres, le soleil déjà haut,

Notre Belle partait retrouver son cher Beau,

Passant par un jardin jusqu'alors inconnu,

Elle heurte et fait chuter une vielle bossue.

Sa mise bien tachée, ses cheveux décoiffés

Elle braque sur la vieille un regard courroucé.

« Comment, laide souillon, oses-tu te présenter

A mes yeux délicats, et puis me bousculer ?

Tu as sali ma mise, j'allais voir mon galant !

Tu en seras châtiée, je t'en fais le serment !

Maintenant, excuses-toi, et sois bien convaincante,

Je n'ai pas tout mon temps à passer aux servantes ! »

La servante étalée se relève durement.

Elle semble souffrir mais s'incline plaisamment

« Je m'excuse Madame, d'avoir pu contrarier

Votre plaisante idylle, votre belle journée.

Souffrez, s'il vous plaît, que je n'en voulais rien.

Accordez le pardon, donnez moi votre main

Et aidez une vieille, qui vous est bien dévouée,

A porter son vieux corps à l'ombre des pommiers. »

« Ton temps est écoulé, vieille chouette impertinente !

Tes excuses sont rejetées, ta demande insolente !

Débrouilles toi donc seule pour monter cette pente,

Mon désir vaut bien plus que ta vie de servante ! »

Sans guère plus s'attarder, l'adorable cruelle,

Abandonna l'infirme, ne se souciant plus d'elle,

Et partit d'un bon pas ; quant à cette déconvenue,

Elle l'oublia très vite, et n'y songea pas plus.