Chapitre 23

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Louis

Quand Ariel nous téléphone pour nous prévenir qu'il est à la clinique vétérinaire, nous comprenons que c'est grave parce qu'il est incapable de nous raconter ce qu'il se passe sans pleurer.

Je ne crois pas que le plus dur ce soit de devoir assimiler qu'il est mort, mais plutôt qu'on ne le reverra plus jamais. Il n'essaiera plus de se cacher sous la table pour avoir des restes du repas, il ne sera plus derrière la porte d'entrée à nous attendre lorsqu'il entend la clé dans la serrure, il ne sautera plus sur le lit pour une balade alors qu'on est en pleine nuit et qu'on pense mourir étouffé tellement il est lourd. Cette maison regorge de souvenirs de Câlinou et de voir son panier vide près de la télé n'a plus le même effet aujourd'hui.

Il est tard lorsque nous rentrons, alors les enfants vont directement se coucher et je prends sur moi pour me recentrer et laisser Ariel seul quelques instants. Je crois que je ne l'ai jamais vu aussi triste, et lorsqu'il me rappelle que c'est le tout premier cadeau que je lui ai offert, pour la St Valentin en plus, je réalise à quel point Câlinou représentait beaucoup de choses pour nous – et ça me rend encore plus triste.

J'ai du mal à sécher mes larmes avant de sonner chez Anne pour lui annoncer la mauvaise nouvelle. Elle aussi, elle est bouleversée et il m'est très difficile de ne pas trop pleurer.

« Tu aurais dû m'envoyer un message, finit-elle par me dire gentiment.

– J'avais quelque chose d'autre à vous demander, c'est pour ça. »

Je reprends repris mon souffle et j'accepte le mouchoir qu'elle me tend.

« Merci.

– De rien. Qu'est-ce qu'il se passe ? Rien de grave ?

– Non, pas du tout. Nous avons pour projet de retourner vivre à Londres, j'explique.

– Vraiment ?

– Oui, les enfants en ont vraiment envie et... nous aussi, je crois.

– Si vous partez, je vous suis. Il y aura bien une petite place pour moi au manoir, non ? Londres me manque beaucoup.

– C'est vrai ? C'est génial. Athéna sera vraiment heureuse. Elle s'inquiétait de savoir comment elle pourrait continuer d'apprendre la couture. Enfin, pas que pour ça, évidemment. Vous êtes proches des enfants, d'Ariel. De moi. Ce serait difficile de vous quitter. »

Elle m'adresse un sourire bienveillant et ça me réchauffe un peu le cœur.

« Les enfants arrêtent l'école ? Ou le départ se fait cet été ?

– Nous allons certainement finir l'année scolaire à domicile et voir comment nous nous organiserons pour l'année prochaine. »

Le dire à haute voix, me fait réaliser à quel point c'est irresponsable et précipité. Je n'ai pas envie de fuir parce que c'est plus simple, je n'ai pas envie que nous soyons ce genre de personnes qui se terre quand plus rien ne va. Mais il faut savoir faire des sacrifices pour se préserver et il me semble que ce sacrifice est nécessaire à notre famille. Quelques mois de paix, c'est peut-être tout ce dont nous avons besoin.

« Je crois que nous avons besoin de nous retrouver, je conclus, comme si j'avais peur qu'elle juge notre décision.

– C'est certainement une bonne idée. Quand est-ce que vous partez ?, demande-t-elle avec un sourire bienveillant.

– À entendre Ariel, on part cette nuit. Mais nous n'allons pas précipiter notre départ pour autant. Peut-être d'ici quelques semaines.

– Très bien, ça ira pour moi. Je ferais des allers-retours avec Los Angeles de temps en temps.

I Swear I Lived Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant