C'était une journée sans goût, sans émotions ni envies pour Khadija. Elle ne voulait même pas sortir de sa chambre, n'ayant aucune envie de voir les autres se préparer pour aller au mariage. Elle n'arrivait pas à croire que Hamid se mariait et qu'elle allait devoir le supporter. Khadija ne pensait pas que ce serait si dur de devoir partager son homme avec Juliette, cette femme qui l'insupportait tant.
Assise sur son lit, Khadija regardait Hamid s'habiller en caftan blanc. Sa douleur était profonde lorsqu'elle le voyait devant le miroir se préparer pour aller à son propre mariage. À partir d'aujourd'hui, il ne serait plus seulement le sien, elle devrait le partager avec une autre. Rien que d'y penser lui donnait des larmes aux yeux.
Hamid remarqua la détresse de sa femme quand il vint s'asseoir à ses côtés.
_ Khadija, pourquoi es-tu dans cet état ? Tout ce que je t'ai dit hier ne t'a donc pas rassurée ??
_ Qui t'a dit que je suis triste.
Répondit Khadija dans un roulement des yeux.
_ Tu ne sais pas mentir. Écoute, Khadija, tu n'as pas du tout un mari vilain. Je suis beau et costaud, tu sais, donc ça ne devrait pas t'étonner que Juliette ne puisse pas se passer de moi, tu vois...
Essaya de plaisanter Hamid, mais sa femme resta silencieuse.
_ Ok, c'était vrai, ce n'était pas drôle.
Lâcha-t-il dans le malaise.
_ Je pense que tu devrais y aller sinon tu vas être en retard, il est déjà 17h.
Changea Khadija la discussion pour ne pas encore culpabiliser son mari juste parce qu'elle ne pouvait pas faire semblant d'être heureuse.
_ Je n'ai même pas envie d'y aller, toi...
Souffla Hamid.
_ Tu veux que je t'enferme, c'est ça ??
Plaisanta Khadija cette fois, ce qui redonna le sourire à son mari qui lâcha d'un ton amusé :
_ Oh, on dirait que madame voudrait s'enfermer avec moi, hum.
Khadija éclata de rire.
_ Sors d'ici, Hamid, allé va rejoindre ta future femme.
Dit Khadija, lui lançant un oreiller.
_ Haha, parole d'une jalouse.
Répondit son mari.
Un autre oreiller atterrit sur sa tête.
_ Hhh... Bon, réponds d'abord, est-ce que je me suis bien mis ?
Khadija hocha la tête dans un roulement des yeux.
_ Comme ça, peut-être que je trouverai une troisième au mariage, hum.
_ Troisième de quoi ?!
Demanda Khadija, surprise par la drôle de tête que faisait son mari.
_ Euh, tu sais... une troisième femme.
Khadija se leva pendant que Hamid prenait la porte en courant. La jeune femme éclata une nouvelle fois de rire.
_ Il n'est pas possible.
Marmonna-t-elle.
_ CHÉRIE, TA MÈRE EST LÀ.
Tonna la voix de Hamid depuis en bas.
Khadija, contente à l'idée de voir sa mère, se précipita pour descendre au rez-de-chaussée. Elle sauta directement dans les bras de cette dernière, qui était assise sur un sofa avec Aïda, Nafi et tante Khoudia.
_ MAMAN !
Coumba semblait comprendre l'affliction que ressentait sa fille, elle la serra très fort dans ses bras réconfortants.
_ Puisque ta mère est là, je peux partir sans être tué.
Dit Hamid.
Khadija se décala de sa mère pour faire face à son mari.
_ Tu peux remercier le bon Dieu.
_ De toute façon, je vais qu'à la mosquée, qui pourrais-je charmer là-bas ?!
Khadija n'avait même pas pris le temps de répondre qu'une voix retentit derrière eux.
_ Ma chère Coumba, quel bonheur de te voir !
Tonna Henriette, qui venait de sortir de sa chambre avec sa fille Fadilah. Elles étaient habillées très classe.
_ Henriette, comment ça va ??
Répondit la mère de Khadija.
_ Ça va, nii rek. Un peu fatiguée avec les préparatifs du mariage, tu sais. Normalement, je devais rester à la maison, mais khamngua rek, puisque je suis amie avec la mère de Juliette, elle voulait que je vienne au mariage. Et de toute façon, le mariage se célèbre à la mosquée de notre côté et eux à leur manière.
Coumba hochait simplement la tête, laissant Henriette parler seule. La mère de Khadija n'avait pas envie de faire l'hypocrite.
_ Bon, je vais y aller, à tout à l'heure, faites comme chez vous, ma chère.
_ Bonne route, Henriette.
Répondit Coumba.
Henriette sortit de sa maison suivie de Fadilah. Instantanément, Khalil sortit de sa chambre habillé en caftan marocain bleu.
_ Salamou alaykoum.
Leur salua
Khalil.
_ Wa alaykoum salam.
Répondirent-ils.
_ Allons-y, mon frère, tu es prêt ?
Demanda-t-il à Hamid.
_ Oui, un instant.
Répondit celui-ci en se dirigeant vers sa femme. Il l'attrapa par la taille pour la coller contre son corps avant de chuchoter à son oreille :
_ N'oublie pas que c'est toi que j'aime.
Il déposa un baiser sur la joue de sa femme avant de partir avec son petit frère.
_ Il ne se gêne pas de t'embrasser devant nous, ton mari.
Commenta Coumba.
_ Suis sa femme.
Répondit Khadija.
_ Je n'arrive toujours pas à croire que tu étais cette fille si timide !
Dit Aïda.
_ Laisse-la, Aïda, tu comprendras toi aussi lorsque tu seras mariée.
Intervint Khoudia.
Khadija ne chercha pas à comprendre les mots de sa tante qui sonnaient bizarre dans sa tête, proposant :
_ Venez dans le salon.
_ On va bien ici, merci ma chérie.
Répondit sa mère.
_ Henriette va encore fêter le mariage dans sa maison ??
Demanda Nafi, curieuse.
_ Non, je ne pense pas. Hamid a dit qu'il ne voulait pas d'une fête chez lui.
Leur dit Khadija.
_ Et Henriette a accepté ??
Demanda sa tante.
_ Bien sûr, ce qui importe pour ma belle-mère, c'est le mariage, et puis rien d'autre. En plus, Juliette n'en trouve aucun problème.
_ Est-ce que ça va bien dans la tête de cette Juliette ??
Dit Aïda.
_ Je me le demande aussi.
Répondit Hodan, qui venait de descendre les escaliers.
Aïda se sentit gênée.
_ Tu n'as pas à être gênée, Aïda. Je ne l'aime pas de toute façon.
Répliqua-t-elle.
_ Tu viens de te réveiller, à cette heure, presque 17 h ??
Lâcha Khadija à sa belle-sur.
_ J'étais fatiguée, tu sais même pas à quel point.
_ Oui, j'imagine bien, et maintenant va te préparer, ta mère et Fadilah viennent de partir pour le mariage.
_ Mmh, j'avais même oublié cette histoire de mariage.
Répondit Hodan dans un bâillement.
_ Dis-moi, ma fille, comment te sens-tu ??
Lui demanda Coumba.
_ Ça va.
Répondit tout simplement Khadija.
_ Si tu veux être heureuse, ne t'occupe même pas de Juliette. Gère ton côté, fais ce que tu as à faire, et le reste n'a pas d'importance. Si tu ne veux pas voir ton mari avec une autre femme, enferme-toi dans ta chambre. Fais tout pour ne pas faire des crises de jalousie devant eux, même si c'est dur à voir. N'aie pas peur d'une coépouse, dis-toi que ce n'est rien et tout ira bien.
Khadija hocha la tête, ne sachant pas quoi répliquer. Elle voulait se convaincre que ce n'était rien d'avoir une coépouse, mais avait intérieurement peur de perdre son mari, même si Hamid lui avait toujours assuré à quel point il l'aimait.
De l'autre côté, la fête battait son plein. La famille de Juliette était heureuse de ce mariage qui consolidait les relations entre les deux familles. Certains vieux étaient déjà ivres, et les jeunes s'amusaient à les regarder danser et riaient de leurs pas de danse.
Juliette attendait l'appel de Hamid, entourée de ses amies. L'attente fut longue, mais elle éclata de joie quand soudainement son téléphone se mit à sonner.
Sans surprise, c'était Hamid.
Juliette n'attendit pas, elle décrocha très rapidement.
📞 Allô, mon amour.
S'enthousiasma enfin Juliette.
📞 Ça y est, le mariage est noué.
Répondit Hamid.
Malgré que sa voix à lui ne donnait pas l'impression qu'il était le plus heureux des hommes, Juliette se sentait comme la femme la plus comblée au monde. Elle avait obtenu ce qu'elle avait toujours voulu, Hamid, seulement lui.
Mésalliance ❤