6 décembre
Cheryl
Je poussai la porte d'entrée du café "Chez Clémentine" avec détermination.
L'un de mes professeurs venait de nous demander de recueillir un témoignage d'un ou d'une inconnu.e sur son rapport avec son travail et j'étais résolue à interroger Julie, la mystérieuse serveuse de ce café.
Au lieu de m'installer autour de l'une des tables comme à mon habitude, je me dirigeai directement vers le bar et interpellai la jeune femme qui s'affairait derrière le comptoir.
"Hey, Julie ?"
L'intéressée releva aussitôt la tête et esquissa une moue de surprise en m'apercevant. Avec un sourire, je relevai légèrement mon chapeau pour la saluer.
"Tu te souviens de moi ? repris-je.
- Bien sûr. Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?"
Je ne me laissai pas déstabilisée par la gentillesse polie de la serveuse - qui était à l'opposé de son comportement de la dernière fois - et brandis fièrement la feuille donnée par mon professeur :
"Je dois interviewer quelqu'un pour la fac, sur son rapport au travail. Tu veux bien ?
La jeune femme écarquilla les yeux et pris quelques secondes avant de répondre :
- Pourquoi me le demander à moi ? Je suis sûre qu'il y a pleins d'autres personnes qui aurait des témoignages bien plus intéressant à t'apporter.
- Peut-être, mais c'est le tien qui m'intéresse."
Julie leva les yeux au ciel. Elle semblait sur le point de refuser.
"Alleeez, s'il-te-plaît. Je ne te demande qu'une petite heure et après je te jure que je te laisse tranquille.
- Il y a des centaines d'autres personnes que tu pourrais interroger. Je peux demander à mon collègue, Damien, je suis sûre qu'il serait ravi de t'aider..."
Je me contentai de la fixer de mon regard implorant, sans rien dire.
Finalement, la jeune serveuse poussa un profond soupir et me lança :
"Tu ne changera pas d'avis, n'est-ce pas ?"
Je secouai la tête avec volonté.
"Je ne change jamais d'avis.
Ma réplique lui arracha un mince sourire et Julie passa une main dans ses cheveux bouclés et courts :
- Très bien. J'accepte de t'aider pour ton témoignage."
Un immense sourire s'étala sur mon visage. Si j'avais pu, je l'aurais prise dans mes bras. Mais je doutais fortement que la jeune femme apprécie et de toute façon, le comptoir entre nous m'en empêchait.
"Trop bien ! Tu peux venir demain chez moi vers dix sept heures ? Je te laisserai mon adresse."
Julie hocha la tête et mon sourire s'élargit encore plus :
" Génial ! Au fait, je vais prendre un chocolat chaud."