Point de vue extérieur
— Pourquoi voudrais-je en savoir plus sur lui ? Il ne représente rien pour moi !
En hurlant ses mots, la voix de Klaus Mikaelson est toujours aussi tremblante.
Depuis qu'il a appris qu'il n'était pas le fils de Mikael, tout un tas de questions sur son géniteur n'a eu de cesse de le hanter. Quel genre d'homme était-il ? Avait-il réussi à trouver sa place parmi les loups ?
Ce ne sont pas ses seules interrogations. Il en a d'autres, bien plus personnelles, dont les réponses le terrifient.
Face à lui, cet homme, Sam, qui dit avoir connu son géniteur, n'a pas bougé et se contente de l'observer sagement. Il ne semble pas complètement insensible au mal-être du fils de celui qu'il a toujours considéré comme un frère mais il n'ose faire un pas dans sa direction comme s'il ne savait pas comment agir.
Comment le lui reprocher ? La réputation de Klaus Mikaelson n'est plus à faire.
— À mes yeux, il n'est rien d'autre qu'un... étranger !
La voix de Klaus est toujours aussi bancale mais sans agressivité.
Sam, soupire longuement avant d'avouer :
— Et pourtant... vos routes se sont déjà croisées. J'irais jusqu'à dire... plusieurs fois.
Avec cette révélation, l'hybride originel tressaille. Sa curiosité vient d'être piquée à vif mais la peur est, elle, toujours aussi persistante.
Il veut tellement savoir et en même temps, il ne se sent pas capable.
— La première fois, c'était lors... d'une nuit étoilée.
Sam n'a pas besoin d'en dire plus. Klaus n'a aucun mal à laisser ses souvenirs remontés à la surface. Ce moment dans cette clairière, il ne l'a jamais oublié. Et cet étranger qui l'avait rejoint non plus. Tous les deux se sont en effet croisés peu de fois mais à chacune d'entre elles, cet homme lui a laissé une forte impression. Son visage se rappelle aussitôt à lui. Il se remémore ses cheveux bruns cascadant jusqu'à ses épaules, de ses yeux d'un bleu métallique et de sa barbe au reflet d'argent lui apportant une certaine maturité. Cet inconnu l'a fasciné immédiatement. Sa bienveillance était palpable. Elle lui faisait du bien.
Une larme perle la joue de l'hybride. Et on ose dire qu'il est incapable d'aimer ? Au fond, il s'agit seulement d'un être brisé qui ne sait comment s'améliorer et qui à la place retombe dans ses travers.
— Lorsqu'il t'a rencontré la première fois, cela faisait quelques années que nous avions quitté les alentours de votre village, lui apprend Sam. À l'époque, nous étions venus pour aider la meute de loups à se contrôler. Une fois fait, Nikalan n'avait plus vraiment de raison de rester. Pourtant, à chaque fois il repoussait son départ. Il n'en disait rien mais je savais qu'il le faisait pour Esther. Il ne voulait pas quitter ta mère. Désormais, et en étant avec Caroline, je pense qu'il s'agit d'un sentiment que tu peux comprendre.
Comment ose-t-il comparer leur histoire avec celle qu'il entretient avec son ange !
— Ce qu'ils ont vécu n'a rien en commun avec ce que je vis avec Caroline ! s'agace l'hybride.
Leur relation n'est pas parfaite mais tous les deux s'aiment vraiment. Il ne s'agit pas d'un amour à sens unique comme celui d'Esther et de Nikalan.
— En es-tu convaincu ? lui demande Sam.
Klaus en perd ses mots. Il ne comprend pas ce que Sam cherche à lui révéler.
Alors qu'il songe à son ange, une sensation étrange lui noue l'estomac. Le cœur comprimé dans la poitrine, il peine à respirer librement.
— Que se passe-t-il ? l'interroge l'homme-loup.
— Je l'ignore ! avoue-t-il. Il s'agit de Caroline. J'ai comme un pressentiment.
— Ton loup est lié à elle, utilise ce lien. Cesse de rejeter cette part de toi-même.
Non, il n'en a pas envie. Il ne veut pas être contrôlé par cette bête.
Et pourtant cette sensation étouffante, de plus en plus insupportable, l'oblige à revoir ses positions. Elle le brûle de l'intérieur tel un feu incandescent.
— Niklaus, fie-toi à lui. Il ne tolèrera jamais que celle avec laquelle il est lié puisse être en danger.
Ça, il le sait ! Il en déjà pris conscience. Son loup serait capable de faire n'importe quoi pour la jolie blonde.
— je vais t'y aider !
L'hybride, obéissant, observe alors son hôte dont les yeux d'un bleu limpide virent à l'or. Entrainé par lui, il en fait de même.
Le brouillard se disperse soudainement. Comme s'il était avec elle, il ressent la chaleur des flammes, de l'inquiétude de la jeune femme. Son foyer se consume et lui n'est pas là.
Sans demander son reste, l'hybride abandonne aussitôt Sam. Utilisant sa vitesse surnaturelle, il ne lui faut que quelques minutes pour arriver sur les lieux.
Le feu jaillit des fenêtres, détruit le toit. Certaines colonnes en pierre se sont effondrées. Leur maison n'en est plus une. Bientôt, il n'en restera plus rien. Ses yeux balayant le tableau atroce qui s'offre à lui. Kol, Rebekah et Stefan sont la, mais aucunement sa jolie blonde.
— Où est-elle ? chuchote-t-il, la voix bercée par l'émotion.
Non il refuse de croire que son petit ange puisse avoir péri dans les flammes. Il ne peut pas vivre sans elle. On ne peut pas le lui avoir enlevé. Pas après avoir réussi à gagner son cœur. C'était déjà un miracle d'y avoir eu le droit. La vie ne peut pas être si injuste. Et en même temps, ne pourrait-ce pas être une punition pour toutes les atrocités qu'il a commises ?
— Où est Caroline ? hurle-t-il sur Rebekah,
— Tout va bien, Nik, l'informe Kol. Je l'ai sorti de la maison. Et elle n'a pas la moindre égratignure, j'y ai veillé personnellement.
À la fois reconnaissant, choqué et soulagé, il se retourne sur lui.
— Je le confirme ! ajoute Rebekah. Notre frère a géré la situation comme un chef !
Fier d'entendre ces mots, il attire Kol contre lui. Pas besoin de grand discours, le geste suffit amplement.
Mais si Caroline est bel et bien en dehors de cette maison enflammée, pourquoi n'est-elle pas venue le rejoindre ? Cela ne lui ressemble pas !
Non ! Ce n'est pas normal. Ce mauvais pressentiment est toujours là.
N'écoutant que son instinct, l'hybride pénètre les lieux se jetant dans les flammes.
— Caroline ! hurle-t-il à s'en briser les cordes vocales.
La fumée est atroce, l'odeur également. À l'intérieur, tout ce qui était de leur demeure se consume.
Le cœur au bord de l'implosion, Klaus Mikaelson hurle le prénom de son ange. Malheureusement, il n'obtient aucune réponse à ses nombreux appels.
Pris au dépourvu, il ne sait comment se sortir de cette impasse. Il ne la trouve pas. Ses sens vampiriques ne lui servent à rien.
Mais ceux du loup dans tout ça ?
Il est temps pour lui de tenter le tout pour le tout. D'une pirouette mentale, il fait taire son côté vampirique pour passer le relais à l'autre créature qui sommeille en lui. Autour de lui, toutes les couleurs se réduisent mais une vision thermique se met progressivement en place. Il ne lui suffit plus qu'à trouver une tache bleue dans toute cette chaleur suffocante.
Cette fois, il l'a. Sans doute dans leur chambre, un corps est étendu au sol. Celui de Caroline.
Gravissant ce qui reste des marches de l'escalier, il atteint l'étage, récupère son ange et se jette par la fenêtre pour les sortir de ce brasier.
Caroline nichée dans ses bras, il s'éloigne de l'incendie, le regard bien sombre.
Kol et Rebekah se précipitent dans sa direction.
— Nik, je ne comprends pas, je l'avais sorti !
La voix de son petit frère est tremblante.
Et s'il ne le croyait pas ? Comment le pourrait-il alors qu'il lui avait affirmé qu'il s'était occupé de la mettre en sécurité ?
Silencieux, l'hybride ne bronche pas.
Tout en grinçant des dents, il pose son ange sur l'herbe fraiche et se mord le poignet avant de lui faire boire de son sang. Elle a eu de la chance, hormis des brûlures superficielles et de la suie qui est venue noircir son teint de porcelaine, elle n'a rien.
— Nik, crois-moi, je te jure que je l'ai fait sortir !
Dans les secondes qui suivent, Caroline s'agite et toussote.
— Klaus, murmure-t-elle difficilement
Il ne répond pas. À la place, il se redresse de toute sa hauteur. Les paupières de la jeune femme papillonnent de plus en plus. Le regard de l'hybride originel est si glacial qu'elle en a froid dans le dos. Elle va passer un sale quart d'heure mais elle ne regrette rien. Si c'était à refaire, elle n'hésiterait pas.
Prenant son courage à deux mains, les yeux rivés dans les siens, elle se redresse, prête à l'affronter. Car il est bel et bien question de ça !
— Pourquoi es-tu retourné là-bas alors que Kol t'en avait sorti ? crache-t-il.
Kol soupire de soulagement. Son frère l'a cru. À ses yeux, c'est tout ce qui compte.
— Réponds-moi, Caroline ! hurle-t-il de rage.
— Pour récupérer ceci ! admet-elle d'une voix calme, contrastant celle de son hybride.
Et pour appuyer ses dires, la jolie blonde sort un petit carnet de la poche arrière de son jean.
En cet instant, il aimerait la punir pour lui avoir mis les nerfs à dures épreuves. Il a eu peur comme jamais. Si seulement, il pouvait la daguer pour la contraindre à un sommeil pour une durée indéterminée. Au moins, il serait assuré qu'elle resterait en sécurité. Malheureusement pour lui, elle n'est pas comme ses frères et sœurs.
— Tu as risqué ta vie pour un satané bouquin ! crache-t-il dans l'incompréhension la plus totale.
— Pas un bouquin, réplique-t-elle. C'est un journal !
— Ne joue pas sur les mots, Caroline ! s'agace-t-il.
L'hybride est à bout de nerfs. Cette femme va finir par le conduire à sa perte.
— Il appartenait à ta mère ! lui révèle-t-elle. Dedans, elle évoque ton père. Ton vrai père. Je ne pouvais pas le laisser brûler sans que tu découvres par toi-même à quel point... elle l'aimait.
L'hybride est sans voix. Sa colère se dissipe remplacée par un autre sentiment.
— Tu as risqué de finir brûlée pour que je puisse combler les vides de mon passé ! il comprend
— Tout le monde mérite de savoir d'où il vient. En particulier, toi ! admet- elle.
N'écoutant que son cœur, il l'attrape dans ses bras, l'étreint, l'embrasse, la chérit.
C'était stupide de sa part de prendre un tel risque mais il prend conscience à quel point il a de la chance de l'avoir. Elle se soucie de lui, de son bien-être. Personne, extérieur à sa famille, n'en aurait fait autant pour lui.
Rassuré qu'elle soit indemne, Klaus balaye la maison des yeux. Il observe Kol, Rebekah, Stefan puis, les sourcils froncés, demande :
— Où est Katherine ?
Les yeux ronds comme des soucoupes, tous se tournent vers l'hybride.