L'air frais du matin de Noël caressait le visage de Mark alors que, piétinant la neige à une allure soutenue, il souriait au soleil de l'aurore et se réjouissait du crissement de la neige sous les semelles de ses chaussures ainsi que sous les pattes de Lacey, sa fidèle chienne au poil doré. Son bonnet rouge enfoncé sur sa tête, d'où quelques mèches claires glissaient entre les mailles, tombait sur le front du jeune homme à cause du pli qui s'y formait, concentré malgré la plénitude soudaine que le paysage lui procurait. Se remémorant le comportement de Harper avant qu'il ne sorte, étrangement distant pour un matin de fête, il éprouva un pincement au cœur.
Pourtant, le sourire et le baiser qu'elle lui avait offerts en guise de vœux de bonheur démentaient l'espace qu'il pensait percevoir entre eux. Après tout, « espace » n'était peut-être pas le mot qui correspondait. Réserve ? Hésitation ? Incertitude ? Peut-être que ces termes convenaient mieux à ce qu'il avait cru déceler. Discernant probablement son trouble, Lacey interrompit sa marche pour se diriger vers son maître et s'asseoir à ses pieds, le museau dressé. Le coin de ses lèvres s'étirant malgré son doute, Mark caressa la tête de sa chienne avant de retirer ses gants et de s'accroupir devant elle.
-Tu es la plus gentille, Lacey, souffla-t-il, créant un nuage de fumée blanche. Qu'est-ce que je ferais sans toi ? ajouta-t-il en caressant le Golden Retriever derrière les oreilles.
L'intéressée remua la queue d'un air joyeux et se tortilla pour essayer de donner une léchouille appréciatrice à la main de son propriétaire. Une fois sa tâche accomplie, elle se redressa vivement et sautilla autour du jeune homme, en quête d'affection, d'enjouement ou simplement de sourires, Mark l'ignorait tout en comprenant cependant le sens général de sa farandole.
-Oui, ma belle, on va rentrer, ne t'en fais pas, acquiesça-t-il en se redressant. Harper doit nous attendre.
Avec un joyeux aboiement, Lacey piqua un sprint sur quelques foulées et ralentit l'allure avant que la laisse n'interrompe sa course. Mark enfila à nouveau ses gants un à un et, suivant le guide, il reprit le chemin de leur foyer. Le duplex qu'Harper et lui louaient se trouvait aux abords de la ville, dans un quartier calme qui ne se situait pas loin du parc. La vaste étendue d'herbe était dissimulée sous une épaisse couche de neige qui, grâce aux basses températures et aux intempéries, ne s'amenuisait pas depuis plusieurs jours. Les arbres, feuillus et conifères, s'amassant de manière irrégulière, étaient eux aussi couverts de la soyeuse blancheur, leurs plus fines branches ployant sous son poids.
Mark inspira profondément l'air frais de décembre ; le soleil ne réchauffait pas ses joues, mais il appréciait la sensation du froid lui piquant le visage à la lumière matinale. Cette saison semblait toujours avoir un brin de magie, à ses yeux, sans savoir s'il s'agissait de l'effet de la neige, des fêtes ou des soirées lors desquelles ils pouvaient s'installer confortablement sous un plaid, lui et Harper. Peut-être était-ce un peu de toutes ces choses à la fois.
Arrivés devant la porte de chez eux, Lacey s'agita alors que le jeune homme n'avait même pas encore eu le temps de sortir ses clefs de sa poche. Tout en essayant de la calmer, il ôta le gant de sa main droite et chercha l'objet de sa convoitise dans la cavité de son épais manteau. Lorsqu'il put incérer le métal dentelé dans la serrure et se glisser dans la chaleur de l'intérieur, il retint sa fidèle compagne sur le paillasson afin de lui essuyer les pattes le plus efficacement possible.
-Harper ? appela-t-il en se redressant.
Sa voix se noya dans le vacarme que les pattes de Lacey provoquèrent en dérapant sur le plancher, pressée de retrouver son coussin préféré après sa balade. Mark repéra alors un chemin de pétales blancs au sol et, intrigué, le suivit après s'être débarrassé de son manteau, écharpe, bonnet et bottines. À son extrémité, il découvrit Harper, debout dans le salon, occupée à arranger nerveusement ses cheveux bruns aux reflets roux, comme si elle se préparait à effectuer une présentation importante. Il ne put s'empêcher de la trouver magnifique, dans sa tenue confortable surmontée d'un pull en laine bleue. Malgré son agitation apparente, elle rayonnait. Goutte de rosée scintillait à la lueur de l'aube. Étoile brillant sur un ciel d'encre. Simple et pure. Resplendissante.
-Harper ? demanda-t-il une seconde fois pour se sortir de sa torpeur. Est-ce que tout va bien ?
-C'était kitsch, pas vrai, les pétales ? voulut-elle savoir en tournant la tête vers lui. J'ai hésité. Je n'aurais jamais dû les mettre, ajouta-t-elle en grimaçant.
-Je dois admettre que c'est un peu étonnant, avoua Mark, je ne savais pas qu'aujourd'hui était un jour spécial, en-dehors de Noël. Mais c'est charmant, on dirait presque des flocons de neige.
-Tu peux venir ici, s'il te plaît ? lui intima-t-elle, entre l'ordre et la proposition.
-Oui, bien sûr, acquiesça-t-il en la rejoignant au milieu du cocon que formaient le canapé et le fauteuil.
La table basse avait été repoussée contre le mur, près du sapin clignotant de lumière neutre, et les deux plaids qu'ils utilisaient étaient parfaitement repliés et entassés sur le dossier, détails qui surprirent le jeune homme. Sa petite amie était une personne organisée au travail, mais le côté personnel ressemblait constamment à un champ de bataille. Il aimait la manière dont elle gérait les aspects de sa vie de manière si radicalement différente, comme si le professionnel s'interrompait une fois la porte du foyer franchie. Une telle capacité à scinder les choses suscitait constamment l'admiration de Mark.
-Écoute, je me rends compte que rien de tout ça n'est conventionnel, commença Harper en tortillant ses mains, mais j'y tiens, tu comprends ? J'y tiens vraiment, et tu sais ce que je pense des conventions, alors...
-Harper, l'interrompit-il. Calme-toi, pourquoi tu es si nerveuse ? Est-ce qu'il se passe quelque chose de grave, ou quelque chose comme ça ?
-Pas du tout, s'esclaffa-t-elle en braquant ses yeux verts dans ceux, marrons, de Mark. Non, je t'assure, tu es très loin de la réalité. En réalité, j'ai pris conscience en préparant les fêtes et en passant le réveillon de Noël avec toi que je n'aurais voulu faire ça avec personne d'autre. C'était avec toi, et seulement avec toi que je voulais être. Je sais que j'ai un esprit assez pragmatique, mais découvrir les traditions un peu ridicules avec toi a été un réel bonheur. Alors, j'espère que tu me pardonneras de changer celle-ci. Je t'avoue que ce n'est pas réfléchi et que je n'ai même pas eu le temps de me préparer comme il le fallait, mais je sais au fond de moi que c'est ce que je dois faire pour être en accord avec moi-même.
D'un geste tendre, la jeune femme attrapa les mains de son compagnon avant de déposer un genou à terre.
-Mark Tyler Cooper, je sais depuis longtemps maintenant que tu es l'homme de ma vie, celui avec qui je veux passer le reste de mes jours. Alors, je te le demande parce que je t'aime profondément : veux-tu m'épouser ?
L'émotion submergea son petit ami, incapable de penser, de réfléchir ou de bouger ; ses mots résonnèrent inlassablement dans son esprit embrumé pour y danser et s'y bousculer avant de s'y inscrire, de s'y graver pour qu'il puisse les conserver, comme la plus précieuse des promesses. Lentement, il chérit chaque syllabe, savourant leur signification et se délectant du son de la voix chargée de tendresse et d'espoir de sa petite amie. Non : de sa fiancée. Avec une douceur authentique, il lâcha les mains de Harper et s'agenouilla en face d'elle. Dans un geste reconnaissant, il saisit affectueusement le visage de la jeune femme et déposa ses lèvres sur les siennes.
Ce baiser lui fit l'effet d'une décharge électrique, douce mais vive, le ramenant ainsi à la réalité sans pour autant briser la bulle de bonheur qui croissait dans sa poitrine. Maintenant certain de n'avoir rien imaginé, Mark se sépara de sa bien-aimée et la contempla comme s'il la voyait pour la première fois, à la fois étourdi et émerveillé. Abasourdi et admiratif. Amoureux.
-Bien sûr, que je veux t'épouser, Harper Mary Gordon, finit-il par répondre. Ce serait pour moi un honneur. Et j'aime de tout mon cœur quand tu es inconventionnelle.
Un sourire s'épanouit sur son visage, dissipant toute la nervosité et l'inquiétude qui l'habitaient encore. Un sourire de reconnaissance et de promesse. Un sourire d'espoir et de joie. Avec l'impression soudaine de sembler parfaitement ridicule, Harper se redressa et entraîna son fiancé avec elle. Lacey, ressentant l'émotion de ses maîtres sans avoir l'envie d'y participer, laissa échapper un aboiement sourd avant de déposer sa tête sur ses pattes, toujours étalée sur son coussin. Mark avait toujours été attaché aux traditions ; cependant, il accepta cette entorse sans aucun regret et avec une allégresse non contenue. Parce qu'il s'agissait sans doute de l'accroc, qui ne devrait pas en être un, le plus doux qu'il puisse imaginer. Ce geste était empli d'amour et de sincérité, débordant de confiance mutuelle et d'attention. Et là résidaient les seuls éléments revêtant une réelle importance lorsque deux personnes souhaitaient s'unir à jamais.
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NDA : Bonjour, tout le monde ! J'espère que vous allez bien.
Voici... le deuxième texte guimauve de ce calendrier ! J'avais envie de revisiter un thème classique pour en faire quelque chose d'autre, je suppose. Et... En fait, c'est à peu près tout ce que j'ai à dire.
J'espère sincèrement que ça vous a plu.
Merci d'être encore là.
Je vous fais de gros bisous, et vous dis à demain <3
Prenez bien soin de vous.