C'était samedi, pas de travail pour Hamid. Il profitait donc de sa journée et était en balade avec sa femme. Le couple était assis sur un banc au milieu d'un jardin d'enfants où la joie régnait.
_ J'aimerais tellement avoir un adorable petit garçon.
Fit Khadija, sombrant dans ses pensées. Elle s'imaginait déjà tenir son petit garçon dans les bras.
_ Ah ça, ce n'est pas difficile, il faudrait juste qu'on s'y mette, tu vois.
Répondit le jeune homme.
_ Hamiiid, tu n'es pas sérieux, rien ne te gêne, toi.
Dit Khadija, boudant légèrement.
Hamid éclata de rire, c'était réellement ce qu'il cherchait. Il aimait en effet voir sa femme dans une situation de gêne, sans aucune raison, ça l'enjouait.
_ Je savais que tu allais dire ça.
Répondit Hamid sous une voix amusée.
_ Je peux te poser une question ??
Lui demanda sa femme.
_ Tout ce que tu veux, mon amour.
Répondit Hamid de manière confiante.
_ Qu'est-ce qui te rend le plus heureux dans la vie ??
Lui demanda sa femme, voulant en savoir un peu plus sur le docteur.
_ C'est d'avoir une femme comme toi et le fait de voir les gens que j'aime heureux, tel que ma famille.
Répondit-il avec un sourire, car le bonheur de Hamid était de voir sa famille heureuse et le reste était pour lui, sans doute, secondaire.
_ Et qu'est-ce que tu regrettes le plus dans ta vie ??
Demanda encore la jeune femme, quand le visage de son mari s'affermit, son sourire se perdit petit à petit, il avait l'air triste.
_ Il y a un petit glacier là à côté, tu voudrais une glace ??
Dit Hamid, brisant la tension. Il ne voulait pas parler de ce qu'il regrettait le plus dans sa vie, c'est un passé obscur pour lui alors que ça peut ne pas être rien pour sa femme, mais il avait peur qu'elle le juge d'homme cruel.
_ Oui, avec cette chaleur torride.
S'obligea à répondre Khadija malgré son incompréhension.
Elle regarda son mari partir, se demandant pourquoi avait-il changé soudainement de sujet. Son regret était-il si obscur que ça ??
Khadija se fit sortir de ses pensées par la sonnerie d'un téléphone, c'était celui de Hamid. Elle ne voulait pas être curieuse, mais elle ne pouvait pas s'empêcher de regarder le correspondant, il y était écrit, en bas de l'écran "Juliette", et son cur se serra. Elle ne supportait pas l'idée que cette femme puisse appeler son mari autant qu'elle le voulait, ça allait un peu trop loin pour Khadija.
À la vue de son mari, elle déposa discrètement le téléphone. Ce dernier était venu avec deux pots de glace dans ses deux mains.
_ Je t'ai pris le parfum chocolat, et fraise pour moi.
L'annonça-t-il.
Khadija lui tendit son téléphone, Juliette appelait une seconde fois. Hamid hésita un instant avant de prendre l'appel. Khadija détourna légèrement la tête, mangeant en contre-cur sa glace.
_ Oui... Non, je ne peux pas... Je suis avec ma femme... Je t'ai dit que non... OK, passe-moi ma mère... Oui maman... Mais je ne peux pas, je suis avec Khadija... On est sortis prendre l'air... Mais... OK, j'arrive... OK.
Hamid raccrocha son téléphone et se tourna vers sa femme dans un long soupir.
_ Viens ma chérie, on va devoir rentrer.
Lâcha-t-il.
_ Pourquoi ??
Demanda Khadija.
_ Ma mère me demande d'accompagner Juliette chez elle et elle veut que je fasse vite.
_Pourquoi toi et pas un autre ? aussi elle a sa propre voiture .
Lui demanda sa femme, un peu déçue.
_ Sa voiture est en panne.
Répondit Hamid.
_ Khalil est à la maison, non ?
_ Écoute, partons, ma mère me demande et c'est tout.
L'interrompit son mari, il était déjà énervé de devoir partir.
Khadija se leva à contre-cur et traîna les pieds vers la voiture de son mari.
Ils étaient arrivés à leur maison, Juliette les attendait déjà devant la porte d'entrée. Elle s'empressa de faire la bise à Hamid en guise de salutation sous les yeux meurtris de Khadija qui se retenait d'exploser de colère.
_ Je t'ai trop attendu, mon chou, on peut partir maintenant ??
Dit Juliette.
Khadija regardait Hamid d'un tel regard, il n'avait pas repoussé le baiser, ni le surnom de cette femme mais se contentait juste d'affermir son
visage. Ça ne suffisait pas pour Khadija, il fallait carrément la repousser.
_ Partez avant que la nuit soit profonde, mes chéris.
Leur dit Henriette, qui venait de sortir de la maison.
Au lieu de se diriger directement vers la voiture comme lui avait demandé sa mère, Hamid se rapprocha de sa femme, la tirant par la taille.
_ Écoute, mon amour, je reviens tout de suite, d'accord ?
Lui dit Hamid, voyant bien qu'elle était un peu emportée.
_ D'accord...
Répondit Khadija, hocha tristement la tête. Elle ne supportait pas de voir son mari partir avec une autre, c'était comme s'il n'allait jamais revenir.
_ Wayy, allez-y , vous pouvez rester manger là-bas si vous voulez.
Proposa Henriette pour sûrement énerver sa belle-fille, tandis que Hamid ne prit même pas la peine de répondre. Il voulait partir et revenir aussi rapidement que possible.
_ T'en fais pas maman, je prendrai soin de ton fils.
Dit Juliette, lançant un regard à Khadija, avant d'afficher un sourire au coin.
La femme de Hamid roula les yeux, la trouvant complètement ridicule de courir derrière un homme qui ne la calculait pas.
_ Je te fais confiance, chérie.
Aux mots de Henriette, Khadija tourna le dos, n'ayant pas envie de faire partie de cette mascarade.
Elle monta directement dans sa chambre et se coucha sur son lit, sa mère lui manquait à un point tel qu'elle ne pouvait s'empêcher de penser à elle. Henriette aurait été comme sa propre mère, mais ainsi va la vie, certaines personnes t'aiment et d'autres non.
Khadija se sentit triste, car pour elle, tout aurait pu être différent avec sa belle-famille. Une larme échappa à son il une fois de plus, elle pleura en silence sur son lit.
Mésalliance ❤