Hamid avait pris sa femme le soir même du lendemain de leur mariage. À l'aube, les tantes de Khadija s'apprêtaient à rentrer. Cette dernière était triste de voir les seuls visages qui lui étaient familiers partir, la laissant seule se perdre dans cette grande maison. La nouvelle mariée descendit les escaliers pour les accompagner à la porte, elle arrivait à peine à tenir sur ses jambes.
_ Non, ma chérie, tu n'avais pas à descendre.
Dit tante Seynabou.
_ C'est pas grave tata, je suis déjà là.
Répondit-elle.
_ Sache qu'on est contentes de toi, tes parents sont fiers de toi. Tu as gardé ta dignité jusqu'ici et c'est un honneur pour nous.
Dit tante Khoudia.
Khadija hocha timidement la tête, elle était mal à l'aise.
_ On aurait voulu te tenir compagnie mais nos maris nous réclament et à cause de l'école, tes cousines n'ont pas pu rester avec toi.
Répliqua Seynabou.
_ Ne vous inquiétez pas mes tantes, je suis une bonne compagnie.
Essaya de les rassurer Hodan.
_ Il n'y a aucun doute sur ce point.
Confirma Hamid.
_ On va rentrer maintenant, prends soin de toi et de ta belle famille. N'oublie jamais ce qu'on t'a dit.
La confia Khoudia.
Henriette n'était même pas venue leur dire au revoir, elle s'en fichait complètement.
_ Mon frère va vous déposer jusqu'à chez vous.
Dit Hamid aux tantes de Khadija.
_ Que Dieu vous bénisse abondamment mes enfants.
Tonna de nouveau Seynabou avant de partir avec Khoudia en voiture.
Toute la bonne humeur de la jeune femme s'envola, elle était dorénavant triste. Hamid l'aida à remonter dans leur chambre. Elle s'assit sur son grand et confortable lit suivie de son mari.
_ Devine quoi mon amour??
Manda Hamid.
_ Quoi??
Répondit Khadija.
Au lieu de répondre directement à sa femme, il se leva de son lit, partant ouvrir sa commode. Il en sortit un téléphone portable qui n'était pas encore sorti de sa boîte, de la dernière marque de Huawei, et une clé.
Il revint auprès de sa femme.
_ Cette clé est un cadeau de ma part.
Dit Hamid à cette dernière, lui tendant la clé.
_ Un cadeau? Pourquoi, Hamid??
Demanda Khadija.
_ C'est pour m'avoir offert ta virginité, tu as été comme cette boîte neuve.
Répondit le jeune homme dans un sourire bienveillant.
_ Arrête de dire ce mot, ça me gêne.
Lâcha timidement Khadija.
Hamid la tira par la taille, la rapprochant davantage de lui.
_ Ok, madame, cette clé ouvre un appartement meublé à Diamnadio.
_ Mais pourquoi? On va y habiter??
_ Non, ma mère ne voudra pas, je le sais.
Répondit son mari, persuadé que Henriette ne voudrait sûrement pas qu'il s'en aille avec sa femme.
_ Alors pourquoi tu me l'as offerte??
Hamid ne savait pas comment lui dire que c'était peut-être pour ses parents, il ne voulait pas aller trop vite ou peut-être la vexer.
_ Eh bien, c'est à toi, peut-être tu pourras y amener tes parents.
Dit-il un peu hésitant, ayant peur que sa femme prenne mal son geste.
Khadija resta silencieuse, ne sachant pas comment réagir.
Sous ce silence, Hamid répliqua.
_ Mais tu n'as pas à faire ça si tu n'en as pas envie, tu sais.
Lâcha-t-il.
_ Est-ce que tu as pitié de nous??
Lui demanda sérieusement sa femme.
_ Mais qui t'a parlé de ça, Khadija? Tout ce que je fais, tu le prends mal.
Tonna Hamid, haussant le ton, déçu que sa femme puisse penser cela.
Khadija sursauta face au comportement brusque de Hamid.
Il se rendit compte de son acte et dit sous un ton un peu plus léger.
_ Tu sais Khadija, je ne reconnais pas le riche ni le pauvre, nous sommes tous des êtres humains et je n'ai pas à avoir pitié de vous. C'est moi qui t'ai arrachée des bras de tes parents et c'était toi qui les aidais, non? Donc, je trouve normal de vouloir que tu continues à les aider. En plus, je suis leur fils maintenant et je veux juste que tu sois heureuse. Tu me comprends mieux??
_ Oui, je suis désolée d'avoir mal compris tes intentions, je ne veux juste pas que tu te sentes responsable de nous.
Répondit Khadija.
_ Ça, tu ne peux rien y faire, je suis responsable de toi et donc de tes parents.
Khadija lâcha un long soupir, en vérité, elle ne voulait pas que sa belle-mère puisse penser qu'ils veulent profiter de son fils. Malgré sa pensée, elle ne dit rien.
_ N'affiche pas cette tête, ça me déprime, souris-moi maintenant.
Essayait de plaisanter Hamid en pinçant la joue de sa femme, qui effectua une moue en guise de sourire.
_ Ça va, là?!
S'amusa-t-elle à dire.
_ C'est déjà quelque chose.
Répondit le jeune homme.
_ Même avec une grimace, tu restes la femme la plus belle au monde.
Répliqua-t-il.
_ Flatteur!
Lâcha Khadija dans un rire suivi de Hamid.
Les nouveaux mariés étaient heureux en présence, mais Henriette n'arrivait toujours pas à digérer sa colère. Les entendre rire la insupportait, mais savoir que Juliette ne comptait pas renoncer à Hamid l'enjouait.
Mésalliance ❤️