- Debout, Camille ! Tu vas être en retard !
- Hum...
Ma mère s'impatientait depuis maintenant un quart d'heure. Je ne voulais pas sortir de mon lit. Il était si confortable... Ce fut pourtant ce que je fis. Aujourd'hui, c'était mon premier jour dans mon nouveau lycée. Non, ce n'était pas la rentrée scolaire. Celle-ci avait eut lieu quelques mois auparavant. J'avais débuté mon année de Terminale dans un lycée privé de Londres. J'avais une vie absolument merveilleuse, là-bas : des meilleures amies sur qui compter, un bulletin scolaire excellent, je me sentais parfaitement bien dans ma peau... Et puis il y avait eu ce mardi, où j'étais rentrée chez moi, trouvant ma mère en pleurs, effondrée sur le canapé. Mon père nous avait quittées. Non, il n'était pas mort. Il était simplement parti de la maison parce qu'il s'était rendu compte qu'il était gay. Il vivait maintenant avec un homme et je lui souhaitais tout le bonheur du monde. Ma mère avait su remonter la pente et avait, elle aussi, rencontré quelqu'un, Jeff. Je ne le connaissais que depuis hier, mais pour l'instant, je m'entendais plutôt bien avec lui. Bizarrement, mes parents avaient gardé une bonne relation. Quant à moi, j'étais toujours aussi proche de mon père. Seulement, à présent, il allait m'être très difficile de le voir sachant qu'il était parti vivre en Irlande.
Je quittai mon lit avec difficulté. Je me dirigeai vers la salle de bain pour aller prendre une douche, histoire de me réveiller un peu. Je me regardai dans le miroir. J'avais bonne mine aujourd'hui. Je me maquillai très légèrement avec un peu de mascara pour intensifier mon regard et une légère touche de rouge à lèvres rosé. Pour ce premier jour dans mon nouveau lycée, je décidai de mettre une robe à fleurs avec des sandales à talons. J'attachai mes cheveux en chignon et descendis prendre mon petit-déjeuner.
- Tu es ravissante, aujourd'hui, me lança Jeff avec un immense sourire.
- Merci, lui répondis-je.
Tout était préparé avec soin. Sur la table reposaient plusieurs confitures, des toasts, du beurre, du café, du thé, du chocolat... Je m'assis et dévorai deux toasts accompagnés d'une tasse de chocolat. J'allai ensuite me brosser les dents, j'attrapai mon sac, embrassai ma mère et Jeff avant de partir pour le lycée. J'attendis le bus, les écouteurs dans les oreilles. Une fois dedans, je m'assis toute seule contre la fenêtre. J'aimais bien regarder la route pendant les trajets. Bizarrement, cela me détendait. Une fois arrivée au lycée, je me rendis à l'accueil pour avoir mon emploi du temps, ainsi que tous mes livres de cours. On me donna également mon numéro de casier, le 69, pour pouvoir alléger mon sac. Je m'y dirigeai directement pour pouvoir y déposer mes affaires. Alors que je me préparais à refermer mon casier, quelqu'un d'autre le fit à ma place. Je me retournai brusquement pour me retrouver à quelques centimètres seulement d'un garçon aux cheveux bruns et bouclés, avec de magnifiques yeux verts. Il arborait un sourire que je n'aimais pas trop.
- Sympa, le numéro de casier, me dit-il en me faisant un clin d'œil.
- Euh... ok... répondis-je.
- Je suis Harry. Harry Styles. Mais tout le monde m'appelle Hazza ou Haz, pour les intimes. Et toi, tu es la nouvelle, c'est ça ?
Je hochai la tête.
- C'est quoi ton nom ?
- ... Camille.
- Une française !
- Je suis née à Londres, répliquai-je. Je ne voudrais pas te paraître impolie, Harry, mais je dois aller en cours.
Sans lui laisser le temps de dire quoique ce soit, je partis en direction du couloir des salles de sciences. Non mais c'était quoi, ça ? Il avait un sérieux problème mental, ce type. Il avait vraiment besoin de se faire soigner ! Même un pigeon aurait trouvé un meilleur plan drague ! J'espérais sincèrement que tout le monde n'était pas comme lui, ici, sinon, je me ferais interner en hôpital psychiatrique d'ici peu. J'arrivai devant ma salle, quelques élèves étaient déjà en train d'attendre. Je m'adossai contre le mur et attendis à mon tour.
- Hé ! C'est toi la nouvelle ? me demanda une voix féminine.
Je levai les yeux pour faire face à une blonde aux magnifiques yeux bleus.
- Euh... Ouais... fis-je.
- Je suis Sarah. Sarah Smith.
- Camille James.
- Tu es en sciences approfondies ?
- Oui. C'est ma spécialité.
- Moi aussi ! Ça veut dire qu'on aura sûrement pleins de cours ensemble ! C'est gén...
Elle s'arrêta de parler d'un coup, se colla contre le mur et chercha presque à se cacher derrière moi. Je me rendis compte que tout le monde adoptait ce comportement. Ils se plaquaient tous aux murs et aux casiers et baissaient la tête. Il n'y avait plus aucun bruit, à part des pas qui se rapprochaient petit à petit. Je tournai la tête pour apercevoir trois garçons qui marchaient en plein milieu du couloir. Celui de droite était blond, assez petit comparé aux deux autres, avec de magnifiques yeux bleus. Celui de gauche était le prototype parfait du mec ténébreux. Il avait la peau mate, des yeux foncés et des cheveux noirs de jais. Quant à celui du milieu, je me surpris à le trouver vraiment attirant avec ses cheveux bruns légèrement décoiffés, ses lunettes de soleil et sa barbe naissante. Il était un peu plus grand que les deux autres. Il retira ses lunettes et tourna la tête vers moi. Il avait des yeux chocolats absolument magnifiques. Il me fixa tout en continuant de marcher. Il me regarda de la tête aux pieds, sûrement surpris par ma tenue puisque je n'avais pas encore vu de fille en robe. Il ne me quitta pas des yeux, jusqu'à ce qu'il disparaisse au coin du couloir. La sonnerie retentit et j'entrai dans ma salle de cours. J'allai m'asseoir toute seule à une table au fond de la classe. Le professeur commença à faire l'appel. Il fut interrompu par un garçon qui entra brusquement dans la salle. Le prof leva les yeux au ciel, comme s'il était habitué à ce genre de comportement de sa part et reprit son appel. Le garçon vint prendre place à côté de moi. Alors qu'il s'apprêtait à me dire quelque-chose, mon nom fut appelé. Je répondis présente.
- Mademoiselle... James... Il doit y avoir une erreur sur votre dossier. Il est écrit que vous avez quinze ans.
- Ce n'est pas une erreur, monsieur, déclarai-je.
- Les cours de Seconde ne sont pas dans cette salle, vous savez ?
- Je sais. J'ai sauté deux classes.
Tout le monde se retourna pour me regarder avec des yeux ronds comme des billes. Le prof eut un léger rire.
- Eh bien... Je sens que vous allez avoir une bonne entente avec monsieur Tomlinson !
- C'est moi, me dit le garçon aux cheveux châtains qui était assis à côté de moi. Mais en général, les gens m'appellent Louis.
Je lui fis un petit sourire, puis me concentrai sur le cours qui venait de débuter. Aujourd'hui, nous allions faire un travail de binômes. Nous devrions observer plusieurs racines, les identifier et les classer selon plusieurs critères. Le prof nous distribua nos échantillons.
- Toi, c'est Camille, c'est ça ? me demanda Louis.
- Oui.
- Tu viens d'où ?
- De Londres.
- Qu'est-ce qu'une fille de Londres vient faire ici, à Wolverhampton ? s'étonna-t-il.
- Parents divorcés.
- Ah... Désolé...
- Il n'y a pas de mal, le rassurai-je.
- Et donc... Tu as quinze ans ? m'interrogea-t-il.
- Oui.
- Ça fait qu'on a quatre ans d'écart !
- Pourquoi ça ?
- J'ai redoublé deux fois, m'avoua-t-il.
Super ! Non seulement je me retrouvais dans un lycée de banlieue, mais en plus de ça, j'étais en binôme avec un cancre. Du moins, c'était ce que je pensais au début. Louis se montra très productif dans l'analyse des racines. Étonnamment, nous fûmes les premiers à terminer. Après avoir nettoyer notre table, nous allâmes nous rasseoir et fîmes un peu plus connaissance.
À la fin du cours, monsieur Payne voulut me garder dans sa salle pour me dire deux ou trois mots. Il ne fallait pas que je me fasse remarquer dès le premier jour...
- Franchement, mademoiselle James, je n'ai jamais vu d'analyse aussi parfaite réalisée en si peu de temps. Vous m'avez littéralement épaté !
- Je pratique depuis que je suis dans le berceau, expliquai-je.
- J'ai un petit service à vous demander... m'avoua-t-il.
- Lequel ? demandai-je intriguée.
- Eh bien...
- Papa ! Tu peux me filer des sous pour l'essence ? nous interrompit une voix masculine derrière moi.
- Liam, tu ne vois pas que je suis occupé, là ?
Je me retournai pour faire face au beau brun que j'avais croisé tout à l'heure dans le couloir. Il me lança un petit sourire.
- Ah, pardon. Salut, me dit-il de sa voix rauque et douce à la fois. Tu es la nouvelle, c'est ça ? Je suis Liam.
- Camille, articulai-je. Je suis désolée monsieur, je dois aller en cours.
- Allez-y. On en reparlera la prochaine fois.
Je quittai la salle et me dirigeai vers celle de mon cours d'espagnol dans laquelle j'allais rester encore deux heures. Je m'ennuyais vraiment dans ce cours. Je passai ces deux longues heures assise au fond de la salle, toute seule, à dessiner toutes sortes d'objets sur mes cahiers. Ce n'était pas que je m'en foutais complètement de cette matière. Mais tout ce qu'ils étaient en train d'apprendre, je l'avais déjà assimilé quand j'étais à Londres.
Enfin, la sonnerie de midi retentit. J'allais pouvoir aller remplir mon estomac qui criait famine. Au self, je m'assis à une table, toute seule, encore une fois. Je voulais me dépêcher de finir de manger pour pouvoir rentrer le plus rapidement possible chez moi. Deux plateaux se posèrent devant moi, ce qui me sortit de mes pensées. Ce n'était autre que Louis et le fils de mon prof de sciences, Liam, si je me souvenais bien.
- On peut ? me demanda Louis.
- Bien-sûr, répondis-je.
- Je te présente Liam, mon meilleur ami et Liam voici...
- Camille, le coupa le brun avec un petit sourire que je trouvais absolument craquant.
Je me giflai intérieurement pour avoir pensé ça.
- Vous vous connaissez ? s'étonna Louis.
- Je connais juste son prénom. Ce matin, je suis allé voir mon père pour qu'il me file du fric et elle était là, expliqua Liam.
- Ah ok, répondit Louis.
Ils étaient vraiment sympas, tous les deux. Liam avait le même âge que Louis. Ils avaient tous les deux redoublé deux fois, mais pas les mêmes classes.
- Alors, tu te plais, ici ? m'interrogea Liam.
- Ça change de Londres... dis-je faiblement.
- Pourquoi tes parents sont venus s'installer ici ?
- Parce qu'ils sont divorcés.
Je pus lire sur son visage qu'il se sentait vraiment bête, sur le coup.
- Oh... Je suis désolé... s'excusa-t-il. Je ne savais pas...
- Ce n'est rien, va, le rassurai-je.
- Toi qui disais que tu savais toujours t'y prendre avec les filles ! rigola Louis.
Je rougis à cette remarque. Je n'étais pas vraiment très à l'aise. C'était une conversation vraiment masculine sur le coup. Je n'avais rien à faire ici. Alors qu'ils éclataient de rire ensemble, je tournai la tête pour observer la foule autour de moi et me rendis compte qu'elle m'observait en retour, silencieuse. Ce n'était pas des regards passifs, ils me fixaient. Tout le monde me fixait. Pourtant, je n'avais pas de nourriture autour de la bouche, je n'étais pas tâchée, je n'avais pas d'énorme bouton sur la figure...
- Ah ça... dit Louis tout bas. C'est normal.
- Qu'est-ce qu'il y a de normal, là-dedans ? Tu m'expliques ?
- Les gens de ce bahut nous craignent, lâcha Liam.
- Pourquoi ça ? m'étonnai-je.
- Allons... Tu ne t'en es pas doutée, ce matin, quand tu m'as admiré dans le couloir ? ironisa-t-il.
- Je... bégayai-je.
Sur le coup, je me sentais vraiment gênée. Il était vrai que je ne l'avais pas lâché des yeux.
- Oui, je t'ai vue, rigola-t-il.
Je ne pus m'empêcher de rougir de plus belle.
- Alors, les mecs ! Déjà en train de draguer la nouvelle ? lança une voix rauque dans mon dos.
Je me retournai pour faire face à trois garçons. Il y avait le blond et le ténébreux qui étaient avec Liam, ce matin, et le bouclé du casier. La voix rauque appartenait au ténébreux. Ils s'assirent également à la table, le bouclé, prénommé Harry, et le blond à côté de moi.