Il est plus d'une heure du matin lorsque je gare le pickup devant l'immeuble de Lexie. Durant tout le trajet, seule a osée briser le silence à travers les enceintes de la bagnole. Aucun de nous n'a osé parler depuis la sortie du parking du Owen's. Coupant le contact de la caisse, je me tourne vers elle. Immobile et toujours silencieuse, elle se contente de regarder droit devant elle, comme si c'était bien trop dur pour elle de me regarder. Et bordel, ça me tue, qu'elle ne dise rien.
— À quoi tu penses ? l'interrogé-je en baissant le volume de la musique.
— À toi.
Elle baisse le regard puis hausse les épaules, comme si c'était tout à fait normal. Lexie se retourne pour jeter un oeil sur la banquette arrière où repose une de mes guitares électriques. J'écoute, attendant qu'elle poursuive, attendant le moment où elle dira que nous ne sommes plus rien. J'en ai mal à en crever rien qu'à l'idée de penser au fait que c'est peut-être la dernière fois que je la vois, et mon pouls s'emballe déjà comme un fou. Je ferme les yeux, incapable d'accepter le choc qui va m'arriver en pleine gueule. Je retiens ma respiration quelques secondes, juste le temps qu'il me faut pour encaisser ce qu'elle s'apprête à me dire.
— À nous, Kyle. Tu sais que t'es vraiment un énorme connard, pas vrai ? lâche-t-elle en osant enfin relever la tête pour me regarder en face.
Des larmes perlent au coin de ses yeux, et je me prends bien ce putain de choc dans la gueule. J'ai le coeur lourd, à l'inverse du coeur léger, et je n'arrive pas à réagir autrement qu'en bégayant comme un ado qui n'est même pas capable d'aligner deux mots.
— Ta musique, je...
Avant qu'elle n'aille plus loin, je tente le tout pour le tout une dernière fois. Quand elle se tourne vers moi, je pose mes paumes sur ses joues pour prendre son visage en coupe, et avant de lui laisser le temps de comprendre ce que je m'apprête à faire, je scelle mes lèvres aux siennes dans un geste brusque et désespéré pour l'empêcher de continuer sa phrase. Sa bouche chaude a le goût salé de son chagrin, mais je sens qu'elle a toujours la force d'être en parfaite harmonie avec la mienne. Quand je sens enfin ses lèvres bouger en rythme avec les miennes, je souris comme un con. Une de ses mains vient se poser derrière ma nuque, tandis que l'autre vient foutre le bordel dans mes cheveux en tirant dessus, ce qui m'arrache un grognement.
Je ne lui avouerais jamais à quel point j'aime quand elle fait ça. Un petit gémissement s'échappe de ses lèvres, et j'en profite pour lier à nouveau ma langue avec la sienne dans une danse enflammée.
Lorsque je sens une larme mouiller mon visage, je pousse doucement Lexie pour la contempler. À bout de souffle, nous tentons de reprendre notre respiration. La lumière d'un lampadaire juste au dessus de nous me permet de me perdre dans son regard océan. Je sens sa peau douce sous la caresse de mon pouce sur sa joue. Haletant, je tente tout de même d'aligner quelques mots.
— Lexie... Bébé, je sais que... chuchoté-je en cherchant mes paroles.
— Chut, Kyle. Tais-toi, m'ordonne-t-elle. Ne dis rien.
Ses doigts viennent toucher mon visage avec délicatesse et je ferme les yeux, profitant de ce moment. Puis, Lexie attrape son sac et ses clés et ouvre la portière de la voiture sans même me jeter un regard.
— Qu'est-ce que...
Holà, non ! Hors de question de la laisser filer ! Encore moins après ce qu'il vient de se passer !
Ouvrant la mienne à mon tour, je retire rapidement les clefs du contact avant de les fourrer dans la poche de mon jeans et je ne prends même pas le temps de fermer le pickup à clés. Lexie est déjà devant la porte quand je la rejoins. Elle tape les numéros sur le digicode puis me fait signe de la suivre d'un mouvement de tête.
Tandis qu'elle avance en courant vers l'ascenseur, elle prend ma main dans la sienne pour me traîner avec elle. Nos doigts entremêlés, je caresse le dos de sa main, et une sorte de décharge électrique s'empare de moi. Appuyant sur le bouton de l'appareil, Lexie me regarde droit dans les yeux en se mordillant la lèvre inférieure, et moi, je commence à sérieusement perdre pieds.
— Arrête, soufflé-je doucement.
Lexie continue son manège tout en s'humidifiant les lèvres exprès pour me rendre fou. Et le pire c'est que ça marche, ce qu'elle semble très bien remarquer.
— J'ai dis, arrête de me provoquer, la conjuré-je en fermant les yeux et en la plaquant brusquement contre le mur alors qu'elle pousse un petit cri de surprise.
— Et maintenant ? me susurre Lexie à l'oreille.
Je pose mes mains des deux côtés de sa tête pour l'empêcher de s'en aller.
— Et maintenant, on monte...
Les portes de l'ascenseur s'ouvrent, et elle jette un œil dans la cabine ouverte. Je secoue la tête en rigolant.
— Espèce de flemmarde, c'est beaucoup trop cliché !
Alors qu'elle concentre à nouveau son attention sur moi, on s'observe en silence, les portes de l'ascenseur qui se referment à côté de nous, finalement vides. Et là, je perds totalement pieds. Je me jette sur ses lèvres tel un fou furieux. Un peu comme un drogué en manque de sa came. Je suis en manque d'elle, en manque de son univers, et ça me prend aux tripes. Je crois ne jamais en être suffisamment rassasié. Répondant fougueusement à mon baiser, elle attrape mon avant bras pour m'emmener dans les escaliers en souriant.
Trop absorbé par Lexie, j'en profite clairement pour mater son petit cul qui se trémousse juste là, sous mon nez. Je ne sais combien de marches nous avons montés quand nous sommes enfin arrivés à son étage, mais une fois devant la porte de son appartement, je me jette sur elle pour lui voler son trousseau des mains.
— Ace ? je demande en me tournant vers Lexie.
— Clark, me répond-t-elle avec un clin d'œil.
Enfonçant la clé dans la serrure non sans avoir galéré sous le coup de l'excitation, je pousse la porte qui atterrit droit dans le mur.
Et en plus, je ne paierais même pas les réparations.
Rapidement, nous atterrissons dans sa chambre, et, sous le feu de l'action, je pousse ma jolie blonde sur le lit qui rebondit sous son poids. Surprise, elle pousse un petit cri que j'étouffe en scellant à nouveau nos lèvres. L'odeur sucrée que sa peau dégage m'enivre, elle me rend carrément dingue. Placé au dessus d'elle, je prends le temps de l'embrasser absolument partout. Je la dévore, et je la veux toute entière, quitte à en payer le prix. Je la veux, maintenant. Je frissonne et je grogne dans son cou quand ses mains froides passent sous mon t-shirt pour caresser mon torse. Je frémis en grognant.
Nos vêtements rejoignent peu à peu le sol de la chambre de Lexie, jusqu'à nous retrouver nus tous les deux. Je la touche, partout, et je sens sa peau s'enflammer sous la chaleur que provoque mes caresses. Sa respiration est saccadée, je sais qu'elle est tout aussi impatiente que moi.
— Tu es prête ? demandé-je, pour être sûr, en caressant la peau douce de sa joue avec mon pouce.
Pour toute réponse, Lexie secoue la tête lentement en se mordant les lèvres. J'attrape alors un préservatif, et la couverture vient recouvrir nos deux corps brûlants.
___________________
Hello !
Alors, comment allez vous ?
En ce moment, c'est assez compliqué pour moi, un membre de ma famille a le Covid, alors je suis confinée moi aussi... Mais j'en profite pour écrire !
En tous cas, j'espère que vous allez bien. 😘
Voilà pour ce chapitre, en espérant qu'il vous ai plu.
À bientôt pour le chapitre 28.
Emma. ✨