Ce Que Tes Émotions Leur Font

By RyanBadye

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« Tu ris, tu pleures, tu cries, tu te caches... Oui, tes états d'âmes te définissent aux yeux des autres. Tes... More

Avant-Propos
- Ce Monde -
~ Prologue ~
*Fiche Univers*
Note
A.M.B.I.T.I.O.N. / Souvenir (1/4)
E.N.V.I.E. / Souvenir (2/4)
B.A.T.A.I.L.L.E. / Souvenir (3/4)
A.L.P.H.A. / Souvenir (4/4)
*PARTIE I : Alpha Et Son Monde - Lodart -
Chap I : Ce Qui Leur Est Arrivé (1/2)
Chap I : Ce Qui Leur Est Arrivé (2/2)
Chap II : Ce Qui Tue Les Hommes (1/3)
Chap II : Ce Qui Tue Les Hommes (2/3)
Chap II : Ce Qui Tue Les Hommes (3/3)
Chap III : Le Talent D'un Aventurier (1/3)
Chap III : Le Talent D'un Aventurier (2/3)
Chap III : Le Talent D'un Aventurier (3/3)
Chap IV : Intrigue (1/2)
Chap IV : Intrigue (2/2)
Chap V : Les maux de l'humanité (1/4)
Chap V : Les maux de l'humanité (2/4)
Chap V : Les maux de l'humanité (3/4)
Chap V : Les maux de l'humanité (4/4)
Chap VI : La Pièce Qui Emporte Le Tout (1/3)
Chap VI : La Pièce Qui Emporte Le Tout (2/3)
Chap VI : La Pièce Qui Emporte Le Tout (3/3)
Chap VII : Ce Qui Définit Nos Choix (1/4)
Chap VII : Ce Qui Définit Nos Choix (2/4)
Chap VII : Ce Qui Définit Nos Choix (3/4)
Chap VII : Ce Qui Définit Nos Choix (4/4)
Chap VIII : Ce Qui Unit Les Hommes (1/3)
Chap VIII : Ce Qui Unit Les Hommes (2/3)
Chap VIII : Ce Qui Unit Les Hommes (3/3)
Chap IX : Eskiell (1/4)
Chap IX : Eskiell (2/4)
Chap IX : Eskiell (3/4)
Chap IX : Eskiell (4/4)
Chap X : Nsenga (1/4)
Chap X : Nsenga (2/4)
Chap X : Nsenga (3/4)
Chap X : Nsenga (4/4)
Chap XI : Selfor (1/2)
Chap XI : Selfor (2/2)
Chap XII : Bordos I (1/4)
Chap XII : Bordos I (2/4)
Chap XII : Bordos I (3/4)
Chap XII : Bordos I (4/4)
Chap XIII : Bordos II (1/3)
Chap XIII : Bordos II (2/3)
Chap XIII : Bordos II (3/3)
Chap XIV : Ce Qui Dévore Notre Amour I (1/4)
Chap XIV : Ce Qui Dévore Notre Amour I (2/4)
Chap XIV : Ce Qui Dévore Notre Amour I (3/4)
Chap XIV : Ce Qui Dévore Notre Amour I (4/4)
Chap XV : Ce Qui Dévore Notre Amour II (1/3)
Chap XV : Ce Qui Dévore Notre Amour II (2/3)
Chap XV : Ce Qui Dévore Notre Amour II (3/3)
- T.R.A.N.S.I.T.I.O.N. I -
- LES E-MOTIOS -
- LES MISES À NOUVEAU -
*PARTIE II : Alpha Et La Toile - Les E-motios
Chap I : Ce Qui Nous Dévore Depuis Le Commencement (1/3)
Chap I : Ce Qui Nous Dévore Depuis Le Commencement (2/3)
Chap I : Ce Qui Nous Dévore Depuis Le Commencement (3/3)
Chap II : La Toile (1/3)
Chap II : La Toile (2/3)
Chap II : La Toile (3/3)
Chap III : Une raison de vivre (1/2)
Chap III : Une raison de vivre (2/2)
Chap IV : Ce Qui Ne Nous Lâche Pas (1/4)
Chap IV : Ce Qui Ne Nous Lâche Pas (2/4)
Chap IV : Ce Qui Ne Nous Lâche Pas (3/4)
Chap IV : Ce Qui Ne Nous Lâche Pas (4/4)
Chap V : Ce Qui Laisse Des Traces (1/4)
Chap V : Ce Qui Laisse Des Traces (2/4)
Chap V : Ce Qui Laisse Des Traces (3/4)
Chap V : Ce Qui Laisse Des Traces (4/4)
Chap VI : La Raison D'une Mort (1/3)
Chap VI : La Raison D'une Mort (2/3)
Chap VI : La Raison D'une Mort (3/3)
Chap VII : Le Passé d'Alpha (1/4)
Chap VII : Le Passé d'Alpha (2/4)
Chap VII : Le Passé d'Alpha (3/4)
Chap VII : Le Passé d'Alpha (4/4)
Chap VIII : Ce Que Cinq Faces Ont En Commun (1/5)
Chap VIII : Ce Que Cinq Faces Ont En Commun (3/5)
Chap VIII : Ce Que Cinq Faces Ont En Commun (4/5)
Chap VIII : Ce Que Cinq Faces Ont En Commun (5/5)
Chap IX : Piège (1/3)
Chap IX : Piège (2/3)
Chap IX : Piège (3/3)
Chap X : Ce Qui Se Casse En Nous Et Qui Nous Rend Unique (1/2)
Chap X : Ce Qui Se Casse En Nous Et Qui Nous Rend Unique (2/2)
Chap XI : Un Peu De Chance (1/2)
Chap XI : Un Peu De Chance (2/2)
Chap XII : Les Agents De La Fin
Chap XIII : Retrouvailles (1/2)
Chap XIII : Retrouvailles (2/2)
Chap XIV : Ce Qui Donne La Force De Continuer I (1/2)
Chap XIV : Ce Qui Donne La Force De Continuer I (2/2)
Chap XV : Ce Qui Donne La Force De Continuer II (1/2)
Chap XV : Ce Qui Donne La Force De Continuer II (2/2)
*Partie III : Alpha Et Ses Émotions - La Flamme d'Atlanta
Chap I : Les Émotions (1/2)
Chap I : Les Émotions (2/2)
Chap II : L'E-motio De l'Espoir (1/3)
Chap II : L'E-motio De l'Espoir (2/3)
Chap II : L'E-motio De l'Espoir (3/3)
Chap III : Le Sanctuaire Des Colossaux
Chap IV : La Décision d'Alpha (1/2)
Chap IV : La Décision d'Alpha (2/2)
Chap V : La Cérémonie (1/2)
Chap V : La Cérémonie (2/2)
Chap VI : Le Face-à-face Final (1/2)
Chap VI : Le Face-à-face Final (2/2)
Chap VII : Le Sourire d'Alpha (1/2)
Chap VII : Le Sourire d'Alpha (2/2)
Épilogue - Le commencement -
Fin
Glossaire

Chap VIII : Ce Que Cinq Faces Ont En Commun (2/5)

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By RyanBadye

— Dominique, je voulais connaître ton jugement sur les femmes...

Il baisse ses prunelles vers son verre qu'il balance de gauche à droite, feignant d'être serein. S'il tient à me tutoyer, autant l'imiter.

— Comment cela ? Que veux-tu savoir ? finit-il par demander, en levant la tête.
— Leur qualité, de ton point de vue... si elles n'sont bonnes qu'à passer la serpillière ou si elles ont la main sur le cœur ou encore si tu les trouves captivantes, intelligentes et fortes... un peu de tout.
— Eh bien, débute-t-il, en se rinçant le gosier, puis en m'affichant un sourire narquois. Captivantes, oui... quand vous savez ce que nous voulons, vous êtes parfaites... et puis... tu sais, vous avez énormément de talent. Il y a de grandes chanteuses, des modélistes, des danseuses, et tout le reste. Personnellement, je te l'ai dit... une femme, c'est un trésor quand elle sait ce qu'on cherche.

Évidemment — Comment ne l'ai-je pas vu arriver, celle-là ? Je ne suis pas si étonnée, finalement.

— Il faut dire que tu as une vision vraiment... comment dirais-je... personnel, en effet, de ce que vaut la femme.
— Je ne vois pas ce que j'ai dit de travers ? Je vous félicite d'être toujours impressionnante... bien portante et ouverte au monde.
— Et que penses-tu des épouses qui sortent de ce lot ?

Il marque un temps de réflexion qui me paraît mal venu.

— Eh bien, je n'irai pas jusqu'à me prendre pour un dieu, mais cela, c'est le problème de leur mari.

Ne voyant pas de réaction de ma part, il enchaîne rapidement :

— Soyons francs ! Est-il normal qu'une femme mariée puisse... enfin... pourquoi devons-nous débattre sur le sujet, vu que nous ne sommes même pas mariés, sérieusement. Tu ne crois pas cela ?
— Et que penses-tu des hommes jaloux qui vont jusqu'à battre leurs femmes, de telles manières... qu'il leur faille passer la soirée à soigner les blessures occasionnées sur le corps... voire jusqu'à lutter contre l'insomnie... en sachant que demain, le calvaire reprendra.

À la seconde, j'aperçois une lueur d'agacement briller dans ses yeux noisette, pendant que son teint devient blafard et qu'il m'apparaît enfin sous son vrai jour, un prédateur prêt à se défendre.

— Qui es-tu ? me pose-t-il, tout en déposant son verre sur le bar.
— Je suis ici pour régler le compte de tes péchés, Harry.

Curieusement, il insiste à nouveau pour que je décline mon identité, tout en me demandant pourquoi suis-je sourde. Le son de ma voix me semble bas, comme barré par un vent mystérieux. Tout devient flou autour de moi. Je ne suis pourtant pas entrain de perdre connaissance. Je me tâte les joues pour vérifier si je suis bien réveillée. C'est le cas.

Alors que je suis encore en plein dilemme, une image s'affiche devant moi : une ville. L'image s'estompe vite, comme de la poudre. Elle est remplacée par le seuil d'une maison. Je finis par me lever, encore bluffée de constater que mon siège n'était déjà plus sous mes fesses.

Je me tourne vers la porte et d'un geste de la main gauche, essaie de la traverser sans l'ouvrir. Tout est rentré dans l'ordre, apparemment. Je passe sans aucun filtre perturbateur. C'est une demeure avec étage. Je tombe sur les escaliers au palier. Une peinture beige très esthétique, accompagnée d'une barre blanche au ras du sol. J'entends des voix provenant de ma gauche, dans la grande pièce, certainement la salle de séjour. Un parfum de chocolat me parvient aux narines.

Je suis de nouveau comme appelée vers une des pièces du haut. Je monte les marches avant de virer vers ma gauche. Trois portes se présentent à moi. Elles sont toutes d'un auburn verni. Nul besoin de me poser de question, sentant déjà une boule me serrer le cœur, preuve que c'est la troisième porte, celle du fond, où se trouve mon prochain personnage.

Un parfum d'eau de Cologne me chatouille les narines. Lorsque je traverse l'entrée, je suis accueillie par une pièce peinte en bleu ciel, des affaires en pagaille sur une chaise et le lit principal tout de même arrangé. Je contemple une jeune fille essayant un jean qu'elle déclare quelques secondes plus tard, trop moulant. Elle tente un slim qu'elle finit par trouver adéquat.

Un klaxon retentit. Elle se déplace jusqu'à la porte. Elle descend rapidement les marches avant de s'engouffrer dans le véhicule de sa mère. Elle se met à saisir une suite de lettres que je devine être compréhensible du receveur. Je suis à côté d'elle, sur le siège arrière. Je l'observe intensément. Je remarque du rouge vif, signe d'un fort orgueil et un besoin d'attention, du jaune, ce qui me donne la trace d'une intelligence et d'une sensibilité dans certaines situations ainsi que du bleu clair, signe d'une volonté assez puissante pour la pousser à rêver encore et encore.

— Lisa, prononce sa mère, en gardant ses yeux braqués sur la route. Tu veux bien me donner la rubrique juste à tes côtés, s'il-te-plaît ?

Ce qu'elle fait en soupirant avant de se remettre à ses textes. Une même technologie prédomine à Prisma, mais j'avoue que c'est la première fois que je rencontre un tel gadget.

Arrivée au lycée, elle échange des images d'elle sautant dans la piscine. Cela ne tarde guère avant qu'elle prenne de nouvelles photos aux côtés de ses camarades qu'elle croise bien vite. Quel secret renferme ses petites choses pour que je ne fasse pas deux pas, sans en apercevoir un entre les mains d'une adolescente ou d'un passant ?

L'établissement m'a l'air immense. Je peux y noter une discipline fort prisée. Les élèves sont appelés à débuter les cours, silencieusement. Je profite de cela pour tenter de pénétrer dans l'esprit de Lisa — échec — Il semblerait que mes aptitudes ont quelque peu diminué, pour ce voyage.

C'est après la classe, que j'en apprends un peu plus sur la jeune fille. Nous nous retrouvons dans les couloirs de l'établissement, à l'abri des regards.

— Alors, Ric, lance l'un des personnages avec un polo aux motifs rouges et noirs.

Des yeux globuleux, un teint mat, une coiffe surélevée et un regard dégageant de l'assurance.

— Tu as oublié de nous rapporter ce que l'on t'avait demandé ? reprend-t-il, en se rapprochant d'un gamin au teint rose, la face couvert d'un bleu bien visible à la tempe.
— Non, je n'ai pas pu... tu sais bien qu'il n'y a pas autant...

À ce moment, l'homme le saisit des deux mains sur son teeshirt bleu et le plaque au mur, qui est d'un blanc immaculé.

— Je me fiche de tes explications... Où est ma part, pauvre idiot. Je veux ces produits, t'entends ?

Ils sont en tout six à s'être dissimulé dans ce couloir. Trois filles et trois garçons. L'un des deux jeunes hommes fustige le troisième alors que son camarade, termine une part de Margarita provenant de la cantine. Les trois adolescentes se contentent d'observer la scène, tout en prenant bien soin de prendre capture des mimiques faciales du pauvre garçon tout en arborant des sourires accompagnés de gloussements. Des élèves brouillons jouant le cliché habituel des suiveurs, influencé par l'intelligence collective.

— Mais pourquoi me faites-vous cela ? Je ne vous ai rien fait, moi ? vocifère le malmené.
— Tu n'as rien à demander, imbécile. Il ne fallait pas te mettre avec Kelly, la nouvelle, rétorque rageusement le dominant.

À la minute, une jeune fille aux cheveux bruns s'engage dans le couloir. Elle lève machinalement ses iris noirs et toise tout ce beau monde. Elle finit par braquer son regard sur le rapiécé, puis sur le groupe des filles gloussant à nouveau en la voyant.

La brune se dépêche de continuer son chemin jouant l'indifférence. Elle ne jette plus un coup d'œil sur le spectacle. J'en conclus que c'est elle, la fameuse Kelly. C'est en la voyant se presser de les quitter que Lisa réagit :

— C'est ça... enfouis-toi ! s'écrie-t-elle, en espérant que le message est bien passé. Et tant qu'on y est, je peux t'assurer que tous ceux qui t'approcheront, subiront le même sort.

Kelly a déjà le pas planté vers l'autre partie du couloir. Son ami commence à comprendre la raison de cet acharnement. Et comme si le grand baraqué l'ayant collé au mur l'avait saisi lui aussi, il écourte la mise en scène :

— Bon, t'as pigé ? T'approche plus de cette gonzesse, c'est entré dans ta p'tite tête ?

L'autre, terrorisé, se presse d'acquiescer, souhaitant être vite libéré. Après l'avoir laissé partir, Lisa rassemble ses complices près d'elle.

— Bien, je crois qu'ils ont compris le message... déclare-t-elle, en haussant les épaules. Les nouveaux doivent savoir qui commande ici. Personne ne me volera la vedette.

Elle se met à sourire avant de lever son téléphone.

— Qui veut une photo de l'agneau ?

Juste à la seconde, le passé de la jeune fille m'apparaît sous forme de flashs. Je découvre une gamine pleine de vie, aimant la musique et ses deux parents. Elle est émotive sous cette carcasse de vipère et de dominatrice qu'elle s'est forgée. J'aperçois des larmes dans une scène où, près de la fenêtre de sa chambre, elle voit son père s'en aller.

Je reviens à moi, motivée à l'aborder au moment opportun, c'est-à-dire lorsqu'elle sera seule, donc le soir.

Les cours s'achèvent. Je l'accompagne jusque devant la land cruiser noire de sa mère. Soudain, son nom est scandé derrière nous. Nous nous retournons en même temps pour considérer son amie, Daisy, agitant son bras droit où dans la paume de sa main se trouve son appareil.

— Tu n'oublies pas... Nous deux, pour la vie.

La blonde répond avec un sourire radieux en agitant sa main libre de la même manière. Elle s'engouffre ensuite dans le véhicule. À la seconde précise où elle ferme la portière, Lisa efface son sourire rendant son visage dur et détaché.

— Tu as passé une bonne journée ? lui demande sa mère, en la regardant depuis son miroir.
— Pourquoi tous les parents posent la même foutue question, en sachant pertinemment que l'on va répondre incessamment la même chose ? Oui, tout s'est bien passé... voilà, t'es contente ?

Un blanc s'installe et reste longtemps maître de l'atmosphère glaciale. Le véhicule bifurque sur une avenue où j'aperçois un imposant gratte-ciel. Lisa le remarque aussi, dès qu'elle détache ses iris bleu azur de l'écran.

— Attends ! T'as prévue qu'on aille au centre commercial ? interroge-t-elle, presque dégoûtée.
— Oui, ma chérie. T'as oublié ? C'est l'anniversaire de ton père de...
— Pas la peine de me le rappeler, merci, s'indigne-t-elle, en clignant des yeux avant de finalement lâcher un soupir. De toutes les façons, c'est comme si cela va l'intéresser de toucher au plat.
— Ma chérie, c'est ton père. Il a de grandes responsabilités, mais il t'aime.
— Oui, je sais, le même baratin.

Arrivée sur les lieux, la discussion s'interrompt. J'assiste à leurs multiples achats et constate une forte agglomération dans ces bâtisses. Je n'avais jamais vu autant de monde au même endroit de toute ma vie. À croire que les temps ont considérablement changé depuis 1987. À la fin de la journée, j'attends que Lisa achève son plat et monte dans sa chambre pour commencer l'interpellation. Et naturellement, je ne dois pas y aller dans la dentelle.

J'use d'une de mes aptitudes spirituelles, lors de mes voyages spatio-temporels : la cage. Cette technique consiste à isoler le titulaire de l'émotion dans une forme de boîte invisible dont il ne peut s'échapper et encore moins être entendue de l'extérieur. Il est évident que je suis la seule à effacer la barrière. J'entame de suite la conversation :

À la simple intonation de ma voix, elle se retourne. Elle me cherche des yeux, pâlissant à vue d'œil. Je continue à préciser ma présence, lui mettant à nouveau la pression. Je cherche vite à la calmer, question de gagner du temps, même cela ne sera aucunement simple.

— Qui... qui es-tu ? balbutie-t-elle, en gesticulant de gauche à droite, le teint toujours livide. Que me veux-tu ? continue-t-elle, en entendant ma réponse. Oh non, ce doit être une blague de ma mère... de mon cousin ou même de ma copine.

Elle se tourne vers la fenêtre, en haussant la voix :

— C'n'est pas la peine de continuer, Daisy, je t'ai grillée.

S'apercevant du silence profond qui en émane, elle reprend ses cris en citant tour à tour, les noms de camarades, avant de passer aux proches. Exaspérée, elle explose de colère, la frayeur se lit sur son visage :

— Ah, ça suffit... arrêtez, bon sang ! Je n'aime pas ce jeu.

Alors qu'elle se rapproche nerveusement de sa fenêtre, elle percute la barrière invisible et finit sa marche au sol. Elle tâte son front tout en se redressant du buste. J'attends quelques minutes avant d'essayer de la faire entendre raison. Mais elle se précipite pour toucher l'invisible obstacle, paniquée.

— Qu'est-ce que c'est que ça ? Mais qu'est-ce qui se passe, merde ?! Maman ? Maman ?

C'est avec des larmes se distinguant qu'elle continue à scander le nom de sa génitrice. Je patiente à nouveau, puis lui explique sa situation :

— Lisa, l'interrompé-je, toujours bien droite, la fixant depuis la porte.

À ce moment, je constate ses yeux exorbités. Je comprends vite qu'elle arrive à me voir à présent et cherche confirmation :

— Oui, je te vois... maintenant...

Elle reste estomaquée par cette vision, mais ne me perd pas de vue. Je l'observe cependant cligner frénétiquement ses paupières, comme pour essayer de contrôler une douleur naissante. Je peux néanmoins percevoir un début de sanglot :

— Est-ce que tu vas me tuer ? me demande-t-elle.
— Non...
— Tu es venue me menacer, c'est ça ? C'est à cause de papa ? Parce qu'il vise la présidence ?
— Où est-ce que tu vas chercher tout cela ?

Elle prend une profonde inspiration pour étouffer un frisson, lui traversant le corps avant de pouvoir répondre :

— C'est comme dans les grands films du monde. La fille du président est enlevée pour faire chanter son père, c'est vu et revu au cinéma.
— Non, Lisa. Je suis ici pour une autre raison.
— Ah, lâche-t-elle. Et qu'est-ce qui vous amène ?
— Toi !
— Moi ? rétorque Lisa. Qu'est-ce que j'ai avoir avec vous ?
— Je t'ai déjà dit qui je suis. J'ai été envoyée ici, pour pouvoir comprendre quels sont les problèmes que tu rencontres, en ce moment ?
— Je... pardon ? Qui ? Je dois avouer que je n'vous suis pas.
— Il se trouve que je t'ai suivie durant toute la journée. Je sais ce que tu as fait.

Elle garde le silence un instant avant de reprendre :

— Et ? Quoi ? T'es venue me faire la morale ?
— Ça ne servirait à rien. Ce serait perdre mon temps. Je cherche plutôt à savoir ce que tu penses de Kelly ?

Elle arque ses sourcils, ne comprenant pas tout de suite où je veux en venir.

— Quoi, Kelly ? C'est juste une nouvelle, stupide et moche qui pense pouvoir jouer les saintes nitouches avec tout le monde. Alors qu'en vrai, tout ce qu'elle désire, c'est ma place.
— Je vois. T'as déjà essayé de parler avec elle ?

Elle me considère avec étonnement.

— Pourquoi faire ? Il suffit de la regarder pour savoir que ce n'est pas une lumière. En plus, je n'vois pas pourquoi ce serait à moi, la perfecto du lycée, de l'aborder. C'est plutôt à elle de le faire.

Extravertie, elle commence à perdre contenance.

— Si tu le dis, je ne vois pas pourquoi tu l'as prise pour cible. D'après toi, elle ne vaut rien, non ?
— De quoi je me mêle ? J'fais ce que je veux dans mon bahut et c'n'est pas une nouvelle qui va passer tranquillement ses années de lycée, sans devoir apprendre à me connaître.
— Alors, tu aurais voulu qu'elle te rencontre ?
— Comme tout bon petit nouveau qui se respecte. Et puis, je n'en ai rien à foutre.

Elle possède une agressivité inconsciente. Elle n'a pas apprécié Kelly pour une seule raison et je vais le découvrir.

— Tu sais, il y a un tas de nouveau. Pourquoi spécialement elle... et ne viens pas me dire que les autres t'ont mangé dans la main, car il y a certains élèves qui ne te connaissent ni d'Adam ni d'Eve.
— Ça suffit avec ces interrogations... libère ce machin et dégage de chez moi, me balance-t-elle, en me toisant.
— C'est inutile de t'égosiller, personne ne t'entend et je n'en ai pas encore fini avec toi. Tu es intelligente et je suis certaine que tu comprendras qu'il vaut mieux que nous ne nous cherchions pas des poux, dans notre situation.
— Tu délires, ma vieille. Pourquoi devrais-je entrer dans ton jeu ?

J'attrape deux de mes lames et les croise, produisant ainsi un crissement. Je ne la regarde même pas et me contente de vérifier si elles ne sont pas émoussées.

— Ah, tu essayes de m'intimider, maintenant !? Tu veux imposer ta force sur moi, t'es pathétique.
— Déstresse ! Je ne te vise aucunement, précisé-je, en m'asseyant sur le bord de son lit qui, au contact est vraiment confortable, un peu comme les lits d'Éris, mais avec moins de gaz soporifique dans l'air et la musique divine.

Je me tourne vers elle.

— Tu sais, il n'y a aucune honte à avoir, en avouant être orgueilleux, laissé-je entendre, espérant relancer la conversation.
— Parce que tu crois que tu as le droit de me juger ?
— Inutile de tourner autour du pot, Lisa. Tu as été jalouse de Kelly, au premier regard... et lorsque tu as vu que certains de tes collègues s'intéressaient aussi à elle, tu t'es sentie menacée et tu as décidé, avec ta petite bande de désespéré de lui inspirer de la peur, n'est-ce pas ?
— Et t'as quoi comme preuve ? Je n'crois pas t'avoir déjà vu au lycée...
— J'étais là, pour ta gouverne... et j'ai assisté à toute la scène. Et t'en fais pas pour les photos, dans quelques heures, c'est toi-même qui les supprimeras.
— Non, mais, tu délires ?

Je garde mes traits relâchés. Je n'ai aucune animosité pour elle. En ai-je même eu pour les autres cas d'humain ?

— Lisa, plus vite tu te seras décidée à me dire le fond de ta pensée, plus vite...
— Mais vous voulez savoir quoi ? Et puis, d'abord, tu me harcèle depuis tout à l'heure, mais tu n'dévoile rien de ton côté. J'sais même plus comment tu t'appelles...

Je me décide tout de même à coopérer. Après tout, je n'ai rien à y perdre. Quand tout sera terminé, elle m'aura complètement oublié.

— Je m'appelle Alpha... je suis une aventurière. Je suis ici pour te rendre bien plus sûre de toi...
— Et c'est tout comme infos ? Tu crois que je vais avaler tes fadaises ?! Pour le coup, je te donnerai bien un nonos, mais tu avoueras que je ne suis pas capable de sortir de... ce truc.
— Ai-je l'air de plaisanter ?
— Tu t'fiches vraiment de moi, en fait... une aventurière ? Et c'est quoi comme profession ?
— Ce que je suis entrain de faire, lui réponds-je.

Il est préférable qu'elle n'en sache pas trop pour gagner des minutes précieuses. J'ignore même si je vais pouvoir achever cette discussion.

— Tu t'fous de ma gueule ? Ça s'appelle un psy. Et j't'le dis tout de suite, t'as un nom de mec. Je ne vois pas une fille, dans mon entourage, s'appeler ainsi.
— Je trouve que c'est bien comme il faut et puis, c'n'est pas à une diva de porter critique à ce magnifique prénom.
— Tu vois, on est d'accord sur un point. T'es pas non plus habilitée à me donner des leçons.

Exaspérante.

— Je m'en fous de ce que tu en penses, je veux juste être là, et te parler.

J'use de la carte du sentimental et de l'attachée.

— C'est ça, cours toujours. Alors, t'es une espionne, peut-être bien un assassin ?
— Peut-être bien, mais vois-tu, pour répondre à cela, il faut que tu t'implique aussi.
— Eh, mais j'ai déjà répondu à plus d'une de tes questions !
— Alors, non. Ni l'une ni l'autre... je me protège juste de certaines personnes me voulant du mal.
— Quoi ? Tu t'es engueulée avec ton copain et il t'a dit qu'il allait te suivre à la traîne ?
— Pire, j'ai frappé un mafieux dernièrement et depuis, j'ai les Nachos de la Barrera qui veulent me couper le sifflet.
— T'es une comique, j'te jure.
— À ton tour, tu as peur de n'être plus favorite au lycée ?
— Ça se voit que t'es pas une lycéenne. Dans ton temps, on devait se contenter d'étudier, je suppose. À moins que tu n'aies passé ta formation dans un camp militaire. Au lycée, c'est comme sur un champ de bataille. Chacun cherche un moyen de se forger un petit trou où se réfugier. C'est le meilleur qui gagne. Et la plus maligne qui conserve sa place.

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