Caroline
Assise sur le canapé à côté de Rebekah, j'écoute Stefan évoquer son retour à Mystic Falls.
— Les trouver ensemble tous les deux, c'était...
Il n'a pas besoin de terminer sa phrase. Je comprends tout à fait que voir la femme qu'il aime dans les bras de son frère soit encore difficile. Il n'était pas prêt.
D'un geste amical, je pose ma main sur son épaule pour lui prouver mon soutien. J'ai toujours été une grande admiratrice de leur couple mais le destin en a décidé autrement.
— Et toi dis-moi, me demande-t-il, tu sembles plutôt, en forme !
— Ouais ! j'avoue. Klaus...
—... C'est Klaus ! me coupe Rebekah
Alors que Stefan sourit, amusé par la réplique de la blonde originelle, je lui lance un regard assassin.
— Klaus fait beaucoup d'efforts pour que ça fonctionne, je reprends.
— Et si j'en crois l'accueil au coup de tisonnier auquel tu m'as réservé, ça fonctionne plutôt bien, termine Stefan. Je ne suis pas vraiment étonné, il a beau être ce qu'il est, avec toi, il a toujours été différent.
Yeux dans les yeux, je sens que toute notre complicité reprend sa place. Dans son regard, il n'y a pas la moindre trace de jugement et ça fait du bien.
— Je m'excuse encore pour mon accueil, je ne sais pas ce qu'il m'a pris.
En vérité, si ! Tous ces cauchemars parasitent mon esprit. Il est impossible que Stefan tue mon Originel. Il n'a pas la force et aucun intérêt à le faire. Si Klaus en venait à mourir, sa lignée tomberait avec lui. Entrainant ma chute, la sienne, celle de son frère et de la plupart des personnes que nous apprécions.
— Ne t'inquiète pas, c'est oublié !
— Vous n'avez rien entendu ! demande Rebekah, les sourcils froncés.
— Entendu quoi ?
Dans les secondes qui suivent, Katherine déboule dans les escaliers avant de chuter dans les dernières marches. Même si je la déteste, j'ai de la peine pour elle. Avoir été dépouillé de son vampirisme lui a fait perdre toute sa splendeur.
— Je jure que je vais tuer cette garce d'Elena ! rage-t-elle. Tout ça, c'est de sa faute !
Elijah apparait à son tour, nous pressant de sortir immédiatement avant de se stopper à la vue de Stefan.
— Où est Magellan ? nous questionne-t-il.
— Elle est partie chez Sophie pour organiser le départ de Davina. Qu'est-ce qui se passe Elijah ? s'empresse de demander sa sœur.
D'un geste théâtral, l'ainé des Mikaelson se retourne et nous montre le loup Originel roux qui se trouve en haut de l'escalier.
— Non mais attendez, depuis quand les loups-garous sont-ils aussi gros ? demande Stefan.
— Bienvenue à La Nouvelle-Orléans, Mr Salvatore ! raille Elijah. Je propose de sortir d'ici au plus vite.
— Elijah, j'ai déjà eu affaire à ce loup, il n'a jamais été menaçant !
— Mademoiselle Forbes, vous aurez d'autres occasions pour nous faire part de votre courage, m'arrête-t-il. Mon frère n'étant pas là, je n'ai aucune envie de risquer qu'il vous arrive quelque chose alors que vous êtes sous ma responsabilité. Si vous voulez bien, je vais vous demander de ne pas chercher à discuter mes ordres !
Comme à son habitude, l'ainé des Mikaelsons n'a pas besoin de monter dans les octaves pour se faire obéir. Sa voix suffit à elle seule.
Je jette une œillade au loup. Toujours en haut de l'escalier, les oreilles plaquées en arrière, il évalue la hauteur des marches. Son attitude montre qu'il se trouve dans une position de faiblesse. Dans ma poitrine, mon cœur se comprime.
— C'est moi où il ne semble pas en super forme ? demande Rebekah, désormais peu impressionné par l'animal.
— On voit bien que tu n'étais pas présente lorsque ce dernier est passé à travers la fenêtre de mon bureau ! réplique Elijah.
Elijah
Je me dois de protéger ma famille mais je ne perds pas à l'esprit qu'il n'est pas un simple loup-garou, mais un loup Originel. Tout comme nous le sommes en tant que vampire, nous sommes bien plus puissants que nos semblables.
Une fois en bas de l'escalier. L'animal se gonfle d'une façon intimidante et me toise.
Lorsque ses yeux se posent sur Stefan, je distingue ses muscles se contracter violemment. Le contrôle dont il faisait preuve face à nous semble lui échapper. Son instinct l'appelle, le stimule. Désormais, tout ce qu'il importe est de tuer le vampire, son ennemi de toujours.
— Courrez jusqu'au salon ! je cri
Obéissants, ils s'exécutent aussitôt. Je les rejoins quelques secondes plus tard et me plaque contre la porte. Dans mon dos, derrière le battant, le loup se déchaine. Ses griffes entaillent le bois, se plantent dans ma veste de costume.
Me voyant, en difficulté, Rebekah se précipite et me prête main-forte. Nous sommes deux vampires originels et pourtant nous luttons contre la force du canidé.
— On ne va pas y arriver, Elijah ! La porte... elle ne tiendra jamais, cri Rebekah.
— Monsieur Salvatore, un peu d'aide serait la bienvenue, je demande.
Stefan finit par accourir jusqu'à nous et copie ma position.
— Rappelle-moi, Caroline, pourquoi je suis venue déjà ! s'écrit-il
Cette dernière hausse les épaules avant d'admettre :
— Je ne sais pas, parce que je te manquais, dit-elle en faisant la moue.
Le bois de la porte s'arrache et l'une des pattes du canidé passe à travers.
— Rebekah, j'interpelle ma sœur, fait les sortir d'ici.
— Tu n'arriveras pas à le retenir tout seul, Elijah !
— Fais ce que je te dis, s'il te plait !
Lorsque soudainement, le loup s'arrête, j'ose jeter une œillade à travers ce qui reste de la porte.
— Qu'est-ce qui se passe ? me demande-t-on en arrière.
Après quelques secondes afin d'en prendre moi-même connaissance, je réponds :
— Niklaus vient d'arriver.
En effet, mon frère se trouve à l'embrasure de la porte d'entrée et fixe le canidé. Ce dernier, de ses yeux dorés, en fait de même. Il semble avoir perdu toute agressivité mais si j'en crois l'expression furieuse de notre frère, cela risque de ne pas durer longtemps.
— Et dire que j'avais décidé de te laisser la vie sauve ! crache-t-il. Et toi, tu en profites pour t'en prendre à ma famille ! hurle-t-il sur les derniers mots.
Le loup conserve son calme olympien. Seules ses oreilles en mouvement d'avant en arrière prouvent qu'il est attentif. Mes yeux s'attardent sur l'interminable cicatrice sur son flanc. Sa fourrure est arrachée à cet endroit et n'est plus en mesure de la dissimuler. Bien creusée, elle paraît avoir traversé les années.
— Je vais te tuer et prendre beaucoup plaisir à le faire ! le menace mon frère.
Dans mon dos, Caroline me bouscule. Telle une pile électrique, elle ne tient pas en place et cherche coute que coute à se faufiler pour les rejoindre.
— Restez tranquille ! je la réprimande gentiment.
— Non, vous ne comprenez pas, il faut que j'y aille !
— Caroline, vous n'irez nulle part ! je grogne.
Ce bout de femme est tout aussi têtu que peut l'être Niklaus, c'est infernal ! J'en arrive à me demander comment il gère cette facette de sa personnalité alors qu'il est dépourvu de patience.
Alors que mon frère passe à l'attaque, les yeux du loup s'intensifient. Le triangle gravé sur son omoplate s'illumine. Dans un cri de douleur, Niklaus s'effondre au sol.
Derrière moi, que ce soit Caroline ou Rebekah, toutes les deux s'agitent maintenant dans tous les sens. Je ne comprends pas pourquoi elles n'arrivent pas à s'entendre. Ces deux-là se ressemblent sur de nombreux points. Toutes les deux vont finir par me faire perdre patience.
La respiration de Klaus est rapide. Son visage déformé par la colère. Je le connais, je sais que peu importe dans quelle situation inconfortable il se trouve, il s'en sort toujours. Klaus est un adversaire redoutable.
Notre père avait tort, Niklaus n'a rien d'un faible. Il est sans aucun doute le plus fort d'entre nous.
— Je vais te tuer !
Le canidé ne se laisse pas intimider par ses menaces et le fixe avec nonchalance. Le triangle sur son dos continue d'éclairer.
Les os de Klaus commencent à craquer. Sa mutation est en cours et au vu de la douleur qu'éprouve mon frère, je comprends qu'elle n'est pas de son ressort. Sa métamorphose, c'est le loup roux qui la provoque.
— c'est ce que tu veux, n'est-ce pas ? Alors tu vas l'avoir ! Peu importe la forme que j'aurais, je vais te dépecer sur place.
Il aura fallu que quelques minutes pour qu'il perde tout trace d'humanité et achève sa transformation. Les deux animaux se jaugent maintenant silencieusement. Ma première impression était la bonne. Le loup roux est bien plus massif que l'alter ego de mon frère. Plus grand, plus volumineux, il s'impose face à lui et le domine malgré lui.
— Elijah, il faut que je passe !
— ça suffit, Caroline ! je gronde. Si vous n'arrêtez pas tout de suite, je vous brise la nuque !
À ma menace, elle semble tout d'abord surprise puis abandonne sachant très bien qu'elle n'aura pas voix au chapitre.
Dans une tentative désespérée, Niklaus se jette sur lui. Il le mord sans discontinuer. Son adversaire jappe, supporte la douleur mais ne se montre en aucun agressif avec lui. Il apparait comme un être tolérant face à un louveteau débordant d'énergie. Pour calmer mon petit frère téméraire, il le plaque au sol, grogne, lui prouve qu'il a le dessus.
Niklaus se débat tel un forcené mais n'arrive pas pour autant à se dégager.
— On devrait l'aider, Elijah ! propose Rebekah.
Sans doute, oui ! Mais à quoi bon ? Le seul qui se montre agressif face à l'autre reste Niklaus.
Une fois que l'animal juge que le plus jeune est calmé, il se retire et le laisse se redresser. Notre frère ne perd pas une minute. Une fois debout sur ses pattes, il secoue sa fourrure panachée pour la remettre correctement en place.
Caroline
Le canidé roux s'écarte et regagne la sortie sous nos yeux. Klaus a décidé d'abandonner le combat. Je suis soulagée.
Je profite du manque d'attention d'Elijah pour me faufiler à travers ce qui reste de la porte.
Dès que mon loup m'aperçoit, l'une de ses oreilles s'agite joyeusement. Sans pouvoir m'en empêcher, je glisse les doigts dans sa fourrure.
— Et moi qui croyais que quitter Mystic Falls allait me permettre de prendre des vacances, c'est raté ! annonce Stefan.
Klaus devient nerveux. Je le sens. Une rangée de poil sur son dos se hérisse. Ses yeux dorés se posent sur le Salvatore.
— Klaus !
Trop tard !
Impossible de se contrôler, mon originel se jette sur lui.
— Cours Stefan ! je crie
— Mon Dieu, Nik va le tuer, s'il l'attrape ! Bouge-toi, Elijah ! le réprimande Rebekah.
Il faut admettre que la scène est cocasse. Mon meilleur ami est accroché au lustre de la salle à manger et le loup de Klaus exécute des bonds pour tenter de l'attraper.
— Cesse de rire, Caroline ! me reproche Stefan, je glisse ! Et puis pourquoi en a-t-il après moi ?
— Monsieur Salvatore, n'oubliez pas que vous êtes un vampire ! explique l'ainé des Mikaelsons
— Comme vous tous ! réplique mon ami
— Peut-être, oui ! Mais il ne vous considère pas comme un membre de sa famille !
Il me faut beaucoup de temps pour calmer mon originel qui finalement préfère détourner son attention de Stefan pour se concentrer sur moi. D'ailleurs, il s'éloigne en direction de l'étage et les picotements que je commence à approuver dans mon corps m'informent qu'il est en train de reprendre sa forme humaine. Lorsque je le rejoins dans notre chambre, il termine de s'habiller et ose me jeter une œillade.
Bras croisés sur la poitrine je lance :
— Tu as voulu manger, Stefan !
Mon originel, lui, se contente de rouler des yeux. Le pire c'est que je sais qu'il s'en fiche complètement si cela avait été le cas.
— Attends une minute, où vas-tu ? Tu viens à peine de rentrer !
— Tuer cette chose ! lâche-t-il d'une voix sans émotion.
— Klaus, non ! Tu ne peux pas faire ça !
— Oh si je le peux et c'est exactement ce que je vais faire !
Son manque d'empathie me laisse pantoise.
Comment peut-il être si aimant avec moi et être si indifférent pour le reste du monde ?
J'ai parfois l'impression qu'en lui il y'a deux hommes différents qui s'opposent constamment.
— Ce loup n'est pas ton ennemi !
— Ma décision est prise, Caroline ! Inutile d'essayer de me faire changer d'avis ! Il vous a attaqué, c'est une bonne raison suffisante pour moi de le tuer ! s'énerve-t-il.
— Il a juste perdu le contrôle comme tu l'as fait avec Stefan ! je m'époumone à mon tour.
Devant mon insistance, il soupire. J'ai toujours eu ce pouvoir sur lui et nous le savons tous les deux. Il semble quelque peu agacé que je m'oppose à lui et en même temps cela l'amuse. C'est tout simplement nous, notre marque de fabrique !
— J'ai besoin d'obtenir certaines réponses, Caroline ! admet-il.
— Je sais ! Et peut-être qu'il peut t'y aider ! N'oublie pas qu'il est comme toi !
Las, il soupire. Pèse le pour et le contre.
Lorsqu'il franchit la porte de la chambre, je ne le retiens pas. À la place, je prie silencieusement pour que mes mots l'aient atteint suffisamment afin qu'il y réfléchisse.