The silver nightingale - A Fo...

By anevada

81 0 0

Une seconde. C'est tout ce qu'il aura fallu. Une seconde. Pour passer de la liberté au cloisonnement. Pour pa... More

II. Le cadeau
III. Le réveil
IV. Les étages inférieurs
V. Les retrouvailles
VI. Le bordel
VII. Les doutes
VIII. Le checkpoint
IX. L'incertitude
X. La confrontation
XI. Le JT
Epilogue
Remerciements

I. La Descente

44 0 0
By anevada

Le son vint en premier.

Assourdissant.

Percutant.

Puis vint l'odeur.

Poussière.

Chair brûlée.

Le son de la mélodie fut recouvert par les bruits de déflagrations. En un instant, l'ambiance feutrée de l'alcôve se brisa. Line se tenait sur place, incapable de bouger. La scène se déroulant devant elle lui semblait surréaliste. Un corps tomba à ses pieds, fauché dans sa fuite. Elle était assez près du cadavre pour avoir senti la chaleur du tir et ses yeux se baissèrent sur les restes carbonisés d'un visage méconnaissable. Son estomac se révulsa à cette vision.

Un autre tir, bien trop prêt d'elle, la fit sursauter et reprendre ses esprits. La peur déclencha une montée d'adrénaline. Les mains autour du visage, autant pour se protéger des éclats de béton et de bois qui volaient autour d'elle que pour se préserver de ce spectacle de mort qui l'environnait, elle courut vers la porte la plus proche.

Le couloir n'était pas épargné par la cohue ambiante. Elle se fit violemment percuter par une personne qui courait en sens inverse et sa épaule heurta le mur lui faisant perdre son élan.

Son cerveau lui criait de s'enfuir. Chaque seconde était précieuse, mais son corps de répondait pas.

Elle était incapable de trouver une issue. La peur la paralysait.

À l'angle du couloir, le canon d'une arme entra dans son champ de vision, suivis d'une jambe. Chacune des secondes qui s'écoulaient la rapprochait d'une fin inexorable. Il fallait qu'elle réagisse, maintenant. Elle poussa machinalement la seule porte qu'elle connaissait, comme dirigée par sa mémoire musculaire. La refermant derrière elle, elle se savait piégée, sans issue.

Le vestiaire où elle se changeait chaque soir était un cul-de-sac. Des larmes de frustration coulèrent sur ses joues, emportant le reste de son maquillage et laissant deux trainées au milieu de la poussière sur son visage. Les bruits se rapprochaient de sa position. Elle tourna machinalement la tête, rien ici ne pouvait l'aider à se barricader, ou à se protéger.

Comment se défendre contre des armes à plasma ?

Comment se défendre contre ces hommes au casque aux yeux bleu scintillant ?

Comment se défendre contre la Milice ?

Une explosion retentit, faisant sauter les dalles du plafond et rependant une fine poussière.

Le plafond...

Elle prit le banc qui trônait au milieu de la salle pour le caler contre les casiers métalliques. Elle monta dessus et, au moment de s'aider de ses mains pour monter sur les armoires, elle s'aperçut qu'elle la tenait encore. Un choix devait être fait, perdre de précieuses secondes ou la laisser là.

À genoux sur le métal, elle souleva une plaque du faux plafond, son intuition était la bonne. Il y avait bien un espace au-dessus, assez petit, mais elle pouvait s'y faufiler. Après de rapides contorsions, elle cala son dos sur l'un des rails de jointure.

Line regardait la chose qu'elle tenait contre elle, ses mains crispées et tremblantes autour. Elle n'avait pu se résigner à se séparer de son bien le plus précieux. Elle écoutait chaque bruit autour d'elle, ceux de l'assaut. Elle sentait les murs vibrer, comme si tout se passait juste à côté. L'odeur de poussière s'accumulait dans ses narines, lui donnant envie d'éternuer. Son cœur battait la chamade comme s'il voulait sortir de sa poitrine. Elle ferma instinctivement les yeux, priant que personne ne puisse l'entendre, serrant les lèvres pour qu'aucun son ne sorte de sa bouche.

Tout s'était passé si vite. On l'avait prévenu que ça pouvait arriver qu'il y ait des descentes de la Milice, mais elles étaient rares et se finissaient généralement par des pots-de-vin conséquents. Peut être que les pots-de-vin n'avaient pas suffit ? Que le bordel avait été infiltré ? Ou balancé ?

Ici, on avait plutôt l'impression que quelqu'un avait donné l'ordre de tout raser. Ils n'avaient pas l'air de faire de prisonniers au regard du nombre de corps qu'elle avait vu tomber dans les tirs croisés. Un nettoyage complet. Elle ne savait pas si certaines personnes avaient pu s'enfuir ou non.

Elle, en tout cas, s'était réfugiée ici. Le faux plafond semblait tenir le coup. Une vraie chance que celui-ci se trouvait encore en un seul morceau dans un lieu pareil. Le niveau 0 n'était pas connu pour être clément avec l'architecture de l'Ancien Monde. La plupart des éléments inutiles avaient été pillés, ou tout simplement réduits en poussière avec l'âge et l'humidité. Elle sentait toujours les rails métalliques dans son dos, mais n'osait bouger de peur de faire du bruit ou de fragiliser sa cachette. Sa main droite toucha quelque chose de moite, mais elle essaya de ne pas y penser. Toute sa concentration se reportait sur ce qu'elle tenait contre elle.

Line ne savait pas quoi faire. L'attente semblait le choix le plus sûr, mais pour combien de temps ? Les environs risquaient d'être passés au peigne fin par la Milice pour récupérer tout ce qui pourrait être utile. De plus, lorsqu'ils auraient vidé la zone, cela serait au tour des vautours et autres bandes rivales de piller le peu qu'il resterait. Elle avait brièvement envisagé de se rendre, mais avait rapidement abandonné l'idée quand elle s'était rendu compte qu'ils avaient eu ordre d'éliminer tout le monde. Elle devait trouver un moyen de sortir d'ici et de rejoindre le lieu de rendez-vous avec Bryte. Il ne risquerait pas de venir à sa recherche, n'ayant aucune information sur sa position actuelle. Par fierté, elle ne lui avait pas demandé de l'accompagner jusqu'ici, c'était une grossière erreur de sa part et maintenant elle le regrettait. Elle l'avait engagée pour la protéger, mais elle n'avait pas pu lui faire totalement confiance.

Un bruit fort, à quelques centimètres d'elle, lui fit comprendre que la porte venait d'être ouverte avec fracas. Par réflexe, elle retint sa respiration. Elle pouvait imaginer ce qu'il se passait en dessous d'elle. Ils devaient être deux, ou trois. L'un pointant son arme en direction de la pièce, un second dos à celle-ci surveillerait le couloir. Quant au troisième, il rentrerait dans le vestiaire.

Un refrain se répétait déjà dans sa tête.

« Je ne suis pas là »

Un bong métallique. Il a ouvert un des casiers d'un coup de pied. Des bruits d'objets tombant sur le sol. Il fouillait le casier. Surement pour voir s'il ne trouvait pas quelque chose d'intéressant.

« Je ne suis pas là »

Que pouvait-il bien chercher ici ? Il n'y avait rien d'autre que des affaires de bonnes femmes, des pots de maquillages à base de champignons broyés, des tenues toutes plus recousues les unes que les autres. Line sentait ses poumons brûler, son cerveau lui criait de respirer. De sa main gauche, elle se pinça le nez comme pour rajouter un garde-fou.

« Je ne suis pas là »

Les bongs se succédèrent.

Deux.

Trois.

Combien de casiers y avait-il déjà ? Elle n'arrivait plus à réfléchir, à se rappeler. Les larmes lui montaient aux yeux, son corps luttait, elle ne pourrait bientôt plus tenir.

Quatre.

Quatre ! il y avait quatre casiers. Line venait de s'en souvenir. Elle n'avait qu'à tenir encore un peu, rien qu'un peu.

« Je ne suis pas là »

Un coup de plasma perfora le plafond non loin d'elle, lui faisant reprendre sa respiration à grand bruit. Elle se couvrit la bouche, mais trop tard, elle était foutue. Des bruits inintelligibles se faisaient entendre, cela ressemblait à une conversation. Elle attendait en ayant la crainte de voir apparaître une de leur main à travers la plaque pour la traîner hors de sa cachette. Ils devaient se trouver tous les trois sous elle, près à lui tirer dessus sinon. Les secondes s'égrainèrent comme des minutes. Les bruits avaient l'air de s'éloigner de sa position. Au long, elle discernait encore des coups de feu, mais ceux-ci étaient plus espacés.

Elle attendit. Le silence glacial devenait, au fur et à mesure, omniprésent.

Elle s'autorisa à nouveau à respirer normalement, bien que les premières inspirations furent saccadées. Elle agrippa de ses deux mains l'objet qui se tenait contre elle, comme un talisman qui l'avait protégée. Elle sentit l'adrénaline retomber, et puis son contrecoup. Une grande fatigue s'empara d'elle, son corps était comme vaporeux. Elle essaya de lutter, mais elle comprit vite qu'elle ne pouvait rien y faire. Ainsi allongée dans le noir, les yeux de Line commencèrent à se fermer et son esprit la conduisit ailleurs.

Loin du bruit, de la poussière et de l'humidité.

Loin des tirs, de la mort et de la peur.

Continue Reading

You'll Also Like

60.1K 1.3K 64
Depuis 1 mois mes rêve sont hanter par ce garçon..et depuis 1 mois à la tomber de la nuit je le retrouve à le regarder toute la nuit. Mais qui est-ce...
288K 9.7K 54
« Plus personne n'aura la capacité de me blesser, plus personne n'en aura le pouvoir. » Vivre seule, être indépendante et ne jamais baisser sa garde...
159K 17K 51
La guerre est arrivée de nulle part, sans qu'on puisse l'empêcher. Les Elémentaires ont traversé leurs immenses portails luminescents avec un seul ob...
10.1M 126K 13
Au sein des réseaux criminels, là où régnent puissance, meurtre et pouvoir, il y avait elles. Les captives. Dangereuses, malignes, et mortelles, ell...