Kilidohanas Tome 2 : Les Papi...

By Mayyri

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/!\ ceci est le TOME 2 /!\ Lidonna ne sait plus où donner de la tête. Personne ne lui explique rien sur les P... More

résumé détaillé du tome 1
Récapitulatif des personnages
Récapitulatif du vocabulaire
Prologue
PARTIE 1
Chapitre 1 : le réveil
Chapitre 2 : Souvenirs...
Chapitre 3 : Retrouvailles
Chapitre 4 : nouvelle famille
Chapitre 5 : chantage
Chapitre 6 : déchantement
Chapitre 7 : La disparition
Chapitre 8 : Une rencontre impromptue
Chapitre 9 : Mauvais rêve
Chapitre 10 : Urgence
Chapitre 11 : la préparation
Chapitre 12 : Pénultième
Chapitre 13 : Bouleversement irréversible
Chapitre 14 : émotions malmenées
Chapitre 15 : Intrusion onirique
Chapitre 16 : accords désaccordés
Chapitre 17 : Attaque souricière
Chapitre 18 : petites explications
Chapitre 19 : Nouvelles responsabilités
Chapitre 20 : Déménagement...
Chapitre 21 : Nouvelles rebutantes
Chapitre 22 : Une décision à prendre
Chapitre 23 : Apprentissage
Chapitre 25 : Deal
Chapitre 26 : Ultimatum
Chapitre 27 : Bilan amer
Chapitre 28 : Confidence pour confidence
chapitre 29 : oeil pour oeil
Chapitre 30 : la fête de Lidone
Chapitre 31 : révélations
Chapitre 32 : la suite ?
Partie 2
Chapitre 33 : le début du voyage
Chapitre 34 : exécution
Chapitre 35 : le Neonothopanus gardneri
Chapitre 36 : Le début de la guerre
Chapitre 37 : les graines de Hyacinthus
Chapitre 38 : impuissance chronique
Chapitre 39 : confession nocturne
Chapitre 40 : lumière hypnotique
Chapitre 41 : le Scandium
Chapitre 42 : une expédition particulière
Chapitre 43 : l'eau de jouvence
Chapitre 44 : deuil
Chapitre 45 : Une soirée de pause
Chapitre 46 : Une discussion éphémère
Chapitre 47 : la Lidonaé
Chapitre 48 : une douleur insurmontable
Chapitre 49 : le début de la fin
Chapitre 50 : supprimer le mal
Chapitre 51 : tuer un dieu
Chapitre 52 : les bijoux ancestraux
Chapitre 53 : ce n'est qu'un au revoir
Epilogue
Remerciements
mes bouquins 🤭

Chapitre 24 : Autre approche

357 45 50
By Mayyri

Tout autour de Lidonna était noir, comme à chaque fois qu'elle suivait un chemin pour contacter Rordian. Mais en suivant ce mince filet qui devait la mener à Loïs l'ambiance était particulièrement différente. L'air était froid et piquant. Quelque chose d'inquiétant régnait dans l'atmosphère. Lidonna se sentait mal à l'aise et peu confiante. Sa concentration était mise à mal dans cet endroit qui n'était pas rassurant, d'autant plus que ce chemin était très dur à suivre. Elle crut le perdre un nombre incalculable de fois. Elle avait déjà eu une centaine de micro-crise cardiaque. Son cœur ne survivrait pas si elle n'atteignait pas rapidement son amie.

Le stressait s'intensifia à chaque pas et son rythme cardiaque s'accéléra petit à petit. Le filet de son pouvoir devenait de plus en plus impalpable. Atteindre une personne plongée dans un sommeil artificiel était visiblement un exercice plus compliquée. A moins que fut parce que Loïs était mourante... Elle redoubla alors d'effort pour ne pas perdre sa trace.

Le chemin était interminable. Lidonna s'épuisait et elle se demanda si elle n'allait pas se réveiller malgré elle. Elle voulait juste voir Loïs, juste lui parler, lui dire à quel point elle l'aimait et qu'elle faisait tout pour la sauver. Lidonna se rendit compte qu'elle serait prête à se jeter tout droit dans un piège tendu par Harrgos si cela pouvait lui permettre d'obtenir l'antidote. Elle ne pouvait pas la laisser mourir. Un peu égoïstement, elle savait qu'elle ne supporterait pas une nouvelle perte aussi vite.

Une nouvelle angoisse lui prit les tripes. Dans quel état sera Loïs ? Est-ce que la projection qu'elle allait voir serait une représentation de sa conscience ou de son corps physique ? Allait-elle être en état de lui parler ? Ou bien Lidonna allait-elle faire ressurgir la souffrance que son amie ressentait jusque dans ses rêves ? Ressentait-on la douleur lorsqu'un Rêveur vous rendait visite ? La rouquine savait que oui, elle s'était déjà réveillé les draps en sang et la réminiscence d'une douleur lointaine qui semblait ne pas lui appartenir. Mais c'était Harrgos qui le lui faisait subir, ce n'était pas son propre état. Lidonna avait soudainement peur d'être en train de faire une bêtise parce qu'elle avait eu une pulsion égoïste.

Mais elle était arrivée trop loin pour rebrousser chemin. Si elle abandonnait maintenant elle ne pourrait pas rendre visiter à quelqu'un cette nuit et tester si son pouvoir fonctionnait avec d'autres Kayoliens qui n'étaient pas son petit ami. Alors elle continua.

Lorsqu'une Loïs en bonne santé se matérialisa devant elle, elle fut soulagée. Mais ce soulagement fut de courte durée parce qu'en voyant Lidonna, l'Empathe se mit à son tour à paniquer :

« Lidonna ? Où sommes-nous ? Qu'est-ce qu'il se passe ? J'ai froid, j'ai peur, et j'ai mal... Je crois... C'est étrange... »

Comme le disait si bien Loïs, c'était étrange. Elle était dans sa tête, forcément puisque c'était là où menait son pouvoir, mais tout semblait comme en pause. Dans la tête de Dæxor elle entendait en fond ses pensées, dans celles de Rordian ses souvenirs défilaient en image tout autour d'eux, mais dans la tête de Loïs, régnait toujours ce froid et ce malaise.

« Tu ne sais pas du tout ce qu'il t'arrive ? demanda Lidonna, inquiète.

- Je... »

Loïs se mit à réfléchir. Elle fronça les sourcils comme si ses souvenirs étaient difficiles à restituer.

« Je suis malade... murmura-t-elle.

- Empoisonnée, la corrigea Lidonna.

- Ah... Je crois que Camaé m'en a parlé. Elle avait des soupçons.

- Et maintenant on en est sûrs. »

Elle hocha la tête, avant de regarder autour d'elle. Elle semblait réellement perdue et paniquée. Lidonna en eut le cœur noué. Elle avait de plus en plus l'impression d'avoir fait une bêtise. Elle l'avait sortie de quelque part où elle était dans une sorte d'hibernation et Loïs arrivait dans un monde dont elle avait été mise en pause.

« Où sommes-nous ? » demanda-t-elle.

La rouquine s'approcha et posa deux mains douces sur les épaules de son amie pour tenter de la rassurer.

« Nous sommes dans ta tête. Je suis arrivée grâce à mon pouvoir de Rêveuse. »

Loïs la regarda les yeux ronds.

« Qu'est-ce que tu fais dans ma tête ? »

Lidonna sentit un certain reproche dans la voix de son amie. Elle ressentit immédiatement une forte culpabilité et bafouilla, honteuse :

« Je... Tu... Eh bien... Camaé a préféré te plonger dans un coma artificiel. Et je me disais que je pourrais venir te parler... »

Loïs baissa la tête.

« Je ne veux pas mourir... murmura-t-elle.

- Je ne te laisserais pas mourir. Je suis en train de m'entraîner pour contacter Nick pour obtenir l'antidote. Je leur donnerais n'importe quoi pour l'avoir.

- Je ne veux pas mourir... » répéta-t-elle.

Lidonna eut un mouvement de recul. Elle se demanda si elle avait vraiment Loïs devant elle. Elle avait l'impression de n'avoir atteint qu'une partie d'elle et que toute sa joie de vivre était ailleurs. Parce que lorsqu'elle était consciente, même mal en point, elle n'avait pas perdu son humour et ce sourire enjoué qui faisait sa particularité.

La jeune Rêveuse avait fait une erreur. Il n'y avait pas de mode d'emploi qui venait avec son pouvoir, mais elle était certaine désormais qu'il ne fallait pas entrer dans la tête d'une personne en plein sommeil artificiel.

« Je... je suis désolée. » marmonna la rouquine.

Elle se mit à reculer, atterrée par la situation. Elle s'en voulait tant. Loïs releva la tête et plongea son regard dans celui de Lidonna.

« Je ne veux pas mourir... » souffla-t-elle une nouvelle fois.

Lidonna se réveilla en sueur et haletante, l'image des yeux de Loïs emplis de détresse imprimée sur ses rétines. A ses côtés, Rordian dormait toujours paisiblement.

Elle se leva, le cœur serré de regrets. Elle savait qu'elle avait été égoïste et elle s'en mordait les doigts. Elle espérait qu'elle n'avait pas créé de problème. Elle espérait que le jour où elle administrerait l'antidote, tout irait bien pour Loïs. S'ils lui l'admirataient un jour...

Ils n'avaient pas fermé les volets la veille alors la lumière filtrait à travers les rideaux. Lidonna comprit donc que le soleil était déjà haut dans le ciel, elle ne pouvait donc pas essayer de se rendormir. Elle voulait que Rordian se réveille, qu'il la rassure. Mais les ronflements qui résonnaient jusqu'à ses oreilles prouvaient qu'il était profondément endormi et pas prêt à se sortir du lit.

Alors elle s'assit sur en tailleur sur le lit et le regarda dormir pendant quelques minutes. Avant de s'ennuyer salement. Elle avait beau l'aimer, il avait beau être canon, le regarder alors qu'il bavait à moitié n'était pas la meilleure des activités. Et si elle le réveillait ?

« Rordian. » murmura-t-elle.

Pour toute réponse, il lui offrit un ronflement.

« Rordiaaaaan ! »

Nouveau ronflement.

« Rordian ! »

Une exclamation haute et sèche. Le garçon sursauta en ouvrant les yeux.

« Ah ! tu es enfin réveillé ! s'écria Lidonna comme innocente.

- Quand on me réveille c'est sûr. » bougonna-t-il.

Elle lui offrit son plus beau sourire. Mais il n'était pas tôt, alors elle ne s'en voulait pas trop.

« Tu vas bien ? » demanda-t-elle joyeuse.

Fière de sa bêtise, elle en avait oublié le poids sur son cœur, juste un instant.

« Ça faisait longtemps que je n'avais pas fait une nuit complète sans ta visite. Et toi ? Comment ça s'est passé ?

- Pas très bien... »

Alors elle lui expliqua. Les différents chemins et l'absence complète de celui de Nick. Sa rencontre brève et douloureuse avec Loïs. Sa culpabilité et sa peur. Elle finit par lui avouer qu'elle l'avait réveillé parce qu'elle avait besoin de lui, de sa présence.

Il lui en voulait légèrement, mais en même temps il se sentit enorgueilli par cette information. Il se jeta sur elle pour l'embêter mais surtout la prendre dans ses bras.

« Je sens bien que tu ne vas pas bien. Mais honnêtement, je suis persuadée que tu n'es pas responsable de l'état de Loïs. C'est très probablement le poison. Et quand il ne sera plus là, déjà Loïs ne sera plus dans le coma, et puis elle sera elle-même. J'en suis intimement convaincu. Mais pour Nick... Je ne comprends pas. Qu'est-ce qu'il a de différent de nous tous ? »

Il baissa la tête et commença à réfléchir. Lidonna rejoignit la réflexion. Qu'est-ce que Nick avait de plus, ou de moins que tous les autres. Même une quasi inconnue comme Cyn avait eu un chemin. Qu'avait-il de différent ? Même s'il savait bloquer son esprit, les Papillons savaient le faire aussi et elle avait réussi à créer un lien. Bloquer... C'était comme son ex-ami réussissait à bloquer son pouvoir...

Lidonna et Rordian relevèrent d'un même mouvement la tête l'un vers l'autre. Du même élan de génie ils s'exclamèrent :

« Nick est un Brouilleur !

- Mais comment je vais pouvoir l'atteindre alors ? se lamenta la rouquine. Je dois absolument lui parler. C'est le seul qui peut nous obtenir le remède.

- On va trouver un autre moyen. Ne t'inquiète pas. On sauvera Loïs.

- Une yazi ? » suggéra la rouquine en se souvenant de Dæxor.

Rordian se mit une nouvelle fois à réfléchir.

« Effectivement ça peut fonctionner. » finit-il par déclarer.

Il se leva d'un bond.

« Il faut simplement qu'on trouve la bonne. Allons à la bibliothèque du Cocon. »

Lidonna fut surprise par l'enthousiasme dont faisait preuve Rordian. Mais elle fut touchée et soulagée. Malgré ce qu'il avait montré au départ, il se sentait concerné par le sort de Loïs.

« Évidemment, répondit-il à l'écho de ses pensées. J'ai juste eu... un moment d'égarement. »

Il frissonna d'horreur. Lidonna le regarda. A quoi pensait-il ? Parfois elle aurait aimé être une Liseuse. Et puis elle se rappelait à quel point ce pouvoir était intrusif.

« Intrusif ? Tu es une Rêveuse, tu peux entrer dans la tête des gens ! se défendit Rordian.

- Je... Mais ce n'est pas mon pouvoir principal !

- Il n'y a pas de pouvoir principal, réfuta le Liseur.

- Et pourtant je n'ai pas eu besoin d'entraînement pour maîtriser la lumière, mais les rêves me résistent.

- C'est... vrai. Mais ça ne signifie pas que ton argument est bon pour autant. Aller, habille-toi, on y va ! »

Lidonna s'exécuta et suivit Rordian. La bibliothèque. Sulvan lui en avait déjà parlé. Mais elle n'y avait apparemment pas accès. Le mot bibliothèque lui-même la faisait rêver. Alors elle n'imaginait pas ce à quoi pouvait ressembler une appartenant à une organisation secrète.

« Celle où on va n'est pas très grande. Il n'y a que les livres anciens et rares. Ceux qu'il ne faut surtout pas abîmer. »

Rordian lui fit un clin d'œil et la jeune femme se sentit un brin vexée. Pourtant sa pique était justifiée : sa maladresse légendaire n'était pas une légende. Il passa un bras autour de son épaule pour l'attirer contre elle et ajouta :

« Aller, fais pas cette tête. Je plaisantais. Enfin, il ne faut vraiment pas les abîmer. Ça c'était pas une blague. »

Lidonna grommela pour toute réponse. Rordian ne répondit rien et tenta d'étouffer son rire. Il ne voulait pas vexer plus que ça la rouquine.

Le Liseur marchait d'un pas décidé. Il savait parfaitement où il allait. Contrairement à Lidonna, il connaissait les lieux par cœur. Elle avait presque du mal à suivre son rythme. Il la mena aux escaliers les plus reculés, ceux que personne ne prenaient. Quand Rordian ouvrit la porte qui séparait les deux couloirs, Lidonna comprit pourquoi. Non seulement, ces escaliers étaient loin de tout mais en plus la cage était extrêmement étroite. Deux personnes ne passaient pas, ils allaient devoir avancer en file indienne.

« Il y a de la lumière ? s'inquiéta Lidonna.

- Absolument pas. On descend jusqu'à la cave. Pas besoin de lumière.

- Tu viens à peine de me charrier sur ma maladresse et tu me dis qu'il n'y pas besoin de lumière ?

- Tu as peur du noir ?

- Je... ne suis pas à l'aise effectivement. »

Il attrapa sa main.

« Tout ira bien. Ce n'est pas long. »

Ce n'était pas comme si Lidonna avait le choix. Mais elle ne se sentait vraiment pas bien. Un frisson la parcourut lorsque la porte se ferma. Elle avait sa main libre posée sur le mur de béton, froid. Un courant d'air régulier traversait les escaliers, accentuant l'ambiance lugubre qui régnait.

Lidonna détestait perdre la vue, bien que ce ne soit que temporaire. Elle avait l'impression de perdre totalement le contrôle et d'être extrêmement vulnérable. Dans le noir, la rouquine se sentait perdue et avait l'impression de perdre pied. Heureusement que Rordian, le bras tendu derrière lui, serrait fort sa main et l'ancrait dans le présent et dans ces lieux.

Sans repère, ces escaliers lui semblèrent interminables. Elle crut que jamais Rordian ne pousserait une porte d'arrivée ni n'allumerait une lumière. Son soulagement fut intense quand ils arrivèrent enfin.

« Ils devraient faire installer l'électricité.

- Ils ne le font pas pour dissuader les gens de venir ici. » expliqua alors Rordian.

Lidonna se dit qu'un gros écriteau «défense d'entrer» aurait été plus efficace, mais elle ne semblait pas être sur la même longueur d'onde que le Conseil.

Au sous-sol, l'air ne s'était pas réchauffé, bien au contraire. L'air frais qui parcourait l'escalier était ici constant. Lidonna avait légèrement froid, alors elle frictionna ses bras pour les réchauffer.

« Les courants d'air permettent de garder la salle bien ventilée pour éviter l'humidité et d'abîmer les livres. »

La pièce n'était pas bien grande mais elle était agencée de façon à ce qu'elle soit optimisée. Une vingtaine d'étagères se succédaient en serpentin. Elles étaient pleines et rangées par catégorie. Lidonna passa devant différents panneaux, fascinée. «Histoire», «traités», «sciences»... Ici semblaient caché de quoi comprendre et découvrir l'intégralité de Kayolina, depuis les moindres détails insignifiants du début de ce monde jusqu'à ses plus grands secrets !

« En partie oui, confirma Rordian à l'écho des pensées de Lidonna. Mais la grosse majorité des ouvrages révélant nos plus sombres secrets ne sont pas ici.

- Ils sont où ?

- Aucune idée. Certains les croient détruits, d'autres les pensent simplement perdu. Mais nous n'y avons pas accès. Le rayon concernant l'Ancienne magie est au fond à droite. »

L'Ancienne magie... Les yazis... Lidonna en avait énormément entendu parler mais elle ne connaissait pas vraiment son origine. Elle avait comprit, de part sa qualification, qu'elle était utilisée avant. Mais avant quoi ? Alors elle questionna Rordian à son sujet :

« Je ne suis pas très fort en histoire. Je n'étais pas vraiment attentif en cours. Je sais juste que, globalement, on s'est rendu compte qu'une utilisation intensive était dangereuse.

- Comment ça ?

- Dessiner une yazi utilise de la force vitale. Alors quand tu attends assez longtemps, ton corps a le temps de s'en remettre. Mais si tu en utilises trop souvent, tu finis par avoir de graves problèmes de santé, voire même par mourir. Alors petit à petit, les yazis ont été abandonnées et probablement à force de mutation les Ombrages et les Luminaires ont donné naissance aux pouvoirs individuels que nous utilisons aujourd'hui.

- Et nos pouvoirs d'aujourd'hui ne sont pas dangereux ?

- Non. Enfin, ça n'a pas été découvert si c'est le cas. Peut-être parce que ces pouvoirs là font partie de nous. En tout cas, au fil des siècles, nos qualités de yazeurs n'ont cessé de décroître et aujourd'hui il y en a beaucoup qu'on ne sait plus faire.

- Alors qu'est-ce qu'on fait ici ?

- On trouvera peut-être la yazi adaptée et que l'on saura la faire. Il faut essayer, je n'ai pas une assez grande connaissance en la matière pour savoir ce qui peut fonctionner et ce qui ne fonctionnera pas. »

Lidonna hocha la tête. Effectivement, il valait mieux essayer et que ça échoue plutôt que de ne rien tenter et de rester pour toujours dans le doute.

« Comment on s'y prend ? demanda Lidonna.

- Les yazi sont rangé par catégorie d'utilisation. Force, mémoire, intelligence... Je te propose que tu cherches à «rêve» et que je cherche à «sommeil».

- Ok. »

Alors pendant que Rordian sortait un ouvrage décoré d'un magnifique S, Lidonna se baissa pour attraper l'un de ceux marqué d'un R. Puis elle suivit son petit ami jusqu'à une pièce adjacente où se trouvait une petite table. Ils s'installèrent et commencèrent à feuilleter. Dans le livre aussi épais qu'un poing que tenait la rouquine, elle ne trouva aucune mention du mot «rêve». Mais en parcourant les centaines de pages, les dessins et les explications des yazis, elle fut fascinée. Elle se surprit à penser qu'elle aurait aimé connaître cette époque. Les pouvoirs des yazis étaient particulièrement précis et bien plus abondants que ceux d'aujourd'hui, ces nombreuses runes, utilisées par la population complète, devaient être impressionnantes.

Mais Lidonna devait avancer et arrêter de rêver. Elle se leva pour attraper un nouvel ouvrage, puis encore un autre, jusqu'à ce qu'elle trouve la catégorie qu'elle cherchait. Alors elle s'assit et commença une lecture intensive. Ils existaient des yazis pour tout. «Rêve doux», «mauvais rêve», « rêve érotique», «nuit sans rêve», «extracter ses rêves», «envoyer un rêve à quelqu'un»... Et plein d'autres encore. Mais rien sur la manière d'entrer dans la tête de quelqu'un pendant son sommeil.

La jeune femme observait les courbes des yazis attentivement et analysait leur texte descriptif associé. Lidonna soupira. Cela faisait plusieurs heures qu'ils étaient là, à lire ces centaines de pages, sans aucun résultat. Elle ferma d'un coup sec le livre quand elle eut fini la dernière phrase de la dernière phrase de la catégorie. Mais rien. Rien en tout cas dans «rêve».

Elle se laissa tomber sur le dossier de la chaise, dépitée et fatiguée. Elle attendit que Rordian close son livre également avant de lui demander :

« Rien non plus de ton côté ? »

Il secoua la tête en soupirant.

« Cherchons ailleurs.

- Mais où ? »

Rordian ne répondit pas et se mit à chercher.

« Est-ce qu'il y a une catégorie, endormissement ?

- Je pense oui. Mais ces yazis doivent probablement servir à endormir des gens. Comme celle que j'ai utilisée cette dernière semaine.

- Mais tu as une meilleure idée ?

- Qu'est-ce qu'on cherche à faire exactement ?

- Contacter Nick dans son sommeil.

- Cherchons à contact également. »

Ils attrapèrent respectivement les catégories dont ils avaient émis l'idée. Et ils furent repartis pour plusieurs heures de lecture. Une fois de plus, Lidonna ne trouvait rien. Comme Rordian l'avait supposé, ces yazis servaient à endormir autrui de mille et une façons. Alors que la rouquine commençait à piquer du nez sur le bouquin, Rordian se leva d'un bond dans une exclamation :

« Je crois que j'ai trouvé ! «contacter une personne dans le royaume onirique. Entrer dans la tête d'une personne endormie pour lui transmettre n'importe quel message ».

- C'est exactement ça ! »

Lidonna se leva pour venir observer la yazi. Cette dernière était composée de plusieurs courbes complexes entrelacées les unes aux autres. Trois traits minimum étaient nécessaires pour le réaliser. Par rapport à toutes les graphes que la jeune femme avait déjà vu, cette dernière paraissait bien plus compliquée...

« Tu crois qu'on peut la réaliser ? s'inquiéta-t-elle.

- J'espère. Allons demander à Xander, c'est l'un des meilleurs ici. »

Il ferma le livre en notant mentalement la page à laquelle revenir et attrapa le livre sous le bras. Il prit la main de Lidonna et l'entraîna jusqu'à l'escalier.

« On a le droit de prendre un livre ? »

Il haussa les épaules, pour éviter de lui répondre que non, ils n'avaient pas le droit mais qu'il n'en avait strictement rien à faire. Ce n'était pas comme s'ils allaient l'abîmer.

Dans les escaliers, Lidonna ferma les yeux et se laissa guider. Il avançait d'un pas rapide, décidé à remonter le plus vite possible. Arrivé au rez-de-chaussée, ils se rendirent compte que le soleil avait commencé à décliner dans le ciel. Depuis combien temps étaient-ils là-dedans ? Le ventre de Lidonna se mit soudainement à gargouiller. Elle avait faim et Rordian s'en rendit comte.

« On va voir Xander, on le laisse bosser sur la yazi, on va manger, parce que j'ai faim aussi et puis certainement qu'il sera l'heure pour toi d'aller voir Nick. »

Un frisson parcourut le corps de dégoût. Il n'avait pas particulièrement envie qu'ils se rencontrent, mais pour sauver Loïs, il prenait sur lui.

Il commençait à être tard, Xander se trouvait très certainement dans sa chambre, cette dernière était située proche de celle du Liseur. Rordian s'y dirigea de manière très machinale et frappa immédiatement à la porte.

« Oui ? dit-il d'un œil sceptique en ouvrant.

- On a besoin de ton aide pour sauver Loïs. »

Il n'eut pas besoin de plus d'argument, il les fit entrer immédiatement.

« Expliquez-moi. »

Alors Rordian et Lidonna lui expliquèrent tout. Depuis son apprentissage du pouvoir de Rêveuse, jusqu'à leur recherche de yazi.

« On a trouvé celle-là, montra Rordian en désignant le rune dans le livre. Tu penses que tu peux la réaliser ? »

Délicatement, Xander attrapa l'ouvrage et étudia la page en fronçant les sourcils. Lidonna fut soulagée que Xander ne leur fasse pas de réflexion sur le livre qu'ils avaient sorti de sa bibliothèque secrète. Mais elle savait également qu'il était proche de Loïs. Sauver l'Empathe était très plus important que de les réprimander pour un bouquin.

« Laissez-moi un peu de temps pour l'étudier.

- On va aller manger, puis rejoins-nous dans ma chambre quand tu seras prêt.

- Ok. »

Dans le réfectoire, Lidonna toucha à peine son repas. Elle avait beau avoir faim, elle commençait à stresser. Elle avait peur que Xander ne puisse par dessiner correctement la yazi, elle avait peur de retrouver Nick, elle avait peur de ne pas savoir le convaincre de leur donner le remède, elle avait peur d'échouer...

Elle faisait rouler les petits pois avec sa fourchette, perdue dans ses pensées. Elle allait dormir, elle n'avait pas forcément besoin de prendre des forces... Mais elle n'osait pas demander à Rordian de la ramener dans sa chambre.

« J'entends tes pensées, tu n'as pas besoin de me le demander.

- Comment je fais pour oublier ? répliqua-t-elle un faible sourire aux lèvres.

- Moi en tout cas je ne peux pas ! »

Le joli rire de Rordian réchauffa le cœur serré de la rouquine. Elle stressait tellement...

« Tu es sûre que tu ne veux pas manger plus ? »

Elle hocha mollement la tête, sans croiser le regard de Rordian.

« On sera mieux dans ma chambre, alors. »

Rordian ne savait pas comment rassurer sa petite amie, parce que lui aussi était extrêmement stressé. Que feraient-ils si la yazi échouait ou que Nick leur refusait le remède ? Il ne pouvait même pas imaginer ce scénario. Loïs ne pouvait pas mourir.

Comme Lidonna n'avait rien avalé, ils n'étaient pas restés très longtemps au réfectoire et pourtant ce laps de temps avait suffi à Xander pour étudier correctement la yazi. Xander invita la Luminaire à s'asseoir sur le bord du lit.

« Si j'ai bien compris, tu apparaîtras directement dans la tête de Nick. S'il ne veut pas de toi, il pourra te faire sortir. Si tu veux partir, tu pourras le faire quand tu veux d'une simple volonté. Il ne pourra pas y avoir de conséquence physique contrairement à d'autres yazis existantes. Donc normalement, tout ira bien.

- Donc tu penses que ça va marcher ?

- Évidemment, sinon je ne serais pas là. Tu n'es pas obligée de dormir immédiatement dès que j'aurai dessiné la yazi. Mais dès que tu dormiras, son pouvoir se mettra en place. »

Lidonna hocha la tête et laissa Xander attraper son bras. Étrangement, l'homme fut particulièrement doux. Ce geste la rassura un peu.

« On croit en toi, lui dit-il. On sait que tu réussiras. »

Lidonna voyait les traits noirs apparaître sur son avant bras au fur et à mesure que Xander dessinait. Quant à lui, Rordian était resté en retrait dans sa chambre. Il ne voulait pas les déranger ou les perturber. Encore une fois, il avait très peu écouté en cours et il ne maîtrisait pas sur le bout des doigts le fonctionnement des yazis.

« Et voilà ! »

La jeune femme observa minutieusement ce tatouage temporaire. Il y avait dans ces traits noirs une puissance incommensurable. Dommage que cette magie soit dangereuse pour son utilisateur, Lidonna la trouvait fascinante.

Xander ne tarda pas et sortit de la chambre. Avant de fermer la porte, il lança un regard assuré à Lidonna et lui souffla :

« Bonne chance et bon courage. »

Le Liseur vint se placer aux côtés de Lidonna sur le lit.

« Tu me dis quand tu es prête... »

Elle hocha la tête. Elle ne l'était pas pour l'instant. Le serait-elle vraiment à un moment ? Elle espérait. Mais le temps passait et dans ce silence, elle ne sentait pas plus proche d'être prête. Pourtant, un bâillement la rappela à l'ordre. Il fallait qu'elle essaie de dormir, même si elle n'était pas prête.

« J'y vais. » murmura-t-elle alors en se tournant vers Rordian, les larmes aux yeux de stresse.

Le garçon s'approcha vers elle pour l'embrasser puis lui murmura :

« Quand tu verras Nick, Lidonna, n'oublie pas que je t'aime. »

Elle ne put réprimer son sourire. Malgré son cœur lourd, le Liseur avait réussi à créer une petite bulle de bonheur. Ils entrelacèrent tendrement leurs doigts puis la rouquine murmura à son tour :

« Quand je verrais Nick, Rordian, n'oublie pas que moi aussi. De tout mon cœur. »

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