Ma mère vient de mourir, mon père est assis à sa droite il lui tient la main et lui évoque ses derniers mots d’adieu. Tandis que moi, assise sur une chaise bancale reste sans rien dire, immobile, sans aucun signe d’émotion en pensant à tous nos instants de bonheurs partagés mais aussi nos disputes, nos coups de gueules. Je regrette, j’ai honte, je m’en veux d’avoir joué l’adolescente rebelle qui me pensait qu’enfaite à l’amour qu’elle portait pour ses parents. Je pense que j’aurais dû plus lui obéir, ne pas être insolente à longueur de journée mais je sais que c’est toujours dans ces moment-là que l’on se rend compte de toutes les erreurs qu’on a pu faire et les choses qu’on aurait dû faire à la place. Mais oui je suis désolée, je n’ai jamais été aussi désolé qu’à cet instant même, mais c’est trop tard maintenant, tout va finir dans quelques secondes à peine. Alors maman si tu m’entends encore, saches que je ferai tout pour que tu sois fière de moi, je te le promets. Je t’aime.
Le docteur annonce sa mort, d’un ton posé et serein. Il montre que ça va aller mieux, qu’il ne faut pas se relâcher et que c’est son destin si elle meurt. Mais je ne suis pas d’accord, cette femme a toujours été là pour moi, je ne peux rien sans elle. Je ferais n’importe quoi pour qu’elle revienne à la vie, pour que tout ça soit un mauvais rêve qui, demain matin au réveil sera déjà loin mais cet espoir est arrêté par mon père qui me prend par les épaules. On se dirige vers la sortit, les larmes me montent aux yeux, elles coulent le long de mes joues chaudes et mon père les essuies, il me dit que je dois être forte comme ma mère qui s’est battu toutes ses années contre sa maladie. Je lui réponds d’un hochement de tête et je m’assois sur le siège avant de la voiture, je prends mes écouteurs et je mets Grégory Lemarchal. Je pose ma tête contre la vitre et je pense à ma mère ce qu’elle était, vraiment sincère mais timide, belle mais souvent complexée.
Deux semaines plus tard, dans la voiture pendant le retour de l’enterrement de maman, mon père m’adresse la parole ce qui se faisait très rare ces derniers temps.
Papa : Chérie, j’ai quelque chose à te dire.
Moi : … (Toujours les écouteurs dans les oreilles)
Papa : C’est important, écoute-moi !
Moi : Ah pardon tu m’as parlé ?
Papa : Oui, j’ai pris une décision et je t’en supplie ne m’en veut pas c’est pour ton bien car moi je ne pourrais plus m’en charger.
Moi : Papa, tu me fais peur qu’est-ce que c’est ?
Papa : On ne va plus vivre ensemble.
Moi : Quoi ?! Mais je vais aller où ? Et pourquoi ?!
Papa : Tu vas aller dans un internat à Londres.
Moi : Dans un internat ! Mais pourquoi ? Pourquoi je ne peux pas rester avec toi ? C’est quoi cette histoire ?
Papa : Car je dois travailler plus pour pouvoir payer tes études plus tard. Tu verras tu seras bien là-bas tu te feras de nouveaux amis. Et puis on se verra pendant les vacances.
Moi : Mais Papa tu ne comprends pas j’ai besoin de toi, maman vient de mourir, tu ne peux pas m’abandonner comme ça papa tu es tout ce qu’il me reste ! Pour les études je trouverai un petit bouleau en alternance.
Papa : Ma chérie, tu ne comprends pas je ne peux plus. Je regrette.
Moi : Ne m’appelle plus jamais ma chérie !
Papa : Attend ! Ne part pas ! Je suis désolé. Je n’ai pas le choix.
Je sors de la voiture, je cours, je cours de plus en plus en vite, je ne sais plus où aller. Je suis perdue dans Manchester, il faut que je rentre à Holmes Chapel. Je m’assoie sur un banc. Il pleut, j’ai mal, je me sens abandonnée par ma propre famille. D’abord ma mère puis ensuite mon père. Mais qu’est-ce que j’ai fait ? Pourquoi moi ? Pourquoi pas l’autre fille là-bas qui rigole avec son amie ? Je compose le numéro de ma meilleure amie, Emma mais je tombe sur sa messagerie. Je suis triste et j’ai peur, j’ai besoin que quelqu’un soit là avec moi. Mon tel retentit, c’est mon père, j’ignore, puis Emma.
Conversation téléphonique.
Emma : Allo Alex ?
Moi : Oui.
Emma : Alex qu’est-ce qui se passe ? Explique-moi ! Où es-tu ?
Moi : Je ne sais pas Emma mais je peux venir chez toi ? Il faut que je dise quelque chose.
Emma : Mais bien sûr sans problème.
Moi : Je serais dans vingt minutes chez toi.
Emma : Ok à toute.
Fin de la conversation téléphonique.
J’éteins mon téléphone pour éviter les appels de mon père. Je lui en veux terriblement. Je prends le bus et je pense à Emma. C’est ma meilleure amie depuis toujours, elle a toujours été là pour moi comme moi comme je l’ai toujours été pour elle. J’aime me confier à elle car je sais que jamais elle ne me jugera et aussi elle sait toujours quoi dire selon le contexte. Mais là, j’ai peur, j’appréhende sa réaction, je ne sais pas comment elle va réagir, ce qu’elle va dire. J’arrive à la bonne station. Je descends, prends la première à gauche, fais le code, prend l’ascenseur, 4ème étage, sonne. Elle m’ouvre la porte et me saute dessus. Elle me prend dans ses bras, ça me fait du bien. La relation que j’entretiens avec Emma, je ne peux l’expliquer, je la considère comme une sœur que je n’ai jamais eu ou un grand frère que j’ai toujours rêvé d’avoir, un frère pour me faire découvrir la vie, tenter des expériences, un frère à qui me confier, un frère qui saurait me protéger, me défendre… Mais un rêve n’est qu’un rêve…
Emma : Bon alors ? Chagrins d’amour, dispute avec ta mère ?
Moi : Non, Emma, c’est vraiment plus grave.
Emma : Attend, je sais, tu ne peux pas aller voir tes idoles.
Moi : Emma ?
Emma : Oui ?
Moi : Ma mère est morte.
Emma : Oh mon Dieu, c’est horrible je… Mais comment est-ce arrivé ? Alex je suis désolée vraiment je ne peux pas savoir ce que tu ressens mais ça doit être horrible. Qu’est-ce qui s’est passé ?
Elle me regarde droit dans les yeux elle pleure, elle ne comprend pas mais moi non plus je ne sais pas pourquoi.
Moi : Je ne sais pas ce qui s’est passé, je n’ai pas demandé à mon père apparemment ce serait une maladie mais je ne sais pas laquelle c’est et encore moins d’où elle peut provenir, elle prenait déjà des médicaments mais je ne pensais pas que ça allait être si grave.
Emma : Mais pourquoi tu ne lui as pas demandé ?
Moi : On s’est disputé.
Emma : Ah bon mais à propos de ?
Moi : Ah oui, Il faut que je t’annonce une deuxième chose.
Emma : Dis-moi.
Moi : Je vais aller dans un internat à Londres.
Emma : Non ce n’est pas possible !
La mère d’Emma rentre dans la chambre. Elle s’appelle Sophie, elle n’est jamais là d’habitude, toujours en train de travailler. Elle me tend le téléphone fixe. Emma sort de sa chambre avec sa mère, surement pour me laisser seule avec mon père, je n’ai pas vraiment envie de lui parler.
Conversation téléphonique.
Moi : Allo, Papa ?
Papa : Alex, je te cherche partout depuis une heure ! Je suis désolé pour tout à l’heure j’aurais dû te le présenter autrement !
Moi : Ah bah tu t’intéresses à moi maintenant ! Tu m’abandonnes et tu veux que je te pardonne !
Papa : C’est une décision à laquelle on a réfléchit des millions de fois au cas où le pire arriverait.
Moi : Quoi Maman était au courant ! Mais depuis combien de temps ?
Papa : Depuis deux mois environ.
Moi : Et donc d’un commun d’accord vous avez décidé de m’abandonner.
Papa : Non Alex, on va faire un marché ok ?
Moi : Je t’écoute.
Papa : Tu vas aller dans cet internat finir ton année scolaire. Si à la fin de cette année tu ne te plais pas on trouvera une autre solution.
Moi : Ok. C’est sans négociation ?
Papa : Chérie…
Moi : Ok. Ok.
Papa : Merci, je t’aime.
Moi : Mmm moi aussi je t’aime.
Fin de la conversation téléphonique.
*Emma revient et sa mère me présente ses sincères condoléances*
Emma : Alors avec ton père ?
Moi : C’est bon.
Emma : Mais du coup, on ne sera plus dans la même école ?
Moi : Non mais on se verra ne t’inquiète pas. Bon je dois rentrer voir mon père. Je t’appelle ce soir ?
Emma : Bah oui comme d’habitude.
Moi : Ok, Bisous.
Emma : Bisous.
Je prends le premier bus et descend 3 stations plus loin, je vois mon père qui m’attend sur les marches avec les bras grands ouverts. Je lui fais un gros câlin et on remonte dans l’appartement. Il paraît vide sans maman. Il n’y a plus cette gaieté qui traversait la pièce principale. J’ai l’impression qu’elle a changé depuis que maman n’est plus là. Elle semble plus petite, plus sombre j’ai l’impression d’être autre part que chez moi. Mon père est dans la cuisine et fait à manger. Il me demande d’aller à la boulangerie chercher du pain. J’y vais. J’aime aller à la boulangerie car il faut passer que par des petites rues calmes et ignorantes. Enfin j’avoue que ce n’est pas la seule raison, il y un garçon d’environ 18ans. Il est très beau avec ses cheveux bouclés et il est toujours souriant et parle tout le temps à tout le monde avec une joie de vivre peu ordinaire. J’arrive devant la boulangerie et il est en train de la fermer.