Elementum {Tome 5}

By Alice_univers

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Quand le Tournoi des Trois Sorciers sonne la mort de Cedric Diggory, c'est tout l'univers de Mélody qui se bo... More

I
II
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VIII
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XI
XII
XIII
XIV
XV
XVI
XVII
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XIX
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XXV
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XXVIII
XXIX
XXX
XXXI
XXXII
XXXIII
XXXIV
Annonce et remerciements

IX

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By Alice_univers

  Les yeux levés vers le ciel, les coudes appuyés sur la rambarde du balcon, j'admire le lever du Soleil. Les diverses nuances orangées dominent le bord de l'horizon, laissant une fine couche de jaune se mêler à la plus grande, de couleur rose clair couvrant sur un violet parme qui se déverse haut en altitude. Les teintes mélangées sont magnifiques. Et la lumière de l'astre matinal, au-delà de laisser couler ses rayons par les fenêtres, vient lécher les habitations et leurs toitures d'un geste particulier aujourd'hui... J'en souris en me réajustant le châle que j'emprunte souvent à Tantine : très grand, tout en cachemire blanc, au couture transparente, tissé de runes argentées dont j'ignore la signification...
  Le fait de l'avoir sur moi a quelque chose de réconfortant et protecteur. Car, comme Daniel, il y a toujours un risque qu'elle aussi ait un accident qui pourrait causer sa perte. Bien qu'encore heureux, mon père adoptif n'est que dans un coma, il y a constamment une chose qui parviendrait à nuire à mes proches : Kristine et Voldemort. Pour le second, il n'a pas fait de réapparitions. Mais pour la première... Je doute qu'elle va s'arrêter à Daniel. Elle est décidée à me faire souffrir, s'en prendre à ceux que j'aime en est l'excellent moyen. Et il malaise, c'est qu'en dépit qu'elle m'apparaisse sans cesse dans les cauchemars qui comblent le très peu de sommeil léger que j'ai, on ne l'a nullement revu depuis ce qu'il s'est passé. Pourtant ce n'est pas faute que Tantine ait usé de sa magie pour la retrouver ! Or, elle est plus puissante qu'elle, plus puissante que moi, et surtout... plus puissante que Voldemort, dont elle contrôle l'esprit depuis l'enfance. Alors comment l'atteindre ? Comment, en vertu de ce qu'elle pense, je pourrais la retrouver et la faire autant souffrir que moi, elle m'a torturé - aussi bien physiquement que psychologiquement ?
  Je n'en ai évidemment aucune réponse, ce qui a de quoi me frustrer et me combler d'une rage haineuse que j'enfouie au maximum en moi, dans l'espoir de la faire taire afin d'éviter tout incident qui pourrait faire du mal aux autres.
  En parlant d'eux, savoir que Daniel est tombé dans le coma à cause de Kristine les a assez secoué pour qu'ils s'angoissent à mon sujet ; et si elle arrivait à m'atteindre, m'ont-ils faire comprendre par leurs diverses manières respectives. George espère garder un œil constant sur moi, Fred également en se souciant énormément de Amy sans l'avouer. La culpabilité de cette dernière s'est un peu atténuée, sans pour autant disparaître. De leur côté, les adultes ont envisagé en premier de me retirer de l'Ordre pour ma « sécurité ». Mais je leur ai vite fait comprendre que je n'avais pas besoin de protection, que ce n'est pas ça qui empêcherait Kristine de vouloir obtenir mes pouvoirs pour les offrir à Voldemort. Tantine et Eileen, la mère de Daniel et Severus, ont aussi affirmé que mes dires étaient vrais, malgré une extrême réticente de la part de ma mère adoptive qui est rongée par l'inquiétude à mon sujet. Comme il fallait s'y attendre, Hermione et Ginny m'ont directement dit, dans de nombreuses façons, qu'elles s'inquiétaient pour moi, tandis que Ron reste certain que je suis plus puissante que Kristine niveau magie... En clair, il n'y a que David qui n'apporte aucune supposition, ni désapprobation. En fait, il est même positif sur tout ce qu'il pourrait se passer ; il est aussi certain que moi pour la sortie du coma de Daniel, ainsi que déterminé à chercher les causes de pourquoi Kristine est comme ça. J'ai beau lui avoir dit pourtant que cela ne servait à rien, qu'elle est foncièrement mauvaise, mais il persiste à croire qu'elle a un autre but que de vouloir me faire souffrir. Autrement dit, le coma de Daniel n'a laissé personne indifférent.
  Un corbeau vient soudain se poser juste à côté de mon coude, me laissant sursauter par la stupéfaction. À sa patte est accrochée une carte postale en noir et blanc de Londres avec une patte de chien rouge tamponnée dessus. Je fronce mes sourcils avant d'entendre le moteur d'une Chevrolet, accompagné d'un klaxon qui résonne dans tout le quartier. Je me penche au-dessus de la rambarde et remarque une Panther De Ville (une berline de luxe ostentatoire, de couleur vinyle semblable à la carte postale) garée en contre-bas. Appuyée sur le cadran de la porte ouverte, une jeune femme aux cheveux noirs et blancs, vêtue d'habits haute couture des mêmes couleurs, me fait un sourire radieux approfondissant ses lèvres rouge sang.

- Salut, Mélody ! me lance Cruella.

  Je suis étonnée qu'elle puisse me voir, étant donnée la barrière de protection qui encadre l'entièreté du QG de l'Ordre du Phénix, mais mon sourire se fait plus grand en voyant que ma cousine germaine est accompagnée de Horace et Jasper qui, eux, semblent se demander ce que Estella (ou plutôt Cruella) fabrique.
  Sans plus attendre, je laisse l'oiseau repartir et me propulse dans les airs avec deux boules d'énergies blanches sortis de mes mains, traversant la barrière de protection. Je descends tranquillement en laissant le vent m'aider et amorti mon atterrissage par des volutes de fumée grisâtres, posant doucement mes pieds chaussés de bottines à talons à terre. Horace et Jasper ont un mouvement de recule stupéfait, les yeux écarquillés d'effarement, nous faisant ricaner Cruella et moi.

- C'est bien mieux que ma longue jupe cachant la voile d'un parachute.

  Je souris et on se fait un check de la main complice, sous les airs encore confus des deux hommes. Je ne suis d'ailleurs pas surprise en voyant qu'ils n'ont pas changé. Horace a toujours son énorme bedaine et son double-menton, tandis que Jasper, grand et maigre, a ses cheveux un peu plus court qu'avant. Il me fixe d'ailleurs avec un souffle coupé par l'étonnement...

  ... tandis que Horace, de son côté, hausse les sourcils.

- Tu... Tu viens de sauter du toit, là ? souffle-t-il en pointant l'immeuble de son doigt épais, incrédule.

- Ouais, répondis-je, comme si que c'est chose normale.

- ... et tu ne t'es pas écrasée ? murmure-t-il.

  Cruella lève ses yeux au ciel, exacerbée, alors que Jasper donne une tape amicale sur l'épaule de son ami d'enfance.

- Horace, elle a des pouvoirs magiques, souviens-toi.

  Le concerné fronce les sourcils, la bouche entrouverte.

- Comment tu vas ? poursuit Jasper en me prenant dans ses bras pour me serrer contre lui, tel un grand frère.

- Ça peut aller, et toi ? 

- Justement... dit-il alors qu'on se relâche, mais gardant son bras réconfortant autour de mes épaules.

- On est là pour ça, ajoute Cruella. Lorsqu'on a appris pour Loup, je me suis tout de suite dit qu'il fallait qu'on vienne vous voir, toi et Colombe.

- Éléona doit encore dormir - ou du moins, si elle a trouvé le sommeil, répondis-je en perdant un peu mon sourire, contractant ma mâchoire par la culpabilité.

  Jasper me fait un sourire conciliant tandis que celui de Cruella m'offre de la compassion. Elle sait ce que ça fait, et je vois bien qu'elle a le regard peint d'une obscure inquiétude, montrant bien qu'en dépit de tout ce qu'elle pourrait dire, elle est angoissée à l'idée de perdre Daniel.

- Allons à Regent's Park, tu nous raconteras tout là-bas, propose Cruella.

  Je regarde le QG - qui a disparu de mes yeux - avec embarra, soupirant légèrement. Les autres ne seraient pas d'accord que je ne les prévienne pas. Mais si je le fais, ils m'empêcheront tous de vouloir sortir. D'un côté, je culpabilise un peu, mais de l'autre, j'ai aussi besoin de liberté.

- Ça marche, acceptai-je. Est-ce que je peux conduire ?

- Non ! se précipitent Horace et Jasper d'une seule et même voix, avant même que Estella puisse répondre.

- Ah non, déjà que Cruella ne sait pas conduire, alors qu'est-ce que ça donnerait avec toi ? dit Jasper.

- Les rues vont être couvertes de poubelles renversées et après, c'est Léo qui nous criera dessus, se plaint Horace.

- Méheuuu...

- N'y pense même pas, P'tit chat, c'est moi qui conduis, me coupe Jasper avec un sourire doux.

- De toute façon, avec toi, on ne peut jamais s'amuser, soupire Cruella en allant du côté passager.

  Je la devance en me propulsant légèrement avec de l'air, m'y asseyant en souriant de toutes mes dents alors qu'elle prend un air agacé.

- Heureusement que je t'adore, persiffle-t-elle seulement avant de s'asseoir à l'arrière avec Horace.

  Je pouffe de rire tandis que Jasper s'installe au volant et démarre dans un ronronnement de Chevrolet. L'intérieur de la voiture est incroyablement confortable, avec ses fauteuils en cuir noir et ses couleurs atypiques spéciales « Cruella » que ma cousine germaine arbore tout le temps. Mon sentiment de culpabilité s'efface étrangement lorsque je perds de vue, dans le rétroviseur, l'ancienne maison des Black. Je serais revenue avant qu'une personne s'en rende compte.

- Alors, on t'écoute, qu'est-ce qu'il s'est passé exactement ? me demande Cruella alors qu'on s'installe sur le contour de la fontaine Primrose Hill.

  Horace sort tout un attirail de nourriture, comme un pique-nique matinal dont il a le secret, et me donne une tartelette au chocolat, ainsi qu'une tasse de thé brûlant sortie d'un thermos, et  se prend un muffin.

- Merci, le remerciai-je avant d'inspirer profondément, les mains autour de la tasse. En fait, ça s'est passé vite. Trop vite, pour être sincère...

  Je leur raconte dans de grandes lignes ce qu'il s'est passé, détaillant au mieux l'attaque pour qu'elle soit plus appropriée au monde Moldu dont ils font partie, et je finis vite par avoir les larmes aux yeux de culpabilité.

- ... et évidemment, Kristine a disparu juste après.

- Quand tu dis disparu, tu veux dire... qu'elle s'est volatilisée ? demande Jasper, dont mes explications semblent leur avoir, à lui et Horace, données des sueurs froides.

- On appelle ça transplaner, dans le jargon Sorcier, répond Cruella.

  Je ne m'étonne même pas qu'elle sache ça.

- Cette garce est aussi pitoyable que ma mère biologique, poursuit-elle. Et ce qu'elle a fait à Loup, c'est comme si qu'elle nous l'avait fait à nous aussi.

  Une lueur de vengeance brille dans ses prunelles olives malgré son sourire bienveillant et j'acquiesce lentement de la tête, le regard dans le vide, calmant ma rage haineuse pour éviter qu'elle explose. Je serre les poings en m'apercevant que mes mains brillent d'une lueur rougeâtre, et soupire longuement en finissant ma tasse de thé alors que ma cousine germaine me frotte le dos dans un geste réconfortant.

- Cruella a raison, affirme Jasper. C'est horrible ce qu'elle lui a fait, alors qu'elle savait sûrement que le mercure le rendrait encore plus faible.

- Elle sait, dis-je d'un ton amer. Évidemment qu'elle connait les points faibles de ses adversaires. C'est d'ailleurs l'une des choses qui fait d'elle la plus grande menace après Voldemort.

  Ils ont l'air de se rendre compte de ce que cette cinglée représente au vu de leurs mines sombres et graves, surtout celle d'Estella (ou plutôt Cruella car elle hait son prénom de naissance).

- Et cette femme... Tu dis qu'elle s'appelle Astor, c'est ça ? me questionne Horace après avoir gobé son énième donut au chocolat vanillé.

- Quoi ? À quoi tu penses ? lui demande Jasper.

- Vous vous rappelez pas ? Ce nom était sur la liste des invités lors du gala de charité de la Baronne, au manoir Hellman, dit-il avec évidence. Et à mon avis, il y a eu une arnaque là-dedans pour que cette fille soit au rendez-vous au même moment.

  Je fronce mes sourcils et mon regard est attiré sur Cruella dès que je la vois être perdue dans ses pensées.

- Kristine Astor... grince-t-elle de sa voix rauque. Maintenant que tu le dis, ça me rappelle en effet quelque chose...

- De quoi parles-tu ?

  Cruella relève son visage vers moi, l'air d'avoir réuni une pièce de son puzzle personnel.

- Kristine Astor travaillait pour la Baronne, ma mère biologique. C'est elle qui lui a dressé la liste des potentiels adversaires qu'elle aurait à rencontrer dans sa carrière de styliste. C'est grâce à elle que ma mère biologique a tué autant de femmes qui faisaient confrontations à son talent. Évidemment, la Baronne a aussi mis du sien, mais elle a été aidée par Kristine qui, à en croire les papiers de notre manoir d'Enfer prénommé avant Hellman, a eu des ancêtres qui y ont logé juste avant de partir pour la France, le donnant en cadeau au Baron.

  Ma bouche s'ouvre seule en entendant ça, alors que mon cœur rate un battement.

- Attends... l'arrête Jasper. Tu veux dire que cette... Astor est à l'origine de tous ces meurtres ? Que toi-même tu aurais un lien avec elle ?...

  Cruella hoche lentement de la tête.

- C'est ça l'idée.

  Je passe une main dans mes cheveux libres dans l'espoir de me remettre les idées en place, des sueurs froides me coulant dans le dos, humidifiant mon haut bandeau blanc se trouvant sous ma salopette-short en jeans.

- Alors ça voudrait dire que Kristine est encore plus cinglée et plus psychologiquement atteinte que je le pensais, constatai-je. Elle aurait donc tout prévu, cette garce...

- Mais comment elle aurait pu procéder ? s'étonne Horace. Vous imaginez le nombre de choses qui se sont passés avant la naissance même de la Baronne...

- Justement ! C'est là qu'on se rend compte que c'est une psychopathe encore plus timbrée que Estella lorsqu'elle agissait en Cruella ! (« Estella est morte, c'est Cruella maintenant, s'agace la concernée. ») Elle avait tout prévu, de A à Z. Elle savait que la Baronne aurait un enfant, elle savait qu'elle habiterait avec le Baron jusqu'à la mort prématurée de celui-ci...

- ... qu'elle aurait elle-même tuée, comprend Cruella.

  Ils s'échangent un regard, stupéfaits et presque horrifiés d'une telle chose.

- Exactement, approuvai-je. Elle savait aussi que la Baronne était la sœur du père de Severus et Daniel, qui lui a rencontré à son tour Éléona. 

- Ce qui remonte les pistes à Lucius, puis à toi, dit Jasper, choqué.

- Mesdames et Messieurs, voici l'arnaque, conclu Horace.

  J'hoche de la tête successivement, n'en revenant pas qu'en réalité, Kristine ait pu prévoir autant de choses si facilement. D'un regard vers ma montre à gousset qui est cousu sur ma mitaine au style steampunk, mes yeux s'écarquillent.

- Oh purée de citrouille au poisson avarié ! m'exclamai-je. Il faut que je rentre, il est presque onze heures et c'est l'heure à laquelle les autres se lèvent !

- Tu n'auras qu'à dire que tu voulais sortir, suggère Cruella avec un rictus.

- Tu ne comprends pas : s'ils apprennent que j'ai filé en douce, je vais être cuite comme un poivron laissé trop longtemps sur un barbecue.

  Horace grimace, détestant les légumes, et Jasper hoche de la tête :

- Tu as raison, il vaudrait mieux pour toi que tu rentres.

- On va te raccompagner...

- Mais c'est moi qui conduis ! rétorque Jasper, achevant la phrase de Cruella.

  Cette dernière râle en sortant une suite de jurons amusante, et après une dizaine de minutes de trajet, me revoici devant le Square Grimmaurd. Le soleil est à présent complètement levé et il est possible d'entendre le tintamarre de la capitale jusqu'ici.

- C'était un plaisir de te revoir, Chérie, me dit Cruella en m'offrant une brève étreinte fraternelle.

- De même, répondis-je. Même si... on n'a pas eu autant de temps que je l'aurai voulu.

- Une prochaine fois, affirme Jasper.

- Ouais, c'est pas la dernière fois qu'on se voit, approuve Horace.

- Et heureusement ! disons Cruella et moi en chœur.

  On se regarde et pouffons de rire.
  Après quelques autres étreintes avec les garçons, ils remontent en voiture - Jasper au volant.

- Je demanderais à Tantine si on peut passer vous voir pour qu'on aille tous ensemble à l'hôpital Sainte Mangouste, afin de rendre visite à Daniel.

- Avec plaisir, répond Cruella. Oh ! Et, je voulais te donner ça.

  Elle donne à Jasper un épais morceau d'étoffe replié sur lui-même, que Jasper me met par la suite entre les mains.

- Qu'est-ce que c'est ? demandai-je.

- Disons que c'est un cadeau maintenant que tu es dans l'Alliance Rebelle, dit-elle en m'offrant un clin d'œil.

  Je souris en la remerciant, et ils finissent par repartir à bord de la Panther de Ville dont la plaque d'immatriculation est gravée « DEVIL ». J'en rigole et me propulse dans les airs pour passer la barrière protectrice qui entoure le QG, atterrissant souplement sur la rambarde du balcon. Je repose discrètement mes pieds au sol, soufflant de soulagement lorsque j'entends Amy ronfler encore. Finalement,  j'ai été vraiment discrète...

- Où étais-tu passée ? demande soudain une voix.

  Je sursaute et me retourne vers David, qui se trouve assis en tailleur sur mon lit, les sourcils gravement froncés, la mine renfrognée, la moue inquiète. J'inspire profondément pour calmer les battements fous de mon cœur et m'approche rapidement de lui alors qu'il me fixe avec les bras croisés sur son torse d'enfant.

- Chouchou... soufflai-je. J'étais... avec Cruella, Jasper et Horace, on a parlé, je n'ai pas vu le temps passé... Et puis, je n'ai pas à me justifier, j'ai quinze ans, tu en as six. Et d'ailleurs, qu'est-ce que tu fais sur mon lit ? dis-je vivement.

- Je n'arrivais pas à dormir alors j'ai voulu te réveiller pour qu'on joue aux échecs. Mais tu n'étais pas là, alors j'ai couru dans toute la maison, sans que personne ne le remarque, pour voir où tu te trouvais... Et comme je ne t'ai pas vu, je me suis assis sur ton lit en attendant que tu daignes te pointer. J'ai eu peur qu'il te soit arrivé quelque chose...

  J'ai un sourire embarrassé et compréhensif, et m'assoie à côté de lui en tailleur.

- Désolée que tu te sois inquiété, mais je vais bien, répondis-je en souriant.

  Sa moue boudeuse se transforme en un grand sourire et il me demande en désignant la boule d'étoffe dans mes bras :

- C'est quoi, ça ?

- Je n'en sais rien, Cruella me l'a donné avant de repartir chez elle avec Horace et Jasper...

  J'ouvre le paquet cadeau noir et blanc, découvrant mon tailleur d'école. Incrédule une seconde, je finis par écarquiller les yeux par la surprise en remarquant qu'en le retournant complètement, il devient un magnifique tailleur en cuir noir au style punk imitant parfaitement celui de Michael Jackson, dans le clip « Billie jean » de 1983. On dirait même que s'en est la réplique exacte. Mais curieusement, le dos de la veste est brodée d'inscriptions argentés. On peut alors y voir une phrase uniquement composée de mots formés par l'accumulation fine de diamants : « The REBEL GIRL in me will NEVER DIE ». Mais Estella ne s'est pas arrêtée là. Cousue en argent sur les manches, elle a brodé : « Shit rules », « Troublemaker », et bien d'autres répliques de rebelles qui résonnent en moi comme une évidence. Elle a fait un travail fou, surtout avec la doublure. Elle a également cousu plusieurs poches à l'intérieur du tailleur, sans pour autant qu'elles se voient sur l'autre face de la veste.

- Woaaa... souffle David.

- Par Merlin... murmurai-je en passant mes doigts sur les coutures qu'elle a rendu invisible. Elle a fait un travail incroyable.

- Ça, tu peux le dire. Et... il sent super bon ! On dirait...

- Du vinyle neuf, dis-je en reniflant la veste avec adoration. Du cuir, du vinyle et... et il y a aussi une odeur de jeans...

- C'est incroyable ! nous exclamons David et moi en chœur.

- Qu'esquiécroyable ?

  On se retourne tous les deux vers Amy qui vient de se réveiller. Elle se met à bailler à s'en décrocher la mâchoire, les cheveux aussi ébouriffés que Tarzan, lui valant un rire de notre part.

- Estella m'a... envoyé un cadeau, une veste de rebelle, la super classe, dis-je joyeusement.

  Amy laisse sa tête retombée sur son gros oreiller moelleux, levant un pouce en l'air avant de se rouler en boule dans sa couette. David et moi échangeons un sourire amusé, et il me demande avec une immense joie montrant son excitation :

- Du coup, ça rentre dans ta collection de Michael Jackson ?

- C'est exactement ça, souriais-je.

  J'ai toujours été une grande fan de Michael Jackson et de ses musiques. Il a un talent fou, ce gars. Sans compter que ses chorégraphies sont spectaculaires ! C'est lui qui, à vrai dire, m'a fait tomber amoureuse du cuir vestimentaire - après Estella/Cruella. J'ai d'ailleurs un dressing complet et parfaitement rangé de collection Michael Jackson, au château de Éléona et Daniel, qui regroupe les plus incroyables de ses collectors ; allant de ses gants en cristal Swarovski, à ses chapeaux Fedora, à toutes les répliques de ses costumes de scène et des chaussures allant avec (tous reproduit en sur-mesure par Estella/Cruella et Artie, évidemment), ainsi que tous ses disques vinyles et des albums photos très rares... On peut dire que sa mode m'a aussi de nombreuses fois inspirés pour la conception de mes propres vêtements. 
  On entend Hermione bailler tout en s'étirant, et demander d'une voix ensommeillée :

- Déjà réveillés ?

- Contrairement aux jumeaux qui doivent être dans un sale état, oui.

  David pouffe de rire.
  En réalité, au-delà des âneries qu'on puisse faire Amy et moi avec George et Fred, tout en les aidant pour leurs Boîtes à flemme, il y a bien des choses qui se sont passées depuis la semaine dernière, lorsque Kristine a mis Daniel dans le coma. Hier soir, par exemple, comme ce fut l'anniversaire de Amy (le 7 août), on a fait une petite fête accompagnée de Bièraubeurres, de vin et de Whisky Pur feu que Éléona a réussi à créer par la pensée malgré ses émotions de ces derniers temps. Espérant faire une blague aux jumeaux, Amy et moi leur avons secrètement fait un cocktail... plus ou moins alcoolisé. Malheureusement, à notre grand étonnement, ils l'ont tellement adoré qu'ils en ont abusé ; malgré les avertissements de Mr et Mrs Weasley, qui ont vu clair dans notre petit jeu, ils en ont bu un nombre incalculable de verres, se mettant ensuite à chanter n'importe quoi et n'importe comment. Cela s'est fini dans une situation particulièrement drôle et quelque peu inquiétante : ils se sont avachis et endormis sur le canapé après avoir vomi dans le sac à main de Eileen qui a failli se jeter sur eux si, avec Sirius et Éléona, Amy et moi ne l'avions par arrêter à temps. En gros, c'est techniquement de notre faute si George et Fred vont sans doute avoir un mal de crâne important ce matin.

- C'est clair qu'ils doivent avoir la gueule de bois au réveil, conçoit Hermione.

- Ça va être phénoménale, approuve David avec amusement, qui lui a particulièrement rigolé en voyant l'état des jumeaux.

  J'hoche de la tête en souriant malgré moi et range soigneusement dans ma valise la veste que Cruella m'a confectionnée. Je pars ensuite m'habiller plus chaudement, derrière le paravent japonais appartenant à Amy, commençant de nouveau à être aussi gelée qu'un mort. Le fait que Cruella m'ait offert une veste faisant réplique à celle de Michael Jackson me donne une subite idée de mon accoutrement d'aujourd'hui ; j'opte pour un pantalon moulant en cuir noir, un tailleur semblable, avec un diamant en guise de bouton. Par-dessous est désigné mon long chemisier rose saumon clair d'homme au nœud papillon rouge sang. J'enfile par la suite des chaussettes transparentes, puis ma paire de derbies à talons blanc ciré et enfin un gant (encore) en cuir noir et clouté, à la main gauche. Voici un look parfait !

- Il ne manque plus que le chapeau ! s'exclame David en me voyant ressortir de derrière le paravent.

- Tu n'as pas copié le look de Michael Jackson dans Billie Jean, à tout hasard ? me lance Hermione, assise parmi les couvertures de son lit.

- Le hasard n'existe pas~ ! chantonnai-je en faisant apparaître mon peigne en bois et de me brosser rapidement les cheveux. Bien dormi, sinon ?

- Comme un bébé, répond Amy en s'étirant de tout son long, dévoilant ainsi une autre de ses grenouillères Moldues, cette fois-ci à l'effigie de Pikachu (un dessin animé/manga pour enfant).

- Ce n'est pas étonnant, pouffe David.

  En croisant son regard, je comprends immédiatement à quoi il peut bien penser et me mets à rire avec lui.

- Tu n'es vraiment pas discrète, dis-je en m'adressant à Amy alors que elle et Hermione s'échangent un regard plein d'incompréhension.

- De quoi tu parles ?

- Ne fais pas l'innocente, tu as rêvé de Fred toute la nuit.

  Elle devient soudain aussi raide qu'une planche de bois, alors qu'on voit ses joues s'empourprer. Elle fronce tout de même ses sourcils et rétorque :

- C'est complètement faux.

- Évidemment, me moquais-je en faisant apparaître un miroir de glace avec mon don, juste en face de mon visage.

  Je recourbe mes cils blanc avec du mascara de la même couleur, puis m'applique mon gloss à lèvres brillant, ne pouvant m'empêcher un rictus au comportement de Amy lorsqu'il s'agit de Fred.

- Les trois heures que j'ai passé assis sur le lit de Sucre d'orge m'a bien servi, puisque tu n'as pas arrêté de prononcer le nom de Fredou dans ton sommeil, dit David d'un air innocence. Je me demande pourquoi, ajoute-t-il en me regardant, me questionnant du regard.

  Je pouffe de rire et lui ébouriffe les cheveux après avoir fait disparaître mes deux cosmétiques ainsi que le miroir.

- Ça s'appelle : l'art d'être secrètement amoureuse de son petit ami, répondis-je avec amusement d'un air théâtrale. Mmh... Ce cas particulier, il parait que ça touche une femme sur cinq, poursuivis-je en regardant Amy.

  Celle-ci s'empourpre en rabattant sa grande capuche sur sa tête, serrant dans ses bras la peluche que lui a offert Daniel à la fête foraine. Cette pensée me pince le cœur mais je mime l'indifférence en regardant David.

- Allez viens, allons aider Mr et Mrs Weasley à préparer le petit déjeuner en attendant que ces deux feignasses du dimanche se lèvent, dis-je, me récoltant le majeur de Amy.

  David pouffe de rire avec moi et connaissant son regard, je pose fermement mes mains sur ses épaules, me rendant compte à quel point il grandit trop vite ; le haut de sa tête m'arrive déjà au nombril. Ce qui n'en reste pas moins qu'étonnant étant donné qu'il n'a que six ans. Sous les regards des filles, j'utilise mon don pour léviter dans les airs - et ainsi lui paraître aussi légère qu'une plume - et en un instant, David a déjà fusé hors de la chambre.
  Je dois me cramponner à ses épaules de toutes mes forces tout en restant concentrée sur mes pouvoirs pour rester dans les airs. Gardant les yeux ouverts, je ne peux m'empêcher de regarder le monde qui nous entoure, monde qui semble incroyablement ralenti grâce aux capacités surhumaines de David. Avant de réellement prendre conscience de ce qu'il se passe, le concerné chantonne :

- Et voilà !

  Je m'autorise à respirer normalement et vois avec stupéfaction, après avoir regardé autour de moi, que nous nous trouvons dans la cuisine et que Mr et Mrs Weasley nous fixent avec étonnement, s'arrêtant dans leurs mouvements. J'en étire un rictus et redescends au sol en enlevant mes mains des épaules de David.

- Et ouais, on est super rapide ! dit-il joyeusement.

  Je souris mais ne peux m'empêcher de penser soudain à George et Fred. Espérons qu'ils n'aient pas trop la gueule de bois. Et ça, ce sera encore une fois de ma faute - enfin, de la mienne et de celle de Amy.

Pendant ce temps, point de vue George


  Je me réveille difficilement, pris d'une migraine atroce et d'une sensation des plus désagréables : j'ai la nette impression que ma bouche est aussi sèche que mon corps, lourd et épuisé, comme si que je viens d'essuyer un match de Quidditch qui a duré plus de vingt heures. Mais pourquoi est-ce que je suis si crevé, moi ?
  J'entends Fred bailler en s'étirant dans une longue plainte.

- Oh merde, j'ai c'te migraine, moi ! dit-il d'une voix pâteuse.

- Tu n'es pas le seul, Freddy, dis-je en passant ma main sur mon visage pour me réveiller.

  Main qui, d'ailleurs, est toute moite. Je soupire et me frotte un œil en tournant ma tête vers mon frère jumeau, remarquant avec amusement qu'il a une sacrée gueule de bois. Mais qu'est-ce qui s'est passé à la fin !?

- Je suis navré de te dire ça, mais ta tête ne ressemble plus à rien, lançai-je sarcastiquement à Fred.

- T'as exactement la même gueule, marmonne-t-il en me balançant un de ses oreillers.

  J'ai un léger rire mais ne peux m'empêcher de lâcher :

- On a fait quoi hier pour être dans cet état ?

- J'en sais rien, mais je suis claqué...

  Soudain, alors que je me retiens de vomir par mon estomac qui se tord, je me souviens ce qu'on a fait : l'anniversaire d'Amy. Elle et Mélody... Et merde.

- 'Cherche pas... soupirai-je. Les filles nous ont passé nos verres, pis...

- Ah ouais ! On en a bu je sais pas combien, approuve Fred. Je sais pas ce qu'elles ont trafiqué, mais elles n'y sont pas allées d'mains mortes.

  Je me frotte les yeux et me rappelle le sourire complice qu'elles ont échangé toutes les deux, lors de la soirée. Par Merlin, elles ont été vachement malignes !

- Elles ont comploté contre nous ou quoi ? continue Fred dans son monologue du lendemain de cuite.

  Je me mords la lèvre, me rendant compte qu'il dit vrai. Pour la première fois, je suis étonnée de Mélody. Elle qui n'est pas vraiment alcool... Elle et Amy nous ont sacrément piégé. Je me surprends à trouver qu'elles ont très bien pensé à ce sujet. Elles m'impressionnent !

- On n'a qu'à aller leur demander, répondis-je seulement. Par contre, elles sont sacrément fortes.

- Ouais, maintenant que tu le dis... Elles nous ont pas charmé justement pour qu'on les boive, nos verres ?

  Je croise son regard et nous pouffons de rire mutuellement. Si, en fait, de ce que je me souvienne, Mélody a usé de son charme irrésistible, de ses yeux magnifiques et de son sourire divin... pour me dire qu'il n'y avait zéro crainte. Amy a fait de même à Fred, et on a accepté simplement parce qu'on savait que ça les impressionnerait, qu'on ait autant de courage. On a été plutôt idiots sur ce coup-là, mais c'est incroyable à quel point elles sont très rusées. Seulement, je ne suis pas sûr qu'elles aient vraiment compris l'enjeux, vu qu'elles n'ont jamais été ivres toutes les deux. Ce qui me fait craindre la réaction de ma Belle. 

- Oh putain... Mélody va être choquée en voyant ma gueule ! lâchai-je.

- À tes risques et périls, mon vieux, se moque Fred. Et cette fois-ci, ce n'est pas à moi de te couvrir, tu assumes ta connerie !

- Et toi, on va voir si tu vas l'assumer devant Amy, répliquai-je.

  Je lui offre un sourire narquois qui le fait aussitôt braqué.

- Je ne vois absolument pas de quoi tu parle ! dit-il vivement, son bras servant d'appuie à sa tête en même temps que son oreiller.

- Ne fais pas l'innocent, vous êtes fous amoureux l'un de l'autre, ça se voit comme le nez au milieu de la figure ! 

- Je vais être honnête avec toi, Amy n'est pas mon style de fille.

- 'Me raconte pas d'âneries, mon Vieux, je te connais mieux que personne, rétorquai-je avec amusement. Tu pourrais même prendre l'opportunité d'enfin lui dire que tu l'aimes !

- Et après, me ramasser le râteau de ma vie en me faisant tailler en pièce par son stylo-katana ? Sans façon, je tiens encore à mes bijoux de famille.

  Je pouffe de rire en grimaçant une seconde après, mon mal de crâne s'intensifiant.

- Donc tu admets quand même que tu aimerais lui dire ? raillai-je par la suite.

- Jamais je ne lui dirais, tu es fou ! Et puis, n'oublies pas que tu étais pareil avec Blanche-Neige, avec tes trucs niais... Sauf que moi, contrairement à toi, je ne me pose pas dix mille questions.

- Ah bon ? Parce que tu ne viens pas de dire la question que je me posais tout le temps par exemple ? Celle du style : « si je lui dis, je vais sûrement me ramasser un râteau » ?

  Il souffle d'exaspération et je sors un rire moqueur. Mon frère pourra le cacher autant qu'il veut, je le vois bien qu'il est fou amoureux de Amy. Depuis même notre troisième année, si je me souviens bien.

- Et c'est un cent points pour moi~, chantonnai-je. J'ai toujours raison !

- Tu as toujours tort, oui ! réplique-t-il en me balançant le dernier oreiller qu'il a.

  Il rabat sa couette sur sa tête dans un geste exaspéré par mon comportement, et je l'entends marmonner dans sa barbe inexistante.

- Tu as finis de marmonner ? On dirait Percy quand on blesse son ego !

- Je ne marmonne pas ! réplique t-il sous sa couette. Je suis simplement crevé !

- Ouais, c'est ça ! Et moi, je suis la Reine d'Angleterre ? 

  Je m'étire de tout mon long, baillant à m'en décrocher la mâchoire, et me tire de mes couvertures pour aller me prendre une douche. Mais avant que j'ai l'idée d'ouvrir la porte de notre chambre, Fred sort sa tête de sa couverture et me lance :

- Je viens d'avoir une idée !

  J'arbore un grand sourire malicieux, intéressé.

- Et si on se faisait passer pour l'un et l'autre afin de savoir si Mélody arrive réellement à nous différencier ?

  Je fronce mes sourcils, le regardant un instant. Est-ce que ça vaut vraiment le coup, connaissant ma Belle ? Je finis par hausser les épaules en souriant joyeusement.

- Carrément ! Je suis sûr qu'elle doit être levée à cette heure-ci, en plus. Je te paris cinq Mornilles qu'elle sache qui est son véritable petit-ami !

- Marché conclu ! accepte-t-il en se levant avec difficulté à cause de la fatigue.

  On va à tour de rôle se laver parce que, bonjour l'odeur d'alcool qu'on a sur nous ! et en attendant qu'il revienne, je prends l'une de ses chemises simples à manches courtes aux motifs colorés, suivi de l'un de ses jeans slims, songeant à la réaction de Mélody. Est-ce qu'elle va vraiment me reconnaître ? J'ai confiance en elle mais pas en mon frère quand il s'agit d'aller jusqu'au bout de la chose.

- Par contre, au cas où, tu ne l'embrasses pas, hein ! lançai-je à Fred en le voyant revenir.

  Il pouffe de rire en s'habillant avec mes vêtements, arborant un rictus sournois.

- Quoi, tu as peur qu'elle ne te reconnaisse pas ? s'amuse-t-il alors que je me recoiffe vite-fait bien-fait.

  Je lui adresse un regard évident et il se met à ricaner.

- C'est bon, je vais pas te la piquer, ta copine, me rassure-t-il. Par contre, si c'est elle qui m'embrasse, je ne peux plus rien pour toi !

  Je lui lance un regard noir, les yeux plissés, et il rigole encore plus, sachant pertinemment que personne à part moi n'a le droit d'embrasser MA Mélody.

- Je plaisante ! dit Fred en m'offrant une tape amicale sur l'épaule. Allez, souris, on va vraiment voir si elle te reconnait sur ce coup-là !

  Il me devance en sortant de la chambre toujours en pouffant de rire. Je lève les yeux au ciel et me parfume discrètement du parfum Hugo Boss que Mélody m'a offerte un jour à Noël. Là, au moins, je suis certain qu'elle me reconnaîtra si elle a un doute !

Point de vue Mélody


  Appuyée contre l'un des meubles de la cuisine, je continue de boire mon verre de jus de citron qui agit comme un détox, malgré que j'ai déjà mangé avec Cruella, Jasper et Horace tout à l'heure - d'ailleurs j'ai étrangement failli en vomir il y a dix minutes. De leur côté, Mr et Mrs Weasley, aidés par ma magie et la leurs, préparent le petit déjeuner pour tout le monde. David, de son côté, est remonté en haut dans la chambre qu'il partage avec Ron pour pouvoir s'habiller et réveiller le rouquin.

- D'ailleurs, ça me fait penser, les jumeaux n'ont pas trop la gueule de bois ? demandai-je en me mordant la lèvre, savant bien que c'est de notre faute à Amy et moi s'ils sont dans un état pareil.

- Je ne sais pas, je ne les ai pas vu sortir de leur chambre pour le moment, me dit Mrs Weasley en déposant une colonne ébranlante de toasts grillés sur un long plateau argenté. Mais ils ont intérêt à ne pas ronchonner quand je vais leur donner le remède !

  Je ne peux m'empêcher de pouffer d'un rire nerveux, me sentant un peu coupable. 
  Des pas résonnent alors depuis l'escalier et George et Fred apparaissent dans l'entrebâillement de la cuisine. Je failli en lâcher ma tasse mais la rattrape grâce à mon don, ne cachant tout de même pas mes yeux écarquillés : ils ont tous les deux des cernes de six pieds de long, la peau très pâle et les yeux légèrement injectés de sang. Le choc est tout de suite immédiat chez moi et j'ai une grimace en m'apercevant que l'idée d'une blague ait pu autant virer au cauchemar. Sans oublier non plus qu'ils portent également les vêtements de l'autre, comme si qu'ils les ont échangé. Volontaire ou non, je me demande encore ce qui m'a pris de leur faire un cocktail saveurs, bien que j'ai l'horrible envie de rigoler à cause de leurs états.

- Et dire que Amy est encore en haut... murmurai-je en me mordant la lèvre.

  Je me retourne pour poser mon verre, en essayant de ne pas rire. D'accord ! je devrais normalement être inquiète, ce genre de choses... Mais ça prouve aux jumeaux que même Amy et moi pouvons être aussi cinglées et créatives à la création de blagues - qu'eux deux réunis.
  Leur mère, néanmoins, s'exclame d'un ton sonnant la désapprobation :

- Regardez vos têtes ! Mais ce n'est pas possible !

- S'il te plaît, M'man, évite de crier, grimace Fred.

- Ouais, ça fait mal au crâne, ajoute son frère.

- Mes fistons, il va vraiment falloir que vous sachiez que ce n'est pas bon pour la santé de boire trop d'alcool ! les avertit Mr Weasley.

- Ce n'est pas nous, ce sont les filles qui nous ont fait une farce, s'offusquent les jumeaux.

  Je pouffe de rire et me retourne vers eux avec un sourire fièrement malicieux.

- Alors, venant de deux hommes ayant dépassé les dix-sept ans le premier Avril, ce serait plutôt à eux d'être vraiment adultes et de refuser les boissons de deux farceuses, rétorquai-je, un doigt en l'air.

  George se pince les lèvres, ne pouvant s'empêcher un rictus.

- Vous voyez ! lance Fred d'un air accusateur. Elle-même avoue nous avoir fait boire !

- C'était le vœux d'Amy pour son anniversaire, je n'ai fait que le respecter, me défendis-je en levant les mains en l'air.

  Mr et Mrs Weasley, qui n'ont pas raté de notre échange, me regardent avec les lèvres pincées, un regard particulièrement sévère. N'étant pas sensible à ce genre de choses, j'hausse les épaules et lance à George :

- D'ailleurs, Joy, c'était fait exprès pour vos vêtements ou vous êtes tellement amochés que vous les avez échangé involontairement ?

  Ils se regardent en même temps avec étonnement, abasourdis.

- Elle vient de nous reconnaître, là ? dit Fred.

- Je te l'avais dis qu'elle me reconnaîtrait, Gred, allez, passe-moi les cinq Mornilles !

  Fred soupire en arborant une moue déçue et passe l'argent à George, qui sourit malicieusement en fourrant les Mornilles dans sa poche arrière de pantalon.

- Et vous avez parié que je ne sache pas vous reconnaitre ? pouffai-je en haussant un sourcil. Vous êtes décidemment à court d'idée, tous les deux. Et heureusement que je n'ai pas embrassé Fred à ta place, Joy, ça ne m'aurait pas du tout plus.

  Fred lance à son frère un regard évident, alors que Mrs Weasley, profondément agacée de ce qu'ils ont fait, le réprimande :

- Essayez de faire ça à Mélody ! Fred !

- Jamais je ne l'aurai embrassé ! dit-il aussitôt.

- Heureusement, disons George et moi d'une même voix.

  On se regarde en souriant, convenant du même regard que ça ne nous aurait pas plus à tous les deux si Fred aurait vraiment jusqu'au bout de l'imitation de George. Mais qu'on soit d'accord sur un autre point : Fred n'aurait jamais fait ça, à la fois de peur que je l'envoie castré à l'hôpital, et savant aussi que George aurait pété un câble monstre. En fait, il y a tellement de raisons qu'il est impossible d'en faire une liste complète.

- Heureusement surtout qu'elle sache vous différencier correctement ! s'écrie Mrs Weasley.

- Vous savez, Madame, intervenais-je ; j'y suis habituée, mais j'avoue que c'est bien la première fois que je les vois s'échanger leurs vêtements en sachant que je suis très proche de George, ajoutai-je en riant.

  Les jumeaux rigolent aussi mais finissent vite par grimacer en se massant le crâne dans un même geste. De leur côté, après leur avoir donné de quoi calmer leurs gueules de bois, Mr et Mrs Weasley remontent les escaliers de la cuisine pour appeler les autres que le petit déjeuner est servi - sûrement aussi réveillés ceux encore endormis. Je me tourne vers les jumeaux et leur dis avec exaspération, un sourire aux lèvres :

- Vous êtes vraiment exaspérants, vous le savez, ça ?

- Bah quoi ? On voulait voir si tu arrivais à différencier le vrai George ! se défend Fred en buvant le grand verre d'eau que sa mère lui a donné.

- On ? C'est toi qui as eu l'idée ! réplique son frère en s'adossant sur le plan de travail à côté de moi. 

- Ouais, et je ne la regrette pas, c'était très drôle.

  Je le regarde, désabusée, et il lève ses mains en l'air en voyant mon regard appuyé :

- De toute façon, il a triché, il a mis son parfum !

  J'en lève mes yeux au ciel avant de me mettre au maximum sur la pointe des pieds et me démonter les cervicales pour prendre entre mes doigts le début du col de la chemise à George (qui en fait appartient à Fred). Je le renifle doucement, souriant automatiquement quant à cette odeur que je connais si bien venant de lui et qui lui va à merveille.

- Mmh... C'est vrai que ça sent le parfum que je t'ai offert, dis-je à mon petit-ami.

- Je n'ai pas vidé la bouteille, me confirme-t-il avec ce même sourire qui me fera toujours craqué.

  Je souris encore plus et dans un regard complice, il relève mon menton pour poser ses lèvres sur les miennes. Je réponds délicatement à son doux baisé, au même moment que Fred fait mine de vomir.

- Il y a des chambres pour ça, lâche-t-il.

  Je lève les yeux au ciel en rougissant alors qu'on arrête de s'embrasser, tandis que George est exaspéré que Fred gâche un moment pareil. Je regarde le concerné, décontenancée.

- C'est juste un baisé, dis-je. Je ne vois pas le drame là-dedans !

- Moi si, je vois la p'tite Blondinette bécoter son meilleur ami, mon frère jumeau, devenu son petit copain. Et c'est gênant, surtout le matin ! ronchonne-t-il, la tête entre ses mains.

  Je comprends pourquoi car il doit sûrement avoir un mal de crâne incroyable.

- Et alors ? Je te signale qu'à mon avis, toi et Amy, c'est pour bientôt, dis-je.

- Mais qu'est-ce que vous avez tous les deux avec ça ? s'exaspère-t-il.

  George et moi pouffons de rire, et Fred me demande :

- Au lieu de dire des conneries, tu peux m'expliquer comment tu es arrivée à savoir qui était qui ?

- C'est vrai que dès qu'on se fait passer l'un pour l'autre, tout le monde nous confond, rigole son frère avant de vite grimacer par sa migraine.

- Vous me prenez sérieusement pour qui ? dis-je avec humour. J'ai toujours réussi à vous différencier.

- Mais comment tu t'y prends ? Parce que demande à notre mère, même elle il lui arrive de se tromper.

  La question de Fred semble être piégée, ou du moins, j'ai du mal à lui trouver une véritable réponse.

- En fait, au début, je n'ai jamais compris comment je pouvais savoir qui était qui, mais plus le temps avance, plus je me dis que c'est très simple : George est un peu plus sérieux que toi, et te dépasses même de quelques centimètres. Et puis, il a aussi le visage plus fin, un petit grain de beauté sur le côté droit du cou, que je vois facilement puisque le col de son tee-shirt ne va pas jusqu'en dessous de son oreille... Son parfum, je le reconnais évidemment entre mille, tout comme son regard qui étincelle dès qu'il me voit. C'est pour ça que j'ai tout de suite fait le lien entre vous deux. 

  Les jumeaux s'échangent un regard stupéfait.

- Elle est carrément flippante, lâche Fred.

- C'est tout ce qui te vient à l'esprit ?

- Tu remarques les plus fins des détails, même Amy n'est pas comme ça !

- Normal qu'on soit différentes, je me ferais du soucis sinon.

- Ce que je veux dire c'est qu'il t'en faut bien peu pour savoir nous différencier.

- Mais c'est parce qu'elle me connait parfaitement bien ! tranche George en entourant son bras autour de ma taille pour me serrer contre lui. Et c'est pour ça d'ailleurs que j'ai réussi à avoir les cinq Mornilles.

  Il se penche et m'embrasse sur la joue. Je souris en posant ma tête contre son triceps (ne pouvant de toute manière pas toucher son épaule à cause de ma petite taille) et soupire légèrement d'aise, me sentant juste... apaisée, juste bien, rien qu'en sa présence.

- C'est dingue comment, à vous seuls, vous représenter l'Amour fou, se moque Fred.

- Oh, arrête, Scrappy, je suis persuadée que ce serait la même avec Amy dans quelques temps, rétorquai-je.

  George enlève soudain son bras qui semble brusquement brûlant.

- Par Merlin, j'ai trop chaud ! lâche-t-il en défaisant sa chemise, prit d'une bouffée de chaleur à cause de tout l'alcool qu'il a bu hier soir.

  Je ne peux m'empêcher de loucher sur sa musculature parfaite sous sa peau pâle constellée de tâches de rousseur ressemblant à des étoiles et me mets aussitôt à rougir en détournant le regard, les yeux écarquillés par ce que je viens de voir. Je savais qu'il était musclé dû au Quidditch, mais de là à être si parfaitement taillé...

- Ça y est, elle nous tape un infarctus, ricane Fred qui n'a rien manqué de la situation.

  Je lui adresse un regard noir en remettant une mèche de mes cheveux derrière mon oreille, me raclant la gorge par la gêne. Loin de le penser vu que je suis dans l'équipe de Quidditch, je n'ai jamais vu George torse nu. C'est même la première fois.
  Le concerné est d'ailleurs en train de pouffer de rire.

- Quelque chose ne va pas, ma Belle ? me demande-t-il avec un sourire dissimulé dans la voix. 

- Si, ça va très bien, dis-je, les lèvres pincées. Tu... Tu es simplement... plus...

- Plus beau ? Plus canon ? Plus sexy ?

- Plus arrogant que jamais, achevai-je en inspirant profondément pour me remettre de mon état d'âme.

  Je me retourne vers lui en le regardant dans les yeux, faisant tout mon possible pour ne pas regarder son magnifique torse aux tablettes de chocolat blanc... et vire à l'écrevisse à cette pensée, faisant ricaner George et Fred.

- Ne fais pas l'innocente, me dit George avec un immense sourire goguenard.

  Il passe son bras autour de mes épaules et me colle contre son torse avec amusement, savant bien que le fait que je sente sa peau aux muscles parfaits me fait rougir encore plus.

- Je t'aime, Love~, chantonne-t-il en riant de plus belle.

  Je fronce soudain mes sourcils en sentant son torse chaud comme un volcan et collant comme de la glu.

- Mais... tu es brûlant ! m'exclamai-je.

- Ouais, j'ai trop chaud, je suis en sueur... soupire-t-il. D'ailleurs, toi qui es tout le temps gelée...

  Il n'a pas le temps d'achever sa phrase que je force sur mon don, et ma santé au générale, pour devenir bien plus froide, ce qui dessine du givre sur mes vêtements à la mode Michael Jackson. George sursaute en avalant un cri de surprise, stupéfait d'une telle fraicheur soudaine avant de me serrer contre lui en soufflant de bien-être. Loin de commencer moi-même à grelotter à cause du froid ardent qui me pique jusqu'aux os, j'ai une certaine envie de rire en remarquant la brusque fumée qui a résonné, comme des oignons sur une huile bouillante. Des plaques mauves apparaissent dans le creux de mes paumes, comme si que j'ai appliqué pendant longtemps des glaçons dessus, et remarque que cela vaut aussi pour mes poignets et mon cou où George a logé l'une de ses mains, l'autre étant entourée à ma taille.

- C'est dingue, ton truc, dit Fred.

  Je rigole légèrement et me détache de George en levant mes doigts pour les poser sur ses tempes. 

- Mais qu'est-ce que tu fais ? me demande-t-il en voyant que je me concentre.

- Chut !

  Les yeux clos, je serre les dents par la concentration et visualise dans mon esprit les points d'acuponcture basés sur tout son corps. J'imagine refroidir ce dernier et calmer sa migraine en lui offrant de mon énergie, ressentant son mal de crâne traverser mes doigts pour s'implanter dans ma propre tête. J'en grimace mais ne cesse de continuer jusqu'à ce que les effets de l'alcool se dissipe de tout son corps, ce qui demande cinq bonnes minutes et énormément d'énergie émanant de moi. Percevant qu'il va mieux, et laissant mon Collier se charger de ces choses négatives, je souffle de soulagement et décolle mes doigts de ses tempes, remarquant que mes paumes brillent d'une étrange lueur verte.
  George a les yeux écarquillés et me regarde avec étonnement et soulagement.

- Comment tu... Comment tu as fait ça ?

- Quoi ?

  Il se tourne vers Fred, interloqué.

- Je n'ai plus rien du tout. C'est comme si que tout s'est dissipé.

- Tout... tu veux dire que tu n'es plus fatigué ? 

- Dans le genre, ouais. Et je ne ressens d'ailleurs même plus ma migraine !

  George me regarde avec les sourcils froncés, stupéfait, alors que mon sourire se fait plus grand.

- Ça va mieux ? lui demandai-je.

- Beaucoup mieux, sourit-il. Mais comment tu as fait pour...

- J'ai canalisé mon esprit sur tes douleurs pour me les transmettre en échange de te donner de mon Énergie.

- Attends... Tu as réussi ça d'un simple touché ? s'étonne Fred. Tu peux me le faire, à moi aussi ? S'il te plait...

  J'ai une grimace embarrassée mais finis par soupirer avant d'accepter. De toute façon, ce n'est pas l'épuisement qui me manque alors un de plus, un de moins, qu'est-ce que ça va changer ?

- Je peux toujours essayer, répondis-je en allant me poster derrière lui tandis qu'il reste sur sa chaise.

- Et je dois faire quoi ? me demande-t-il.

- À part me laisser faire, rien du tout.

  Comme pour George, sous le regard de ce dernier, je pose délicatement mes doigts sur les tempes à Fred. Et reprends ma concentration en soufflant doucement, fermant mes yeux. Lorsque j'ai mis assez de distance entre le monde Physique et moi, je canalise mon esprit à visualiser le sien, à visualiser toutes les cellules touchées par l'alcool d'hier. Sa migraine traverse le bout de mes ongles où je sens comme des filaments statiques qui passent de la peau de mon meilleur ami à la mienne. Je fige ma concentration à sa migraine, la recevant en diverses ondes douleurs qui me vrillent le crâne, me faisant grimacer et sentir un début de vertiges lorsque je prends de son Énergie pour lui donner la mienne, réduisant tous ces symptômes d'après-cuite, tous ces symptômes de douleurs et d'émotions diverses - à l'état de fluctuations qui me sont transmises, se détachant de Fred en venant à moi.
  Mais contrairement à George, malgré mes mains brillants d'une lueur verte presque fluorescente, mon Collier n'avale qu'une partie de l'Énergie négative lorsque je détache mes doigts des tempes de mon meilleur ami. Je rouvre les yeux mais ce simple geste m'arrache une migraine qui me vrille le crâne. Je me sens prise d'un vertige un peu trop puissant à mon goût, titubant par le manque considérable d'énergie, mais suis rattrapée bien avant qu'une chute désagréable ne vienne tout gâcher. Me retenant aussitôt qu'il m'ait vu dans cet état, George m'entoure de ses bras puissants et me force délicatement à m'asseoir. Je discerne dans une vue floutée son regard inquiet et j'entends sa voix lointaine me demander si je vais bien.

- Ouais... Je... Ce... Ça va, juste... juste épuisée... soufflai-je en recouvrant une vue normale quelques secondes après.

  Je souris doucement à George et tourne ma tête vers Fred, grimaçant par la migraine qui s'intensifie dans ma tête.

- Tu es sûr que ça va ? s'inquiète-t-il.

- Je comprends maintenant pourquoi tu avais autant mal à la tête...

  Je me tiens celle-ci faiblement, épuisée de toute cette magie que j'ai utilisé pour la lui transmettre. 

- Jamais je n'aurais dû te demander de faire ça, se reproche Fred en soupirant d'inquiétude.

- C'est moi qu'ai accepté... rétorquai-je d'une voix faible. J'ai juste besoin de récupérer un peu, ajoutai-je en commençant à vouloir me lever pour prendre ma bouteille de thé noir au citron qui se trouve à l'autre bout de la table.

- Wow, qu'est-ce que tu fais, là ? se braque George.

- Je me lève, ça ne se voit pas ?

  Mais un autre vertige me vient dès lors que j'essaie de me mettre debout.

- Non, non, tu ne te lèves pas, tu es épuisée, Love ! Alors rassis-toi sinon je vais encore devoir te ramasser à la petite cuillère !

  George me force à me rasseoir, ce qui suit une protestation de ma part, alors que Fred, qui a suivi mon regard, hausse un sourcil et sort sa baguette magique.

- Accio bouteille !

  Aussitôt, le dit objet arrive dans sa main et je le prends fébrilement en le remerciant avant de porter le goulot à ma bouche. Quelques secondes après avoir bu de mon thé énergisant, je retrouve un peu de force mais ce n'est pas suffisant pour atténuer ma migraine.

- Merci, les gars, dis-je.

- Bah... surtout, merci à toi pour avoir réduit les effets de l'alcool, répond Fred.

- C'était de ma faute après tout, Amy et moi vous avons fait un cocktail de Whisky à la Bièraubeurre.

- Rien ne t'obligeait à subir toi-même nos conneries d'accepter, rétorque George.

  Il pointe sa baguette magique à ma tempe et me lance un sort d'énergie qui, comme il est prédestiné à ça, me redonne toutes mes forces. Je souris de soulagement, enfin débarrassée de ma migraine, et le remercie.

- C'est justement ce point-là important à retenir : vous pourriez boire autant d'alcools que vous voudriez, j'arriverai toujours à vous en sortir, plaisantai-je. D'ailleurs, en parlant de ça, heureusement que Amy avait son appareil photo avec elle pour vous filmer en train de chanter !

  Ils se lancent tous les deux un regard commun abasourdi.

- On a fait ça ?

- À l'entendre, ouais.

- C'est vous qu'on a entendu pendant dix minutes à nous chanter le refrain de La minuscule toute petite araignée, ou encore celle sur Le petit poney péteur.

  Ils me regardent avec étonnement, hésitant à savoir s'ils doivent rire ou s'en désespérer. La première supposition se produit, et encore en même temps, ils me demandent :

- Non, sérieusement, on a vraiment chanté ça ?

- Oh que oui, et vous avez même danser en même temps que vous chantiez. Je me rappelle aussi que vos parents vous disputaient parce que vous aviez trop bu, mais vous ne les avez pas écouté, à la place vous avez continué à danser et à enfiler les verres les uns après les autres. Avec Amy, on s'est aussitôt dit que vous alliez être torchés le lendemain. Et évidemment, pour la cerise sur le gâteau, vous avez dit des choses totalement insensées, surtout toi, Fred.

  Ce dernier a un mouvement de recule avec sa tête.

- Quoi ? Quels genre de choses ?

- Oh rien, juste du genre : « Amy, toi et tes beaux yeux ». Ou encore : « Regardez-moi, je danse comme un fou ». Il y a d'autres choses aussi, comme par exemple : « J'aime la citrouille à la fraise ». Ou : « Salut, je m'appelle Fred, et je ne me suis pas confessé depuis mes trois ans ».

  George pouffe de rire.

- Alors toi, tu es vraiment un cas !

- Ne te moques pas, Joy, tu as été pareil.

  Ma réplique le surprend et il pose son coude sur la table en plongeant son magnifique regard noisette dans le mien, gardant son sourire craquant que j'aime tant, en me demandant d'un air de défi :

- Et j'ai dit quoi ?

- Tu lui répondais ! pouffai-je. Par exemple... « Ma magnifique Mélody, j'aime quand tu chantes ta douce mélodie ». Ou encore : « Tu n'es pas le seul, Freddy, regarde-moi, je danse aussi » ; « J'aime les cacahouètes aux Chichis ». Ou : « Et moi mon prénom c'est George Weasley, et je suis le plus beau gosse de l'univers ».  C'est maintenant au tour de Fred de rigoler.

- Heureux de savoir que je ne suis pas le seul à être atteint !

- Sauf que maintenant, grâce à l'alcool, on sait que tu aimes Amy.

- Qui c'est qui m'aime ? demande la concernée qui vient d'arriver, toujours habillée en grenouillère Pikachu.

  Fred se raidit alors, et George et moi rions face à sa tête. Après avoir échangé un regard avec mon petit ami, je réponds :

- Personne ! Tu le découvriras bientôt, normalement.

- Ouais, très, très bientôt ! assure George en lançant un clin d'œil à son frère jumeau.

  Ce dernier lève les yeux au ciel et les autres ne tardent pas à arriver en nous saluant et en nous remerciant pour le petit-déjeuner. Lorsque je vois Tantine arriver, je sais qu'elle n'est pas dans son état normal : elle n'a pas du tout dormi de la nuit, et ça se ressent à son Énergie et son Aura. Je m'avance vers elle pour la serrer dans mes bras. Elle resserre l'étreinte en souriant gentiment, et ce simple contact semble l'apaiser. De sa vitesse surhumaine, David arrive jusqu'à nous, un beignet à la pomme dans sa bouche.

- Cha va aller, dit-il en nous entourant toutes les deux ses petits bras pour nous faire un gros câlin.

  On sourit en même temps et Tantine lui ébouriffe les cheveux, hochant de la tête. Mais je vois bien que l'angoisse ne la quitte pas. Un sentiment d'impuissance monte en moi et je baisse les yeux. J'aimerai tant pouvoir faire quelque chose. Je voudrais tant effacer sa quiétude. Tant... lui venir en aide et sortir immédiatement Daniel de son coma. Mais l'ennui est que je ne peux rien faire si ce ne serait-ce que lui montrer, avec David, que nous sommes-là, avec elle, et que tout ira bien, même si l'on peut en douter.

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