-Va soigner Prosper avant qu'il ne se vide de son sang! Moi je me charge d'elles.
-Mais tu es sûr que...
Il la coupe violemment:
-Fais ce que je te dis! Immédiatement!
Leurs voix sont juste dans le couloir, tout près de la porte. Si près qu'Oxelle a l'impression d'être dans la conversation.
Elle entend les pas de Félicité dans les escaliers et ceux de Honoré longer le couloir. Les portes s'ouvrent, se referment. Il continue de chercher inlassablement. De les chercher.
Hyppolyte lui commence à perdre patience dans ses bras et veut redescendre sur le sol, agitant ses jambes et voulant se mettre à parler. Mais la jeune femme lui dit de se taire en posant un doigt sur sa propre bouche. Elle sourit, toujours dans l'optique de le rassurer, et pour l'occuper décide de lui donner une mèche de ses cheveux qu'elle agite devant ses yeux et qu'il saisit aussitôt manquant presque de le lui arracher. Oxelle fronce les sourcils pour lui faire comprendre d'y aller doucement mais heureusement pour elle c'est loin d'être aussi violent que lorsque Fidèle ou Prosper lui tiraient les cheveux pour la maîtriser. Elle survivra à un enfant d'à peine trois ans...
Finalement, au bout d'un temps qui semble durer une éternité à Oxelle, sachant que la peur et la panique lui ont fait perdre toute notion du temps elle entend enfin Honoré descendre à son tour les escaliers d'un pas vif.
Elle pose enfin Hyppolyte sur le sol alors que ses bras commençaient réellement à fatiguer et s'agenouille pour être à sa hauteur afin de lui tapoter gentiment le jour pour le complimenter silencieusement de son calme et son silence. Elle souffle enfin un peu, la tension redescendant très légèrement.
Elle avait l'impression que son cœur allait lâcher tant elle n'en pouvait plus. C'était à peine si elle respirait.
-A...alors?
La voix est lointaine, provenant sans doute du salon. Un timbre féminin qui ne peut donc appartenir qu'à Félicité.
-Je crois que je me suis trompé. Elles sont sorties. Forcément. Et pourtant... pourtant j'avais un pressentiment qui me disait qu'elles étaient encore là.
-Mais tu as fouillé partout non?
-Oui. Partout.
-Que vas tu faire alors? Elles sont peut être déjà loin.
-Elles sont bien amochées, l'une est enceinte et l'autre porte sûrement le gosse, elles n'ont pas pu aller bien loin.
-Je suis resté au rée de chaussée. Je les aurais vu s'ils étaient sorties!
Cette voix c'est celle de Prosper, et il semblerait qu'il est les mâchoires serrées, comme s'il souffrait tandis que Félicité le soigne comme cela lui a été ordonné.
-Quand je pense que tu t'es fait matter par ces deux salopes. Ça ne m'arrivera pas à moi!
-Va dire ça à Papa. Va dire ça à maman, à Fidèle et Modeste! Moi je suis toujours en vie au moins, et toi à ce que je sache tu ne les as pas encore eu en face. Ne les sous-estime pas, ça pourrait t'être fatale!
-Ce sont des femelles! Et je vais les détruire aussi facilement que des insectes!