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By Feeling_Alive

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Souviens-toi.
[Partie 2]


Beacon Hills, Californie.
Samedi 25 Janvier 2014

| Unbelievers by Vampire Weekend |

« Et tu ne lui as pas dit ? me demanda Lydia en sortant de ma voiture.

- Bien sûr que non, m'exaspérai-je en claquant la porte conductrice du véhicule. Pourquoi je l'aurais dit ?

- J'en sais rien, peut-être parce que tu mourais d'envie de le faire. »

Je levai les yeux ciels, tout en replaçant la bandoulière de mon sac sur mon épaule. Après réflexion, j'aurai peut-être dû ne rien lui dire à propos de mon envie soudaine de la veille concernant mes sentiments pour Stiles.

« Peut-être que c'était juste l'émotion, tentai-je en la suivant à travers le parking du lycée.

- Ou peut-être que tu as tout simplement peur. »

Je m'arrêtai aussitôt à cette remarque. Lydia fut forcée de faire de même deux pas plus tard pour se tourner vers son amie, qui était vraisemblablement outragée et vexée par ce qu'elle venait de pointer.

« Je n'ai pas peur.

- Tu te fous de moi ? ajouta-t-elle de manière tout à fait désinvolte. Tu es terrifiée. »

Mon ennui se lut sur mon visage, ce qui ne stoppa certainement pas ma camarade. Elle s'avança vers moi en continuant :

« Tu es terrifiée de ce que ça pourrait signifier.

- Oh, vraiment ? questionnai-je, agacée. »

Elle acquiesça, sans même essayer de cacher son amusement face à mon désagrément.

« Tu l'aimes, avoua-t-elle. Au fond de toi, tu le sais, mais lui dire ces trois petits mots reviendraient à accepter la douleur qu'il adviendrait si tu venais à perdre ce que vous avez aujourd'hui. »

Je n'aimais pas ce que j'entendais et pourtant, ça prouvait bien que Lydia avait bel et bien trouvé la raison de mon entêtement.

« C'est ta façon tordue à toi de ne pas lui donner le pouvoir de te faire du mal, m'expliqua-t-elle. Encore une fois, tout est régi par ta phobie du rejet. Quant à Stiles, je suis persuadée qu'il a déjà voulu te le dire une centaine de fois. »

Mon cœur rata un battement en imaginant Stiles me faire cet aveu.

« Il s'est probablement empêché de le faire parce qu'il te connaît et il sait que ça pourrait te faire fuir. Et pour être honnête Mani, je suis quasi certaine que tu aurais paniqué comme tu le fais maintenant.

- Merde...murmurai-je, tout en baissant le regard au sol. »

Je commençais à en avoir plus que marre de ces craintes et phobies. Je n'en voyais plus le bout. En me livrant à Stiles trois mois plus tôt, je pensais avoir réussi à m'en débarrasser mais j'avais tout simplement réussi à les mettre en sommeil.

« Pour être honnête, repris-je, le regard au loin, je ne suis même pas sûr de savoir ce que c'est d'être amoureux. »

Lydia soupira, un sourire compatissant aux lèvres. Un souvenir chaleureux s'empara de ses mirettes vertes.

« Est-ce qu'en cours, tu te surprend à regarder sans arrêt l'horloge parce que tu sais qu'il t'attend dehors ? »

Mes yeux se posèrent sur mon amie, troublée par cette question.

« Oui, avouai-je.

- Est-ce que quand tu l'aperçois dans le couloir, tu es comme incapable de respirer tant que tu n'es pas arrivé jusqu'à lui ? »

J'acquiesçai à nouveau.

« Ça se passe bien au lit ? demanda-t-elle en perdant toute forme de sérieux sur son visage.

- Le sexe est d'enfer, susurrai-je, moyennement surprise par cette question.

- Beh voilà, t'as ta réponse. »

Mes sourcils se froncèrent.

« Wow, t'es bonne à ça, répliquai-je.

- Je suis un génie, me corrigea-t-elle en me tendant sa main, elle aussi amusée. »

Ses doigts enrobèrent ma main pour me tirer avec elle à travers le parking et rejoindre le bâtiment comme tous les autres élèves.

« La question sur le sexe était vraiment nécessaire ?

- Non, j'étais juste curieuse.

- J'aurais dû m'en douter... »

_______

Les photos pour l'album de fin d'année avaient commencé en début de semaine. Sydney s'occupait de prendre les portraits de chaque élève à condition qu'ils fassent l'effort de faire la queue sous le patio sous lequel Lydia, Scott et moi-même, nous étions installés. Assise en tailleur sur la table, je paginais mon livre de science, un stylo à la main, tout en jetant quelques coups d'œil vers Stiles.

« Malia ! appela-t-il en s'avançant vers la concernée. »

Alors que Malia se montrait très souriante pour avoir la photo la plus réussie possible, Sydney appuya sur le déclencheur de son appareil tandis que Stiles interférait sans gêne dans le champ. En réalisant son erreur, il s'excusa poliment en se retirant du cadre.

« Vas-y, sois belle, dit-il. »

Malia se focalisa sur son plus bel angle en offrant son plus beau sourire à l'appareil. Toutefois, le jeune homme déboula à nouveau au moment où Sydney prit la photo.

« Elle était bien celle-là, râla Malia.

- J'espère qu'il réalise que Malia peut lui casser la bouche à tout moment, demandai-je, de manière tout à fait détachée de la situation. »

Scott et Lydia, tous deux assis sur le banc de la table sur laquelle je m'étais étalée, détachèrent leur regard de leur bouquin pour observer Stiles récidiver à plusieurs reprises, poussant la foule à s'impatienter.

« Je ne crois pas non, avoua Scott, un sourire aux lèvres. »

Je hochai de la tête, amusée à mon tour, avant de me remettre à ma lecture sous les complaintes de Malia qui après plusieurs essais ratés, préféra abandonner.

« T'as tout gâchée, grogna-t-elle en le poussant jusqu'à nous.

- Pourquoi je voudrais gâcher ta photo de promo ? interrogea-t-il en la regardant s'assoir à notre table.

- Peut-être parce que tu ne t'es pas encore inscrit pour faire la tienne ?

- Si, je l'ai fait. »

Il sortit de sa poche un papier chiffonné, qui n'était autre que le formulaire d'inscription pour se faire tirer le portrait, et le montra avec fierté à son ex-copine.

« C'est vide, fit-elle remarquer. »

Ma tête se releva vers le jeune homme. Les sourcils froncés, je répliquai :

« Euh, corrige-moi si je me trompe, mais tu m'avais dit que tu t'en étais déjà occupé.

- Euh...soupira-t-il, vraisemblablement troublé par ce formulaire totalement vierge.

- Ou peut-être que tu évacues le stress d'être diplômé en évitant les étapes importantes, ajouta Scott. »

Chacun d'entre se tourna vers notre Alpha. Cette intuition ne lui ressemblait pas et ça se lisait sur chacun de nos visages.

« Devoir de psycho, pointa-t-il. »

Tout s'explique.

J'acquiesçai, surprise et fière de mon ami, mais alors que nous nous apprêtions à retourner à notre lecture, Stiles intervint à nouveau :

« Hé, un adjoint a fouillé la voiture. Pas de balle, ni de trou de sortie. Et l'adresse qu'a donnée Alex à mon père est celle d'une maison abandonnée. »

Il nous observa tour à tour en espérant que l'un d'entre nous se manifeste.

« Allez, des parents disparus, un gars bizarre sur un cheval, un balle magique. Qui se joint à moi ?

- Je dois refaire mes photos, dit Malia.

- Ouais, pas intéressée, révéla Lydia en espérant ne pas trop le vexer. »

Stiles se tourna alors vers Scott qui expliqua aussitôt :

« Je ne peux pas manquer d'autres cours.

- Scott, supplia mon copain.

- J'en ai manqué trente-huit le semestre dernier et la mère de Lydia est la seule raison pour laquelle je suis toujours au lycée. Par contre, je peux y aller après les cours. »

Ses mirettes caramel se relevèrent donc vers moi. Il me fallut quelques secondes pour réaliser qu'il me réservait le même sort qu'à mes camarades.

« Non, me défendis-je, immédiatement.

- Mani, insista-t-il.

- Non, non, non, paniquai-je. Je ne peux pas, je suis dans le même cas que Scott. »

Mon copain essaya de me couper mais je n'avais pas l'intention de le laisser faire :

« La mère de Lydia s'est démenée pour que je puisse rester ici avec vous et les profs commencent enfin à réaliser que je ne suis pas une cause perdue. »

Il inspira longuement avant de soupirer tout son désespoir.

« Après les cours, y'a aucun problème, complétai-je.

- Vous savez quoi ? Oubliez. Je vais y aller avec Liam. »

Nos visages s'orientèrent vers Liam et Hayden, tous deux assis sur un banc posé sur la pelouse de la cours. Les deux louveteaux semblaient incapable de décoller leur bouche l'un et de l'autre, ce qui en devenait presque fatiguant. 

« Ouais, non, je n'irais pas avec Liam, comprit le jeune homme.

- Hé, est-ce que je peux prendre une photo de groupe ? intervint Sydney, son appareil en main. »

Stiles hésita une seconde. Cependant, nous ne lui laissâmes pas le choix et acceptâmes avec plaisir. Lydia et Scott l'attrapèrent par le bras pour le forcer à s'assoir à côté d'eux alors que je les rejoignais sur le banc de pierre.

« Ok, d'accord, murmura Stiles à son meilleur ami. Si tu peux m'expliquer pourquoi ce truc est bleu, je laisse tomber. »

Il lui tendit un bout de verre qu'il avait récupéré sur le pare-brise de la voiture des parents d'Alex et Scott ne put s'empêcher de le regarder sous toutes ses coutures. Je me surpris à l'observer à mon tour, par-dessus l'épaule de mon camarade, en remarquant en effet les teintes bleutées du morceau triangulaire.

« Tout le monde sourit, ordonna Sydney. »

Je relevai mon visage, rangeant ma curiosité le temps d'un court instant. Nous affichâmes tour à tour un beau sourire photogénique sur nos frimousses avant de voir le flash retentir. 

_______

Quinze heures trente passés. Scott, Stiles et moi-même sortions de la jeep pour faire face à cette immense maison en brique aux teints macabres. L'énergie qui s'en dégageait me déplaisait au plus haut point. Nous restâmes dans l'allée de gravier un instant, réalisant lentement dans quoi nous allions nous engouffrer.

« Je déteste ça, murmurai-je.

- C'est pas du tout flippant, fit remarquer Stiles.

Les garçons se lancèrent un regard ; ce foutue regard qui disait qu'ils n'étaient pas rassurés et si ces deux-là n'étaient pas rassurés, je l'étais encore moins. Stiles tendit sa lampe torche à Scott avant d'avancer jusqu'à la grande bâtisse.
A son ouverture, la porte grinça interminablement. Mes poils se redressèrent un par un. Nos yeux zieutèrent la pièce poussiéreuse et surtout entièrement vide qui se présenta à nous. La lumière de la lampe parcourut le vieux plancher et chacun des rideaux qui recouvraient les nombreuses fenêtres. Alors que le sol se manifestait à chacun de nos pas, nous examinâmes ce qui semblait être la salle à manger étant donné la table et les couverts abandonnés qui la décoraient. Dérangée par ce sentiment d'oppression qui m'avait envahie au moment même où nous avions franchi la porte de cette maison, j'attrapai mon gilet en laine noir pour le serrer contre moi.

« Vous voulez qu'on se sépare ? demanda Scott.

- Euh, absolument pas, affirma Stiles. »

Les poutres grincèrent avec le vent qui ne cessait de souffler à l'extérieur. Les fondations elles-mêmes essayaient de nous effrayer. Nous rejoignîmes l'escalier qui menait au premier étage tout en laissant Scott mener la marche. Les rambardes étaient couvertes de toiles d'araignées qui ne dataient certainement pas d'hier. Marche après marche, guidés par les lampes torches de mes compagnons, nous décelâmes le corridor du premier et dernier étage. Les murs verdâtres nous menèrent jusqu'à la porte d'une pièce lumineuse et pourtant démunie de tout mobilier.

« Peut-être qu'Alex s'est trompé d'adresse, expliqua l'Alpha en s'enfonçant un peu plus dans l'obscurité de ce couloir.

- Ou il a menti, corrigea mon copain. »

Pourtant, cette maison dégageait bien quelque chose d'anormal.

« Pourquoi il mentirait ? répondit Scott. »

Nous tombâmes sur une seconde pièce. Un rapide coup d'œil nous permit de remarquer la similarité que cette chambre avait avec la première : aucune fourniture, seulement du vide. La porte qui logeait au fond du couloir attira cependant notre attention ; la voir fermer nous intrigua d'une certaine manière. Les garçons échangèrent un regard et Stiles se décida à mener la marche. Nous le suivîmes attentivement, dans un silence inquiétant avant de nous arrêter à quelques centimètres de celle-ci. Mon copain hésita en sentant son pouls accélérer et très franchement, Scott et moi aurions fait la même chose à sa place. Personne ne savait ce qu'il se dissimulait derrière cette porte mais tout mon être semblait certain que la réponse à nos questions était juste là, cachée derrière ce bout de bois. La main de Stiles s'approcha alors de la poignée, ses doigts tremblèrent un instant avant de s'emparer du pommeau en verre et pousser la porte pour la laisser s'ouvrir d'elle-même. Lentement et progressivement, la froideur qui s'émanait de ces murs fit place à une chaleur réconfortante. Un meuble en bois, parementait de quelques boites de jeux de société se fit remarquer. Stiles se décida donc à ouvrir la porte, nous dévoilant une chambre de jeune adolescent parfaitement intact. Un lit, fait au carré, se trouvait en plein centre de la pièce tandis que la fenêtre laissait le soleil illuminer une bonne partie de la pièce.

« Il n'a pas menti, dit Stiles en s'aventurant dans la chambre. »

Nous avançâmes à notre tour, découvrant le reste du mobilier et des décorations qui faisaient de cet endroit une pièce accueillante et vivante.

« Pourquoi les flics n'ont rien dit à propos de ça ? questionna Scott, troublé. »

Je rejoignis le bureau d'Alex pour caresser le bois de mes doigts. Pas de doute, la poussière avait déserté cette pièce. Ça n'avait aucun sens.

« Ils ne savent pas que c'est ici, comprit le fils du shérif. Ils ne peuvent pas venir sans mandat et il n'y a pas de propriétaire à qui le donner donc... à moins qu'il y ait une menace ou un danger imminent, ils ne peuvent pas rentrer ici.

- Ça n'explique pas pourquoi seule cette pièce est habitée, murmurai-je, perdue dans mes propres pensés. »

Si nous avions d'abord cru pouvoir trouver la réponse à notre question, nous avions plutôt réussi à déterrer une multitude d'anomalies en plus.

« Quoi ? demanda Stiles, face à la concentration soudaine de notre ami. »

Le jeune homme se focalisa un peu plus sur son ouïe avant de confirmer :

« Je crois que j'ai entendu quelque chose. »

Trois mois sans complication, c'était apparemment trop demandé.

Je suivis Scott jusqu'au rez-de-chaussée. Stiles avait voulu nous accompagner mais quelque chose l'avait apparemment retenu en haut. En bas, rien n'avait changé et pourtant, tout semblait bien plus vide, bien plus poussiéreux... bien plus pesant. La pièce principale était dépourvue de tout meuble, contrairement à la salle à manger qui accueillait une table et quelques chaises. Tous deux attirés par cette présence de mobilier, Scott et moi rejoignîmes la table décorée de deux verres, assiettes et fourchettes couverts de poussière. Nous examinâmes les lieux, détournant nos regards de la vaisselle le temps d'une seconde pour inspecter les recoins avant de redécouvrir une table en bois entièrement vide. Ces couverts n'avaient pas pu disparaitre comme par magie ; peut-être les avais-je imaginés. Impossible. Ils avaient bien laissé leur trace sur ce voile de poussière.

« Est-ce que tu as...

- Non, répliquai-je, troublée. Non, je n'ai rien fait. »

Nous nous regardâmes quelques secondes, croyant presque devenir fou. Scott inspira longuement et ajouta :

« Ok, va jeter un œil dehors, je m'occupe de derrière. »

J'acquiesçai. Je passai la porte d'entrée et retrouvai l'allée sur laquelle la jeep de Stiles stationnait. La présence d'une Toyota bleue me surpris que trop peu. Si cette voiture était là alors Mason et Liam l'étaient aussi.

« J'aurais dû m'en douter, soupirai-je, délivrée de toute inquiétude. »

Je profitai de la brise qui parcourut mon visage, tout en admirant la vue alentour. Les terrains vides, qui bordaient cette maison abandonnée, étaient d'une certaine manière apaisant. Toutefois, à une dizaine de mètres de là, un cheval se tenait immobile à travers les grandes herbes. Sa longue crinière noire s'emmêlait dans la brise tandis que sa robe crème s'illuminait face au soleil. Son toupet camouflait ses yeux noisette alors qu'il m'observait, attentif. Et alors que le temps semblait avoir ralenti, une impression de déjà-vu me rongea de l'intérieur.

« Mani ! m'appela Scott.

- Hmm ? répondis-je, en me retournant brusquement vers mon ami. »

Il me fit signe de la tête de revenir à l'intérieur.

« Tu vas vouloir voir ce que Mason et Liam ont trouvé.

- Ok, dis-je en acquiesçant vivement. »

Le jeune homme retourna à l'intérieur sans même m'attendre. Je me tournai à nouveau vers le vaste champ pour découvrir, sans trop de surprise, que l'animal avait lui aussi disparu. Ce qui m'inquiétait n'était pas que cette bête se soit volatilisée aussi facilement, mais plutôt que la ligne entre le réel et l'illusion soit de plus en plus difficile à discerner. Plus j'y réfléchissais, plus je venais à douter de ce que j'avais vu. Une fraction de seconde s'écoula et j'en venais à me demander : ai-je réellement vu quelque chose ? Si oui, quoi ?

Au lieu de perdre plus de temps à me battre avec mes souvenirs, je me hâtai à l'intérieur pour y retrouver Scott, Liam et Mason.

« Qu'est-ce qu'il se passe ? questionnai-je. »

Mason se tourna alors vers moi, une boussole à la main. Les aiguilles de cette dernière s'agitaient sans relâche, incapables d'indiquer le nord ou n'importe quel autre point cardinal.

« Pourquoi ça fait ça ? questionna Scott.

- Aucune idée, avoua Mason.

- Elle est peut-être juste cassée, proposai-je, peu impressionnée par ces aiguille hyperactives. »

Mais Liam hocha non de la tête tout en sortant son téléphone de sa poche.

« Elles le font toutes, dit-il en me dévoilant la boussole de son portable. »

Les points cardinaux tourbillonnaient tout autant que les aiguilles de la boussole à gousset de son meilleur ami.

« C'est impossible, avouai-je, perturbée par ce phénomène inexplicable. »

La vitre de l'une d'elle se brisa brusquement, nous volant à tous un sursaut. Un raffut inquiétant résonna alors à l'étage au-dessus.

« Stiles, réalisai-je dans un murmure. »

Nous nous pressons à rejoindre les escaliers que nous enjambions à vitesse folle pour retrouver le corridor où nous avions laissé le fils du shérif.

« Stiles ! criai-je en accourant jusqu'à lui, tandis qu'il se relevait du sol, encore sous le choc de ce à quoi il venait d'assister.

- Quoi ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda Scott.

- Il était là, il m'a tiré dessus, expliqua Stiles, essoufflé de panique. »

Le concerné se tourna alors vers la porte fermé de la chambre d'Alex. Il analysa le bois en espérant pouvoir nous montrer la preuve des coups de feu mais aucune trace n'avait été laissé par les tirs.

« Qui t'as tiré dessus ? ajoutai-je, perdue.

- C'était l'un des gars que vous avez vu dans les souvenirs d'Alex. »

Le cavalier, compris-je.

Il ne manquait plus que ça, ce foutu cowboy était bel et bien réel.

« Celui qui a pris ses parents ? interrogea Mason.

- Non, non, non, ils n'ont pas seulement été enlevés, corrigea mon copain. On les a fait complètement disparaitre, c'est pour ça qu'il n'y a aucun meuble, c'est pour ça qu'ils ne sont sur aucune photo... »

C'était comme s'ils n'avaient jamais existés.

« Ils ont été effacés, comprit Stiles. »

Mes sourcils se froncèrent à cette conclusion. Pourtant, tout prenait son sens. La vaisselle qui avait disparu sous mes yeux et ceux de Scott était juste une preuve de plus à ce que présumait notre camarade, toute trace de leur présence sur terre disparaissait, lentement et progressivement. Stiles se jeta alors sur la porte de la chambre d'Alex, nous dévoilant une pièce entièrement vide.

Le lit, le bureau, les jeux, les photos... Tout avait été effacé en l'espace de quelques minutes.

_______

Les photos défilèrent. Les créatures, dont le portrait avait été dessiné pour le bestiaire, me regardèrent tour à tour à travers l'écran de mon ordinateur. Assise à la table à manger, j'appréciai l'odeur du plat que Will préparait dans la cuisine, tout en appuyant à maintes reprises sur le pavé tactile en espérant tomber sur notre fameux tout nouvel ennemi.

« Est-ce que c'est le bestiaire ? me demanda mon père, intrigué, un torchon sur l'épaule.

- C'est la version numérique, acquiesçai-je, sans quitter l'écran des yeux.

- Qu'est-ce que tu fais avec une version numérique ? rit-il, étonné.

- Lydia me l'a envoyé, il y a quelques mois de ça. »

Mon père appuya ses deux mains sur ma chaise et regarda de plus près les portraits qui se succédaient.

« Tu cherches quelque chose en particulier ?  

- Ouais, soupirai-je, un genre de cowboy.

- Un cowboy ? répéta Will, surpris, avant de repasser derrière le comptoir de la cuisine. Et pourquoi ?

- Parce qu'il se pourrait qu'il soit à Beacon Hills. »

Tout de suite inquiet, Will me fit les gros yeux.

« Mani.

- Non, je sais, rétorquai-je en virevoltant sur ma chaise. Je sais que tu ne veux pas que je me mette en danger mais un enfant a perdu ses parents à cause de cet homme. Je ne peux pas juste rester là les bras croisés. »

Il se pinça les lèvres ; il savait pertinemment qu'il aurait probablement réagi de la même manière si ça avait été son cas. Mon père inspira, rassemblant ses pensées, ses craintes et ses doutes, et préféra coopérer :

« Qu'est-ce qui leur est arrivé ?

- Ils étaient en voiture et ils ont été attaqués par cet homme à cheval. Il avait un pistolet, me rappelai-je. Il a tiré sur les parents et... ils ont disparus. Ils se sont littéralement volatilisés. »

Le regard de Will se tourna vers le sol.

« On est allé voir chez eux après les cours et à part la chambre de leur fils, tout était vide. C'était comme si personne n'avait jamais habité dans cette maison. Stiles pense que-

- Tu as bien dit un homme à cheval ? »

Mes sourcils se froncèrent alors que j'acquiesçais. Il se frotta le front, troublé.

« Quoi ? demandai-je.

- Ma tante avait l'habitude de me parler de cette légende, c'était un peu le moyen de pression qu'elle avait pour que je me tienne à carreau. »

Il fouilla dans ses souvenirs, peu amusé par l'éventualité que ce mythe se révèle peut-être vrai.

« La Chasse Sauvage, se remémora-t-il. »

Will se racla la gorge avant d'ajouter :

« Elle disait que, si je n'étais pas sage, les cavaliers fantômes abattraient une tempête au-dessus de nos têtes et qu'ils la traverseraient, en chevauchant leur monture noir aux yeux rouges. »

Mon portable vibra. L'écran s'alluma, me dévoilant l'arrivé d'un nouveau message. Je l'attrapai et le retournai face contre table pour garder toute mon attention focalisée sur les explications de mon géniteur.

« Elle disait aussi qu'ils m'emmèneraient avec eux pour toujours mais à part les menaces de ma tante, j'en sais pas vraiment plus. »

Des cavaliers fantômes...

Tout à coup, les cris et pleurs de Bella résonnèrent à l'étage.

« Appelle ta grand-mère, dit Will en jetant précipitamment son torchon sur le comptoir. Elle t'aidera. »

Mon père se rua dans les escaliers pour rejoindre la chambre des jumeaux. Même s'il m'avait fallu quelques secondes pour approuver l'idée de la présence de cavalier fantôme à Beacon Hills, j'avais très vite retrouvé ma chambre et appelé Josie.

« Salut, Josie, dis-je, mon téléphone à l'oreille et mon ordinateur à la main.

- Salut, ma belle, comment tu vas ? »

J'essayai tant bien que mal de refermer la porte, sans pour autant perdre ce petit sourire qui s'était logé au creux de mes lèvres.

« Ça va bien et toi ?

- Ça va comme un samedi. Je suis sur le point de sortir avec une amie. »

Je m'assis sur la chaise de mon bureau tout en déposant mon ordinateur sur ce dernier.

« Comment ça va l'école ? me demanda-t-elle. Les profs sont contents de ton travail ?

- Euh, ouais, ça va. Mes moyennes remontent donc ça ne peut être que bon signe.

- C'est bien, il faut que tu continues comme ça. »

Alors que ma voix retentissait, en haut-parleur, à l'autre bout de son téléphone, je pouvais l'entendre enfiler ses talons sur son matelas ; le sommier ne cessait de grincer. Mon portable vibra. Je pris le temps de regarder le dernier message que Stiles venait de m'envoyer : Ils ont eu Alex. Je remontai mes notifications et lut le tout premier message que j'avais préféré ignoré quelques minutes plus tôt : Alex est le prochain. Je t'expliquerais. Rejoins-nous au commissariat le plus vite possible.

Merde...

« Je vais pas pouvoir trop tarder, ma puce. Tu m'appelles pour quelque chose en particulier ?

- Ouais, Will m'a dit que tu pourrais m'aider avec quelque chose, expliquai-je en hâtant mon téléphone jusqu'à mon oreille.

- Je t'écoute. »

L'anxiété me rongeait l'estomac.

« Qu'est-ce que tu sais de la Chasse Sauvage ?

- Euh...soupira-t-elle en se battant avec ses escarpins.

- Will m'a déjà expliqué qu'il s'agissait de cavalier fantôme.

- Ouais, c'est ça. Ils chevauchent les tempêtes et chassent les âmes. »

Son sommier grinça un peu plus alors qu'elle se relevait de son matelas pour récupérer son téléphone.

« Ils chassent les âmes ? répétai-je, troublée.

- Ils les collectent, si tu préfères. S'ils viennent à prendre ton âme, tu disparais, ainsi que tout ce qui t'appartient. Ils effacent entièrement ta présence de ce monde. »

Tout comme les parents d'Alex.

Un nouveau message apparut à l'écran de mon cellulaire.

« Excuse-moi une seconde, Josie. »

Je décollai mon téléphone de mon oreille pour lire, cette fois-ci, un message de Scott : T'es où ??? Hayden et Liam sont les prochains. Ils étaient sur la même route qu'eux cette nuit-là. Rejoins-nous au lycée !

Mon cœur rata un battement. Mon angoisse se raviva en sentant que quelque chose n'allait pas.

« Josie, est-ce que tu sais comment ils choisissent leur proie ?

- J'avais lu quelque chose à ce propos un jour. Euh, attends que je me souvienne. »

Elle marmonna, cherchant avec concentration ce qu'elle avait pu lire sur la Chasse Sauvage.

« Ah oui, ça disait : "Gare à ceux qui voient la Chasse Sauvage, vous êtes d'ores et déjà passé dans l'oubli".

- Il faut les voir... susurrai-je, tout à coup perturbée.

- D'après la légende, oui. »

Mon pouls s'accéléra. Liam et Hayden ne les avaient jamais vus en personne. Ils avaient trouvé Alex mais ils n'avaient jamais été témoins du cavalier fantôme. Mais quelqu'un d'autre, autre qu'Alex, avait bien vu la Chasse Sauvage.

« Mani, je vais devoir te laisser, je-

- Liam et Hayden ne sont pas les prochains.

­- Qui ? répondit-elle.

- C'est pas vrai...soupirai-je, paniquée.

- Mani, qu'est-ce qu'il se passe ?

- Josie, merci pour tout, vraiment mais je dois y aller.

- Mani, qu- »

Je raccrochai en vitesse et attrapai chacune de mes affaires avant de détaler au rez-de-chaussée pour courir jusqu'à ma voiture. Je savais qui était le suivant et je ne comptais pas laisser la Chasse Sauvage me l'enlever, à moi ou à qui que ce soit.

_______

Je sortis de ma voiture, éblouie par les gyrophares de l'ambulance et des voitures de police garées dans le parking du lycée. Un brancard, amené par un ambulancier, roula jusqu'au camion d'urgence, un corps couvert d'un sac mortuaire sur le dos.

« Mani. »

L'adjoint Cordova, un grand homme aux cheveux poivre et sel, rasés près du crâne, me rejoignit, les mains appuyées sur sa ceinture.

« Tu devrais aller à l'intérieur.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demandai-je en pointant de la tête le brancard qui montait à l'arrière de l'ambulance. »

Cordova leva les yeux aux ciels, désespéré par ma curiosité dont il avait fait les frais à plusieurs reprises.

« Allez, tu sais que tu peux me le dire, suppliai-je, impatiente et à court de temps. »

Il inspira longuement. Le shérif m'aurait très probablement tenu tête jusqu'au bout et l'adjoint le savait. Mais Cordova m'appréciait assez pour céder peu fièrement.

« On a retrouvé le corps d'un homme dans la chaufferie.

- Qui ?

- On n'en sait rien. Maintenant, va à l'intérieur, m'ordonna-t-il. »

Il s'éloigna pour assister les ambulanciers dans leur travail. Même si ce meurtre m'intriguait, j'avais quelque chose de plus important à régler et le temps me manquait. La mère de Lydia se révéla devant les portes du bâtiment.

« Madame Martin ! criai-je en accourant jusqu'à elle.

- Mani ?

- Est-ce que vous avez vu Stiles ?

- Mani, tu n'as rien à faire ici. Rentre à l'intérieur.

- Mais-

- Tout de suite ! »

Elle m'ouvrit la porte en m'ordonnant du regard de ne pas insister. Ma colère se peignit sur mon visage. Natalie Martin était tout de même la mère de ma meilleure amie et en plus de cela, elle m'avait permis de rester scolarisé dans ce lycée. Je n'avais pas le droit à l'erreur. Je rentrai, laissant la porte se refermer derrière moi, accompagnée par un lourd grincement. Les élèves avaient formé plusieurs groupes dans le corridor, chuchotant et complotant sur ce qui avait bien pu se passer. Le shérif les évita, encore bouleversé par le meurtre qu'il avait à résoudre.

« Shérif ! »

Il souleva ses beaux yeux bleus et s'arrêta à mes côtés.

« Tu n'es pas censée être avec ton père ?

- Euh, ouais mais il y'a eu un imprévu, bégayai-je, stressé. En fait, je cherche Stiles.

- J'ai un meurtre sur le dos, Mani. Je ne peux pas t'aider, m'avoua-t-il en s'avançant jusqu'aux portes.

- Il y'a de grande chance pour qu'il soit en danger, dis-je précipitamment. »

Sa main se posa sur la poignée mais il s'arrêta et se tourna vers moi.

« Il faut qu'on le trouve.

- Ok, répondit Noah, en relâchant la porte. A quoi il ressemble ?

- Quoi ?

- Ton ami, Stiles, il ressemble à quoi ? »

Mon souffle se coupa. Je reculai d'un pas, assommée par cette question.

« Mani, je ne peux pas t'aider si je ne sais pas à quoi il ressemble. »

Je pouvais sentir mon pouls tambouriner contre ma poitrine alors qu'un silence bruyant s'éprit du couloir.

« Est-ce que ça va ? me questionna le shérif. »

Mon téléphone se mit à vibrer, me sortant de ma crise de panique. Je récupérai mon téléphone dans la poche arrière de mon jean pour y voir le numéro de Scott s'afficher.

« Mani ? insista Noah.

- Ouais, affirmai-je d'une voix fébrile. Ouais, c'est bon, merci, je vais me débrouiller. »

Je répondis à l'appel de mon ami, tout en m'éloignant d'un pas vif du shérif.

« Scott.

- T'es où ? me demanda-t-il. Ça fait une heure que je n'ai pas de réponse.

- Scott, est-ce que Stiles est avec toi ?

- Qui ? »

Ma gorge se noua. Mon corps arrêta tout mouvement malgré les élèves qui passaient. Je raccrochai au nez de mon camarade alors que mon regard restait planter au sol. La Terre s'était comme arrêtée de tourner. Je n'arrivais plus à penser, je n'arrivais plus à agir. Une sensation de vertige commença à titiller chacun de mes sens. 

« Mani ! »

Je virevoltai vers Lydia qui arrivait, essoufflée, jusqu'à moi.

« Mani, Stiles est le prochain.

- Tu ne l'as pas oublié, murmurai-je, surprise.

- Non, mais je pense que tout le monde est en train. »

J'acquiesçai, en m'efforçant de respirer.

« Scott et même le shérif n'ont aucune idée de qui il est, affirmai-je.

- Pareil pour Malia, lâcha-t-elle.

- On doit le trouver. »

Elle hocha vivement de la tête.

« Je vais vérifier si sa jeep est toujours là, occupe-toi de l'intérieur du bâtiment, dis-je. Je te rejoins au plus vite.

- Ok. »

Je m'étais alors hâtée jusqu'aux portes battantes qui menait à la cour centrale. Les portes claquèrent bruyamment derrière moi. Le vent dansa avec mes cheveux lisses ainsi qu'avec les feuilles qui valsaient avec les graviers. La jeep était bien là, garée sur le parking à quelques mètres de moi.

« Stiles ! criai-je. »

Le ciel accueillait des nuages noirs qui ne pouvaient que m'avertir de l'arrivée des cavaliers.

« Stiles ! hurlai-je, à nouveau malgré le vent violent. »

Les portes s'ouvrirent brusquement derrière moi. Je tournai précipitamment et me heurtai contre le corps de l'arrivant. Je sursautai, criant en sentant chacun de mes membres se raidirent de terreur.

« Ce n'est que moi ! me rassura Stiles, surpris par ma réaction. »

A cette voix, un fort soulagement me submergea. Stiles me regarda, craignant devoir assister au moment où la seule personne en qui il lui restait espoir ne le reconnaissait pas à son tour. Je me jetai alors à son cou pour enrouler mes bras autour de sa nuque et y loger mon visage.

« Pendant une seconde, j'ai cru t'avoir perdu, soupirai-je, la voix tremblante. »

Il pressa à son tour ses mains contre mon dos.

« Dieu merci, tu sais qui je suis, murmura-t-il.

- Scott et ton père, ils... repris-je, en me retirant délicatement de notre étreinte.

- Je sais...

- Tout le monde est en train d'oublier. »

La panique se lut dans nos regards, tous deux humides, alors qu'une bourrasque de vent balayait la poussière et les feuilles. Un hennissement enragé résonna dans la cour. Ils étaient là. Mon visage se tourna lentement en direction du bruit mais aucun cavalier fantôme ne semblait être présent. Toutefois, mes yeux ricochèrent sur un cheval ; sa crinière noire et son poil couleur crème ne m'étaient pas inconnu. Derrière son toupet, ses grands yeux noirs m'observèrent malgré les mètres qui nous séparaient. Un ébrouement s'échappa de ses naseaux.

« Hé, tu le vois ? me demanda Stiles. Le gars sur le cheval. »

Mon regard resta fixait sur le cheval doré tandis que les sabots de la bête du cavalier frappait le goudron comme un souvenir lointain. J'hochai non de la tête mais j'avouai, perturbée :

« Je peux l'entendre... »

Stiles posa ses yeux sur moi, troublé par l'éventualité que je puisse les entendre mais pas les voir.

« Stiles, il faut qu'on s'en aille, avertis-je.

- Non, je sais, d'accord ? dit-il en posant ses mains sur mon visage. Ils viennent pour moi. Il ne faut pas que tu restes avec moi.

- Quoi ? questionnai-je, contrariée. Non !

- Il faut que tu t'éloignes de moi, Mani.

- Non, affirmai-je, irritée.

- Il faut que tu partes tout de suite avant que tu puisses les voir, s'écria-t-il, en sentant la colère jouer avec sa crainte.

- Stiles, je ne te laisserais pas ! »

Il m'observa, surpris.

« Je reste avec toi. »

Stiles inspira. Il savait que je ne lui laisserais pas le choix. Il observa le cavalier fantôme, que seul lui pouvait voir, avant d'humidifier ses lèvres.

« D'accord, viens, m'ordonna-t-il en attrapant ma main. »

Mon camarade me tira jusqu'au parking. Nous courûmes à toute vitesse, sous les hennissements inquiétants des chevaux fantômes.

« Par-là, par-là, m'indiqua Stiles. »

Mais très vite, il me força à m'arrêter. Le temps d'une seconde, j'entendis le cheval galoper sur le trottoir d'en face. Mon copain s'empara de mon poignet pour me tirer de l'autre côté.

« Ok, par-là, par-là. »

Encore une fois, il sursauta et s'arrêta. Malgré le vent, le bruit des sabots semblaient nous encercler.

« Ils sont où ? demandai-je en scrutant chaque recoin.

- Ils sont partout. »

Et ils étaient proches. Beaucoup trop proches.

« Viens, par ici ! »

Stiles, sans lâcher ma main, me tira jusqu'à la jeep en m'ordonnant, paniqué :

« Mani, ne les regarde pas, ok ? N'essaie rien contre eux, ils te prendraient toi aussi. Ne les regarde surtout pas ! »

J'attrapai la poignée de la portière passagère pour monter à toute vitesse dans la voiture. Stiles, agité, manqua de faire tomber ses clés à plusieurs reprises avant de les insérer sur le contact, mais alors que je regardais à travers la vitre, malgré les ordres du conducteur, le moteur ne s'alluma pas.

« Qu'est-ce qu'il se passe ? demandai-je, essoufflé. »

Mon regard tomba sur sa main accrochée à son trousseau.

« Qu'est-ce que tu fais ? soupirai-je, inquiète. »

Les chevaux nous encerclaient, hennissants avec le vent et le tonnerre, mais Stiles décida tout de même de retirer la clé du contact.

| The Encounter by ABBOTT |

« Non...murmurai-je, en comprenant ses intentions. Non, n'y pense même pas...

- On n'a plus le temps... »

Ses beaux yeux caramel se posèrent sur les miens en réalisant ce qu'il était sur le point de faire. Il s'avança sur son siège et approcha son visage du mien. 

« Mani, je vais être effacé, ok ?

- Non. Non, c'est hors de question, m'énervai-je en sentant ma voix se fragiliser et se transformer en sanglot. Tu ne peux pas juste abandonner.

- Je n'ai plus le choix. »

Il attrapa ma main et resserra ses doigts sur les miens.

« Tout comme Alex, tu vas m'oublier.

- Non, je ne t'oublierais pas. Je ne t'oublierais pas parce que tu vas remettre ces clés sur le contact et-

- Mani, tu vas m'oublier, dit-il d'une voix étrangement calme. »

Surprise, les traits de mon visage se détendirent, mais mes yeux accueillirent plusieurs perles salées. Stiles avait fait son choix et même s'il détestait devoir me voir dans un tel état, il savait que c'était ce qu'il y avait de mieux à faire.

« Il faut juste que t'essaie de trouver un moyen de te souvenir de moi, ok ? »

Mon visage s'abaissa et se brisa de tristesse ; ce qu'il me demandait me semblait impossible et injuste.

« Souviens-toi des nuits qu'on a passé à parler de tout et de rien. »

Je reniflai, incapable de relever le regard face aux lourdes larmes qui dévalaient mon visage.

« Souviens-toi que je craquais déjà pour toi en deuxième année... et à quel point ça me rendait dingue de te voir avec un autre. »

Stiles resserra son étreinte.

« Souviens-toi que tu m'as sauvé la vie.

- Non, rétorquai-je dans un murmure. »

Une larme caressa mes lèvres. Mon visage se releva alors vers le conducteur.

« Non, tu m'as sauvé la vie. »

La poigne qui liait nos deux mains était la preuve concrète que nous étions incapables de pouvoir laisser partir l'autre et pourtant, Stiles me forçait à le faire.

« Juste souviens-toi...murmura-t-il. »

Son regard se fit plus intense et sa voix bien plus douce qu'elle ne l'était déjà.

« Souviens-toi que je t'aime. »

Mon cœur rata un battement. Le bruit extérieur cessa d'exister, il avait comme disparu face à ce trop-plein d'émotion. Nos souffles résonnèrent dans la jeep. L'entendre le dire m'avait rempli d'un émoi qui me laissa sans voix et pourtant, à cet instant précis, je comprenais à quel point j'aimais cet homme. Et malgré mon envie pressante de le lui dire, les cavaliers ne m'en laissèrent pas le temps.
La porte conductrice s'ouvrit brusquement et alors qu'un éclair jaillissait, Stiles se volatilisa dans la seconde qui suivit. La porte se referma, laissant place à un silence insoutenable. La tempête qui venait de faire rage s'était aussitôt calmée, tout comme mon pouls qui ralentissait. Je scrutai le parking, déboussolée et terrifiée. Ma main s'agrippa au collier que Stiles m'avait offert la nuit dernière.

« Souviens-toi, Mani. »

Stiles...

« Souviens-toi. »

_______

Beacon Hills, Californie.
Lundi 27 Janvier 2014

Mes livres en main, je poussai les portes battantes bleues en entendant la sonnerie retentir. Le couloir était plein. Les élèves parlaient et riaient entre eux et d'autres rejoignaient déjà leur salle de classe. Le bruit des casiers, qui s'ouvraient et se fermaient, dansait avec les nombreuses voix des étudiants de notre lycée. Plantée devant la porte par laquelle j'étais entrée, je scrutai chaque visage avec bienveillance. Liam, Hayden, Mason et même Corey me saluèrent au loin d'un sourire chaleureux, d'un mouvement de la tête ou d'un signe de la main mais cette étrange sensation qui ne m'avait pas quitté de tout le weekend m'empêcha de leur répondre convenablement. Mes lèvres s'étirèrent à peine, ce qu'ils trouvèrent vraisemblablement étrange. Ils se contentèrent de reprendre leur conversation en pensant qu'il s'agissait de l'un de ses jours où Mani Davis n'avait pas la forme.

« Tu cherches quelqu'un ? demanda Malia en s'approchant vivement vers moi, son sac à l'épaule. »

Je m'échappai de mes pensées, surprise par l'arrivée de ma camarade.

« Euh, non, répondis-je. Non, je pensais, c'est tout.

- Tu pensais à quoi ? répliqua Scott, qui débarqua du côté opposé. »

Il s'avança et m'embrassa. Ses lèvres se posèrent sur les miennes le temps d'un court instant avant de se reculer et attendre ma réponse à sa question. D'abord étonnée, il me fallut quelques secondes pour réaliser qu'il était tout à fait normal pour un couple de se saluer ainsi. Et c'est ce que nous étions, un couple.

Bon sang, Mani...
Réveille-toi.

« Euh...bégayai-je, rien, il me semblait que je devais faire quelque chose.

- Quoi ? ajouta Malia. »

Je préférai ignorer la boule d'anxiété qui me rongeait l'estomac. Les coups de stress dû à la fatigue m'arrivaient bien trop souvent, surtout les lundis. Lydia arriva à son tour, nous observant tour à tour en essayant de deviner ce qu'elle avait bien pu rater.

« J'ai dû oublier, capitulai-je.»

❝A suivre.❞

▴ ▿ ▴ ▿ ▴ ▿ ▴ ▿ ▴

Prochainement dans Jolie Petite Créature  : Deux semaines se sont écoulées. Mani, Lydia, Scott et Malia sont tous sujets à des comportements étranges qu'ils ne peuvent expliquer alors que les cavaliers fantômes continuent de sévir.

▴ ▿ ▴ ▿ ▴ ▿ ▴ ▿ ▴

NOTE DE L'AUTEUR :

Et voilà pour le chapitre 2 !

J'espère que ce  chapitre vous a plu. N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, que ce soit bon ou mauvais.

Le prochain chapitre sera seulement une moitié de l'épisode 6.02. J'ai encore été obligé de couper à cause de la longueur...

On se retrouve dans deux semaines pour le chapitre 3.
Des bisous.

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