« Visite... »
Ça devait faire maintenant 5 minutes que postée sur le cadran de la porte, je fixais cette scène, celle de Nordine faisant des vas-et-vient dans la pièce conjugale en remplissant toujours un peu plus ses deux valises posées sur le lit. Je regardais son visage et il avait l’air tout aussi énervé, les sourcils froncés et quelques veines ressortissantes. Je ne comprenais pas vraiment alors je me contentais tout simplement d’observer la scène.
Après quelques minutes d’efforts, à remplir ces fichues valises, il finit par les fermer, sûrement une fois sûr qu’elles soient complète et les pose au sol.
Je l’observe toujours.
Il attrape sa veste ainsi que quelques papiers avant de prendre ses valises et de se mettre à avancer. Il ne me disait rien, il ne m’avait rien dit et était bel et bien prêt à partir. Il était sur le point de franchir la porte de la pièce, près de laquelle je me tenais mais au même moment, je le retiens. Je dépose délicatement ma main porteuse de mon alliance sur son torse pour l’arrêter, toujours en regardant droit devant moi. Je le sens tout de même s’arrêter malgré ce petit geste de ma part et se tourner vers moi. Je me tourne alors vers lui, les larmes tombantes petit-à-petit et lui dis :
« Moi : tu m’abandonnes ? »
Me voyant dans cette état presque pitoyable je dirais, il s’adoucit, lâche ses valises et me prend dans ses bras tout en lâchant un petit souffle. Bien sûr, bien sûr que moi, autant que vous j’ai pensé pendant une fraction de secondes qu’il me laissait, qu’il m’abandonnais, qu’il partait à tout jamais.
Je le serre alors très fort, alors qu’il m’embrasse la tête. Il me repousse ensuite tout en attrapant fermement mon visage.
« Nordine : t’es folle ou quoi ? Jamais j’t’abandonnerai. C’est juste que j’ai quelques soucis familiaux qui font que j’dois partir mais j’reviendrai... en tout cas si tout s’passe bien.
Moi : où ?
Nordine : au Maroc.
Moi : mais j’comprends pas. Pourquoi tu veux partir comme ça ? Et puis... quels soucis ?
Nordine : ma grand-mère est grave malade et il faut que j’y aille en urgence.
Moi : Jeda Kayna ?
Nordine : ouais.
Moi : qu’est-ce-qu’elle a ?!
Nordine : personne ne sait pour le moment. Bref, j'dois y aller...
Moi : attends... laisse-moi aller avec toi Nordine ?
Nordine : non, non tu peux pas m’suivre dans cet état Sanae.
Moi : non mais...
Nordine : y’a pas d’non qui tienne, tu m’suis pas khlass.
Moi : ... »
Je baisse alors la tête et ne dis plus rien. Je sens tout de même son regard sur moi, puis un bisou de sa part se déposer délicatement sur mon front avant de me murmurer à l'oreille :
« Nordine : prends soin d’toi omri... »
Avant de se tourner et de s’en aller.
C’est ensuite le simple bruit de la porte qui claque qui m’a fait écroulé en larmes. Pourquoi je pleurais ? Moi-même je ne saurais vous dire. Nordine se devait d’aller rejoindre sa grand-mère, je comprenais tout à fait mais c’est plus le fait qu’il soit loin de moi pendant je ne sais combien de temps, alors qu’en plus de ça je me trouvais dans cet état, qui me rendait comme ça un peu mais bon, on ne peut pas dire que les hormones n’y sont pour rien aussi. De plus, je connaissais bien sa grand-mère, une personne en or, dont il était super proche et je tenais vraiment à l’épauler, à être là dans cette dur situation, mais bon, Nordine n’était pas d’accord avec ça alors il ne me restait plus qu’à attendre son retour.
Inutile de vous dire que c’est toute seule que j’ai passé ma soirée. Je m’ennuyais à en mourir mais je n’avais pas pour autant l’envie d’appeler qui que se soit qui pourrait me tenir compagnie, j’ai tout simplement éteint mon téléphone et suis allée me coucher dans les alentours de 22 heures.
Le lendemain, c’est le bruit de l’interphone qui me réveille. Je regarde l’heure : 10:01 et me dis que j’ai beaucoup dormi quand même. Je me lève ensuite, enfile mes pantoufles et sors du lit pour aller répondre.
« Moi : oui ?
... : sale grosse.
Moi : c’est qui ?
... : Bréannaaaaaah.
... : et Sofia.
Moi : vous voulez quoi ?
Bréannah : bah que tu ouvres zoba (bête).
Moi : Le code de la seconde porte a été changé, c’est 1005 maintenant.
Elle : asy. »
Je raccroche ensuite et me dépêche d’aller me débarbouiller le visage et de brosser mes dents. Bah oui, j’étais pas très bien ce matin, certes mais c’était loin d’être une raison pour les accueillir avec une haleine de chacal, de bon matin en plus. Au moment où je termine, les filles frappent à la porte, je leur ouvre et les laisse entrer. Nous nous faisons la bise.
« Bréannah : ça va ?
Moi : ouais et toi ?
Bréannah : moi ça va mais toi tu mens. »
Elle s’installe.
« Bréannah : j’étais sûr qu’en arrivant je te trouverais comme ça, comme Sofia.
Moi : ça va Sofia ?
Sofia : pas tellement comme tu peux le voir.
Moi : hum, moi non plus. Mais toi pourquoi t’es pas allée au Maroc avec ton frère ?
Sofia : j’ai voulu y aller pourtant, mais il a pas voulu et tu connais bien mon frère ?
Moi : oui, t’inquiète même pas pour ça. Moi aussi il a refusé et j’ai pas plus insisté.
Sofia : hum... t’façon j’attends qu’il me donne des nouvelles.
Bréannah : courage, vous inquiétez pas. Priez et tout ira bien.
Nous : on espère. »
Bref, après ça nous nous sommes mise à parler d’autre chose, de tout et de rien surtout. Elles ont dû rester plus d’une bonne heure chez moi, puis elles sont partis vu que Sofia n’était pas très bien par rapport à sa grand-mère, ce qui est très compréhensible et que Bréannah avait quelques courses à faire pour sa mère. Cette dernière a voulu m’emmener avec elle mais j’ai refusé. J’avais la flemme de sortir pour tout vous dire.
Une fois les filles parties donc, je me retrouvais encore une fois seule à maison. J’ai voulu aller prendre ma douche mais au même moment encore, on frappe à la porte. Je retourne alors sur mes pas, recouvre ma robe de chambre d’un peignoir et ouvre la porte.
Devinez sur qui je tombe ?
Badr.
Il se tenait devant moi, et me regardait, tout comme moi d’ailleurs. Je le regardais assez surprise de le voir là, devant chez moi. C’était bien la dernière personne que j’avais envie de voir et tout ce que je voulais à ce moment là c’était refermer la porte pour qu’il s’en aille et que je puisse prendre ma douche mais je fais mine de rien. Je resserre alors bien le nœud de mon peignoir m’arrivant aux genoux et croise mes bras.
« Badr : wesh.
Moi : salam.
Badr : bien ?
Moi : tranquille. Qu’est-ce’ tu fais là ? J’peux t’aider ?
Badr : euh... j’ai à te parler en fait.
Moi : ok, j’t’écoute.
Badr : non mais... pas comme ça.
Moi : monsieur voudrait entrer peut-être ?
Badr : euh... à vrai dire... non.
Moi : ok, j’vois pas vraiment où tu veux en venir là.
Badr : bah... j’aurais préféré qu’on sorte en fait.
Moi : du genre.
Badr : genre... un café au Starbucks ?
Moi : [...]. »
Euh... que dire ? J’accepte ? Je refuse ?
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#NayaStreet