Elle pose sa main sur la poignée, prête à les planter l'un après l'autre sans la moindre hésitation. Mais soudain Nina apparaît à ses côtés et l'en empêche. Elle l'a pousse doucement et met un doigt sur sa bouche pour lui faire signe de ne pas faire de bruit. Elle se met à son tour accroupi, regarde par le trou de la serrure et se redresse. Elle se tourne de nouveau vers Oxelle et fait lentement « non » de la tête.
Oxelle reprend alors le contrôle sur sa haine.
Nina a raison. Elle ne doit pas faire ça. C'est un trop grand risque. Elles sont ici pour Hyppolyte. Personne d'autre ne compte en cet instant.
Soudain, elles entendent un bruit provenant d'une porte sur la droite. Elles échangent un regard et, tenant fermement leurs couteaux respectifs, elles s'approchent.
Il n'y a pas de serrure, donc aucun moyen de regarder sans ouvrir. Nina plaque son oreille, un nouveau bruit, comme un objet qui tombe.
Et si Hyppolyte était derrière cette porte? Elles ne peuvent pas seulement ignorer ce bruit, elles doivent en être sure. Mais si ce n'est pas lui... alors peut être vont elles détruire toutes leurs chances de s'échapper.
Elles se regardent et se comprennent. Elles n'ont pas le choix...
Elles se placent chacune d'un côté de la porte, Oxelle pose sa main sur la poignée et après une longue respiration elle fait un signe de tête et ouvre d'un coup. Elles s'introduisent à l'intérieur aussi vite qu'elles le peuvent, couteaux brandis, mais réalise soudain que face à elle ne se trouve qu'un petit lit d'enfant avec Hyppolyte.
Le soulagement de Nina est incommensurable. Elle lâche son arme au sol et vient prendre son enfant dans ses bras, les larmes aux yeux.
-Ohhh mon amour, mon bébé... Maman est là. C'est fini. Maman est là...
Elle sent son odeur, le serre contre son cœur et ne peut empêcher les larmes de se mettre à couler.
Dans ses mains il tient un jouet en bois. C'est ça qu'il faisait tomber et ramassait et qui a interpellé les deux jeunes femmes.
Hyppolyte ne comprend pas la gravité de la situation, il n'a pas conscience de la souffrance par laquelle est passée sa mère, il ne se doute pas un instant de ce qu'elle a dû subir avant d'arriver jusqu'ici...
Oxelle ramasse le couteau ensanglanté sur le sol et reste sur ses gardes, mais elle aussi est heureuse d'avoir retrouvé le petit et émue par ces retrouvailles.
-Ils t'on permis de le voir pendant toutes ces années?
Nina renifle et se tourne vers Oxelle, le garçon toujours dans ses bras, son jouet dans les mains.
-Modeste me l'amenait parfois, lorsque j'avais été particulièrement irréprochable dans mon comportement. Il ne me laissait jamais seul avec lui mais me libérait les mains et retirait mon bâillon pour que je puisse lui parler, lui faire des câlins et...
-AAAAAHHHHHH!
Nina est coupée par un long hurlement strident provenant du rez-de-chaussée. Aussitôt Oxelle se jette sur la porte pour la fermer et redonne son couteau à Nina.
-Ça y est... Ils ont trouvé Silvain et Victorine.