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By Feeling_Alive

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Souviens-toi.
[Partie 1]


Beacon Hills, Californie.
Vendredi 24 Janvier 2014

Les gyrophares illuminaient la rue et les visages de tous les inspecteurs de police présents sur les lieux. Les sirènes des ambulances résonnaient à nos oreilles, rendant la situation bien plus dramatique qu'elle ne l'était réellement. Un hélicoptère passa au-dessus de nos têtes alors qu'un membre de l'équipe ambulancier s'occupait de mon saignement de nez. Ses mains, couvertes de gants en latex, attrapèrent mon visage pour le pencher en arrière.

« Combien de fois je vais devoir vous dire que je vais bien ? pestai-je en sentant son pouce presser l'une de mes narines contre ma cloison nasale.

- Arrête de faire le bébé et laisse-moi au moins stopper le saignement, répondit-il en insérant un bout de coton dans ma narine sanglante. Terminé.

- C'est complètement stupide, nasillai-je. »

Le trentenaire, pourtant très charmant, ne put s'empêcher de sourire tout en hochant désespérément de la tête face à mon caractère, qu'il définissait impossible.

« Je serais toi, je serais reconnaissante de ne pas avoir été percuté par cette fourgonnette, ajouta le bel homme brun en retirant habilement ses gants. »

Une moue embarrassée se peignit sur mon visage ; mieux valait ne pas trop la ramener après ce que nous avions fait.

« Bien, Mani. Ne le prends pas mal mais j'espère qu'on ne se reverra pas de sitôt.

- Oh non, je comprends, soupirai-je avant de l'observer s'éloigner et rejoindre ses collègues de travail. »

Dès qu'il eut le dos tourné, je retirai le bout de coton qui m'empêchait de parler normalement et le jetai au sol. Je le piétinai en rebroussant chemin et rejoignit mes deux complices et fauteurs de troubles favoris. J'avais hésité à continuer en voyant le shérif, habillé de son uniforme habituel, s'avancer lui aussi vers eux, et découvrir son fils recevoir une attelle au poignet droit ne l'empêcha pas de répliquer :

« Bon sang, qu'est-ce... qui vous est passé par la tête à vous trois ? »

Le voir me pointer dangereusement du doigt m'obligea à avancer timidement vers mes camarades.

« On essayait juste d'aider, se défendit Scott.

- Pourquoi vous n'essayerez pas de m'aider à comprendre ce qu'il s'est passé ici ? cracha-t-il, fou de rage.

- Eh bien... rétorqua Stiles. On essayait de le persuader gentiment de se garer sur le côté... »

Gentiment n'était pas vraiment le mot... Le regard du shérif se tourna délicatement vers le mien, me questionnant de ses beaux yeux bleus sur l'honnêteté de son fils. Mes bras, croisés sur ma poitrine, s'agitèrent et mes yeux retombèrent sur le bitume en repensant aux certaines omissions de Stiles.

_________________

...Flashback ;
Quelques minutes plus tôt...

Au loin, la fourgonnette divaguait à toute vitesse, mordant sur la voie opposée alors que Scott, exposé sous sa forme de loup, s'accrochait sur le capot à l'aide de ses griffes tout en rugissant à pleine voix. Je me frottai les mains, me plaçant en plein milieu de la route en espérant ne pas y perdre la vie. Je soufflai un bon coup et relevai mes mains en direction du véhicule pour faire appel à mes pouvoirs en forçant de toutes mes forces sur mes capacités. Une bourrasque de vent m'accompagna dans mes efforts. Les pneus se mirent à crisser sur le béton, de la fumée s'émana du caoutchouc et mon cœur rata un battement en remarquant la fourgonnette se rapprocher bien trop rapidement de ma personne. Je criai, poussant un peu plus sur chacun de mes muscles pour abuser d'une bonne partie de mon énergie et ne pas me voir heurter par un véhicule qui ne ferait de moi qu'une bouchée. Les roues grincèrent et éventuellement, le véhicule s'arrêta net. Ce n'est qu'en rouvrant les yeux que je le découvris à moins de cinq centimètres seulement de mon corps.

_________________

Mes yeux se plissèrent en sentant le regard du shérif insister sur ma posture remplie de culpabilité.

« On a peut-être utilisé un peu plus que nos pouvoirs de persuasion... avouai-je.

- Peut-être ? renchérit-il dans un murmure remplit de colère. J'ai toute une équipe qui se demande comment la copine de mon fils n'est pas passée sous les roues de ce véhicule étant donné que ces foutues traces de pneus n'ont aucun sens. »

Mes yeux bruns se tournèrent discrètement vers le bitume. En temps normal, les marques de pneu auraient disparu progressivement, mais dans ce cas-là... l'arrêt se faisait net et précis, chose tout à fait impossible, surtout lorsque la vitesse du véhicule était prise en compte.

« Il s'enfuyait, tenta Scott, lui-même peu convaincu de pouvoir calmer Noah avec cet argument.

- Il s'est enfui, répondit le shérif. »

Une moue s'afficha sur mes lèvres alors que mes doigts grattèrent mon crâne chevelu de manière tout à fait désinvolte.

« Oui, parce que c'est clairement un sorte de génie du crime, papa, insista le jeune homme.

- Ah oui ? dit son père en nous accompagnant jusqu'à l'arrière de la fourgonnette. Vous voulez deviner ce qu'est la marchandise volée ? »

Le shérif ouvrit les portes arrière, dévoilant la marchandise sous forme de large bouteille en métal. 

« Du matériel médical vital ? tenta Stiles, sûr de lui.

- Non.

- Du gaz toxique ?

- Non. »

Son assurance se mit à fébrile en voyant son père rejeter chacune de ses propositions.

« Une cargaison de drogue ? »

Mes sourcils se froncèrent, il n'y avait aucun moyen pour que ces dizaines de bouteilles soient en lien avec de la drogue.

« De l'hélium, révéla le shérif. »

Nous tombâmes de haut. Après tous les efforts que nous avions effectués pour stopper cette fourgonnette, il était difficile de croire que des bouteilles d'hélium se trouvaient à l'intérieur.

« Hélium...bégaya Stiles. »

_______

« Ça pourrait être une bonne chose, avoua Scott, assit au volant de la jeep en mouvement.

- Qu'on ait sauvé de l'hélium ? demanda Stiles, frustré. »

Assise à l'arrière, le regard à la fenêtre, je recrachai un sourire tout en admirant les arbres défilant le long de la route.

« Non, je veux dire...reprit l'Alpha, lui aussi amusé. Ils n'ont plus besoin de nous. »

Alors que j'appréciais la beauté de la forêt de notre ville, ces quelques mots attirèrent mon attention. Il était difficile de croire que les forces de l'ordre n'aient plus réellement besoin de notre aide et pourtant, un certain soulagement taquina mes pensées.

« Ils ont besoin de nous, c'est juste qu'ils ne le savent pas, insista Stiles.

- On va tous bientôt partir à la fac donc Beacon Hills va devoir survivre sans nous.

- Ce n'est peut-être pas si mal, répliquai-je en me relevant du dossier pour me rapprocher des sièges à l'avant. Imagine les nuits en moins à se réveiller en panique en croyant que quelque chose d'horrible va se produire.

- Pas si mal ? s'offusqua le jeune homme. Beacon Hills sera réduit en cendres sans nous.

- Stiles, insista notre ami. Ils n'ont pas besoin de nous. »

Ça ne semblait pas arranger mon copain. Sauver notre ville, secourir les habitants... D'une certaine manière, Stiles adorait ça et ça ne me rassurait absolument pas. Après avoir sentie son téléphone vibrer, le garçon le récupéra pour lire le correspondant de l'appel entrant. Il s'empressa de relever son portable pour nous révéler l'identité de l'appelant, qui n'était autre que son père, et s'exclama :

« Ils ont besoin de nous ! »

Scott avait alors tout de suite fait demi-tour, car nous étions tous les trois conviés à venir au commissariat. Le trajet n'avait même pas duré vingt minutes, mais Noah avait eu le temps de nous expliquer la raison de son appel : Liam et Hayden avaient retrouvé un enfant dans une voiture roulant au pas dans un sentier. Le gamin déclarait avoir été témoin de l'enlèvement de ses parents, cependant, il était incapable de se souvenir de quoi que ce soit.

Tous les trois à la porte du bureau du shérif, débarrassés de nos vestes, nous observions le père de Stiles s'agenouiller auprès du petit encore secoué.

« Alex, tu sais qu'on a du mal à localiser tes parents et étant donné que tu ne te souviens de rien, on a une méthode. Une méthode plutôt étrange qui pourrait t'aider à te rappeler mais j'ai besoin de ton accord. Il faut aussi que tu saches que ça va probablement faire mal. »

Scott et moi-même nous regardions l'un l'autre, dérangés par ce que nous nous apprêtions à faire.

« Je m'en fiche, admit Alex. Je veux juste retrouver ma mère et mon père. »

Noah se tourna alors vers nous. Nous savions ce qu'il nous restait à faire.

Derrière Alex, j'observai Noah fermer les stores de son bureau tandis que Scott, agenouillé au pied du garçon, posa sa main sur son épaule dans le simple but de le rassurer.

« Quelqu'un peut me rappeler pourquoi vous devez absolument rentrer tous les deux dans sa tête ? demanda Stiles, prêt de son père.

- Parce que, soupirai-je en attrapant un coupe-papier, je pourrais peut-être voir quelque chose que Scott ne verra pas et vice-versa. A deux, on a moins de chance de louper les indices importants. »

Je m'inclinai près d'Alex et lui fis signe de me tendre sa main tout en lui offrant un regard réconfortant. Il posa alors le dos de celle-ci sur la mienne.

« Ça va faire un peu mal, prévins-je, inquiète de trop le blesser. »

Il acquiesça. La douleur n'était rien, il voulait tout simplement retrouver ses parents et c'était bien ce que nous comptions faire. Il inspira fortement en sentant la dague entailler une infime quantité de peau mais le plus dur restait encore à venir. Je poursuivis en m'incisant à mon tour la paume de la main, grognant silencieusement et malgré moi. Scott me questionna d'un simple hochement de tête et j'acquiesçai ; j'étais bel et bien préparée à pratiquer.

« Tu es prêt ? demanda Scott en se tournant vers Alex, un sourire cordial aux lèvres. »

Le jeune homme hocha positivement de la tête. J'enroulai alors mes doigts autour de sa petite main, collant ma paume à la sienne pour mêler notre sang et établir le contact entre mon esprit et le sien tandis que Scott dévoilait ses griffes derrière la nuque du garçon. Je fermai les yeux.

Inspire. Vide ton esprit et...

« Immiscere de intus memoria, susurrai-je. »

La main d'Alex renforça son emprise sur la mienne en sentant les griffes de mon ami s'enfoncer dans son cou. Le sol trembla sous mes pieds. Un vacarme infini s'empara de la pièce toute entière avant qu'un silence obnubilant ne fasse surface.

Nous y sommes.

Je rouvris les yeux, bercé par le ronronnement de la voiture dans laquelle j'étais assise. Au volant, un homme conduisait alors que sa femme observait Alex, lui aussi posé sur la banquette arrière, le regard à la fenêtre.

« Je t'avais dit qu'on n'aurait pas dû l'emmener voir un film au moins de seize ans, rétorqua la mère, inquiète.

- Je n'ai pas eu peur, intervint Alex.

- Hé bien, moi, j'étais terrifié, avoua le père. Peut-être que c'est moi qu'il ne faudrait pas emmener voir ce genre de film. »

Le rire de la trentenaire aux cheveux bruns résonna dans le véhicule alors que j'essayais de surpasser ce sentiment étrange résultant du sort que j'étais en train de pratiquer. En effet, j'avais comme l'étrange impression de ne ressentir aucune émotion et mon regard impassible parlait de lui-même.

« Tu n'as pas eu peur ? demanda-t-elle. Même pas un peu ?

- Peut-être un peu, admit Alex. »

Sa mère rit à nouveau en se retournant sur son siège pour faire face à la route. Les phares éclairaient le chemin goudronné qui suivait la réserve, dans cette nuit sombre et humide de janvier. Tout à coup, la mère d'Alex se mit à crier et son mari freina brusquement, évitant de peu la silhouette étrange d'un homme à cheval. Le tonnerre gronda et un éclair poussa le cheval noir à cabrer sur ses deux pattes arrière, tout en hennissant. L'homme au long manteau de cuir et au chapeau de cowboy sauta à terre. Ses éperons résonnèrent en s'abattant sur ses vieilles bottes. Ses mains, habillées d'une paire de gants, relevèrent une partie de son manteau pour dévoiler un holster équipé d'un revolver. Il l'extirpa aussitôt de son étui et visa le véhicule.

« Recule ! cria la jeune femme. Roule ! »

La boite de vitesse ne répondait plus, empêchant le père d'Alex de faire demi-tour assez rapidement. Sa mère se retourna vers son fils en s'enfonçant dans son siège et ordonna :

« Baisse-toi ! »

L'homme au visage masqué avança avant de faire feu. Le pare-brise éclata et des centaines de bouts de verres se répandirent dans la voiture. Leur agresseur se jeta sur le capot, attrapa le père par le col et le traîna sauvagement à l'extérieur sous les hurlements incessants de sa femme. Alex, tétanisé, regarda l'étranger rejoindre la porte côté passager qu'il saisit de ses deux mains. La portière se détacha aisément du véhicule et trouva refuge à l'autre bout de la route. Epouvantée, la mère virevolta vers son fils en essayant de toucher au levier de vitesse avant d'être emporté en un claquement de doigt par l'homme au chapeau. Le tonnerre avait aussitôt cessé et les éclairs n'illuminaient plus le ciel. Un silence effroyable conquit les lieux.

Que vient-il de se passer ?

Je n'y comprenais rien. Ils avaient disparu... sous mes yeux et sans explication logique. Le vent souffla et les feuilles dansèrent sous son contrôle. Mon instinct et toutes mes entrailles me demandaient de sortir de cette voiture. Troublée par ce sentiment, j'attrapai la poignée du véhicule pour ouvrir la portière et entendre des murmures incessants. Depuis le temps, ça aurait dû devenir une habitude et pourtant, je pouvais sentir mes poils se hérisser à ces chants chuchotés de manière peu rassurante.

« Riders on the storm...murmura un nombre incalculable de voix indistinctes. Riders on the storm... »

Je me tournais face au vent, cherchant à discerner d'où venaient ces sons obscurs.

« There's a killer on the road... »

Un éclair brilla dans le ciel. Les secondes s'allongèrent, le temps se mit à ralentir. Je ne pouvais entendre que les battements de mon cœur s'agiter contre ma poitrine.

« Prends garde ! chuchota une voix à l'intonation malsaine, au creux de mon oreille. »

Effrayée, je me retournai brusquement. J'eus à peine le temps de remarquer la présence de l'homme au visage masqué qui, à seulement deux centimètres de ma personne, s'empara de ma gorge pour me soulever du sol d'une facilité déconcertante.

La douleur et le manque d'air m'obligèrent à me réveiller. Une inspiration tenace me brûla la trachée alors que mes mains tombèrent sur le parquet. Le shérif et Stiles se jetèrent à mes côtés pendant que Scott essayait encore de retrouver ses esprits.

« Tout va bien ? me demanda Noah. »

Perturbée par ce qu'il venait de se passer, ma main gauche se frotta à mon cou meurtri par les doigts de cet étranger. Ils m'aidèrent à me relever malgré mon agitation :

« Il m'a vu, soupirai-je. Il...

- Le gars sur le cheval ? questionna Scott, encore déboussolé par notre plongée dans les pensées du jeune homme. »

Je relevai mon regard empli d'incompréhension vers mon camarade avant d'acquiescer.

« Un cheval ? interrogea Stiles, surpris.

- Il avait un flingue, ajouta le loup-garou.

- Ok, un gars avec un flingue, ça c'est plus ma spécialité, pas la vôtre, admit le shérif.

- Et qu'en est-il de ses parents ? Que leur est-il arrivé ? »

Mes yeux bruns dérivèrent vers le jeune homme encore inconscient alors que Scott expliquait :

« J'en sais rien. C'est tout ce dont je me souviens mais... J'ai ce pressentiment.

- Quel genre de pressentiment ? répliqua Noah.

- Ils vont revenir, intervint Alex. »

Le petit homme releva sa tête pour nous regarder tour à tour et avoua :

« Ils vont revenir me chercher. »

_______

La casse de notre ville de Californie restait silencieuse malgré nos chaussures qui frappaient le goudron humide. Lydia inspectait la voiture des parents d'Alex, recherchant le moindre élément surnaturel à rattacher à ce que nous avions découvert de notre côté. Quant à moi, j'examinai une énième fois le 4x4 noir, tout en discutant avec Scott :

« Donc, tu ne sais pas pourquoi ce gars était capable de te voir ? me demanda mon ami en m'accompagnant jusqu'à l'arrière du véhicule.

- Je n'en ai aucune idée, avouai-je en caressant la carrosserie de ma main gauche. Il n'aurait jamais dû pouvoir me voir, ni même me toucher, c'est le concept même du sort : je suis là, je suis bien présente mais je n'existe pas. »

Il observa les quelques gouttes d'eau qui s'étaient glissées sur mes doigts. Mon index et mon pouce s'unirent pour se délecter de l'humidité de ce liquide transparent.

« Ça présage rien de bon, c'est ça ? ajouta-t-il, inquiet. »

J'acquiesçai, même si l'envie m'en manquait, avant d'expliquer :

« Si ce gars existe vraiment, les problèmes ne font sûrement que commencer.

- Si il existe ? questionna-t-il, surpris de me voir émettre la possibilité du contraire. Tu penses qu'il n'est pas réel ?

- Je pense que rien n'est sûr, soupirai-je en m'appuyant contre le coffre. Le petit venait de voir un film d'horreur, qui sait s'il n'a pas imaginé toute cette histoire par peur de se souvenir de ce qui est réellement arrivé à ses parents ? »

Nous nous regardâmes un instant. Scott était sceptique, mais plus il y pensait, plus ma théorie était une possibilité qu'il préférait voir se confirmer.

« Nos pouvoirs ne sont pas une science exacte et tu le sais, ajoutai-je.

- Oui mais ça avait quand même l'air bien réel, dit-il, troublé. »

Je me pinçai les lèvres et relevai les mains en l'air pour avouer :

« Tout ce que je dis, c'est qu'on doit penser à toutes les possibilités. »

Le jeune homme se rongea l'intérieur de la joue tout en observant le sol. Je me relevai du coffre et repris mon analyse détaillée de la carrosserie. Ma main caressa l'acier galvanisé en essayant de ressentir la moindre énergie surnaturelle qui pourrait trahir la présence d'un nouvel ennemi.

« Pourquoi tu es restée plus longtemps ? reprit-il, curieux, en prenant le temps de me suivre autour du véhicule.

- Hmm ? répondis-je, en me retournant vers mon ami.

- Tu es restée à l'intérieur de sa tête trente secondes de plus que moi. Pourquoi ? »

- J'ai entendu quelque chose.

- Tu as entendu quoi ? insista Scott.

- Euh...soupirai-je, longuement. »

La question n'avait rien de compliqué et pourtant, j'avais énormément de mal à trouver la réponse. Ma descente dans les souvenirs d'Alex se révélait être plus flou que prévue. Je me voyais sortir de cette foutue voiture et sentir le vent jouer avec mes cheveux mais les autres détails ne voulaient tout simplement pas me revenir. Mon incompréhension se peignit sur mon visage tandis que la voix de Stiles retentissait à l'intérieur du 4x4 :

« Quoi ?! »

Scott et moi nous hâtâmes à l'avant de la voiture en pensant voir Lydia nous apporter des preuves d'une présence démoniaque. Toutefois, notre amie semblait tout simplement subjuguée par son fard à paupières qu'elle admirait à travers le miroir du pare-soleil.

« C'est la couleur parfaite pour moi. J'ai oublié le nom. »

Je levai les yeux aux ciels, sans pour autant réussir à cacher mon amusement.

« Est-ce qu'on peut rester concentrer sur le sujet ? pesta mon copain.

- Lyd's, t'as quelque chose ? rétorquai-je, un sourire en coin.

- Je ne perçois rien du tout, avoua-t-elle, épuisée. »

Le hurlement d'un coyote résonna dans tout le cimetière de voitures. L'animal sauta la montagne de pneu qui trônait près du grillage bâché. Je fis alors signe à Lydia de prendre les vêtements qu'elle avait laissé sur le siège passager tandis que le canidé galopait jusqu'à nous. Ses beaux yeux bleus luisants trahissaient la présence de notre amie dans ce corps animal. Très vite, ses pattes perdirent leur fourrure pour révéler une peau mate qui se profila sur l'entièreté du coyote et la forme humaine de Malia se révéla. La jeune fille aux yeux étincelants se releva, entièrement nue.

« Je ne pense pas qu'ils soient morts, lui avoua Lydia en refermant la porte du véhicule.

- Ils sont morts, affirma Malia, en attrapant la chemise que lui tendit la rouquine. Probablement dépecés. »

Stiles sortit lui aussi du 4x4 noir alors que la jeune coyote-garou se rhabillait sous nos yeux en ajoutant :

« La seule chose que je ne comprends pas, c'est pourquoi il n'y a pas de sang.

- Ils ne sont pas morts, insista Lydia. S'ils étaient morts, je le saurais.

- S'ils étaient vivants, je le sentirais.

- Ouais, moi non plus, je ne sens rien, soutint Scott.

- Scott, de quoi tu parles ? intervint Stiles, outré. Tu étais dans sa tête pendant quatre minutes. J'ai chronométré.

- Comme Mani me disait, ce n'est pas une science exacte. Et c'est un gosse, peut-être qu'il a trop peur pour se souvenir. »

Stiles me lança un regard noir qui me prit au dépourvu. Je relevai les épaules, soutenant toujours ce que j'avais démontré à Scott un peu plus tôt.

« En quoi c'est important s'ils sont morts ? demanda Malia, en enfilant un short en jean. Mort, c'est mort, point barre.

- Ok, si c'est juste un vol, on ne peut pas les aider. Et si c'est quelque chose de surnaturel, mon père ne peut pas les aider, expliqua Stilinski.

- On dirait que tu veux que ce soit surnaturel, pointa Lydia.

Ma tête hocha en approbation à ce que venait de dire notre camarade.

« Ça fait trois mois qu'il ne s'est rien passé, se défendit mon copain.

- Ouais et une fois par semaine tu me traînes hors du lit comme si j'étais un genre de détecteur de métaux pour surnaturel, pesta la jeune fille.

- Ok, c'est bien plus souvent que ça, répondit-il. Tu ne peux pas me dire que tu penses que c'est juste une série improbable de coïncidences ?

- Tout ce que je dis, c'est que ça ne serait peut-être pas plus mal. »

Lydia nous tourna alors le dos, suivit de Malia, pour rentrer passer une bonne nuit de sommeil. Stiles voulut les convaincre de rester mais se rétracta en réalisant qu'il ne savait pas quoi dire. Il virevolta vers nous en espérant nous voir le rassurer, mais Scott se contenta de balancer ses bras en signe de capitulation. Il se dirigea alors vers la voiture, énervé.

« Elle n'a pas tort, tu sais, répliquai-je, en l'observant s'emparer de la poignée du véhicule. Il n'y a rien de mal dans le fait de se contenter d'une vie normale. »

Il m'ignora et préféra s'asseoir dans la voiture pour claquer la porte derrière lui. Scott m'offrit une caresse sur l'épaule avant de rejoindre notre ami qui fixait intensément le pare-brise en morceaux.

« Tu fixes un pare-brise cassé, fit remarquer l'Alpha. »

Stiles soupira et commenta :

« Il a quelque chose d'anormal. »

Mes yeux se fermèrent alors que ma tête retombait sur ma poitrine dans un soupir qui se mêla à la brise d'air fraîche.

« C'est cassé, ajouta Scott, prêt à persuader son ami que tout cette histoire n'était en aucun cas mêlait au surnaturel. »

Il posa sa main sur la portière.

« Et ce n'était pas une balle magique. C'était une balle normale qui a explosé un pare-brise normal. »

J'inspirai, appréciant la fraicheur de cette nuit de janvier en écoutant Scott continuer :

« Tout comme celui-là, dit-il en pointant le pare-brise d'une autre voiture. Et celui-là... »

Mon visage se releva lentement pour observer les voitures montrées par mon camarade. Deux voitures pouvaient être une coïncidence mais trois relevaient tout de même de l'impossible. Le shérif lui-même nous l'avait appris : un est accident, deux un hasard et trois une piste.

« Ou encore celui-là...murmura Scott, troublé. »

Je me retournai vers Scott et Stiles. Mon copain récupéra un bout de verre puis soupira, interloqué :

« Une balle magique. »

_______

La serrure cliqueta au contact de mes clés. J'ouvris la porte de la chaleureuse maison en bois de Will pour entrer avec Stiles et allumai la lumière. L'intérieur de ce chalet que je considérais aujourd'hui comme un second chez-moi se dévoila à nous.

« Je ne dis pas que je n'y crois pas, je dis juste qu'une balle magique... C'est un peu absurde, avouai-je en posant mes clés sur le buffet prêt de l'entrée.

- Quoi- Mani, tout à propos de nos vies est absurde. »

Je me mordis les lèvres, repensant à tout ce qui n'avait aucun sens dans nos vies et le pourcentage était assez élevé.

« C'est pas faux, murmurai-je. »

♫ | State Line by Novo Amor | ♫

Un sourire aux coins des lèvres, je m'éloignai de Stiles tout en lui demandant s'il voulait quelque chose à boire. Cependant, il attrapa délicatement ma main pour me forcer à me tourner vers lui alors qu'il ajoutait :

« Il faut vraiment que tu restes tout le week-end chez ton père ?

- C'est pas vrai, pas encore... murmurai-je, en baissant le regard dans un soupir.

- Rien ne t'empêche de faire une exception pour cette semaine.

- Stiles, c'est juste histoire de deux jours. Lundi, après les cours, je serais déjà de retour à la maison et ce sera comme si je n'étais jamais partie.  »

Depuis deux mois, j'avais délaissé le loft de Derek pour repartir vivre chez les Stilinski. La cerise sur le gâteau était que William avait voulu lui aussi me loger ; il disait ne pas vouloir commettre les mêmes erreurs et voulaient apparemment renouer les liens père-fille qui nous liait par le sang. Il n'avait pas menti. Depuis un mois et demi maintenant, je me rendais tous les week-ends chez lui et tout se passait étrangement bien.

Mes mains attrapèrent celles de Stiles alors qu'un sourire se formait un peu plus sur mon visage. Il enroula ses doigts autour de mes mains et les amena sur son torse.

« C'est à mon père que tu devrais dire ça, répondit-il, timidement. Il a vraiment du mal à supporter la distance.

- Ouais, c'est ça, ris-je, en détournant le regard. »

En me voyant sourire malgré moi, Stiles ne put s'empêcher d'étirer ses lèvres à son tour.

« Quoi ? pouffa-t-il, en feignant ne pas comprendre ma réaction. »

Son sourire était capable de me rendre si vulnérable et le voir apparaître par ma faute me faisait ressentir des sentiments que j'étais incapable de décrire. J'étais tout simplement folle de ce foutu sourire. Je pris le temps de me calmer, soupirant en gardant le regard au sol par peur de le voir me déconcentrer à nouveau. Je m'humidifiai les lèvres, ravalant mon amusement pour reprendre :

« C'est vraiment important pour moi de passer du temps avec lui, Stiles. Je peux m'occuper des jumeaux, créer des liens avec mon père...

- Je sais, susurra-t-il, en me comprenant entièrement.

- Et on a enfin dépassé le stade où ce n'est plus bizarre de rester ensemble plus de vingt-quatre heures, conclus-je, le regard plein d'espoir avant de calmer mon enthousiasme. J'ai besoin de ces week-ends. »

Le jeune homme me rassura de ses beaux yeux doux et répéta :

« Je sais. »

Ses doigts caressèrent le dos de chacune de mes mains sans même me lâcher du regard. Soulagée, j'inspirai puis expirai dans un sourire.

« Promets-moi juste que tu ne deviendras pas comme ton père, reprit-il en manquant de sérieux.

- J'y crois pas, soupirai-je, amusée.

- Quoi ? continua-t-il, faussement outré. J'ai dit quelque chose de drôle ?

- Tu ne l'aimes pas juste parce qu'il t'a appelé Stan, une ou deux fois, pointai-je. »

Il exagéra l'expression offensé qui avait déteint sur son visage et se défendit aussitôt :

« Une ou deux fois ? Tu veux dire à chaque fois ! C'est comme s'il essayait de le placer à chaque fin de phrase. »

Je me pinçais les lèvres en essayant de cacher le sourire qui me démangeait la bouche. Le comportement de William avec Stiles n'était pas des plus tendres, je pouvais l'admettre mais ce n'était jamais rien de bien méchant.

« Je ne pense pas l'avoir entendu m'appeler par mon vrai prénom une seule fois, marmonna-t-il, en y réfléchissant un peu plus.

- Il le fait exprès, intervins-je enfin. C'est juste sa façon à lui de prouver qu'il est un bon père.

- En se comportant comme un trou du cul ? »

Mon sourire se raviva à cette remarque. Stiles avait probablement choisi les bons mots pour décrire mon imbécile de père. Mes mains se posèrent sur ses épaules et glissèrent sur sa nuque.

« Ecoute... Rester ici et traîner avec Will... dis-je, d'une voix plus douce alors que mon regard se plantait dans le sien. Ça ne changera en rien ce que je ressens pour toi. »

Ses yeux s'adoucirent et sa colère envers le comportement de William s'évanouit à son tour.

« Ok ? demandai-je, en étirant subtilement mes lèvres. »

Il se contenta de me fixer, surpris et surtout heureux.

« Ok ? insistai-je en admirant son sourire de plus en plus flagrant.

- Ouais, ok, rit-il, amusé par mon entêtement.

- Ok, murmurai-je, dans un soupir. »

Mes mains passèrent sur son torse, suivis par mon regard. Nous restâmes ainsi quelques secondes, appréciant la présence de notre partenaire dans un moment de silence qui ne pouvait que nous reposer.

« J'espère que tu ne penseras pas que c'est trop tôt...répliqua-t-il dans un murmure anxieux. »

Stiles se décida à récupérer, dans la poche arrière de son jean, un petit pochon en coton noir. Mon cœur rata instantanément un battement tandis que mes bras retombèrent le long de mon corps. 

« Je voulais te l'offrir dimanche mais...m'expliqua-t-il. Je trouve que le moment s'y prête mieux maintenant.

- Euh...bégayai-je, les yeux rivés sur la pochette qu'il avait en main. Qu'est-ce que c'est ?

- Tu n'as qu'à le découvrir par toi-même, dit-il en me tendant un peu plus le pochon.»

Je n'avais aucune raison de stresser et pourtant, mon cœur ne cessait de s'emballer. Mes yeux de biche, décorés de deux sourcils froncés, l'observèrent un instant avant de retomber sur la pochette que je récupérais délicatement de mes doigts tremblotants. Je démêlais les ficelles qui la maintenaient fermée avant de faire glisser ce qu'elle y contenait dans la paume de ma main. Une chaîne grise et froide s'affaissa sur les lignes de ma main. Le pendentif s'étala à son tour, dévoilant un arbre de vie aux contours très fins, dont les branches venaient se mêlaient au cercle qui le bordait. Derrière l'arbre, se trouvait une pierre transparente et laiteuse, elle aussi très mince.

« Je l'ai vu et j'ai tout de suite pensé au saule. »

Mes doigts vinrent caresser l'acier allié d'une douceur inégale. Tout mon stress s'était évadé de mon corps en découvrant ce cadeau.

« La femme qui me l'a vendu m'a dit que ça représentait la sagesse de la lune et de la nature. »

Je l'admirai un peu plus, décortiquant chaque détail qui se permettait de le rendre encore plus magnifique. C'était le pendentif parfait. D'une certaine manière, il représentait tout ce que j'avais de plus cher au monde : ma meute, mes amis, ma famille et ma vraie nature.

« Stiles, je...balbutiai-je, surprise. »

Je relevai mon regard vers celui de mon copain qui attendait impatiemment d'avoir mon avis.

« C'est magnifique, avouai-je. »

Un poids se retira de ses épaules et un sourire s'afficha sur sa frimousse.

« Je ne sais pas quoi dire, soupirai-je, perturbée par mes sentiments. C'est parfait. »

J'observai à nouveau le pendentif, me concentrant sur les milliers de papillons qui me titillaient le ventre. Je m'humidifiai les lèvres tout en révélant un sourire alors que je rabattais mes cheveux en arrière d'un simple mouvement de tête.

« Merci, murmurai-je. »

  Ne sachant pas quoi dire à son tour, il acquiesça en étirant tendrement ses lèvres. Je lui tendis le bijou en ajoutant :

« Tu peux... ?

- Euh, oui, bien sûr, dit-il en récupérant le collier. »

Je pris le temps de me tourner dos à lui, en attrapant mes cheveux pour dégager ma nuque. Stiles passa la chaine au-dessus de ma tête. Le pendentif se colla à ma peau ; des frissons parcoururent mon corps en sentant la fraicheur de ce dernier. Mes doigts parcoururent à nouveau le médaillon qui me plaisait tant tandis que je me retournai vers mon copain qui ne pouvait pas être plus fier de son geste. Mes yeux se plantèrent dans les siens et ce regard, qui me faisait face, poussa mon cœur à battre à la chamade. A cet instant précis, une peur bleu m'envahit, me paralysant de haut en bas. Je comprenais enfin les trois petits mots coincés dans ma gorge.

« Je...susurrai-je, troublée. »

Je n'avais jamais ressenti quelque chose d'aussi fort pour personne mais était-ce réellement de l'amour ? Certes, ce n'était que trois mots mais ils détenaient un pouvoir et une valeur qui me terrifiaient.

« Je l'adore, rattrapai-je. »

Une partie de moi se sentait coupable de ne pas avoir eu le courage de le dire mais tout mon être me répétait que c'était un risque à ne pas prendre. J'avais des sentiments pour Stiles, j'en étais certaine mais parler d'amour me terrorisait. J'inspirai, me vidant l'esprit de mes craintes, pour sourire vaillamment et lui offrir un doux baiser. Mes mains empoignèrent les siennes alors qu'un petit air coquin se peignit sur mon visage.

« J'ai peut-être une idée pour te remercier correctement. »

Ses sourcils se levèrent alors que je le tirais pas après pas près de moi. Je m'appuyai contre le piano qui trônait dans le couloir. 

« Ah oui ? demanda-t-il, amusé.

- Huh, huh, répondis-je, en acquiesçant. »

Je collai ma bouche à la sienne, scellant nos lèvres pour entamer un baiser torride et passionné. Ses mains attrapèrent ma taille et passèrent lentement sous mon haut pour se clouer à ma peau. Malgré la chair de poule qui parcourut mes bras, mes doigts caressèrent sa nuque.

« Et ton père ? susurra-t-il entre deux baisers.

- Il est allé chercher les jumeaux chez Josie, murmurai-je à mon tour. Il est probablement coincé dans les bouchons.

- Probablement ? continua-t-il.

- Fais-moi confiance. »

Mes doigts retombèrent sur son torse bien droit. Il posa ses mains sous mes cuisses et m'assit sur le piano. Incapables de décollés mes lèvres des siennes, mes petites pattes parcoururent son cou puis ses cheveux. Il fit alors glisser la manche de mon pull par-dessus mon épaule mais, sans prévenir, la porte d'entrée s'ouvrit. Etonnés, nous nous retournâmes, les lèvres rouges et les cheveux en bataille. Will se tint là, les jumeaux dans les bras et ses clés en mains.

« Merde...murmurai-je, en descendant du piano.

- Je préfère pas demander, pesta Will. »

J'ajustai mes habits, gênés. Stiles se contenta de se racler la gorge tout en se frottant l'arrière du crâne. Mon père se précipita à mes côtés pour me confier Bella puis rejoint en vitesse le salon, tout en gardant Samuel au bras et clarifiant :

« Vous aviez deux règles très simples. Deux foutues règles. Pas de bécotage devant moi et pas de sexe dans cette maison, c'est tout ce que je demandais. »

Je me mordis la lèvre, admirant le bébé que j'avais en bras. Ses beaux yeux verts, qu'elle tenait de son père, semblait me fixer comme si elle savait exactement tout ce que j'avais eu envie de faire à Stiles.

« Non seulement vous ne vous gênez pas pour les enfreindre, mais en plus de ça, vous le faites sur mon piano ? cracha-t-il, offusqué.

- Ok...soupira Stiles. Je devrais y aller. »

Je lui offris une moue désespérée, lui révélant que c'était, en effet, sûrement la meilleure chose à faire.

« C'est une brillante idée, s'exclama William.

- Désolée...mimai-je à mon copain. »

Il m'offrit un clin d'œil et me vola un chaste baiser sur la joue avant de rejoindre la porte. Il s'empara de la poignée en se tournant vers moi et ajouta :

« On se voit demain.

- Oui, tu la verras demain, Stan, répondit Will. »

Le sourire qui s'était accroché à ma bouche s'évapora face à la lourdeur de mon géniteur. Stiles s'efforça tout de même à garder son calme. Sans un bruit, il me mima ces quelques mots :

« Je t'appelle en rentrant. »

J'acquiesçai et le regardai passer derrière la porte pour refermer derrière lui, me laissant seul avec le fauteur de trouble.

« Tu dois vraiment arrêter d'essayer de lui faire croire que tu le méprises, avouai-je en virevoltant vers le concerné. »

Will souleva brusquement sa tête, un biscuit en bouche que Samuel regardait avec envie.

« Hein ? dit-il, en prétendant n'avoir rien entendu.

- Tu l'apprécies et tu le sais, pointai-je en laissant Bella jouer avec mes cheveux.

- Et alors ?

- Alors arrête de jouer au con avec lui. »

Il cacha l'oreille de Samuel de sa seule main disponible en feignant être choqué par mon langage. Et juste par ce geste, il avait réussi à me voler un sourire.

« Allez, aide-moi, à les changer, reprit-il. »

Je savais qu'insister ne servait à rien. Il était le pro quand il s'agissait de changer de sujet. Mes yeux tombèrent sur le petit ange que je tenais fermement. Mes cheveux en bouche, elle me regarda d'un air innocent qu'elle maitrisait à merveille.

« Mes cheveux sont bons, hein, dis-je d'une voix niaise, en attrapant sa toute petite main couverte de bave tandis que je me décidais à rejoindre Will. Oh oui, c'est délicieux. Tu as de la chance que j'avais prévu de les laver ce soir. »

_______

Mes écouteurs aux oreilles, un stylo en main, je bougeais la tête au rythme de la musique. Assise à mon bureau, dans ma petite chambre de dix mètres carrés que Will avait aménagé rien que pour moi, je tapai sur le clavier de mon ordinateur portable qui illuminait mon visage tandis que je me concentrais à terminer mes devoirs. Le tonnerre grondait et danser avec les éclairs à travers la fenêtre de ma chambre. Les murs en bois de la bâtisse accueillaient la pluie ; son que j'appréciais depuis toujours. Le bruit de l'eau s'éclatant sur les parois m'avait toujours réconforté et permis d'apprécier correctement la chaleur intérieure. Je fredonnais, écrivant sur papier quelques notes que je jugeais utile pour les révisions futures. Lydia avait pris tellement de temps à m'aider à rattraper plus ou moins mon retard que je me devais de travailler correctement de mon côté.
Un éclair explosa bien trop près du chalet, me poussant à sursauter en lâchant inconsciemment mon stylo au sol. Les filets de lumière se dispersèrent derrière les arbres de la forêt tout en accompagnant le chant lourd et stressant du tonnerre.

C'est juste le tonnerre, Mani.

Je soupirai dans un sourire, moyennement amusée par le vacarme qui m'avait poussé à sauter de ma chaise. Je me penchai sur le côté dans le but d'atteindre mon stylo, mais fus vite arrêtée par ma moquette couverte d'eau. Alors que mon feutre flottait à la surface de ces cinq centimètres de flottes, je crus halluciner en réalisant que ma chambre toute entière était inondée. 

« Qu'est-ce que... »

Mes yeux descendirent sous mon bureau. Mes pieds, couverts de grosses chaussettes appartenant à Will, baignaient eux aussi dans l'eau fraîche. A quel moment n'avais-je pas senti l'eau atteindre mes orteils ?

Horrifiée, et surtout confuse, je n'avais pas attendu une seconde de plus pour retirer mes chaussettes et descendre au rez-de-chaussée. Je dévalai les marches, découvrant un parquet étonnamment asséché et une pièce curieusement sombre.

« Will ? »

Will n'avait pas l'habitude de se coucher aussi tôt. Ma main glissa de la rambarde alors que je rejoignais l'interrupteur. Mes doigts se battirent avec le bouton quelques secondes.

« Will, insistai-je. »

Mais le courant semblait ne plus être en service car aucune des lumières du salon ne se manifestèrent.

« Will, je crois qu'on a... »

Mon regard s'arrêta sur la porte d'entrée grande ouverte. La pluie s'abattait sur le porche tandis que les courants d'air extérieur l'invitaient à s'infiltrer dans notre couloir. Et même si j'arrivais à apercevoir la forêt qui chaperonnait le chemin de terre, ce qui m'inquiéta le plus fut la présence d'un cheval à l'entrée du bois.

« ...une fuite, terminai-je dans un murmure, perturbée. »

Oui, un cheval se tenait bien là. Immobile, sous la pluie, il me regardait sous sa longue crinière noire alors que la tempête mouillait son pelage crème. Il fit frémir ses naseaux à plusieurs reprises, résonnant comme un appel sourd dans le voisinage. Je voulais croire à une mauvaise blague mais tout mon être me disait que cet animal n'était pas là pour rien. J'avançai lentement, en me concentrant sur les appels de la créature, peu rassurée par ce qui pourrait bien se trouver derrière les murs de ma maison. Cependant, alors que j'atteignais le centre du couloir, une voix se manifesta à plusieurs reprises, se faisant de plus en plus forte et distinctes.

« Mani ! persévéra Will. »

Je virevoltai sur moi-même, tombant face à face avec... le porche ? Mon père me regardait, étonné de me trouver à l'extérieur de la maison, complètement et profondément déboussolée.

« Qu'est-ce que tu fais ? demanda-t-il, troublé. »

Dérangée par l'absence de pluie au-dessus de ma tête, ainsi que par les lumières fonctionnelles du porche et du rez-de-chaussée, je me tournai vers mes pieds pour les observer s'enfoncer un peu plus dans la terre humide. Avais-je rêvé ou bien... J'aurais juré ne pas avoir mis un pied dehors, je n'avais même jamais dépassé ce foutue porche, et pourtant, j'étais bel et bien là, l'air ahurie.

« Tu étais là quand je suis descendue ? demandai-je, le regard au sol.

- Oui, répondit-il, soudainement inquiet. Tu ne m'as sérieusement pas entendu, ou même vu ? »

Mes yeux de biches, abrutis par l'incompréhension, se relevèrent dans l'espoir de trouver la chose qui m'avait poussé à sortir. Mais rien, juste un nombre incalculable d'arbres qui s'étendaient à perte de vue.

« Tu vas bien ? me questionna-t-il en descendant du porche pour me rejoindre.

- Euh...soupirai-je, chamboulée. »

J'étais pourtant étrangement calme, comme assommée par ce black-out affolant.

« J'ai vu quelque chose, avouai-je, le regard au loin.

- Quoi ? dit-il, préoccupé par mon comportement.

- Je, euh... »

Là, était bien le problème. J'avais beau me concentrer et réfléchir à tout ce qui m'avait poussé à quitter ma chambre, rien n'y faisait. Ma mémoire me faisait entièrement défaut.

« Je ne m'en souviens pas, susurrai-je, désarçonnée.

- Tu ne t'en souviens pas ? répéta Will. »

Je n'avais même pas une infime idée de ce que je croyais avoir vu et ça me terrifiait au plus haut point.

« Mani, tu es sûr que ça va ? »

J'inspirai, me débarrassant de cet affreux nœud nerveux qui me torturait l'estomac. J'acquiesçai, en forçant un sourire sur mes lèvres.

« Je vais bien, répliquai-je en me tournant enfin vers mon père. C'est probablement rien du tout. »

Mais le regard de Will était plus que clair : il n'en était pas si sûr.

« Je suis juste fatiguée. Je ferais mieux d'aller me coucher. »

Il hocha oui de la tête, sans pour autant dépeindre son inquiétude de son visage.

« Bonne nuit, conclus-je, en caressant son épaule. »

Will me répondit et m'observa rejoindre le porche alors que son inquiétude grandissait un peu plus.

Si j'avais préféré ignorer le problème, mon père, lui, ne pouvait que se demander discrètement :

« Bordel, c'était quoi ça ? »

❝A suivre.❞

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Prochainement dans Jolie Petite Créature : Alors que la remise des diplômes approche, Stiles insiste pour enquêter sur la disparition des parents d'Alex, menant le trio d'ami à tomber sur une découverte aussi intriguante qu'effrayante.

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Après une longue attente, le premier chapitre du tome 6 est enfin là.
Comme vous avez pu le voir, j'ai été obligée de couper le premier épisode de la saison 6 en deux parties sinon le chapitre ne se terminait plus et je trouvais ça plus intéressant de terminer sur la vision de Mani, plutôt que de passer direct à autre chose.

Trêve de blabla, j'espère sincèrement que ce premier chapitre vous a plu.
Comme d'habitude, n'hésitez pas à voter mais surtout à commenter vos avis. Ça me ferait très plaisir de les lire.

On se retrouve dans deux semaines pour le chapitre 2.
Des bisous.

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