𝐒𝐎𝐋𝐈𝐕𝐀𝐆𝐀𝐍𝐓 | 𝐤𝐚𝐚...

By tojaesques

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Royaume de Logres, cinquième siècle après la naissance du Christ. ❝pourquoi vous obstinez-vous à me... More

𝑺𝑶𝑳𝑰𝑽𝑨𝑮𝑨𝑵𝑻
𝑳𝑰𝑽𝑹𝑬 𝑷𝑹𝑬𝑴𝑰𝑬𝑹 : 𝒂𝒆𝒕𝒉𝒓𝒂
𝑯𝑰𝑺𝑻𝑶𝑹𝒀 𝑯𝑨𝑺 𝑰𝑻𝑺 𝑶𝑵 𝒀𝑶𝑼
𝐩𝐫𝐨𝐥𝐨𝐠𝐮𝐞
𝒐1 ❝𝒍𝒂 𝒕𝒆𝒓𝒓𝒆 𝒑𝒓𝒐𝒎𝒊𝒔𝒆❞
𝒐2 ❝𝒍𝒆𝒔 𝒚𝒆𝒖𝒙 𝒅'𝒐𝒓❞
𝒐4 ❝𝒍𝒆𝒔 𝒑𝒊𝒆𝒓𝒓𝒆𝒔 𝒅𝒖 𝒄𝒊𝒆𝒍❞
𝒐5 ❝𝒍𝒆𝒔 𝒒𝒖𝒆𝒔𝒕𝒊𝒐𝒏𝒔 𝒅𝒆 𝒎𝒊𝒏𝒖𝒊𝒕❞
𝒐6 ❝𝒍𝒆 𝒉𝒆𝒓𝒐𝒔 𝒅𝒆 𝒍'𝒐𝒖𝒃𝒍𝒊❞
𝒐7 ❝𝒍'𝒆𝒏𝒇𝒂𝒏𝒕 𝒕𝒆𝒓𝒓𝒊𝒃𝒍𝒆❞
𝒐8 ❝𝒍𝒆 𝒕𝒆𝒎𝒑𝒍𝒆 𝒅𝒆 𝒕𝒐𝒖𝒔 𝒍𝒆𝒔 𝒅𝒊𝒆𝒖𝒙❞
𝒐9 ❝𝒍𝒆𝒔 𝒍𝒂𝒓𝒎𝒆𝒔 𝒃𝒍𝒂𝒏𝒄𝒉𝒆𝒔❞
1𝑶 ❝𝒍𝒂 𝒈𝒓𝒂𝒏𝒅𝒆𝒖𝒓 𝒅𝒆𝒔 𝒂𝒔𝒕𝒓𝒆𝒔❞
11 ❝𝒍𝒆𝒔 𝒂𝒊𝒍𝒆𝒔 𝒅𝒆 𝒍𝒂 𝒇𝒖𝒓𝒊𝒆❞
12 ❝𝒍'𝒂𝒓𝒄𝒉𝒆 𝒅𝒆 𝒍'𝒂𝒍𝒍𝒊𝒂𝒏𝒄𝒆❞
13 ❝𝒍𝒆𝒔 𝒇𝒍𝒆𝒖𝒓𝒔 𝒎𝒂𝒖𝒅𝒊𝒕𝒆𝒔❞
14 ❝𝒍𝒆𝒔 𝒑𝒆𝒏𝒅𝒖𝒍𝒆𝒔 𝒅𝒖 𝒎𝒐𝒏𝒅𝒆❞
15 ❝𝒍𝒆 𝒗𝒂𝒊𝒔𝒔𝒆𝒂𝒖 𝒇𝒂𝒏𝒕𝒐𝒎𝒆❞
16 ❝𝒍'𝒂𝒖𝒃𝒆 𝒔𝒐𝒖𝒓𝒏𝒐𝒊𝒔𝒆❞
17 ❝𝒍'𝒆𝒔𝒄𝒍𝒂𝒗𝒆 𝒎𝒖𝒆𝒕𝒕𝒆❞
18 ❝𝒍𝒆 𝒅𝒊𝒓𝒊𝒈𝒆𝒂𝒏𝒕 𝒅𝒆 𝒍𝒂 𝒏𝒖𝒊𝒕❞
19 ❝𝒍𝒆 𝒄𝒂𝒅𝒆𝒂𝒖 𝒔𝒆𝒎𝒑𝒊𝒕𝒆𝒓𝒏𝒆𝒍❞
2𝒐 ❝𝒍𝒆 𝒄𝒐𝒖𝒓𝒂𝒈𝒆 𝒅𝒖 𝒓𝒐𝒊❞
𝑳𝑰𝑽𝑹𝑬 𝑫𝑬𝑼𝑿𝑰𝑬𝑴𝑬 : 𝒎𝒐𝒓𝒕𝒂𝒍𝒂
𝑵𝑶𝑪𝑻𝑰𝑽𝑨𝑮𝑨𝑵𝑻
𝑾𝑯𝑶 𝑻𝑬𝑳𝑳𝑺 𝒀𝑶𝑼𝑹 𝑺𝑻𝑶𝑹𝒀 ?
𝒐1 ❝𝒍𝒆𝒔 𝒓𝒊𝒗𝒆𝒔 𝒇𝒂𝒕𝒂𝒍𝒆𝒔❞
𝒐2 ❝𝒍'𝒆𝒔𝒑𝒐𝒊𝒓 𝒅𝒆𝒔 𝒗𝒂𝒊𝒏𝒄𝒖𝒔❞
𝒐3 ❝𝒍𝒆𝒔 𝒚𝒆𝒖𝒙 𝒅𝒖 𝒅𝒊𝒆𝒖❞
𝒐4 ❝𝒍𝒆 𝒄𝒊𝒕𝒓𝒐𝒏𝒏𝒊𝒆𝒓 𝒅𝒆𝒔 𝒓𝒆𝒈𝒓𝒆𝒕𝒔❞
𝒐5 ❝𝒍𝒂 𝒓𝒂𝒈𝒆 𝒅𝒆𝒔 𝒐𝒖𝒃𝒍𝒊𝒆𝒔❞
𝒐6 ❝𝒍𝒆 𝒔𝒐𝒖𝒇𝒇𝒍𝒆 𝒅𝒖 𝒎𝒐𝒏𝒔𝒕𝒓𝒆❞
𝒐7 ❝𝒍𝒆 𝒇𝒆𝒖 𝒅𝒆 𝒍𝒂 𝒗𝒆𝒏𝒈𝒆𝒂𝒏𝒄𝒆❞
𝒐8 ❝𝒍𝒆 𝒄𝒉𝒆𝒎𝒊𝒏 𝒅𝒖 𝒄𝒊𝒆𝒍❞
𝒐9 ❝𝒍𝒆 𝒅𝒆𝒔𝒆𝒔𝒑𝒐𝒊𝒓 𝒅𝒖 𝒄𝒉𝒆𝒗𝒂𝒍𝒊𝒆𝒓❞
1𝒐 ❝𝒍𝒆 𝒄𝒐𝒆𝒖𝒓 𝒅𝒆𝒔 𝒔𝒖𝒓𝒗𝒊𝒗𝒂𝒏𝒕𝒔❞
11 ❝𝒍𝒂 𝒃𝒆𝒕𝒆 𝒅𝒆𝒔 𝒕𝒆𝒏𝒆𝒃𝒓𝒆𝒔❞
12 ❝𝒍𝒆 𝒅𝒆𝒔𝒆𝒓𝒕 𝒅𝒆 𝒍'𝒂𝒑𝒐𝒄𝒂𝒍𝒚𝒑𝒔𝒆❞
13 ❝𝒍𝒆𝒔 𝒓𝒆𝒕𝒓𝒐𝒖𝒗𝒂𝒊𝒍𝒍𝒆𝒔 𝒗𝒂𝒊𝒏𝒆𝒔❞
14 ❝𝒍'𝒆𝒙𝒕𝒂𝒔𝒆 𝒅𝒖 𝒎𝒂𝒓𝒕𝒚𝒓❞
15 ❝𝒍𝒂 𝒓𝒐𝒔𝒆 𝒅𝒖 𝒎𝒐𝒏𝒅𝒆❞

𝒐3 ❝𝒍𝒆 𝒃𝒂𝒊𝒔𝒆𝒓 𝒅𝒖 𝒔𝒐𝒍𝒆𝒊𝒍❞

86 12 75
By tojaesques



it's nothing like the fairy tales
You grow up dreaming of
❝❞


Elyios Dunaíd parcourait les champs qui bordaient sa demeure. Toute sa vie, elle avait vécu sous les doux baisers du soleil de Macédoine, jouant avec les grands blés dans lesquels elle aimait se cacher. Depuis sa plus jeune enfance, elle s'était demandée pourquoi sa mère avait décidé de l'appeler ainsi. Elle se justifiait par la ressemblance de sa fille avec la divinité du soleil, Hélios. Elyios était rousse et sa chevelure capturait les rayons du soleil, cela suffisait amplement à expliquer la nature de son prénom. Bien des années plus tard, elle avait découvert que cela signifiait « celui qui aime » dans une langue qui lui était inconnue. L'adolescente s'était empressée de questionner sa mère : s'agissait-il de son tendre père ? Ou d'un ancien amant ?
Elle avait toujours refusé de répondre. Dans un sens, la rousse comprenait. Protéger ses secrets à une jeune fille faisait sens. D'autant plus que cette époque avait semblé douloureuse pour ses deux parents. Mais de les voir heureux à présent était une joie magnifique.

Cependant, le calme plat et trop parfait des champs de blés dorés de la Macédoine venaient à l'ennuyer. Ses seuls compagnons étaient comme à son instar, des enfants d'anciens membres de l'aristocratie romaine venu s'exiler loin des complots de Rome. Mais ses amitiés avaient semé le doute dans l'esprit d'Elyios. La curiosité des jeunes enfants est bien trop innocente pour comprendre les réalités de ce monde cruel. Au détour de jeux, des questions surgissaient. Pourquoi as-tu des cheveux différents que tes parents ? Ton nom n'est pas romain ! Et tes yeux, ils sont dorés et pas bleus ou marrons, comme tes parents ? De cela, la jeune enfant en avait souffert. Pourtant, jamais elle n'en avait confié mot à sa tendre mère. L'inquiéter n'aurait servi, sauf à aggraver son trouble. Et Elyios ne désirait rien de cela. À seize ans, elle était devenue une belle jeune femme, désirée et désirable. Toutes ses compagnes se voyaient maintenant fiancées aux jeunes hommes de leurs rêves. Dunaíd en avait espéré, des jours parfaits où son père la présenterait à un beau soldat ou un riche fermier. Ses amies ne paraissaient qu'attendre la magnificence physique et non la gentillesse et la tendresse. Elyios, elle, ne recherchait qu'un sentiment de confort et de douceur. Elle savait, au plus profond de son instinct, que l'amour dont parlaient les grands mythes n'était qu'une piètre invention destinée à secourir n'importe quel mortel d'un quotidien trop ennuyeux. Peut-être qu'en secret, elle espérait être à la hauteur du conte de Persée et Andromède. Dieux comme elle était jeune et se sentait encore incapable d'affronter seule les certaines épreuves de la vie qui s'étendait devant elle.

Elle priait occasionnellement les seules divinités qui se ralliaient à sa cause. Hébé, déesse de la jeunesse et patronne des adolescents et Perséphone, déesse du printemps, de la fertilité et de la fortune. La piété l'ennuyait mais les aventures des dieux l'amusaient parfois. Elyios avait appris les vers Hésiode et Homère par cœur. Sa mémoire la servait pour confronter diverses origines de divers mythes. Mais si la Jeunesse et le Printemps étaient ses alliées de prédilection, c'est parce qu'elle se pensait à leur image. Telle Hébé car l'aspect juvénile de son visage semblait déconcertant pour beaucoup et qu'elle voyait ses parents comme deux entités puissantes et régnant sur un petit royaume : leur villa. Perséphone car comme elle, l'adolescente adorait courir les chants, ramasser des fleurs et s'allonger dans les herbes folles. Du plus profond de son cœur, elle inventait un homme qui viendrait lui déclamer son amour et la ravirait loin des cacophonies des villes pour un véritable royaume, aussi beau que celui des Enfers. Lorsque la nuit ne lui octroyait le sommeil, Elyios avait réfléchi à la légende de Perséphone et d'Hadès. L'histoire était connue du point de vue de Déméter, la mère éplorée. Mais Hadès avait agit par amour et Perséphone avait choisi de manger les grains de grenade. Elle avait choisi de rester et d'aimer son mari. Vous ne comprenez mère, Perséphone a fait venir Hadès à elle. Il lui a offert son royaume en échange de son amour. Pensez-vous réellement qu'elle aurait mangé le fruit de force ?

      Allongée dans les blés, Elyios s'émerveillait à détailler les nuages qui s'étalaient devant ses yeux. Elle était loin de tout, tout problème ou toute rêverie. Seul existait le ciel au dessus d'elle. La mesure du temps avait disparu. Elle savait que sur sa droite se situait sa villa et que sur sa gauche s'étalait un petit bois aux formes étranges. Elle savait qu'un lac dormait non loin. Mais tout ce qui importait en cet instant même était ce ciel bleu, rempli de nuages et le monde qui l'entourait. Une brise d'été tremblait, les fleurs chantaient par moments une chanson d'amour. Les oiseaux allaient et venaient dans une transe aérienne. Tout ce qui importait en cet instant n'était pas elle mais toute la nature qui l'embrassait avec passion. L'univers était un tout et elle en faisait partie, bénie par le Soleil. Elle tenait de lui ses cheveux et ses yeux d'or. Il venait lui offrir réconfort et la portait dans son cœur brûlant. Elyios adorait ces instants car ils lui faisaient croire à son importance dans un tout qui régnait autour d'elle. Si, à cette seconde précise, Hades avait surgi devant ses iris d'or liquide, elle l'aurait suivi. Elle serait descendue aux Enfers et aurait goûté à la grenade. N'en fusse-t-elle plus heureuse, cette question resterait un mystère.

     Et ce fut en cet instant qu'elle sentit quelqu'un l'appeler au loin. Hadès vient me chercher et je ne suis qu'une jeune fille prête à conquérir un royaume. Mais ce n'était personne. Une voix la guidait vers le petit bois qui bordait sa villa. Si elle quittait son champ, ses parents s'inquiéteraient. Mais cette voix était si lancinante, fascinante. Des sirènes ! Elles m'attirent avec leurs voix ! Or elle ne croyait réellement aux mythes, des simples fables fabriquées de toutes pièces pour soulager l'âme mortelle du trépas. Mais la voix semblait si triste, si mélancolique, si... familière.

     ❝Délivre moi ! Viens m'aider. Toi seule peut me sortir de ma torpeur. Tu as les yeux d'or, tu vois la Vérité !

— Qui êtes vous ? Je ne comprends absolument rien !

— Réveille moi, Elyios Dunaíd.❞

      Le crépuscule était presque installé lorsqu'elle se trouva tirée de son sommeil. Elle pensa d'abord à un rêve, cette voix... simplement un rêve. Tout avait semblé si réel pourtant. Déconcertée, elle s'extirpa néanmoins de son champ maintenant pourpre aux derniers rayons de lumière et courut vers la villa. Ses parents devaient l'attendre.

***

❝ Tu ne la marieras pas sans mon consentement ! C'est ma fille mais aussi la tienne, que tu le veuilles ou non !

— Elle n'est pas de mon sang.

— Elle n'est peut-être pas ta fille par les liens du sang mais par les liens du cœur. Je sais que tu l'aimes, tu l'as toujours aimée. Ne viens pas me dire que tu regrettes de l'avoir élevée. Tu te soucies d'elle plus que tout au monde. Tu vois en elle l'enfant que nous n'avons jamais eu ! Et elle te ressemble, tu le sais.

— Bien sûr que je l'aime, Aconia ! Mais tu ne connais la douleur que je ressens. C'est comme si, à chaque fois que je la regarde, une part d'elle me rappelle qu'elle n'est pas mon enfant, qu'elle ne le sera jamais réellement.

— Si tu tiens autant à elle, ne la marie pas ! Pas encore du moins. Elle n'a que seize ans... Elle est jeune. Laisse la profiter de la vie.

— Nous avions le même âge lorsqu'on nous a marié. Je t'ai aimée presque immédiatement. Tu étais belle, douce et drôle. Intelligente même. Et tu transformais chaque pièce. Avec toi à mes cotés, j'avais l'impression d'être invincible.

— Moi aussi, je t'ai aimé. Je t'aime toujours. Mais treize ans, treize ans sans te voir. J'ai cru que tu étais mort, alors, dans un sens, j'ai essayé de me faire à l'idée que je ne te reverrais jamais. Je n'ai pas dormi une seule nuit sans que mes rêves soient troublés par la vision de ton corps sans vie. Et quand j'ai rencontré Arturus, et bien... je me suis laissée emporter par un désir incontrôlable. Je me figurais ma mort, seule et veuve. Puis tu es revenu. ❞

***

     Une lugubre atmosphère régnait dans la demeure. Elyios avait entendu des cris en rentrant et intriguée, s'était approchée de la pièce d'où ils venaient. Elle avait vu ses parents tous deux les larmes aux yeux, une force étrange dans leurs regards et plus encore, la mélancolie qui rongeait leurs cœurs. Toute discrète, elle avait entrouvert la porte pour signifier sa personne et immédiatement, tout avait cessé. Le repas s'était déroulé simplement dans un silence trop pesant. L'adolescente avait alors rapidement pris congé pour se réfugier dans sa chambre. De là, elle s'était plongée dans la contemplation des étoiles. Lorsque son père avait entrepris la construction d'une nouvelle villa, il lui avait demandé si elle avait des désirs particuliers. Elyios avait répondu « avec un trou dans le toit pour voir les étoiles. »
Alors assise sur les branches d'un arbre, sur le toit, elle contemplait ce qui s'étendait sur tout l'horizon. Son sujet préféré d'étude était l'astronomie et la science de ce qui faisait la terre. Elle avait lu les traités des philosophes grecs grâce à sa mère. Elle avait appris à connaître chaque constellation et chaque étoile. Et si les Dieux se trouvaient être bien réels, alors peut-être découvrirait-elle leur domaine. Son esprit divagua encore vers l'Hadès de ses rêves. Ses parents, ses amis la penseraient folle ! Or, si son père voulait la marier, son mythe parfait tomberait en ruines. Autant se réfugier dans un rêve secret, jusqu'à qu'il ne le soit plus. Elle serait reine d'un royaume imaginaire et lui un roi juste.

Le calme était encore plus frappant la nuit. Pas un bruit, peut-être un animal ou un ivrogne parfois, cela était tout. Seule le bruit de la nature et les beaux champs de blés. Les étoiles étaient un spectacle divertissant, avec leurs ballets. Elles ressemblaient à des diamants sur des tapis de velours...
Un doute s'immisça avec amusement dans son esprit. Père avait dit qu'elle n'était pas sa fille ! Cela était impossible ! Elyios Dunaíd était la fille de deux membres respectés de l'aristocratie romaine, Aconia Minor et Manius Macrinus Firmus, ancien général à la tête de la Bretagne ! Il fallait voir cependant combien cet endroit l'avait changé. Sa mère lui avait raconté combien il était plein de vie et joyeux. En rentrant de treize ans dans un pays à moitié barbare, son tempérament s'était tassé et la mélancolie avait surgi. Puis il était revenu et le couple s'était installé en Macédoine. Elyios était née, ils avaient reconstruit un villa. L'histoire s'arrêtait là. Si mon père n'est pas réellement le le mien, peut-être est-ce celui dont je tire mon nom... Celui qui aime ! Pourtant, père semble aimer et aimant.

❝ Je savais que tu étais là, Elyios.

L'intéressée sursauta. Elle se retrouva face à sa mère. Elle resplendissait dans sa maigre tunique de soie pourpre. Les rayons de la lune tombaient en cascade sur sa peau, comme si elle était faite d'opale. Ses longs cheveux bruns flottaient presque, jusqu'à sa poitrine tremblante. Elle s'assit à côté de sa fille et la regarda tendrement.

— Comment le savez-vous ? J'essaie d'être la plus discrète possible !

— Tu es juste au dessus de ma chambre, douce enfant. Et je te connais plus que quiconque. Tu es de ma chair et de mon sang. Et dieux que tu es belle...

— Mère... je vous ai entendue, tout à l'heure, avec Père. Vous voulez me marier ?

— Il pense que tu as l'âge. Regarde tes amies, elle le sont déjà. Mais je ne veux de ce traitement pour toi. Je ne pourrais t'aider à le choisir mais au moins te le faire rencontrer. Je n'ai pas eu cette chance.

— Vous savez, cela ne me dérange pas de me marier. Même qu'il soit plus âgé que moi. Les garçons de mon âge vont à l'armée, ils ne se marient pas. Mais je redoute son caractère. Je ne veux pas quelqu'un de cruel ou de vil.

— Ne te fais point de soucis, ma douce. Je sais ce qui te trouble.

— Aussi, vous n'allez sans doute me croire mais durant l'après-midi, j'ai entendu une voix. Je deviens folle ! Elle m'attirait dans le bois, elle disait que je devait la réveiller. Que je voyais la Vérité. Elle semblait familière, comme si je la connaissais et la portait dans mon cœur depuis toujours.

— Je n'ai pas de réponse, Elyios. Tu sais, malgré toutes les épreuves que la vie te réservera, tu seras toujours aimée. Par moi, ton père, peut-être ton mari aussi s'enquerra sincèrement de toi.❞

Elyios sembla sur le point de prononcer quelque chose mais elle se ravisa. Elle ne voulait gâcher ce moment. Sa mère était la, elle détenait la vérité et seulement cela comptait.

Aconia remarqua que sa fille allait la questionner. Elle n'en fit rien. Si elle avait entendu pour le mariage, elle savait forcément pour son père, le vrai. C'était idiot, réellement. Elle aimait son mari avec la tendresse qu'il méritait. Malgré la mélancolie et les années de chagrin, elle l'aimait avec douceur. Un amour de jeunesse, en somme. Mais Arturus, lui restait profondément ancré dans son cœur. Elle ne l'avait connu que si peu de temps mais cela avait semblé comme des siècles, des millénaires d'amour véritable. De temps à autre elle entendait au loin que le roi de Bretagne avait tenté tel ou tel exploit. Et elle n'était qu'une femme de général en Macédoine, à se morfondre. Elyios était son seul souvenir de lui, le seul vestige d'un temps effacé. Et si elle savait, si cette voix étrange avait surgi, il était peut-être le moment de la laisser s'en aller. Aconia n'avait aucune idée de ce que cela signifiait. L'incertitude avait toujours été son domaine. Et endormie sur ses genoux, elle ressemblait à un ange. Ses cheveux roux et d'or encadraient son visage comme une auréole.

Peut-être, peut-être qu'elle est véritablement un cadeau des Dieux. Un baiser que le Soleil m'a donné.



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