Ils avaient tous les deux été étudiants de la prestigieuse Université Columbia de New York. C'est là qu'ils s'étaient connus et Alex savait qu'il serait prêt à lui rendre ce petit service en cas de besoin car les deux hommes se rendaient très souvent la pareille. Le Maire accepta immédiatement et promis de transmettre l'information.
L'Université de Columbia
Puis, il s'assit dans le canapé noir du salon et saisit la boîte à cigares disposée à l'intérieur de la petite table basse en verre.Il l'ouvrit et attrapa un des cigares cubains qu'il avait achetés lors d'un voyage à La Havane. C'était il y a quelques années déjà avec Suzan. Il profita de cet instant pour s'échapper de tous ses ennuis et méditer dans un nuage de fumée que Suzan détestait. Il aimait cette sensation de vide où sa vie ne se résumait plus qu'à laisser s'écouler les secondes et les minutes au rythme de la fumée qu'il humectait et crachait dans la pièce. Dans le nuage de fumée, Alex se remémorait son passé, il repensa à sa première petite-amie, Tiffany. Il avait passé près de six mois avec elle.
Les cigares d'Alex
Vingt ans plus tôt, dans le Queens
Alex et son amie Tiffany entretenaient une relation depuis un an déjà. Elle et lui étaient trop différents, et il le savait. Sa mère et lui vivait simplement depuis la mort de son père. Alex ne savait pas ce que grandir avec de l'argent voulait dire. Peu de cadeaux sous le sapin à Noël. Pas de nouveaux vêtements lorsqu'ils étaient déchirés. Pas de grande maison, il fallait dormir à trois dans la même chambre avec ses frères. Pas de soin médical lorsque parfois il le fallait.
Alex s'était juré qu'il ferait tout pour améliorer sa situation, pour qu'il ne souffre jamais de ce manque. Il y était parvenu, très bien même. Mais à cette période, sa relation avec Tiffany était compromise à cause de ce mal-être qu'il cultivait. Cependant, il y croyait. Elle lui avait donné rendez-vous dans un café, non loin du ferry. Il redoutait ce moment, mais elle savait qu'elle devait le faire, cette histoire n'allait nulle part, elle tournait en rond.
— Voilà, tu dois sûrement te douter de pourquoi je t'ai fait venir ici ... déclara-t-elle
— A vrai dire, non pas vraiment, d'habitude on va plutôt boire des verres au Jordan's.
— Il ne s'agit pas de ça ... Je ne t'aime plus, voilà c'est dit.
En écoutant ces mots, Alex fut tétanisée. Elle était stupéfaite, comme si un ouragan s'abattait sur elle. Tiffany voyait en lui de la détresse et s'en voulait de le faire souffrir mais au fond, elle savait que cette histoire était vouée à l'échec. Elle avait mûrement réfléchi cette décision. Suzan lui rappelait Tiffany, cette histoire l'avait marqué. Il avait dorénavant beaucoup de mal à s'attacher au gens et donnait sa confiance à très peu de monde. Une peur viscérale de l'abandon existait en lui depuis la perte de son père et de son premier amour.
Vue de Manhattan depuis le Queens
Soudain, Suzan entra dans l'appartement, Alex ne s'attendait pas à la retrouver si tôt. Suzan passa les mains dans ses cheveux blonds. Très élégante, Alex entendit ses talons qui se rapprochaient peu à peu. Autrefois mannequin pour de nombreux magazines, Alex aimait la contempler. Elle travaillait également à CBS mais vivait dans l'ombre de son mari : Il avait tout, elle n'avait rien. « Elle rentre déjà... » soupira-t-il.
— Je t'ai déjà dit de ne pas fumer dans le salon ! Je déteste ça ! pesta Suzan.
Alex tenta de disperser la fumée en agitant rapidement ses bras.
— Je ne pensais pas que tu rentrerais si tôt ...
— Tu ne travailles pas aujourd'hui ?
— Si mais je ne suis pas allé bosser ce matin, j'ai aidé quelqu'un ...
— Tu as aidé qui ? insista sa femme.
— Un ami, rien de grave ... Pas la peine de faire toute une histoire pour ça !
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