Purple

By CamilleThomas7

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Dans ce monde apocalyptique en ruines, les Yeux-Morts représentent l'ancienne génération et une menace à anéa... More

Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18

Chapitre 14

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By CamilleThomas7


« Générale, plusieurs jours sont passés depuis la disparition de votre prédécesseur. Il vous faut absolument désigner un second, pour vous assister.

-Je sais bien, mais croyez-moi, ce n'est pas une tâche aussi simple.

-Nous avons déjà accepté votre demande de repos pour vos troupes, nous ne pouvons pas céder à tous vos caprices. »

Serrant les dents, Léa inclina la tête pour s'excuser. Cela faisait maintenant quatre jours et demi qu'Alix avait été enlevé par les Yeux-Vides, et Léa n'avait pas encore désigné de second. Elle avait l'interdiction formelle de chercher Alix et devait se concentrer sur leur vengeance pour trouver leur camp principal. Ne pouvant pas agir pour aider son ami, elle avait alors longuement négocié avec les dirigeants pour les convaincre de diminuer le rythme des expéditions. Toute la fatigue accumulée n'aidait pas le moins du monde au moral déjà bien bas des soldats. La nouvelle générale s'efforçait de faire ce qu'elle pensait qu'Alix aurait fait. Néanmoins, ils devaient reprendre les chasses le soir même, et il fallait qu'elle se trouve un bras droit.

« Vous avez compris ?

-Oui.

-Parfait. Dans ce cas, vous pouvez disposer. Ah, et, générale ? »

Sur le point de quitter la pièce pour rejoindre l'ascenseur, Léa se retourna lorsque Néo l'interpella. En croisant les yeux du leader, elle se figea soudainement, tétanisée par leur froideur. Cependant il se contenta de lui sourire en la rappelant à l'ordre.

« Prenez garde à vous adresser à nous en utilisant « madame » et « monsieur » à chaque fois. Vous êtes encore novice, donc nous sommes indulgents avec vous, mais vous devez nous montrer du respect. Nous sommes bien d'accord ? »

Léa ravala sa salive. Cet homme avait une prestance qu'elle-même avait du mal à supporter. Pourtant, dans son costume au veston rayé, il ne semblait pas dangereux. Mais quelque chose dans sa voix lorsqu'il s'adressait à elle, dans ses yeux, son sourire, faisait qu'elle ne pouvait que s'incliner devant sa puissance.

« Bien sûr, monsieur. Pardonnez-moi. »

Mal à l'aise par la quarantaine d'yeux investigateurs la fixant, elle s'inclina pour les saluer, se contrôlant pour ne pas courir dans l'ascenseur. Lorsque les portes se refermèrent enfin, elle laissa échapper un long soupir tremblant, posant une main sur son cœur. Elle n'était définitivement pas faite pour ce genre d'entrevue. Elle se demandait comment Alix pouvait supporter d'aller les voir aussi souvent pour faire des comptes rendus.

Penser à son ami lui serra douloureusement la gorge. Elle s'efforçait d'y penser le moins possible – après tout il fallait bien que quelqu'un reste fort pour s'occuper des troupes. Tous ressentaient la même culpabilité, la même inquiétude et la même tristesse. Personne ne voulait imaginer ce qu'il devait être en train de subir actuellement.

Elle retraversa la ville en sens inverse, regagnant leur caste. L'ambiance à l'intérieur était bien loin de l'habituelle, comme après la mort de Cam. Léa savait qu'elle devait s'efforcer de faire tenir tout ça debout, car c'était que leur commandant aurait attendu d'elle. Sachant ce qu'il lui restait à faire, elle soupira profondément et regagna la salle d'entrainement. Elle repéra vite qui elle cherchait : Jack, occupé à souffler des poids, près du mur remplis d'yeux et de signature. En s'approchant, la jeune femme se rendit compte qu'il était à côté de ceux d'Alix. Elle décida de ne pas faire de commentaires, se raclant légèrement la gorge pour signaler son arrivée. Jack sursauta, tiré de ses pensées, et reposa les poids.

« Léa ! Tout va bien ? »

Il se saisit d'une serviette, épongeant la sueur de son visage. Ces derniers jours, il était rare de le voir seul. Le plus souvent, il s'occupait de distraire Jess pour la forcer à aller de l'avant. Il ne fallait surtout pas qu'elle ne soit jugée inapte à rester Chien, alors il faisait tout pour lui redonner le sourire. Vu son absence à ses côtés, Léa supposait que Li et Diane devaient être avec elle.

« Parfaitement. Je peux te parler une minute ?

-Bien sûr ! »

Le plus âgé la suivie à l'extérieur de la salle d'entrainement, et elle l'emmena jusqu'aux dortoirs qu'elle savait désert à cette heure-ci. Elle alla s'asseoir en tailleurs sur la couchette de Luc, n'attendant pas plus longtemps avant de lui annoncer sa décision ;

« Je veux que tu deviennes mon second.

-Quoi, moi ? s'étonna-t-il. Tu es sûre de ta décision ? Non pas que je doute de toi, tu es la plus intelligente ici, mais je ne pense pas être le plus apte à ça...

-Tu es fort, doué, et tu as beaucoup d'expérience sur le terrain. Et puis... »

Elle lui fit signe de se rapprocher, jetant un coup d'œil autour d'eux pour vérifier qu'il n'y avait bien personne. Jack s'installa à côté d'elle, et elle se pencha vers lui pour murmurer ;

« Je n'ai pas prévu de considérer Alix comme mort. Il reviendra, j'en suis sûre, il récupèrera sa place de général, et tout reviendra comme avant. Donc...

-Donc tu me nommes second car tu sais que je n'aurais aucun problème à te rendre ta place lorsque Alix reviendra ? termina-t-il avec compréhension.

-C'est exactement ça.

-Dans ce cas-là, je comprends mieux. Et j'accepte. »

Il lui tapota l'épaule avec un grand sourire, que Léa lui retourna. Elle savait que Jack pensait exactement comme elle, et qu'il n'était pas prêt à remplacer Alix aussi rapidement. Leur confiance en lui était bien trop grande pour ça.

Jack se redressa finalement, posant sur sa cadette un regard doux.

« Ne te surmenages pas trop en attendant. Je sais que tu vas faire de ton mieux, mais n'en fais pas trop. Prends soin de toi !

-Tu es en train de me sous-estimer là ? Je suis invincible ! répondit-elle en roulant des muscles, ce qui fit rire le plus grand.

-C'est vrai, j'avais oublié. Mes excuses, générale !

-Urgh. Je comprends maintenant pourquoi Alix détestait qu'on l'appelle comme ça. Plus jamais je ne me moquerais de lui.

-Incroyable. Ça, c'est un véritable évènement. »

Feignant pour la forme un air offusqué, elle essaya de lui donner un coup mais le plus grand l'esquiva avec facilité. Il rit et s'éclipsa, probablement pour aller vérifier l'état de Jess.

Léa décida de rester seule dans les dortoirs un moment. Elle grimpa sur la couchette superposée, celle d'Alix, avant de se laisser lourdement tomber dessus. L'odeur du général s'attardait encore légèrement sur les draps.

Depuis six années, ils s'entraînaient ensemble, vivaient ensemble, combattaient ensemble, mangeaient ensemble. Jamais ils ne s'étaient quittés. Être séparé aussi longtemps, c'était une grande première. Aux yeux de Léa, Alix était son ami le plus cher, au même titre que Luc. Elle les aimait du plus profond de son cœur, et savoir son général aux mains de leurs ennemis ne manquait pas de compresser sa poitrine. Néanmoins, elle avait interdiction totale de se consacrer à sa recherche, et cela lui brisait le cœur. Elle devait obéir, elle savait qu'elle n'avait pas le choix et que les dirigeants savaient mieux qu'elle, mais cela ne supprimait pas ses émotions.

Ne pouvant pas compter sur le soutien des siens, Alix ne pouvait se reposer que sur lui-même.

Dans la chambre qu'on lui avait attribuée, ce dernier avait tout le loisir de réfléchir. Il n'était pas sorti de la petite pièce depuis, sauf pour aller aux toilettes. Victoria venait le voir relativement souvent, pour lui amener ses repas ou simplement pour lui parler. Il se savait en permanence surveillé, entendant les gardes discuter à voix basse devant la porte. Il se maintenait en forme au mieux maintenant qu'il était libéré, faisant tous les exercices possibles pour entraîner son corps.

Mais la majorité du temps, il était seul dans le noir avec ses pensées. Il n'allumait pas la lumière s'il n'avait pas à le faire, trouvant l'obscurité réconfortante. Pour être totalement sincère avec lui-même, il s'était admis qu'il ne savait plus réellement comment agir. Faire semblant semblait toujours l'éventualité la plus probable, mais au fond de lui il commençait à ressentir du doute. C'était probablement de la faute de leurs mensonges, de leur perfidie, ou du moins c'était ce qu'il se répétait en boucle. La vérité était que les plantations, les fleurs, la nourriture, l'histoire que lui racontait Victoria, tout cela commençait à le faire hésiter. Il ne voulait plus uniquement faire semblant, mais il était sincèrement curieux d'en savoir plus.

Il se demandait comment est-ce que ses troupes géraient la situation. Est-ce qu'ils allaient bien ? Est-ce qu'ils étaient à sa rechercher ? Est-ce que Jess s'était remise ? Léa avait probablement été nommée générale. Avait-elle déjà choisi un second ? Est-ce qu'elle supportait la pression ? Et Luc, est-ce qu'il s'en voulait. Il espérait que non, vu qu'il n'y était pour rien, mais il ne connaissait que trop bien la tendance du jeune garçon à s'auto-flageller.

« Vous pouvez m'ouvrir s'il vous plait ? Je lui apporte son repas. »

Une voix qu'il ne reconnaissait pas le tira de ses pensées. Cette voix était bien plus douce que celle de Victoria, plus aigüe aussi. Probablement plus jeune.

Il entendit les gardes enclencher leurs armes et déverrouiller la porte, avant de l'ouvrir avec précaution. Alix ne se donna même pas la peine de bouger du lit sur lequel il était allongé, contemplant l'ouverture avec désintérêt. Il n'était pas stupide, et par conséquent n'allait pas signer son arrêt de mort en tentant de sortir.

Une jeune fille entra, et Nicolas la suivit, refermant la porte à clé derrière eux. La nouvelle tête était plus petite que lui et paraissait frêle, probablement pas habitué au combat. Probablement au moins de son âge, elle avait de très longs cheveux blonds, mais ce qui marqua le plus Alix, se furent ses yeux violets.

« Bonjour ! commença-t-elle avec bonne humeur. Je m'appelle Elizabeth. Victoria n'étant pas disponible pour le moment, je me suis portée volontaire pour vous amener à manger. »

Elle fit quelques pas, jusqu'à atteindre le général qui s'était redressé et assis sur le bord du lit. Elle lui tendit avec un sourire empli de gentillesse, avant de reculer, se tenant les mains. Le jeune garçon ne manqua pas de remarquer que derrière elle, Nicolas s'était tendu, mais il se garda de tout commentaires. A la place, il se reconcentra sur la nouvelle venue, qui semblait dénuée de toute méfiance. Probablement par naïveté.

« Merci. »

Le sourire de l'inconnue se fit un peu plus grand, alors qu'elle inclinait poliment la tête, retournant aux côtés de Nicolas.

« Bon appétit, j'ai été ravie de vous rencontrer. »

Elle lui fit un signe de main en sortant, ses yeux violet brillant lorsqu'elle passa dans l'ombre. Nicolas referma la porte derrière eux, et il l'entendit pester ;

« On t'avait pourtant dit de poser le plateau au sol, et de ne pas t'approcher de lui !

-Mais ce n'est pas respectueux, protesta-t-elle avec une douceur certaine dans la voix. Et il n'allait pas me sauter à la gorge si je m'approchais...

-Il est dangereux, tu le sais !

-Pardon... »

Il l'entendit soupirer, et le bruit de ses pas, plus légers que ceux des gardes, s'éloignèrent dans le couloir. Les personnes derrière la porte ne parlant plus, il se désintéressa d'eux pour commencer à manger. La nourriture qu'ils lui offraient – malgré le fait qu'il était leur prisonnier, il avait le droit à un repas copieux par jour – était toujours aussi bonne, et il ne pouvait retenir un sourire lorsqu'il mangeait.

Victoria entra finalement dans la chambre quelques heures plus tard, accompagnée par une femme aux yeux verts qu'Alix avait déjà entendu marcher devant la porte. La main portée sur son arme, elle était sur ses gardes mais ne semblait pas aussi haineuse que Nicolas. La porte-parole salua le général, s'asseyant sur la chaise qu'elle avait emmené précédemment. Pour une fois, Alix fut le premier à prendre la parole, assis en tailleurs sur le lit.

« La jeune fille qui est venu tout à l'heure...

-Elizabeth ?

-Oui, c'est ça. Elle avait les yeux violets. Il y en a beaucoup ici ? »

Victoria eu un léger sourire, amusée par la curiosité grandissante du garçon. Elle croisa les jambes, se redressant un peu sur la chaise.

« Nous avons continué à avoir des enfants, général. Notre longévité s'est allongée, et on ne pouvait pas juste se contenter d'attendre notre mort sans rien faire.

-Donc, vos enfants sont des Yeux-Violets ?

-En quelque sorte. Lorsque Néo et les autres nous ont chassés, toute leur génération d'Yeux-Violets nous a tourné le dos. Ceux d'ici ont toujours grandis parmi nous, et nous leur avons enseigné tout ce que nous savons pour leur transmettre un héritage. »

Alix avait d'autres questions qu'il ne pouvait pas poser. Est-ce que les Yeux-Violets élevés par les Yeux-Morts savaient se battre ? Est-ce qu'eux aussi avaient une force plus développée que les Anciens ? Est-ce qu'ils étaient entraînés dans le but de défendre leurs parents contre la société de Néo ?

« J'ai une autre question.

-Je vous écoute, lui répondit Victoria avec patience.

-Qu'est ce que vous savez sur nous, et comment est-ce que vous le savez ? »

Cette fois, plutôt que de répondre immédiatement, Victoria jeta un coup d'œil en biais à la garde qui était avec elle. Cette dernière détourna le regard, visiblement mal à l'aise. Non pas comme si elle était gênée, mais plutôt comme si elle avait mal. La porte-parole soupira doucement, et se leva pour aller lui parler. Elle murmurait, mais Alix l'entendait sans difficultés ;

« Tu n'es pas obligée de rester écouter. Tu peux sortir, je gère la situation. »

Visiblement coincée entre son envie de protester pour ne pas laisser leur chef seule avec lui, et son envie de sortir, elle hésita un instant. Finalement, son inconfort devait être plus grand car elle quitta la pièce.

Victoria se rassit alors sur la chaise, redonnant son attention à Alix. Ce dernier ne comprenait pas ce qui venait de se passer, mais ravalait son interrogation, attendant que son aînée ne reprenne la parole ;

« Je ne sais pas si vous êtes au courant, général, mais le but premier de Néo n'était pas de nous traquer jusqu'à tous nous tuer. Il nous a d'abord simplement exilé, dans l'espoir que nous ne puissions pas survivre à l'extérieur. C'est en se rendant compte qu'on persistait à ne pas mourir qu'il vous a créé, pour nous chasser.

-Jusque là je vous suis. Ça ne répond pas à ma question.

-J'y viens. Vous ne le savez probablement pas, mais vos dirigeants ne nous ont pas tous exilés. Ils en ont gardé certains pour en faire des esclaves. Je suis navrée de vous l'apprendre, mais il est impossible de recréer une société à partir de rien. Par conséquent, ils ont décidé d'exploiter certains d'entre nous afin de récupérer des parties de notre savoir-faire, notre science, pour ensuite le modeler à leur gré. Votre société est basée sur la nôtre. »

Alix cilla plusieurs fois rapidement, fixant Victoria. Il avait reçu beaucoup d'informations d'un coup, et son cerveau s'agitait à tout allure. Même s'il n'était pas sur d'avoir tout suivi, cela lui paraissait irréel.

« Des esclaves ?

-Un esclave est une personne qui n'a pas la moindre liberté, et qui doit se soumettre à son maître en toutes circonstances. Ils ont choisi quelques-uns des nôtres, afin de les contraindre sous la menace à leur apprendre ce qu'ils savaient.

-Comment vous savez ça ?

-Un d'eux a réussi à s'échapper. On ne sait pas comment il a fait pour s'en sortir, mais il a réussi à fuir la ville. Et vu que vous n'aviez pas encore été créé pour nous chasser... On a réussi à le retrouver, par un total coup de chance. Il nous a expliqué tout ça, il nous a raconté quel genre de société Néo et les autres étaient en train de créer. Le concept de caste, privation de libertés, suppression de l'histoire... C'est de là qu'on tient ce qu'on sait sur vous. »

Alix marqua un temps d'arrête. Les paroles de la porte-parole tournaient en boucle dans sa tête, et il n'arrivait pas à trouver le mensonge dans ce qu'elle disait. Il savait pourtant qu'elle aurait totalement pu inventer cette histoire de toute pièce, mais... Au fond de lui, le général ne parvenait pas à trouver le faux dans ce qu'elle disait.

« Et est ce que je pourrais rencontrer cet... 'esclave' ? »

Le sourire de Victoria se fit plus triste, et elle secoua la tête avant de jeter un coup d'œil vers la porte. Seulement là, Alix fit le lien avec l'inconfort de la garde.

« Néo et les autres ne les ont pas forcément bien traités. Au contraire. Il est mort quelques jours seulement après être revenu parmi nous. »

Elle sembla remarquer que le regard du prisonnier convergeait lui aussi vers la porte. Devinant qu'il pensait à la même chose qu'elle, elle n'attendit pas qu'il pose la question pour l'éclairer ;

« C'était son mari. Lui et son frère avaient été « choisis » pour rester avec les Yeux-Violets. Son frère est mort rapidement en essayant de se rebeller. Son mari a été exploité pendant un an, avant qu'il ne puisse s'échapper. »

Alix n'essaya pas d'en savoir plus. Il hocha la tête, comprenant que le sujet devait toujours être épineux. Il se rendait compte de la haine que la majorité des Yeux-Vides devaient leur vouer.

Et quelque part au fond de lui, il pouvait comprendre.

« C'est... quelque chose que l'on ne nous raconte pas, reprit-il finalement. Cela fait probablement parti des choses qui ne sont pas jugés essentielles à savoir.

-Et est-ce que vous trouvez ça normal ?

-Comment ça ?

-Est-ce que vous trouvez normal d'exploiter des êtres humains jusqu'à les faire mourir de fatigue, pour ensuite les effacer totalement malgré tout ce qu'ils ont apportés ? »

Le garçon ne répondit pas. Victoria s'était penchée vers lui, le fixant droit dans les yeux. Néanmoins, cette fois, elle ne comptait pas s'arrêter là.

« Ne trouvez vous pas cela hypocrite de chasser et tuer ceux sur lequel votre nouvelle société s'est construite ? Est-ce normal de vouloir tuer des gens dont le seul crime est d'avoir survécu ?

-Je...

-Supprimer l'histoire, supprimer vos libertés, vous classer dans des castes. Est-ce normal ? »

Il était né dedans, il avait été élevé dans ce contexte. Oui, ça lui paraissait normal. Mais est-ce que c'était normal pour autant ? Il se rappelait les hurlements de Louis, enlevé et puni pour s'être montré un peu trop curieux. Il se rappelait Niel, arraché à eux à cause de sa simple tristesse. Il entendait Néo, le menacer de punir ses troupes s'il se montrait désobéissant. Il entendait les dirigeants lui exiger des résultats, et cela sans prendre en compte la sécurité et la fatigue des Chiens.

Son rôle à lui était de tuer, pas de penser. Il n'avait jamais réfléchi à tout cela auparavant, et soudainement il ne pouvait plus supporter de regarder Victoria dans les yeux.

Cette dernière se releva, jugeant en avoir suffisamment dit :

« Je vais vous laisser y réfléchir. A bientôt, général. »

Même sa façon de dire « général » était différente de celle de Néo. Lorsque le dirigeant l'appelait ainsi, il sentait une pression considérable se poser sur ses épaules. C'était une façon pour Néo de lui rappeler sa place, son rang, son devoir.

Lorsque Victoria l'appelait ainsi, il n'entendait que du respect dans sa voix. Rien d'autre.

« Attendez ! »

Surprise, elle se retourna, une main posée sur la poignée de la porte. Le garçon s'était relevé d'un bond, l'air plus déterminé que jamais depuis qu'il était ici.

« Oui ?

-Faites moi voir. Apprenez-moi. Montrez-moi ce que vous avez à me montrer, je suis prêt à le voir. »

Il marqua un temps de pause, avançant vers elle. La porte-parole ne montra aucune trace de méfiance, ni ne fis de mouvement de recul, se contentant de sourire en le regardant.

Alix prit une inspiration, et lui tendit la main.

« Vous avez ma parole. Je veux vous donner une chance. Persuadez-moi que vous avez raison, et qu'une autre façon de faire les choses est possible. »

Victoria considéra sa main tendue un instant, et, en lui souriant, la serra dans la sienne, scellant ainsi leur accord.

« Alors suivez-moi. »

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