Elle laisse le jet chaude couler sur son corps, ayant l'illusion d'un instant de répit. Le sable, le sang et la crasse quittent sa peau et elle regarde l'eau devenue maronnasse disparaître dans les canalisations et redevenir peu à peu translucide.
Elle ouvre la bouche et boit. Elle n'avait pas réalisé à quel point elle était déshydratée et même si l'eau est désagréablement tiède dans sa gorge elle n'arrive pas à s'arrêter jusqu'à n'en plus pouvoir.
Elle tourne son visage vers le rideau. L'ombre a contre jour de Prosper est là, toujours près du lavabo, attendant en silence. Elle hésite une seconde mais ne tient plus:
-Où est Line? Qu'est ce que vous en avez fait?
-Elle va bien.
-Elle allait bien aussi quand j'ai entendu ses hurlements résonner dans toute la maison hier! Et lorsque tu lui as explosé la gueule devant moi!
Ce tutoiement lui échappe mais cela lui est bien égal.
-Tut tut tut... qu'est ce que j'ai dit à propos de ta langue?
Oxelle ne peut réprimer une nouvelle monter de larmes. Elle ferme les yeux et pose sa tête contre le carrelage du mur avant de dire dans un murmure emplie de désespoir.
-Pourquoi? Pourquoi est ce que vous faites ça?...
-On te l'a déjà expliqué il me semble non?
Elle lève les yeux vers le ciel comme pour supplier une entité supérieure et cette fois ne retient pas un sanglot à peine camouflée par le bruit de l'eau:
-La descendance de votre famille... mais vous pourriez trouver des femmes avec amour, comme tout le monde. Mais non! Il a fallut que vous soyez tous complètement dingue!
Sur ce dernier mot sa voix brise et elle fond en sanglots.
-Bon ça suffit. Sors.
Elle ne l'écoute pas et continue de pleurer, la tempe contre la parole de la douche. Elle sait qu'elle devrait rester forte mais comme y arriver? Oxelle a peur. Elle a peur de finir comme Nina ou comme Line. Elle a peur de finir sa vie entre ses murs. Elle a peur de chaque instant, de ces gens et de leur folie.
-Sors j'ai dit!
Mais une nouvelle fois elle n'obéit pas alors il attrape la serviette, la déplie et attrape le rideau qu'il tire d'un coup avant de jeter la serviette sur le corps de la jeune femme et d'éteindre l'eau.
Oxelle est terrorisée et s'arrête aussitôt de pleurer pour laisser la peur marquer les traits de son visage. Elle s'accroche à la serviette comme à une bouée de sauvetage et Prosper la fixe dans les yeux quelques longues secondes avant de reculer en détournant le regard:
-Dépêche toi de te sécher et de te rhabiller.