L'or de Ssriatéth

By MARozenArt

92 4 0

Canaan est le nouveau chef du clan des nagas dorées. Après des années d'isolation de son village, il décide d... More

Chapitre 1 - La première fois
Chapitre 3 - Retrouvaille

Chapitre 2 - Un vent nouveau

20 1 0
By MARozenArt


A la lumière des torches du village, les écailles de Canaan brillaient d'un éclat encore plus intense. Elles semblaient constellées de paillettes irisées, donnant cet aspect de métal précieux à la naga. Il l'interrogea :
- Que faisais-tu dans la forêt alors que le soleil est couché ? Il y a des loups dans ces bois, il faut faire attention.
- Je ... j'ai vendu toutes mes plantes aujourd'hui, je cherchais à en cueillir de nouvelles pour demain, répondit-elle embarrassée.
- C'est donc toi la "magicienne" dont ils m'ont parlé ! Les membres de mon clan n'ont plus vu d'alchimiste depuis si longtemps que même nos anciens n'étaient encore que des œufs en ce temps ! Dit-il en riant.
Une magicienne ? Mais Anaëlle n'était pas une magicienne ! Elle comprenait maintenant mieux comment les nagas pouvaient passer à côté d'autant de richesses, pourtant juste sous leur nez. Ils n'avaient simplement pas les connaissances nécessaires pour s'en rendre compte. Elle retourna enfin en sécurité dans la tente qu'elle partageait avec son employeur et mit de nombreuses heures à s'endormir, compte-tenu de la journée mouvementée qu'elle venait de passer.

Elle se réveilla aux aurores, avant même le chant des premiers oiseaux. Elle n'avait pas dormi bien profondément, et les ronflements des marchands des tentes alentours n'avaient pas aidé. Mais cela n'était pas un problème car elle avait trouvé, la veille au soir, des plantes aux vertus excitantes, parfaites pour compenser une mauvaise nuit de sommeil. De plus, se lever si tôt lui donnerait l'occasion de transformer une partie de sa récolte en décoctions et baumes qui seraient bien plus efficaces que des plantes non préparées.

Alors qu'elle écossait avec attention une plante à petites fleurs rouges, un visage familier se présenta devant elle. Sans qu'elle ne contrôle sa voix et ses mots, elle lui jeta un joyeux :
- Oh, Canaan c'est toi !
Elle porta ses mains à sa bouche, gênée d'avoir employé un ton si familier avec lui.
- Et toi, tu ne m'as toujours pas dit ton prénom, répondit-il en souriant de façon bienveillante.
- Je m'appelle Anaëlle. Je suis désolée pour hier ; d'avoir été si froide, lui déclara-t-elle en baissant les yeux d'un air contrit.
- Il n'y a pas de quoi, vraiment, dit-il en se penchant vers elle. Alors ce sont là les plantes que tu as trouvées hier, elle étaient toutes aussi proches du village ? s'étonna-t-il.
- Oui, vos bois sont d'une richesse incroyable !
Le serpent se redressa l'air pensif. Il souhaita une bonne journée à Anaëlle et retourna à ses occupations de chef.

Les nagas dorées, et en particulier celle du clan de Ssriatéth, étaient des individus qui partageaient la plupart de leurs possessions. Chaque bâtiment, contrairement aux apparences n'était pas une habitation mais un lieu dédié à une activité ou une fonction. Une infirmerie, un séchoir à viande, un grenier pour les cueillettes et bien d'autres. Les nagas vivaient toutes ensembles dans le grand bâtiment de pierre au centre du village. Leur absence de fourrure et leur incapacité à se vêtir les forçaient à dormir toutes agglutinées les unes aux autres pour supporter le froid de la nuit. La journée, ces créatures au sang chaud supportaient la fraîcheur de l'air grâce au fait de s'activer à leurs tâches quotidiennes.

Les serpents de Ssriatéth n'avaient en réalité qu'un seul type de possessions qui leur était propre, les bijoux. Ceci expliquait largement le succès du stand d'Anaëlle et du bijoutier. Les nagas accordaient une grande importance à ces accessoires, sans vraiment qu'eux même n'aient d'explication. Ils trouvaient simplement cela beau, et d'une certaine façon intime et personnel. C'était leur façon d'exprimer leur individualité, mais aussi leur appartenance au groupe. Tous les membres du clan, en effet, avait un anneau d'argent. Le porter n'était pas une obligation, mais tous en possédaient un qu'on pouvait voir parfois à une corne si elle était assez longue pour cela, sinon à un doigt, un poignet ou encore sur la pointe de la queue.

Un autre signe d'appartenance était les bijoux que les couples partageaient. Les nagas dorées formaient des couples monogames pour la vie. Lorsqu'ils décidaient de s'unir à jamais, ils symbolisaient cela, auprès des autres membres du clan, par l'échange d'un bijou identique pour les deux membres du couple. Cela pouvait être n'importe quoi, tant que c'était le même pour les deux serpents, qu'il s'agisse d'un bracelet en or massif finement ouvragé et orné de joyaux ou d'un simple pendentif de bois sur une cordelette. Pour les nagas il ne s'agissait pas d'un mariage mais d'une union. La notion de mariage impliquait généralement pour les autres espèces la notion de fidélité, ce que les nagas ne comprenaient pas, étant libertines et pansexuelles.

Ainsi, toute la journée de la veille, des membres du village étaient venus demander à Canaan si tel ou tel objet de la réserve des objets de l'ancien monde pouvait être échangé contre des bijoux. Il avait donc pris soin lors de la mâtinée de faire un tas de possessions qui pouvaient être échangées contre n'importe quoi sans que cela ne pose de problème, il ne souhaitait pas passer une nouvelle journée à ce que la moitié du village ne lui court après. Il voulait pouvoir s'occuper des tâches réellement importantes en temps que chef du village ; aider les anciens, s'occuper des jeunes, choisir de nouveaux terrains de chasse, patrouiller dans la forêt.

Il n'était chef que depuis six lunes. Jamais il n'avait imaginé que cela pourrait être aussi éreintant. Naer, l'ancien chef du village avait chef gentil, mais il avait complètement renfermer le village sur lui même. Autrefois les nagas dorées étaient craintes et parfois même vénérées. Nombre des précédents chefs du clan avaient été des serpents agressifs et belliqueux. Mais Naer, à seulement 15 ans, avait défait en combat singulier son propre chef. Puis il avait interdit tout contact avec l'extérieur. Suivant d'instinct son exemple les membres du clan devinrent de plus en plus pacifistes et secrets. Personne ne remit jamais en question l'autorité de Naer, malgré l'évidence qu'il n'était pas né pour être chef. Ces écailles n'ayant jamais brillé plus que le bronze, même après des années à la tête du clan. Mais ce dernier eut une très longue vie, si bien que lorsqu'il s'éteint, presque cent années s'étaient écoulées depuis sa prise de pouvoir.

Aucun des membres du clan n'avait fait montre d'une quelconque aptitude ou volonté à régner. Aucune des nagas n'avaient vu ses écailles virer du sable à l'or. Sans chef pour les gouverner, pour les inspirer, les nagas devenaient apathiques et peinaient à subvenir à leurs besoins les plus vitaux. L'hiver qui suivit fut fatal à plusieurs d'entre elles. Les parents de Canaan ne survécurent pas. Ce n'est qu'à ce moment que ce dernier sortit de la torpeur qu'il partageait avec les autres serpents. Il partit seul, dans le froid de l'hiver en quêtes de Talaos, la seul figure extérieure au village qu'il ait vu de toute sa vie.

Ce fut un voyage dangereux, éprouvant, qui manqua de lui coûter la vie presque à chaque journée de trajet. Mais enfin il arriva à Brocéliande, lieu de résidence du druide loup-garou. En ce temps là, les écailles de Canaan, comme celles de ses parents avant lui, étaient d'une couleur marron clair, terne et sans le moindre éclat. Mais lorsqu'il retourna à Ssriatéth, accompagné de druides, de guérisseurs et de nombreuses victuailles, elles avaient commencé à se parer de beaux reflets métallisés, en à peine quelques jours. Ainsi il sauva son clan. Et il en devint naturellement le chef. Rapidement, toutes les nagas vinrent lui poser des questions, que devaient-elle faire, quels fruits cueillir, quels gibiers chasser. Il n'avait pas voulu cela, il n'avait voulu que les sauver. Il leur fallait s'ouvrir au monde ou bien le drame qui venait de leur arriver se reproduirait. C'est ainsi qu'il demanda à Talaos de lui trouver des villages alentour avec qui commercer.

 Sous le règne de Naer, tous les membres du village avaient vu leur couleur s'affadir. Mais aujourd'hui, Canaan était fier de constater que nombre des membres de son peuple avaient maintenant le dos brillant des reflets des précieux métaux. Il n'avait pas envie de renouer avec les anciens vices de ces ancêtres et terrifier les villages alentour. Mais il était maintenant évident que s'ils se renfermaient sur eux même, avec un chef ne poussant son peuple qu'à survivre et non à vivre, ils seraient voués à mourir.

Toutefois, le chef de Ssriatéth ne savait trop que penser de cette première expérience avec des inconnus. Ces derniers avaient su se montrer très respectueux de leur village. Peut-être par crainte d'un lointain passé, ou simplement par appât du gain. Ce n'était, en tout cas, certainement pas par beauté d'âme. Cet humain, le vendeur d'étoffe, l'avait bien prouvé en s'attaquant à Anaëlle. Mais cette dernière, Canaan était confus à son sujet. Elle était si douce, si bienveillante. Elle ne s'était pas contenté de vendre aux villageois ses onguents, mais leur avait expliqué comme les préparer eux-même, avec quel type de plantes. Si elle l'avait voulu, elle aurait pu leur cacher le secret de ses préparations. Elle aurait pu ne jamais dire à Canaan à quel point leur bois regorgeait de ces plantes miraculeuses.

Canaan comprenait enfin mieux pourquoi Talaos lui avait dit : "Le reste du monde est loin d'être à l'image de Ssriatéth. Vous y apprendrez le vice, l'égoïsme, la cruauté et le mensonge qui cohabitent mains dans la main avec la vertu, l'altruisme, la gentillesse et la douceur." Les nagas étaient toujours à l'image de leur chef, leur comportement se différenciant assez peu de celui de ce dernier. Le reste du monde, comment pouvait-il fonctionner avec des individus ayant d'aussi fortes personnalités et coexistant si proches les uns des autres ?

Les pensées de la naga aux yeux vairons s'égarèrent de nouveau sur Anaëlle. Elle se détachait clairement des autres commerçant présents. Non seulement par sa générosité mais aussi par sa beauté. Ses longs cheveux châtains ondulant au gré de la brise. Ses yeux bleus comme le ciel d'hiver, ses petites oreilles rondes et ses lèvres roses. Ce n'était pas la première humaine que Canaan voyait. Ce n'était d'ailleurs pas la seule de la caravane. Mais aucune d'entre elles ne lui laissait ce sentiment doux qu'il ressentait lorsqu'il pensait à Ana. D'ailleurs, aucune des membres de son clan ne lui avait jamais non plus fait ressentir cela pourtant, les belles nagas ne manquaient pas dans son village. Anaëlle retournerait bientôt dans son propre village. Aujourd'hui était la dernière journée qu'elle passerait ici ... à moins que ...

Peut-être accepterait-elle de rester quelques temps de plus ici ? Canaan espérait que s'il lui demandait de rester à Ssriatéth le temps d'enseigner aux nagas qui le souhaitaient l'alchimie, la jeune femme accepterait. Ainsi, il pourrait apprendre à la connaitre. Il pourrait même devenir lui même son apprenti !

Une bonne partie de la journée était déjà passée quand cette idée un peu folle lui avait traversé la tête. Il se rendit sur le marché et demanda à Anaëlle si elle pouvait s'éloigner un peu de la foule. Elle accepta et ils s'isolèrent hors de porté d'oreilles indiscrètes. Elle demanda :
- Qu'est-ce que je peux faire pour toi Canaan ?
- J'aimerais savoir si tu accepterais de rester à Ssriatéth pour nous enseigner ton art. Proposa-t-il de façon enjouée.
Anaëlle entrouvrit légèrement la bouche de surprise et bredouilla quelques lettres. Les idées fusaient à toute vitesse dans sa tête. Quand enfin elle réussit à formuler une réponse elle prononça ses mots qui raisonnèrent longtemps dans la tête de Canaan :
- Je dois attendre le retour de mes parents, je suis désolée mais ... je ne peux pas quitter mon village aussi longtemps.
Elle partit prestement sans attendre une réponse de Canaan, de peur de l'avoir vexé.

Ce dernier avait pensé en naga, et non en humain, et jamais il ne s'était attendu à une telle réponse. Il resta sur place un petit moment perplexe et légèrement déçu. C'est alors qu'un villageois le sortie de sa stupeur, et sans même le vouloir, lui apporta la réponse à son problème : "Cana, chef Cana ! Je n'ai pas pu avoir de bijou, vous pensez que ... vous pensez que vous pourriez faire revenir la caravane dans quelques semaines, s'il-vous-plait ?"

---------------------------------------------------------------------------

Cette histoire est écrite en improvisation.
Retrouvez une nouvelle partie tout les samedis !
Vous pouvez aussi me soutenir sur ma boutique Etsy et mon Tipeee (lien en biographie).

Continue Reading

You'll Also Like

2.4M 113K 113
Mariage Forcé et la nouvelle tendance sur Wattpad, je vous laisse découvrir le mien . Surtout ne vous arrêter pas simplement sur la couverture, je v...
143K 10.1K 39
Ella est une jeune femme éperdument amoureuse de son meilleur ami Daniel. Après un rejet de ce dernier, cette jeune femme ira se ressourcer au villag...
9.4K 120 5
c'est l'histoire d'une adolescente devenu accro au sexe
1.1M 112K 62
Notre histoire! Quelle histoire ? C'est l'histoire d'une famille disloquée l'histoire de deux sœurs qui s'achève vite, l' histoire d'une seconde mèr...