Prosper est plongé dans un silence absolu, se contentant de la fixer d'un regard des plus obscurs qu'il ait été donné de voir à la jeune femme.
Oxelle est effrayée par ces yeux là. Par la façon dont il la regarde. Par le fait qu'il tienne sa main avec tant de force et ne le lâche pas. Elle est effrayée d'être piégée dans cette cave, coincée entre la porte et le corps de cet inconnu, sans véritable possibilité de s'en sortir s'il en a décidé autrement.
Elle s'attend à ce qu'il dise enfin quelque chose, lui hurle dessus serait préférable que ce qu'il continue d'etre immobile et silencieux, mais toujours il ne dit rien.
Oxelle finit par réussir à entrouvrir la bouche et balbutie maladroitement, essayant de trouver une excuse à sa présence ici, sachant très bien qu'elle est en tord:
-Pardon mais je... j'ai entendu des rats et je...
-Tu ne n'as pas le droit d'être ici.
C'est la première fois depuis leur arrivée qu'elle entend le son de sa voix. Son ton est calme mais dur et tout aussi sombre que son regard. Mais le fait qu'il parle le rend enfin vraiment humain et la jeune femme reprend un peu d'assurance.
-Je suis désolée mais ces bruits sont vraiment désagréables et lorsque j'en ai parlé tout à l'heure on ne m'a pas cru. Alors il fallait bien que j'aille voir moi même et il y en a. Ou d'autres nuisibles du genre en tout cas!
Le ton qu'elle prend n'a pas l'air de plaire à l'homme qui resserre sa prise sur les doigts d'Oxelle jusqu'à lui faire mal. Elle a une petite grimace et essaye de retirer sa main mais il l'a maintient bien trop fermement. Il se penche alors, ne faisant que diminuer encore davantage la distance qui les sépare et la jeune femme colle sa tête contre le porte car ne pouvant reculer.
-Je me fous des excuses que tu peux te trouver!
-Vous me faites mal...
-Tu ne survivras pas longtemps ici si tu continues à te comporter et à parler comme tu le fais! Ma famille n'est pas connue pour être la plus patiente en matière de petite fille mal élevée...
Cette fois Oxelle de la colère vient de mélanger à sa peur qui la fait se rebeller outrageusement:
-Arrêtez de tous vouloir m'apprendre comment me comporter! Je suis une de vos clientes, pas une enfant en maison de correction. Et pour la dernière fois: lâchez immédiatement ma main!
Elle essaye de masquer la terreur dans son regard pour n'y laisser que la détermination. Prosper la fixe une seconde alors que leurs visages ne sont qu'à quelques centimètres l'un de l'autre et finit par reculer en lâchant sa main.
Aussitôt Oxelle se dirige vers les escaliers et les monte d'un pas qu'elle espère assuré. Une fois seulement en haut elle accélère sa démarche et se précipite à l'étage, le cœur palpitant a tout rompre dans sa poitrine.
Mais alors qu'elle atteint enfin presque sa chambre, sa route est coupée par l'apparition soudaine de Fidèle.