Ilyès.
T'aimerais lui dire c'qu'elle représente pour toi avant qu'elle ne perde la vie mais tu n'oses pas lui dire.
•••
Il avait un regard complètement vide j'suis même pas sûr qu'il m'entendait. J'me tourne vers Seydou qui parlait avec Gloire.
- Ça fait longtemps qu'il est inactif ?
Gloire - Depuis qu'on a quitté l'hôpital. Il fixe le mur c'est tout, même pas il parle. Il va nous faire une dépression on est pas prêt.
- Putain.. le même scénario qu'il y a sept ans..
Gloire - J'ai bien peur ouais..
- Et Naïmah, ça va ?
Gloire - Elle est avec les filles.
- Y'a Sawsene ?
J'ai grave senti le regard de Seydou sur moi. Ce mec c'est un gamin, c'est pas comme si j'avais choisi d'me marier avec son ex. J'crois qu'il capte pas le concept d'un mariage forcé lui.
Gloire - Ouais.
- Mh.. et les autres sont où ?
Gloire - Dans la cuisine.
- Ok, j'y vais.
Angelo.
Je fixe mes mains ensanglantées. J'sens pas la douleur, c'est bizarre.
Je voyais le sang coulé sur mon jogging mais j'avais aucune réaction. À vrai dire j'm'en fiche.
Je soupir et me remets à fixer le mur.
? - Angelo ressaisi toi.
J'ai pas pris la peine de lever la tête, je reconnais sa voix.
Papa - Je n'suis pas un bon père, j'en suis conscient. Mais dans ce moment je ne peux pas me permettre de t'abandonner et d'ignorer ta souffrance. Je suis autant détruit que toi parce que malgré tout ta mère je l'aimais. Regarde tes mains.. qu'est-ce que tu t'es fait ?
- Le verre..
Papa - Je sais que j'suis pas le bienvenu dans ton cœur. Mais.. je compte me rattraper seulement si tu me laisses ma chance. Si tu veux pas j'te comprendrais.
Dire je t'aime à ma mère avant qu'elle parte..
J'aurais du.
Aujourd'hui c'est que des regrets. Mais je l'ai cherché non ? J'ai passé ma vie à la blesser, je lui ai jamais montré une preuve d'amour.
En vrai ça devrais pas m'atteindre plus que ça, mais moi je l'aimais même si je lui ai jamais dit. Je compte vous expliquer mes raisons, j'vous demande même pas d'me comprendre. J'ai juste besoin de relâcher, c'est tout..
Papa - Tu vas refaire une dépression si tu restes comme ça.
J'le regarde rapidement avant d'me remettre à fixer le mur.
Vous savez j'ai pas grandis dans un environnement heureux. À la maison c'était que des cris et des insultes, à l'école c'était que de la haine et du rejet.
J'ai grandis dans l'ombre et la violence.
De mes premiers mois à mes 5 ans c'était mon père qui me terrorisait. J'avais peur de lui, je pouvais pas rester dans la même pièce que lui.
Après qu'on se soit enfuit avec ma mère ça a été compliqué pour moi de m'intégrer avec les autres enfants parce que j'étais un « fils de pute » et ils me le faisaient très bien comprendre.
J'me suis renfermé sur moi-même du coup.On dit que les enfants sont une source d'innocence, mais putain comment c'est cruel un enfant.. ils m'ont fait la misère de ouf. J'en ai bavé avec eux.
Je devenais de plus en plus haineux. Le diez c'est que je disais rien à personne, je gardais tout pour moi. J'encaissais en silence.
Même à la maison, y'avait zéro dialogue avec ma mère. Je passais trop de temps seul. Je dormais dehors pour pas rester avec ma mère, je traînais dans la cité.. Je crois que c'est comme ça que j'me suis vraiment détaché d'elle.
Je commençais à être influencé par ce que j'entendais dehors. Les mamans des autres critiquaient la mienne et j'avais honte de ça. Je l'aimais pourtant, et je lui étais redevable mais j'ai commencé à me dire que tout était de sa faute. Vers mes 10 ans, mon père s'est manifesté. Il a tout fait pour obtenir une garde partagée et il l'a eu. Je passais plus de temps chez ma mère que chez mon père mais j'crois ça lui plaisait pas trop hein.
Il a commencé à me séquestrer. Il me gardait plus longtemps. Il me rendait au bout de trois mois, il venait me prendre de force. Je supportais pas ça moi. Et j'en voulais à ma mère de me laisser avec lui alors qu'elle savait ce qu'il me faisait subir. Ma haine continuait de s'accroître. À 12 ans, ma mère a commencé à avoir des problèmes d'argent. Du coup à force de passer mon temps dans la rue, j'ai fini par entrer dans ses vices.
J'allais de moins en moins à l'école, genre une/deux fois par mois. Ils ont commencés à envoyer des assistants sociaux à la maison parce que sois disant ma mère s'occupait pas bien de moi. J'ai été forcé d'aller à l'école et j'ai officiellement arrêté à seize ans. Déjà j'aimais pas ça, et ça m'empêchait de gagner plus. J'avais le salaire d'un guetteur mais moi je voulais plus.
Et il y a sept ans j'ai fait un accident de moto. Mauvais diez vu que j'ai fini dans le coma. Mon deuxième plus grand traumatisme ça.
J'suis passé par de la rééducation musculaire, de longues séances à l'hôpital parce que j'ai eu une perte de mémoire. Et pendant cette période ma mère n'était même pas présente.
La suite j'te la raconte pas puisque ça n'a pas vraiment changé depuis. Je vendais, j'étais distant avec ma mère, je devenais insolent et désobéissant envers elle et bref tu sais.
Papa - Tu penses qu'Isabela aimerait te voir comme ça ?
- C'est d'ma faute si j'ai mal ?
Papa - soupir Elle te dirait elle-même de continuer ta route. D'avancer et d'arrêter de penser à tout ça. T'as réussi à te relever pourquoi t'y arriverais pas cette fois ?
Parce que j'me suis jamais vraiment relevé. J'ai juste transformé ma peine en haine. Je balance ma tête en arrière pour empêcher mes larmes de couler.
J'suis orphelin de mère les gars, vous captez ou pas ? J'arrive pas à accepter ça c'est trop difficile pour moi.
Ça passe pas.
Papa - Ne te retiens pas. Pleure, tu te sentiras mieux.
- J'suis quoi moi pour pleurer ?
Papa - Un humain. Ce n'est pas une honte de pleurer, on a tous notre moment de faiblesse. Pleurer fait évacuer notre peine alors lâche toi si ça peut te soulager.
Le terme exact est,
Péripatéticienne.
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