PARTIE 10
Les Delmar arrivèrent juste après midi. Peter était dans sa chambre quand il les entendit. Il savait qu'il devrait sortir, mais au lieu de ça, il se cacha jusqu'à ce que Pepper aille les accueillir. Une fois qu'il les entendit entrer, il prit une profonde inspiration, prit Murphy dans ses bras, et se dirigea vers le salon.
Les adultes avaient des petites discussions d'adultes. Morgan n'était pas là, tout comme la petite-fille des Delmar, mais si Peter écoutait attentivement, il pouvait les entendre toutes les deux dehors, dans la cabane. Elles avaient clairement décidé qu'ils étaient tous trop ennuyants.
- Salut, dit-il doucement, quand les conversations s'arrêtèrent.
Les quatre se tournèrent pour le regarder.
Les Delmar n'avaient pas beaucoup changé. Ils avaient les cheveux plus gris, étaient plus vieux, peut-être plus fatigués – comme la plupart de ceux qui avaient survécu au Snap, pensa Peter. Ils sourirent quand ils le virent, cependant, et le sourire de Mr. Delmar s'agrandit quand il vit Murphy blotti dans les bras de Peter.
- Peter ! s'exclama-t-il en s'avançant vers lui pour le prendre dans ses bras.
Peter se tendit sans le vouloir, ses épaules se haussant jusqu'à ses oreilles. Mr. Delmar s'en rendit compte et se recula immédiatement, à la grande honte mais aussi au soulagement de Peter.
- Et Murphy, ajouta Mr. Delmar, levant la main pour caressa la tête de Murphy.
Murphy commença à ronronner, et Peter le posa par terre. Il se frotta contre les jambes de Mr. Delmar, et fit la même chose avec celles de Mrs. Delmar.
- J'imagine qu'il se rappelle de vous, dit Peter.
- Ça n'a pas été aussi long que ça, pour lui, répondit Mr. Delmar, et il se pencha pour prendre Murphy.
Murphy se positionna sur son épaule, ce qu'il faisait souvent à l'épicerie quand Mr. Delmar refaisait les stocks.
Il y eut un instant de silence. Puis Tony dit :
- Bien, est-ce qu'on mange dehors ?
- Ce serait agréable, merci, répondit Mrs. Delmar.
Tony les conduisit sous le porche, Murphy toujours blotti contre l'épaule de Mr. Delmar, tandis que Peter suivait Pepper dans la cuisine.
- Tu vas bien, chéri ? demanda Pepper en lui donnant la salade qu'elle avait faite pendant qu'il se cachait dans sa chambre.
Peter acquiesça. Elle l'observa pendant un moment puis pressa gentiment son épaule.
- Amène ça dehors. J'arrive.
Peter sortit avec la salade et s'assit à table avec les autres. Pepper les rejoignit une minute ou deux plus tard avec des lasagnes, et puis Mrs. Delmar alla chercher les enfants.
Le sentiment d'avoir tous ces mots coincés dans sa gorge revint. Peter picora dans son assiette pendant que les adultes menaient la conversation, et que Morgan et la petite-fille des Delmar – Emilia – parlaient à mille à l'heure avant de retourner jouer. Mr. Delmar nourrissait Murphy discrètement, et Murphy restait assis sur son épaule, ronronnant bruyamment.
Enfin, quand tout le monde finit de manger, l'assiette de Peter était toujours remplie ; il vit Tony la regarder, mais il ne dit rien. Peter aida à ranger la table et commença à faire la vaisselle. Mais Pepper l'arrêta en posant une main sur son bras.
- Va t'asseoir dehors avec les autres, dit-elle.
Peter ouvrit la bouche pour argumenter, mais elle secoua la tête.
- Il n'y a pas de soucis, Peter.
- Je vais aider Pepper à nettoyer, dit Mrs. Delmar, les surprenant tous les deux.
Peter avait été tellement absent mentalement qu'il ne l'avait pas entendue arriver – ce qui aurait dû être impossible, avec ses sens.
- Va t'asseoir, Peter.
Il n'avait vraiment pas le choix. Il retourna dehors pour voir Tony somnoler sur une des chaises tandis que Mr. Delmar gardait un œil sur Morgan et Emilia. Elles jouaient avec une des machines à bulles de Morgan. Morgan montrait à Emilia comment bouger la main pour faire sortir la bulle. Une énorme bulle, presque de la taille de Morgan elle-même, en sortit, et Emilia haleta. Puis Morgan sauta dessus et la fit éclater, les faisant éclater de rire.
Peter ne put s'empêcher de sourire en les regardant. Ça faisait bizarre, comme sensation, parce qu'il n'avait plus vraiment l'habitude de sourire.
Peter s'assit sur la troisième chaise, à côté de Tony. Mr. Delmar se râcla la gorge. Peter le regarda. Murphy était sur ses genoux, maintenant, pétrissant son pantalon. Mr. Delmar grimaça légèrement – Peter n'avait pas réussi à couper les griffes de Murphy, et elles étaient plutôt acérées – mais il ne l'empêcha pas de continuer.
- Peter, je voulais te remercier d'avoir trouvé Murphy.
Peter secoua la tête.
- Non, vraiment, dit Mr. Delmar. Je... j'aurais dû revenir en ville pour le chercher après que tout le monde soit revenu. Mais on n'était pas vraiment sûrs qu'il ait été éclipsé – il est toujours venu comme bon lui semblait, et après tout ce qui s'est passé, j'ai pensé... eh bien, j'ai pensé qu'il s'était enfui ou que quelque chose lui était arrivé. J'imagine que j'avais trop peur d'avoir de l'espoir.
Il glissa sa main de la tête de Murphy jusqu'à sa queue.
- Mais j'aurais quand même dû venir voir, de toute façon. Je déteste l'idée qu'il aurait pu lui arriver quelque chose si tu ne l'avais pas trouvé. Alors, merci.
Peter déglutit deux fois et essaya de retrouver sa voix.
- Je suis content de l'avoir trouvé, moi aussi.
Mr. Delmar fut silencieux pendant quelques secondes.
- Je pense que peut-être, ce n'est pas la première fois que tu le sauves.
Peter cligna des yeux.
- Quoi ?
- Après que mon magasin ait été détruit, il y a quelques années. Je pense que c'est toi qui l'as sauvé aussi.
Peter paniqua.
- Quoi ? Non, vous – vous devez penser à quelqu'un d'autre.
Tony se réveilla de sa somnolence, probablement alerté par la panique qu'il entendait dans la voix de Peter.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Spider-Man a sauvé Murphy après que mon magasin ait été détruit, il y a quelques années, dit Mr. Delmar.
Il regarda Peter.
- Tu sais, je n'ai jamais été sûr à cent pourcent. Il avait l'air étrangement familier, mais c'est seulement quand j'ai reçu un appel d'Iron Man que j'ai compris que j'avais raison.
Peter déglutit.
- S'il-vous-plait, ne le dites à personne, murmura Peter.
- Bien sûr que non, rétorqua Mr. Delmar.
Tony se râcla la gorge, et quand il parla, il y avait quelque chose d'aigu dans sa voix, qui n'était pas là avant.
- Il va falloir que vous signiez une close de confidentialité. Est-ce que votre femme est au courant ?
- Tony, le réprimanda Peter, gêné.
- Je signerai tout ce que vous voulez, Mr. Stark, répondit gentiment Mr. Delmar. Et non, elle ne sait pas.
Ils se turent tous les trois. Peter pouvait entendre Pepper et Mrs. Delmar rire à l'intérieur de la maison. Morgan et Emilia se poursuivaient l'une l'autre à travers le jardin, riant hystériquement.
Peter regarda Murphy, puis Mr. Delmar.
- Vous devriez le récupérer, dit-il, très doucement. Vous lui avez manqué. Vous êtes sa famille.
Mr. Delmar soupira.
- Tu sais, ce n'était pas vraiment mon intention, quand je suis venu aujourd'hui. On a une maison déjà pleine d'animaux, et mon fils m'a dit qu'il n'en voulait pas plus. C'était gentil de ta part de nous contacter, mais tu prends clairement bien soin de lui. Je ne pensais pas que je voudrais le récupérer. Mais en le voyant... il a toujours été mon préféré.
Peter espéra qu'il n'avait pas l'air aussi près de fondre en larmes que ce qu'il ressentait. Il savait que c'était la bonne chose à faire – Murphy avait une famille qui avait besoin de lui. Il n'avait pas été abandonné, finalement. C'était une bonne chose.
C'était quand même douloureux.
- Est-ce que je pourrai le voir quelques fois ? demanda Peter.
- Bien sûr, répondit Mr. Delmar, comme si c'était évident. Quand tu veux. D'ailleurs, je ne pense pas qu'on arrive à les séparer, toutes les deux.
Il fit un geste en direction de Morgan et Emilia, qui s'étaient allongées par terre dans l'herbe et regardaient le ciel.
Peter sourit faiblement.
- Merci.
Tony posa sa main sur la nuque de Peter et pressa gentiment. Il ne dit pas un mot, mais Peter savait ce qu'il lui disait.