« Woooh, it's just me, myself and I
Solo ride until I die
'Cause I, got me for life (yeah)
Woooh, I don't need a hand to hold
Even when the night is cold
I got that fire in my soul (uh). »
Bebe Rexha, Me, myself and I
Trad (de moi) :
(Attention, la traduction sera éloignée du mot-à-mot)
« C'est juste moi avec moi-même
Je roule seule jusqu'à la mort
Parce que je serai moi jusqu'à la fin
Je n'ai pas besoin qu'on me prenne la main
Même lorsque la nuit est froide
J'ai ce feu dans mon âme »
Si j'avais cru un instant que tout serait aussi facile ? Bien sûr que oui.
Ses doigts se glissèrent dans les miens. Il guidait ma main, ses lèvres près de mon oreille pour me murmurer ces mots que je ne voulais pas entendre. Il ne s'agissait même pas d'un ordre, seulement d'une promesse, d'un pacte.
—Layla, fais-le.
Mon cœur battait la chamade, je ne parvenais à respirer que par la bouche. Ma poitrine se soulevait doucement, maîtrisée malgré les tremblements nerveux. Allais-je vraiment le faire ?
Ses yeux larmoyants, son corps chétif et ses sanglots déchirant. A même le sol, il pataugeait dans sa propre urine. Ses mains ligotées ainsi que ses bras, on s'était assuré qu'il ne fuirait pas. Pourquoi se donner autant de mal pour un simple garçon qui ne devait pas avoir plus de neuf ans ? Je ne comprenais pas. Peut-être que je ne voulais pas non plus comprendre ?
Il m'était arrivé d'étudier les rites de passation pour rejoindre des groupes déviants. Il m'était arrivé de lire des articles donnant en exemple pour de violent groupe l'obligation de tuer pour adhérer au groupe. Mais la réalité était souvent bien différente de la théorie, puisque dans la théorie le danger était bien loin et nous n'étions pas obligé de tenir une arme à feu pointée sur un enfant si terrifié qu'il ne parvenait pas à crier. Ou peut-être savait-il que cela ne servirait à rien ?
Pour ma part, qu'aurais-je dû dire ? Qu'aurais-je pu penser ? Que devait-on faire dans ce genre de situation ?
Une seule pensée traversait mon esprit. Je ne savais pas si elle était normale mais elle était là et devenait angoissante. Où tirer pour tuer sur le coup ? Je n'avais pas fait médecine, je ne connaissais presque rien du corps humain si ce n'était les bases.
Les artères ? La tête ? Et si je me ratais et qu'il se mettait à agoniser dans ses cris à glacer le sang ? Je ne voulais pas être témoin de ça.
Et même, je ne voulais pas tirer !
—Que tu le fasses ou non ne changera rien. Il mourra dans tous les cas. Mais si tu ne le tues pas toi-même, alors tu le rejoindras aussi. Je t'ai promis la liberté et ma protection, et cela a un prix Layla.
Que faire dans une telle situation ?
Mes cours ne m'aideraient pas, ni même les œuvres lues pour mes études. Alors, en sachant que je ne sauverai pas l'enfant, la survie prit le dessus et je fermais les yeux.
—Oh non, ouvre les yeux Layla, m'ordonnait Killian. Ce n'est pas poli de ne pas regarder ceux à qui tu ôtes la vie.
—Je n'y arriverai pas...
Pourquoi avais-je quitté le territoire d'Abondance ? Pourquoi avais-je fui la sécurité de l'Hôtel ?
Tant de questions inutiles.
Le doigt sur la gâchette, tout semblait être si simple. Une petite pression aurait suffi. Ce n'était rien, une fraction de seconde. Je n'étais même pas vraiment responsable. Le criminel serait la balle, pas moi. N'est-ce pas ?
Alors pourquoi n'arrivais-je pas à faire ce geste si facile et rapide ?
« A cause de lui », comprenais-je. De ses yeux braqués dans les miens.
Leur couleur semblait si unique. Ils étaient d'un marron particulier, très clair, vacillant entre le noisette et la teinte du chocolat. Des éclats dorés étaient parsemés ici et là. Il s'agissait d'un regard qui devait s'émerveiller de tout à un si jeune âge. Il n'avait rien vécu et un simple papillon devenait le plus merveilleux des souvenirs.
Quoiqu'à Colombe, restait-il quelque beauté ?
—Très bien, conclut Killian.
Je me tournais vers lui qui, à présent, avait braqué son arme droit sur moi. Mon sang ne fit qu'un tour. Je me précipitais sur l'enfant, le prenant dans mes bras.
—Tout ira bien, lui promettais-je.
L'enfant se détendit dans mon étreinte.
—Merci, murmura-t-il à mon oreille.
Alors le son de la voix enfantine disparu, absorbé par un bruit infernal. Celui de mon doigt appuyant, relâchant la balle.
Un trou en plein milieu de la poitrine, le corps était si petit que la balle avait traversé pour ressortir non sans projeter avec elle des morceaux de chairs et des projections de sang. A cet âge si peu avancer, le corps était fragile. Pourtant ses yeux révélèrent une vérité qui me pétrifia. Il lui avait fallut quelques secondes pour mourir. Un temps précieux durant lequel la douleur l'avait fait souffrir et ses dernières pensées avaient peut-être été « Maman ».
Je m'étais relevée, pleine de sang mais trop occupée à être hypnotisée par ses yeux grands ouverts.
Killian me prit l'arme, s'en allant avec la plupart des témoins, laissant le cadavre et moi sur place. Dembe était resté. Sa main se posa sur mes yeux, me libérant de l'emprise d'un mort.
—Tout va bien, Killian est partit. Tu peux pleurer à présent.
Avais-je seulement le droit ? Si j'avais été courageuse, j'aurai refusé de tirer. Si j'avais été intelligente j'aurai braqué mon arme sur Killian. Si j'avais été intelligente...
Les premières larmes s'accompagnèrent de sanglots bruyants tandis que les bras de Dembe me cachait en m'enveloppant comme un cocon protecteur. Avait-il lui aussi dû passer par là pour entrer dans l'entourage de Killian ? Y avait-il été forcé également ?
—Je te protègerai, Layla. Je serai ton allié ici.
—Pourquoi dis-tu ça ?
—Parce que tu es l'ange dont j'attendais la venue à Colombe.
—Je viens de tuer quelqu'un. Un enfant à qui j'ai fait croire que...
Pourquoi avais-je fait ça ? Je m'étais seulement imaginée qu'au moins il n'aurait plus peur, que l'espoir lui permettrait de penser à l'avenir.
—Colombe est envahit par le sadisme et la psychopathie. Et parmi eux, aujourd'hui est apparu la lumière d'une âme rassurant un enfant pour que celui-ci meurt le sourire aux lèvres. Sans toi, il serait mort de l'arme de Killian. Il n'aurait pas hésité à tirer dans les genoux pour le laisser souffrir de longues heures durant.
Essayait-il de me laver de mon crime ? Voulait-il me rassurer ?
—Layla, tu es le chef dont le territoire de Fer a besoin. Je tuerai Killian, pour toi, pour Colombe. Accepteras-tu alors de le remplacer et de faire du territoire de Fer un nouveau jardin d'Eden ?
***
Le bruit sourd fit sursauter chacun dans la pièce. Ryan inclut. La femme était revenue, des dossiers dans les mains qu'elle avait lâché brusquement sur le bureau rafistolé.
—Qu'est-ce que c'est ?
—Des dossiers sur l'entourage de Killian.
Etait-elle stupide ? Ne savait-elle rien du passé de Ryan ?
—Je suppose que tu penses mon travail inutile. Mais les choses ont changé, elles changent souvent.
L'homme se saisit d'un dossier, le feuilletant rapidement. Il se rendit alors compte que tout était bien plus complet qu'il ne l'aurait pensé.
—Le passé, le présent, la psychologie, les ancêtres et les talents psychiques. Même les relations.
—Le plus important reste ceci, déclara-t-elle en pointant la psychologie. Mais aussi les talents. Killian est puissant, certes, mais il y a plus puissant sur le territoire de Fer. Et il s'agit d'une personne très proche de ce dernier. Ce qui signifie qu'il s'agira de la personne qui sera inconsciemment choisi par Layla pour survivre. Elle va le repérer, tenter d'être comme il le désire et agir en conséquence.
—De qui parles-tu exactement ?
Alors la blonde dont la poitrine généreuse et ronde ne bougeait jamais malgré les mouvements, s'empara d'une chemise bien précise, l'ouvrant devant lui pour révéler un nom qu'il connaissait. Celui de Dembe.
—Il possède une grande force, rien de plus. S'il s'est retrouvé à Colombe c'est pour son passé d'homme à tout faire pour un trafiquant d'humains. Il a tué de nombreuses personnes. Mais Killian reste bien plus fort avec son pouvoir.
—Je suis au courant, il peut contrôler les mouvements des êtres humains.
Ce pouvoir était agaçant lorsque l'on voulait se battre contre Killian. Ryan était surement l'un des seuls individus capables de lui résister. Sa nature de Sauvage lui permettait d'être immunisé à son contrôle. C'était d'ailleurs une des raisons pour laquelle Killian n'avait pas réussi à s'attaquer à son territoire avec l'aide des deux autres territoires.
Dembe était un homme calme, qui parlait très peu. Sa force surhumaine était utile et sa loyauté sans faille. Pour Ryan, Dembe n'était pas loyal envers Killian mais ce dernier étant le plus fort du territoire de Fer, rester à ses côtés étaient sans doute le plus intelligent. Et même si Dembe aurait été plus fort que Killian, il n'était pas le genre à prendre le pouvoir. Du peu qu'il s'en souvenait, Dembe n'aimait pas être dirigeant. Il n'était pas un meneur.
—Dembe n'est qu'un psychique avec un force surhumaine.
—Si tu penses qu'il n'est que ça, tu te fourvoies complètement.
A ces mots, la femme pointa un terme dans les pages dédiées à l'homme.
—La Main des Guédés ?
—Le surnom de Dembe lorsqu'il opérait avant son incarcération à Colombe. Les Guédés sont des esprits de la mort.
—Je ne comprend toujours pas.
—C'est pourtant révélateur. Il a une capacité mortelle.
—Un Faucheur, devina alors Ryan.
—Exact.
Aussitôt, Ryan se leva de sa chaise. Il n'y avait plus de temps à perdre. Il ne savait même pas pourquoi il était resté tout ce temps ici, en compagnie de la blonde qui lui avait promis des réponses et son aide. Layla était seule sur un territoire dangereux, loin de lui. Loin de sa protection.
Il avait tant voulu la préserver, la conserver dans son ignorance de la violence de Colombe qu'il en avait oublié que rien ne pouvait être sauver de cette ville. Retrouver Layla était une priorité. Surtout qu'à présent il était certain qu'elle pourrait mourir aux côtés de Killian. Le chef du territoire de Fer voudrait la garder en vie pour avoir un moyen de pression sur Ryan, il en était sûr. Mais si Dembe, un homme qui n'avait pas encore accordé sa loyauté envers Killian, décidait de tuer pour une quelconque raison Layla, rien ne l'empêcherait. Pas même la Banshee en elle.
Alors la porte de son bureau s'ouvrit, l'interrompant dans ses décisions prises dans sa tête. Anselm entrait, calmement.
—Tous les chefs de territoires sont conviés pour une réunion d'urgence.
—Comment ? Quel est le sujet ?
—Changement de chef.
—De quel territoire.
—Le territoire de Fer. Killian est mort.
Le sang de Ryan se glaça. Si Killian était mort, qui sait ce que le nouveau chef déciderait du sort de Layla. Terrifié, Ryan sortit de son bureau, oubliant la femme qui lui avait porté des informations importantes.
—Ryan, n'oublie pas ce que je t'ai dit. Layla n'a qu'un seul but. Survivre.
« Comme chacun à Colombe ».