"...Maelya ?"
Hein ? Ce n'est pas la voix d'Oly ça... Je n'entend pas très bien la voix de mon interlocuteur mais il n'y a qu'une personne pour m'appeler par mon prénom.
"Chan ?"
"Oui, désolé de ne pas avoir décroché.." C'est typique de chan ça, s'excuser alors qu'il n'est pas en tord.
"Je t'arrête de suite, ne commence pas à t'excuser. Tu m'avais dis minuit donc c'est ma faute." Je me lève et commence à faire les cent pas, je ne sais pas si c'est dû au stress ou à l'excitation de lui parler.
"Oublies. L'essentiel c'est que tu es là maintenant, j'ai bien cru que tu n'appellerai jamais ahah. Bon, où es tu ? Est-ce que tu es avec lui ? Je ne l'ai pas vu pendant le concert."
Il a toujours été comme ça, curieux et de nature à compliquer les choses... Cette fois je ne sais pas comment échapper à cette situation. Je vais me contenter de contourner le sujet.
"Chan, je n'ai pas beaucoup de temps. Pourquoi voulais-tu que je t'appelle ?"
"C'est vrai, tu as raison. Hum. En fait, nous repartons demain soir et j'aimerai vraiment qu'on puisse se voir avant mon départ. Je pensais qu'on pourrait manger ensemble le midi..."
Alors qu'il parle, j'ai la sensation étrange que l'expression « mettre du baume au cœur » s'applique à mon cas à cet instant précis. Pendant qu'il m'explique ses projets, je visualise la scène et je meurs d'envie d'accepter, de le revoir et de passer du temps avec lui, guérir les plaies sur mon cœur. Cependant, je sais déjà que c'est une très mauvaise idée. Si jamais tout ça peut guérir mes plaies, ça peut également rouvrir les siennes donc c'est hors de question que je participes à ce traquenard.
"Chan... Je ne sais pas. Je ne pense pas que ce soit une très bonne idée et-"
Cette fois c'est lui qui me coupe la parole. "Je t'en prie. Même pour cinq minutes, j'ai vraiment besoin de comprendre certaines choses et ce serait vraiment génial que je puisse t'en parler en face. Et puis, tu me dois bien ça."
Ce sentiment maintenant familier de culpabilité revient s'emparer de moi et je me laisse convaincre doucement par cette idée. Je pense que ça va bien se passer tant que je contrôle la situation. Il ne faut pas que l'on reste ensemble trop longtemps, lui et moi dans la même pièce ce serait trop... dangereux. "Bon. Cinq minutes, pas plus."
"Merci, merci beaucoup." Je peux sentir son sourire rien qu'au son de sa voix. Quelque part ça me rend heureuse. Mais je suis consciente que ce n'est qu'éphémère car notre entrevue de demain va nous blesser tous les deux, mais c'est aussi l'occasion de se faire de vrais adieux. Comme il le dit, je lui dois bien ça.
"Alors, c'est quoi le plan ?"
Il s'empressa de me répondre, d'une voix enthousiaste. "Comme tu t'en doute, c'est très compliqué pour moi de sortir de l'hôtel et me balader sans attirer l'attention des stays. Puis, même en admettant que j'y arrive, si jamais on nous voit ensemble dehors, ce serait le début de la fin. Ce qui serait idéal, ce serait que ce soit toi qui viennes ici, donc je te propose de venir à l'hôtel pour 11h30, je préviendrai la réception de ta venue pour qu'ils te laissent passer, je m'occupe du repas, contentes-toi seulement de venir."
Soudainement, des flashs me viennent en tête, des souvenirs de rendez-vous passés... mais ils doivent rester dans le passé. Je vois très bien ce qu'il essaie de faire ici. "Chan, on a dit cinq minutes."
"Je t'en prie, tu sais très bien qu'en cinq minutes on aura à peine le temps de se dire bonjour, je te demande juste un repas et après je jure d'arrêter d'essayer."
Bon. Réfléchissons vite mais bien. Dans tous les cas qu'est-ce que je risque ? Il reprend l'avion le soir même. Qu'est-ce qui pourrait bien arriver ? Peu importe ce qu'il se passe à ce rendez-vous, ce sera notre dernier. "T'as gagné, je serai là."
Je jette un coup d'œil à mon téléphone pour regarder combien de minutes de marche il me reste à parcourir. 32 minutes. J'ai vraiment marché que cinq minutes ? La nuit promet d'être longue...
"T'es toujours là ?"
Mince, c'est vrai que je suis toujours en appel. "Euh oui désolée, je regardais juste mon GPS."
"Ton GPS ? Pourquoi, où es tu ?"
Oh bordel, il faut vraiment que je pense à réfléchir avant de parler. "Hum je ne sais pas trop, mais je suis sur le chemin du retour. Ne t'inquiète pas je ne suis pas perdue, c'est pour cette raison que je regardais la route qu'il me reste à faire."
"Pourquoi es tu dehors à cette heure ci ? Ne me dis pas que tu es toute seule là ?"
Mentir. Mentir. Mentir. "Euh si mais je rentre là, et je ne suis pas seule ne t'inquiète pas."
"Maelya, ça a beau faire cinq longues années, je peux toujours savoir quand tu mens. Dis-moi tout, maintenant." Sa voix est devenue soudainement autoritaire. Qu'est-ce qu'il m'énerve. Après tout ce temps il a toujours de l'emprise sur moi et je ne sais même pas pourquoi je ressens ce besoin de devoir me justifier.
"Bon, j'avais juste besoin d'air et de me retrouver toute seule pour remettre un peu d'ordre dans mes pensées et savoir quoi faire. Alors après qu'on soit sorties de la salle, j'ai dis à Oly de rentrer et j'ai cherché un endroit calme. Mais, pendant que je te parle je suis entrain de marcher vers l'hôtel donc tout va bien."
"Et ton copain ?" Outch. Je frappe mon front avec la paume de ma main. Help, comment me sortir de cette impasse ? Je n'ai même pas le temps de trouver une solution qu'il poursuit. "Il n'est pas là c'est ça ? Tu m'a mentis tout à l'heure. Je sentais que quelque chose sonnait faux mais je me suis dis que c'était sous le coup de l'émotion après ce qu'il t'étais arrivé. Puis, pendant le concert quand je t'ai aperçue parmi la foule, j'ai très bien vu que tu étais seule. Est-ce qu'au moins tu es vraiment en couple ?"
De tout mon entourage, il n'y a jamais eu personne qui ait réussi à me connaître mieux que lui. Personne.
La meilleure défense est l'attaque. "On est censés avoir une discussion demain, c'est pas ce que tu voulais ? Sinon on peut parler maintenant et annuler le rendez-vous de demain, c'est comme tu veux."
Je l'entend soupirer. "Maelya, ne fais pas ça. Arrête de me repousser... Très bien. On en parlera demain, mais ne pense pas que j'aurai oublié. Par contre, appelle un taxi, je ne veux pas que tu traines seule dans les rues à une heure pareille."
"Je n'ai pas de sous sur moi, mais je t'ai dis que ça allait je suis déjà sur le chemin et je marche près des lumières."
"Toujours aussi têtue à ce que je vois hein ? Bon, je vais donc te tenir compagnie jusqu'à ce que tu arrives saine et sauve à l'hôtel."
"Non merci, et arrêtes de t'inquiéter. Je ne suis plus là jeune adolescente peureuse d'avant."
Je l'entend ricaner. "Oh, ça je n'en doute pas. Mais ce n'était pas une question. Je reste en ligne jusqu'à ce que tu arrives et tu n'a pas intérêt à raccrocher."
C'est ainsi que je continue ma route, sans forcément parler. C'est un silence agréable, il sait que je ne préfère pas parler alors il se contente de rester à l'autre bout du fil, en silence, me demandant de temps en temps si tout va bien et dans combien de temps j'arrive. C'est exactement pour ce genre d'attentions que je suis tombée amoureuse de lui. Mon GPS indique qu'il me reste deux minutes de marche, et en quelques pas, je me retrouve devant l'hôtel.
"Chan, je suis arrivée."
Je l'entend bailler et il me répond. "Parfait. Tu as de la chance qu'il ne te soit rien arriver sinon je t'aurai assassinée. Maintenant va te coucher et n'oublies pas notre rendez vous."
Je me retiens de rire mais je ne peux m'empêcher de sourire. "Oui chef." Je marque une pause avant d'ajouter. "Merci Chan. Passes une bonne nuit et à demain."
"Bonne nuit Maelya."
Je raccroche et serre mon téléphone contre ma poitrine. Je ressens quelque chose au fond de moi et je sais que c'est le début d'une histoire très compliquée. Je pénètre dans l'établissement et me dirige vers l'ascenseur. Je n'arrive pas à penser à autre chose qu'à demain, des dizaines de scénarios différents fusent dans ma tête. Je n'ai aucune idée de ce qu'il va se passer.
Je baisse la poignée de la chambre tout doucement et la porte s'ouvre sur une Olyana endormie, en étoile de mer sur toute la longueur du lit bien évidement. Je suis persuadée que même avec un lit quatre places elle arriverait à occuper tout l'espace.
Je vais faire ma toilette dans la salle de bain en essayant de faire le moins de bruit possible. Je retrouve enfin le lit, c'est si confortable, j'ai l'impression de ne m'être pas posée depuis trois jours au moins. Mon téléphone affiche une heure passée du matin, je dois dormir maintenant. C'est avec la tête remplie de pensées et de son visage que je me laisse porter lentement vers un sommeil profond.
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Enfin ! Désolée de ne pas avoir publié avant, avec toute cette histoire de concert, je n'étais pas trop en forme mais j'ai repris mes esprits et je suis de retour.
Vous connaissez la chanson, n'hésitez pas à laisser vos commentaires/critiques. La bise.