❝ CHAPITRE 02 ❞
▷ TW : Trafic d'humains
En l'absence de son cousin, Naoya périssait dans l'inconfort du manque de ce dernier. Il lui vouait une si grande admiration, que l'idée de devenir le chef de ce qu'il détestait le plus, ne l'enjouait plus. Les dés étaient lancés et il ne pouvait plus faire machine arrière.
Les mois en son absences se faisaient si longs que l'évènement organisé du jour, en son honneur lui permettait enfin de sortir de cette boucle infernale qui s'appelait, entraînement, manger, dodo. La rencontre si attendue avec sa promise était si palpitante qu'il ne savait comment l'appréhender.
Les Zenin mettaient du cœur à l'ouvrage lorsqu'ils préparaient la salle, où le chef du clan Takeda serait accueilli, aux côtés de sa fille. Naoya se voyait préparé par ses servantes, sublimant son visage et sa tenue, à quelques goûts somptueux, de sorte à le rendre plus présentable que jamais.
Son père vint très vite le chercher, et une fois installé au centre de la pièce, l'heure tant attendue avait sonné, il allait enfin pouvoir la rencontrer. En position seiza sur les zabuton spécialement dédiés à lui et son père, ils se trouvaient être le centre d'attention.
Des gardes du clan Zenin tenaient les murs boisés semblant donner l'impression de puissance, ce qui n'était que d'apparence. Les portes coulissantes s'ouvrirent, et la silhouette imposante que laissait donner le chef des Takeda entrait dans la pièce, suivie de près par trois gardes, entourant la jeune fille de part et d'autre.
Le silence installé en ce lieu fut très vite interrompu par les multiples échanges inter-chefs, où les rires hypocrites y régnaient, aux yeux de tous. Seishi et Naobito semblaient si bien se connaître qu'ils se permettaient le tutoiement mutuel, quant au vouvoiement des autres, il était fortement recommandé, de par le respect qui leur était voué.
" C'est donc elle, ta fameuse progéniture ? " L'interrogeait Naobito.
" En personne, je vous laisse la contempler quelques instants. "
Sous les ordres de Seishi, la jeune adolescente apeurée fut poussée en avant. Les innombrables regards sur sa personne se multipliaient, puisqu'ici, elle était la seule être du sexe inférieur. Maquillée telle une poupée, mise en valeur par cet accoutrement forcé, elle était la marchandise exposée.
Sous forme de plusieurs positions imposées, elle se devait d'être la merveille la plus attrayante qu'il soit. La tension était à son comble sous les yeux de son père, à qui elle ne devait pas faire honte.
L'objet de qualité qu'il avait promis aux Zenin n'avait pas le droit à l'erreur, elle devait lui plaire, à lui, l'héritier du clan Zenin. Naoya faisait guise de spectateur, totalement absorbé par la vue qui lui était imposée.
Des longs cheveux noirs, des yeux vairons, des formes à ne plus respirer, était-ce vraiment cette chose dont il avait hérité ? Il remettait en question sa personne lorsqu'il voyait le trésor présent sous ses yeux, puisqu'il jugeait ne pas vraiment la mériter, en vue de la beauté dont elle était dotée.
Les minutes silencieuses se faisaient de plus en plus longues, et ce calvaire devenait véritablement gênant pour cette adolescente n'ayant jamais rien demandé de tel. Un père sous pression, un futur époux, d'innombrables vieillards du clan Zenin, voici ce qui constituait son audience du jour.
Cette rencontre était délibérément malsaine, et une jeune fille de 14 ans n'avait rien à faire ici, en temps normal. Mais normal ne qualifiait en rien les Zenin et Takeda, vraisemblablement bloqués à une époque passée, où la femme n'était qu'un vulgaire objet.
" Alors, elle te plaît ? "
Naobito cherchait publiquement la réponse de son fils, dès lors où il l'avait questionné sur ses goûts, aux yeux de tous. Les regards étaient désormais braqués sur lui, et les yeux apeurées de la jeune fille lui laissaient ressentir la gêne affreuse dont elle souffrait.
Il se contentait d'hocher la tête par simple timidité lorsqu'il croisait ses yeux vairons, aussi intimidants que le regard de son père. Il n'allait pas non plus mettre dans cet état sa promise, au risque de se faire détester dès leur première rencontre.
Le rictus présent sur les lèvres du représentants des Takeda en disait long sur la valeur qui désignait sa fille. À ses yeux, elle avait tout d'un objet, et l'idée de s'en débarrasser faisait de lui un homme heureux, sans même s'en cacher.
" Excellent ! Où est-ce que je signe pour la vente de Kana ? " S'exclamait Seishi.
" Par ici très cher, ta signature nous est très précieuse ! " L'invitait Naobito.
Comme un objet aux enchères, la jeune adolescente se trouvait être obligée d'une signature de la part de son géniteur afin que la transaction se fasse en toute équité. Les accords promus entre les deux chefs furent très vite conclus, et la visite prit fin, sur la vente de cette jeune fille au clan Zenin.
Le chef en personne raccompagnait soigneusement ses très chers invités aux portes du clan voisin. Naoya se devait de retourner à sa vie d'héritier où l'unique place était convoitée à l'entraînement, pour devenir un jour, le plus puissant qu'il existe.
Cette réunion d'accords mutuels avait été organisé en plein mois de mars, là où le printemps prospérait, mais la date de mariage était conviée au mois de septembre, à l'aube des 15 ans de l'adolescente, née le 31 octobre.
Jusqu'à ce jour, Naoya avait encore beaucoup de travail afin de devenir un homme, un homme capable de subvenir aux besoins d'une femme, bien qu'elle soit un être inférieur, un homme capable de tenir un foyer, où respect et dignité lui seraient voués par la prunelle de ses yeux.
Il était sur la route du destin, et si il voulait impressionner sa promise, il devait lui faire honneur en devenant fort, encore plus fort qu'il ne l'était à cette époque. L'unique échange de regards qu'ils avaient eu, l'avait si chamboulé qu'il en était encore intimidé. Elle était si belle qu'il voulait être plus beau.
Les sorts qu'elles devaient sûrement posséder étaient indéniablement plus fort que les siens, et la maîtrise de son jujutsu devenait primordiale, il devait la surpasser dans tous les domaines qu'il soit.
Acharnement, effort sur effort, courage et détermination, jusqu'à la veille de l'été, il s'était durement entraîné. Pour seul objectif, être digne de sa promise, dont l'arrivée imminente était si proche.
Il ne restait pourtant plus que deux mois avant qu'il ne la revoit lors de leur union, mais son obsession pour ce regard si mystérieux l'avait poussé à forcer une nouvelle rencontre auprès de son père, et par chance, il avait cédé.
Aujourd'hui encore, il allait la revoir, pour quelques minutes seulement, mais cela suffisait à calmer son envie accrue de la faire sienne, bien que septembre tardait encore à s'annoncer. Le lieu de rendez-vous fixé fut le même que le précédent mais cette fois-ci, en comité restreint, par la présence d'un garde, elle, et lui-même en personne.
Il l'attendait fermement dans cette salle qu'il connaissait comme sa poche, et une fois devant lui, l'avidité reprenait le dessus, elle était splendide. Un peu plus naturelle que la dernière fois, elle était tout de même apprêtée, sûrement forcée par ses supérieurs hiérarchiques.
Elle était si recroquevillée sur elle-même que sa timidité empathisait sur lui, qui n'était pas des moindres plus avenants. Ses yeux perdus par ses sentiments rencontraient pour la deuxième fois les siens, et c'est lorsque le garde interrompu leur contact, que Naoya virait au rouge.
" Devant ton fiancé, tu te dois de baisser les yeux pour le respect que tu lui dois. " Lui ordonnait le garde.
" Mais nous nous sommes juste regardés ? " Lui demandait-elle.
Là était l'erreur à ne pas commettre, et à en croire son insouciance, elle était une femelle mal élevée. Le garde ne tardait pas à remettre cette insolente sur le droit chemin, empruntant la voix de la force lorsqu'il la mettait genoux à terre, les yeux rivés vers le sol.
Naoya était spectateur de tout cet acte si vite défilé sous ses yeux, sans qu'il ne puisse des moindres intervenir, sous la tutelle de cet homme, à qui il ne devait aucunement désobéir.
" Ça t'apprendra à désobéir aux Zenin, prends-en de la graine, que cela ne se reproduise plus pauvre femme. "
Honteuse arborait son expression lorsqu'elle ne fixait plus que le sol, sous les yeux de son fiancé, qui ne manquait pas de la regarder. Le silence avait repris sa place initiale et il n'avait plus que quelques minutes pour enregistrer chaque parcelle que constituait son visage.
Ses fines lèvres rosées, ses longues mèches sublimant son visage, son regard si expressif qu'il adorait tant, telle était sa dernière vision d'elle avant qu'elle ne rentre à son domicile, sous l'ordre du garde présent, en vue du temps écoulé.
Ce court instant lui avait permis d'évaluer si oui ou non, il était digne de la mériter, et maintenant qu'il se sentait plus fort que jamais, il admettait cette pure vérité qu'était affirmative au sujet de sa fiancée. L'été n'avait plus qu'à être chassé avant qu'il ne la marie, et aucun élément perturbateur ne nuirait à cette union si ce n'était plus qu'une étape, avant le jour J.
A SUIVRE DANS LE PROCHAIN CHAPITRE ...