La semaine qui avait suivi le match s'était relativement bien passée. La guerre entre Serpentard et Gryffondor semblait avoir cessé ou presque, rendant ainsi les couloirs de l'école beaucoup plus calmes. Les préfets eux-mêmes étaient soulagés, et avaient une charge de travail en moins, pour le moment, et ils espéraient sincèrement que cela allait durer. Cependant, quelques remarques acerbes persistaient, quelques mauvaises blagues également ; mais elles étaient souvent arrêtées à temps par les professeurs ou les préfets.
C'était donc une nouvelle ambiance, qui ne déplaisait pas à Ginny, loin de là. Cela lui permettait de travailler plus sereinement avec Drago. Ils faisaient leurs rondes ensemble, le soir, et pouvaient discuter de tout et de rien. Le mardi qui suivit le match, justement, Drago se confia à Ginny.
« - J'ai toujours beaucoup aimé ma mère. Elle n'était pas toujours très présente quand j'étais enfant, mais avec le retour de Voldemort, elle s'est beaucoup rapproché de moi, pour me protéger, en quelque sorte, expliqua-t-il. Mon père a toujours été distant avec moi : il m'aimait, à sa façon. Mais il fallait que je sois le meilleur, que j'accomplisse ce que lui n'avait pu accomplir avant moi.
- Et je suppose que c'est ce qui t'a mené à tout ce qui est arrivé pendant ta sixième année...
- C'est ça. Le problème, c'est que j'ai vécu toute mon enfance, toute mon adolescence avec cette idée de devoir être le meilleur, de suivre les pas de mon père en faisant mieux que lui, et en suivant aveuglément une idéologie horrible. Et tout ça, je m'en suis rendu compte trop tard. J'avais déjà la Marque au bras. Je ne pouvais pas reculer...
- Je sais, Drago. C'est bien pour ça que depuis le début de l'année, je te répète que ce qui est arrivé n'est pas uniquement de ta faute. Tu étais conditionné. N'importe qui aurait agi comme tu l'as fait, s'il avait été élevé de la même façon. Même moi, même Harry, même Hermione.
- Tu as eu de la chance de grandir dans une famille normale, quand même, souffla le blond.
- Pardon ? Une famille normale ? Drago, on est sept enfants. Sept enfants dans une maison qui tient debout par miracle, qui s'en sortait assez peu au niveau financier. On était heureux, certes. Mais crois-moi, avoir autant de frères, c'était difficile, et les problèmes d'argent, on les a bien ressentis aussi. On n'était pas vraiment une famille normale.
- Excuse-moi, c'est juste que... Je ne sais pas. Peut-être que j'aurais préféré vivre cette enfance plutôt que la mienne, même si j'ai toujours eu tout ce que je voulais.
- Je comprends, Drago. De toute façon, on désire toujours ce qu'on n'a pas. »
Une certaine complicité s'était créée entre Drago et Ginny, et Hermione s'était mise à parler elle aussi avec Drago, au désespoir de Ron qui ne comprenait pas trop ce qu'il se passait. Luna, également, avait discuté avec Drago pendant tout un cours de Soins aux Créatures Magiques. Drago appréciait de pouvoir parler avec ces personnes qu'il avait jugées sans les connaître, d'autant qu'elles s'avéraient être très sympathiques, malgré tout ce qu'il leur avait fait subir.
Le samedi devait avoir lieu la première sortie à Pré-au-Lard pour les élèves de troisième année ou plus, sur tout l'après-midi. Blaise avait insisté pour que Ginny passe au moins une partie de l'après-midi avec Pansy, Drago, Théodore et lui : « Je veux apprendre à la connaître un peu la Weasleytte, elle a quand même l'air super », avait-il dit à Drago, qui avait levé les yeux au ciel, avant d'accepter de proposer cela à sa camarade, qui avait accepté, à condition de pouvoir venir avec Luna et qu'on arrête de l'appeler « Weasleytte ».
Le samedi, à quatorze heures, les élèves étaient autorisés à sortir du château pour rejoindre le village. Ginny partit avec Hermione, Ron, Harry, Neville et Luna. Ils firent le tour des différentes boutiques, s'attardant plus longuement chez Zonko, et à la librairie. Ils firent un crochet par La Tête de Sanglier où ils saluèrent Abelforth Dumbledore, qui était heureux de voir ses « résistants préférés ». Il leur offrit même une consommation chacun.
La Tête de Sanglier, depuis la guerre, avait bien changé. Ce n'était plus un bar miteux, mais un bar convenable, restauré en grande partie. La clientèle se composait maintenant de gens respectables, et plus de simples bandits ou sorciers obscurs. Il fallait dire que la participation à l'effort de guerre d'Abelforth avait contribué à la bonne image qu'il avait désormais. Son bar devenait un véritable concurrent pour Les Trois Balais.
Après être restée à La Tête de Sanglier pendant presque trente minutes avec ses amis, il fut temps pour Ginny de rejoindre justement les Trois Balais, où les élèves de Serpentard les attendaient, elle et Luna. Elles retrouvèrent rapidement leurs camarades, qui commandèrent des bièraubeurres.
« - Ginny, Luna, je suis ravie de faire votre connaissance, commença Blaise.
- Et moi de même, assura Théodore. Appelez-moi juste Théo, aussi. C'est plus simple.
- Enchantée, Théo.
- Je suis heureuse qu'on puisse faire connaissance sans préjugés ou quoi que ce soit, avoua Pansy. Mais je m'en veux toujours pour ce qu'on vous a fait les années précédentes.
- Je vous pardonne, lança Luna. Après tout, vous respectiez les idéologies de vos parents, vous ne réfléchissiez pas vraiment.
- Nous sommes quand même responsables de beaucoup de choses. On ne peut pas tout remettre sur le dos de nos parents...
- On a déjà eu cette discussion, Drago, coupa Ginny. Et tu sais très bien ce que j'en pense.
- Tu es vraiment obstinée...
- C'est quelque chose de bien, chez Ginny ; ça nous a sauvé la vie à plusieurs reprises, commenta Luna, l'air rêveur, presque nostalgique.
- N'abuse pas non plus. Je suis super impulsive, et ça a failli nous mener droit dans le mur à plusieurs reprises.
- Comme quand vous vouliez voler l'épée de Gryffondor, demanda Pansy ?
- Oui... »
Ginny et Luna rirent au souvenir de cette aventure. S'ensuivit une discussion portant sur les centres d'intérêt de chacun. Pansy aimait les animaux en général, et adorait les arts : elle voulait travailler dans ce domaine. Théo, lui, souhaitait être apothicaire : il aimait préparer les potions, mais c'était aussi quelqu'un qui aimait la nature et la littérature – c'était d'ailleurs de littérature qu'il avait discuté avec Hermione à la soirée de la semaine précédente. Blaise était très blagueur, et s'entendrait sûrement avec Georges, pensait Ginny. Cependant, il savait être sérieux, et aimait tout ce qui avait trait à l'économie ou aux finances. Il avait l'espoir d'entrer à Gringotts après Poudlard, pour y travailler. Enfin, Drago confia qu'il souhaitait, contre l'avis de ses parents, devenir médicomage, et non pas travailler au Ministère de la Magie. Il s'intéressait à tout ce qui touchait les « sciences » des sorciers ou des créatures magiques, d'où son choix de prendre les Soins aux Créatures Magiques en option.
« - Enfin, je suppose que tu avais déjà compris que je portais de l'intérêt à la médicomagie, Ginny ?
- Oui, depuis longtemps déjà. Tu en as déjà parlé à tes parents ?
- Ah, merci ! Je lui ai dit de le faire, plusieurs fois, expliqua Pansy. Il n'a jamais voulu m'écouter ! Alors qu'il devrait le faire !
- Je suis d'accord avec les filles, dit Blaise.
- Merci du soutien... Je ne veux pas leur en parler, tout simplement parce que je sais qu'ils vont être contre ce projet. Ils veulent absolument que je travaille au Ministère, parce que c'est plus prestigieux et que ça paye mieux.
- Selon eux... tu sais, je pense que tu devrais suivre ton cœur, dit Luna. On a tendance à trop écouter notre raison, et cela nous empêche de faire ce qui serait le mieux pour nous. Si ton cœur penche vers quelque chose, écoute-le. Pense à toi, avant de penser aux autres.
- J'aurais pas su dire mieux, murmura Théo.
- J'y penserai, Luna. Merci. »
Drago regarda au loin en sirotant sa boisson pendant quelques secondes. A dire vrai, les paroles de Luna l'avaient vraiment touché. Cela faisait bien longtemps que son cœur livrait une bataille contre sa raison. Et peut-être qu'en fin de compte, il devrait écouter son cœur. Ses envies. Et non celles des autres... Même si les « autres » en question étaient ses parents, qui pensaient à son bien, quelque part : travailler au Ministère serait moins compliqué, moins fatigant qu'être médicomage. Mais la médicomagie permettrait au jeune homme de sauver des vies, de réparer ainsi les erreurs qu'il avait pu faire, en servant – certes, à contre-cœur – Lord Voldemort.
La conversation avait repris, autour de lui. Il soupira une dernière fois, discrètement, et s'adossa complètement au dossier de sa chaise. Il regardait ses amis de longue date, et ses nouvelles amies. Tous semblaient s'entendre à merveille. Pansy et Théo posaient plein de questions à Luna concernant des créatures qu'elle seule connaissait, et Ginny et Blaise riaient aux éclats, dans ce qui ressemblait à une compétition de blagues nulles à base de jeux de mots. Un sourire apparut sur ses lèvres, en voyant tout cela : enfin, les choses commençaient à changer pour lui ; enfin, il se sentait heureux, entouré de ses amis. Il ne se sentait plus seul.
Alors il se redressa, et proposa au petit groupe de rester encore un peu pour jouer à un jeu. On opta pour un jeu de Bataille Explosive, et ils s'amusèrent ainsi pendant une heure, voire plus, riant aux éclats tous ensemble, heureux. Ils rentrèrent au château ensemble, attirant les regards étonnés de certains autres élèves, peu habitués à voir un Malefoy ou un Nott avec un membre de la famille Weasley sans se battre ou s'insulter.
Dean et Seamus ne manquèrent pas de faire remarquer à leurs camarades de Gryffondor que c'était une situation fort improbable, ce à quoi Hermione répondit rapidement : « Je vous l'ai dit plusieurs fois : les gens changent, en grandissant. La guerre nous a fait grandir plus vite que prévu, je pense. Et Drago est vraiment sympa, en réalité. Et pourtant, vous avez été témoins, tous, de ce qu'il m'a fait subir ces dernières années... ». Ses camarades étaient restés bouche-bée, ne s'attendant pas à une telle réaction de leur amie, sauf Ron.
« - Hermione a raison, admit-il. Malefoy, enfin, Drago, a changé. Les autres aussi. Nous aussi on a changé... alors je pense qu'on devrait définitivement enterrer la hache de guerre avec eux.
- Rendez-nous notre Ron ! »
Les Gryffondors avaient ri à la remarque de Neville, mais ils furent forcés d'admettre qu'il était temps de revoir leur jugement.
Ginny rentra peu de temps après, et s'empressa de raconter son après-midi de folie avec les Serpentards à ses amis, ébahis par ce qu'elle racontait. Cependant, elle ne parla pas de ce qu'ils avaient avoué devant tous : seuls Harry, Ron et Hermione purent entendre une partie de cela. Avant d'aller se coucher, Hermione discuta un long moment avec Ginny, à propos de tout cela.
« - Pansy, Théo et Blaise sont d'accord avec nous : ils pensent que cette guerre avec nous devrait cesser, expliqua la rousse.
- Depuis le temps qu'on en parle, ce serait pas trop tôt !
- En revanche, je m'inquiète pour Drago.
- Comment ça ?
- Disons qu'il parle très souvent de ses parents, de ce qu'il a subi depuis son enfance. Ça l'a beaucoup affecté, et il a encore du mal à se détacher de tout ça. Il a l'air de se sentir assez seul, aussi.
- En même temps, c'est normal, répondit Hermione. Ses parents ont été exilés, et ils sont assez peu en contact, d'après ce que j'ai compris.
- C'est ça. Ils ne peuvent même pas se voir pour Noël. Il va fêter cette fête ici, seul avec Théo, apparemment.
- Peut-être qu'on pourrait arranger ça. Tu penses que ta mère serait contre l'idée d'avoir deux invités en plus ?
- Si c'est Drago et Théo, je doute qu'elle accepte. A moins que...
- On pourrait la convaincre, toutes les deux. Ron pourra nous aider. De toute façon, elle ne peut rien vous refuser...
- Mais... et si eux, ils refusent ?
- On avisera. Mais d'abord, le but est de convaincre ton frère, puis ta mère ! C'est ça, l'esprit de Noël, ma petite Ginny ! »
Le lendemain matin, Ron, Hermione et Ginny écrivaient une lettre à Molly, lui expliquant la situation des deux Serpentards, dans l'espoir de les inviter, de ne pas les laisser seuls pour les fêtes de fin d'année... ils insistèrent sur le fait qu'ils n'avaient, pour ainsi dire, plus de famille, et qu'ils avaient énormément changé ; si même Ron le disait, c'était forcément vrai.
Ginny courut vers la volière, bravant le vent frais du matin, et confia sa lettre au hibou de Ron, qui devait la porter au terrier. Celui-ci s'envola, le vent le portant ; et la réponse de Molly ne tarda pas à arriver...
Drago Malefoy et Théodore Nott seraient invités à passer les vacances de Noël au Terrier avec les Weasley, pour profiter des fêtes de fin d'année dans une ambiance conviviale et joviale.
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Bonsoir, c'est un chapitre un peu tardif, désolée.
C'est, pour l'instant, mon chapitre le plus court, et c'est loin d'être mon préféré. Les deux prochains devraient être plus longs, et porteront sur les vacances de Noël. Je ne sais pas quand je les posterai, en revanche. J'espère en poster d'ici mardi soir, mais ça me paraît compliqué. Enfin, on verra.
D'ici là, n'hésitez pas à me dire ce que vous pensez de la fanfic, parce que j'ai vraiment l'impression que certains passages sont à chier, en vrai...