Twenty-Two

By Lesperlesdesaphir

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Diana Crescent a vécu deux ans sans aucun adulte. En effet, la Terre a arrêté d'héberger toute personne de pl... More

Épigraphe
Le retour
Interrogatoire
Suite des interrogations
Confidence pour confidence
Face à Face
Rencontre
Coup de poing
Rêves et réalité
Garde à vue
Autopsie
Traumatisme
Annexe 1 - Hangar

Louis

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By Lesperlesdesaphir

Diana avait mis dix minutes pour arriver. En réalité, il lui en avait fallu cinq mais elle avait emprunté des détours pour ne pas que Huges devine qu'elle n'avait pas respectée les quatre-vingts kilomètres par heure. Et aussi parce la vitesse lui avait permis de lâcher prise, de se remettre les idées en place en plus de délester le stress qui venait nouer son estomac.

Elle avait soufflé un bon coup avant de rentrer. Elle ne savait pas à qui elle allait avoir à faire. Il y avait de fortes chances pour que ce soit Huges et Rise étant donné que c'était l'inspecteur qui l'avait appelé. Mais elle n'en oubliait pas pour autant le militaire et l'interrogatoire musclé qu'elle avait subie.

Elle était à nouveau dans sa salle favorite, la seule en réalité qu'elle avait vu de tout le commissariat. Il y avait toujours la plante verte aux larges feuilles et la pendule, et son tic-tac devenu presque insupportable.. Diana pensait qu'ils avaient ajoutés ses éléments pour ne pas effrayer Anna et Lya, pour rendre en soi cette salle austère, plus accueillante. Diana avait pensé qu'ils s'en débarrasseraient juste après. Mais ils avaient manifestement fini par les garder.

Elle patientait, essayant de rester impassible et de ne pas montrer sa nervosité. Pourtant ses mains moites, serrés sous la table lui rappelait à quel point ce qui allait se passer allait être décisif pour elle. Ni Huges, ni Rise, ni le militaire n'avaient encore poussé la porte dans son dos. Alors elle attendait, observant la ronde infernale de l'aiguille dans l'horloge.

Elle se doutait qu'ils devaient l'étudier à travers la vitre sans teint, la laissant volontairement mariner pour mieux qu'elle s'énerve et lâche enfin quelque chose d'intéressant pour leur enquête. Mais elle n'était pas dupe. Aussi ne bougea-t-elle pas, pas plus que ne laissa une seule émotion filtrer à travers son masque.

Lorsque la porte s'ouvrit, l'odeur de café se propagea dans la pièce, dans une onde olfactive. Diana retint une grimace. Il était corsé. Donc c'était le militaire. Mais elle fut surprise de voir Huges. Il avait les traits tirés, des poches violacées sous les yeux. Visiblement, elle n'avait pas été la seule à passer une mauvaise nuit. Ça leur faisait un point commun et ça expliquait le café plus fort que d'habitude.

- Bonjour Diana, se contenta-t-il de lui dire en s'asseyant en face d'elle, déposant un porte document couleur daim sur le bureau. Nous n'avons plus beaucoup de temps devant nous et il y a encore énormément de zones d'ombres. Il va falloir que nous reprenions tout depuis le début sur la dernière fois que tu as vu Louis. Je sais que je peux compter sur ta coopération.

Sa dernière phrase sonnait comme une question sous-entendue. Il savait qu'elle faisait l'effort de venir, de répondre, plus ou moins bien à leurs interrogations. Mais il n'était pas certains de la sincérité de ses paroles. Elle hocha néanmoins la tête positivement pour le rassurer, avant de s'affaisser légèrement sur elle-même.

- Où avez-vous trouvé son corps ? Demanda-t-elle d'une voix enrouée comme affectée par la nouvelle de son décès.

- Dans une forêt en bordure de la ville. Ça faisait plus de deux semaines que des chiens la parcourent pour retrouver d'éventuels corps. Nous étions loin de penser de tomber sur celui de Louis, grimaça-t-il en trempant ses lèvres dans le gobelet.

Diana se répugnait à lui mentir une nouvelle fois, mais elle craignait de n'avoir pas le choix. À la tête de Huges à cet instant, elle comprit qu'il l'avait vu. Il avait vu son cadavre. Peut-être même était-ce lui qui l'avait trouvé. Ce n'était jamais évident de tomber comme ça sur un corps, et Dieu seul savait de quoi elle parlait. Nombre d'enfants, de minots en bas âge, qu'elle avait retrouvé dans les premières semaines de l'Éclipse, morts chez eux dans des accidents domestiques dramatiques. Huges ouvrit le dossier, et Diana en profita pour se mettre une claque mentale. Ce n'était pas le moment pour regretter, et elle avait besoin de se protéger et pour cela le seul moyen était de couper court à tout doute.

- Inspecteur, je vais être franche avec vous, avoua-t-elle en imprimant sur son visage une expression attristée. J'ignorais que Louis était mort. La dernière fois que je l'ai vu, il tenait encore sur ses jambes et étaient aussi vivants que vous et moi. J'ai bien peur de vous avoir déjà tout raconté sur ce que je sais. Je ne vais rien pouvoir faire de plus pour vous, désolé.

- Oui, je sais, lâcha-t-il en feuilletant le dossier, écoutant distraitement ses propos, mais cette fois-ci, il va falloir me donner le plus de détails sur ce jour. Si quelqu'un hormis toi, savait que vous alliez dans cet immeuble. Ou si un de tes amis avait une dent particulière contre lui, ce qui l'aurait poussé à le tuer.

Diana fit mine de réfléchir, alors qu'elle savait très bien ce qu'elle allait répondre. L'inspecteur l'observait par-dessus son café, d'un air sombre. En définitive, la jeune femme, qui le soupçonnait tantôt d'être celui qui était tombé sur le corps, était presque certaine que c'était le cas. Pourtant, elle avait creusé bien profondément.

- Je vous l'ai dit, ce n'est pas possible, il a disparu devant mes yeux. Il n'a pas pu être téléporté là-bas. Ou alors ça s'est passé quand vous êtes tous réapparus, songea-t-elle à haute voix, cherchant une fausse raison à leur donner.

- Tu nous as bien dit qu'il avait disparu dans l'appartement ? Demanda-t-il en ignorant sa remarque.

- Oui, acquiesça-t-elle, sentant que les problèmes ne tarderaient pas à pointer leur nez, à force de mentir.

Il croisa les bras et s'adossa sur le dossier en la regardant. Il ne la croyait plus. Elle en était certaine.

- Les parents d'une personne que tu connais bien, Martin, sont réapparus dans leur appartement où vous vous trouviez avec Louis. Ils sont catégoriques : Louis n'y était pas. Soit c'est eux qui mentent, bien qu'ils n'aient pas de raisons de le faire. Soit c'est toi. Alors ? Qui dit la vérité, Diana ? Eux ? Ou toi ?

- Vous ne me croyez pas, souffla-t-elle, exaspérée. Si vous ne voulez pas me faire confiance, alors soit ! Mais ne comptez pas sur ma coopération !

Elle se leva, prête à quitter la pièce. Elle récupéra d'un geste rageur son blouson de motard. Il avait raison de ne pas lui faire confiance. Mais elle était excédée d'avoir sans cesse à se justifier. Ne voyait-il pas qu'elle cherchait à préserver le passé de Louis ? Non, ils étaient bornés à leur enquête ! Mais elle ne put franchir la porte. Car devant elle se présenta une armoire à glace quand elle ouvrit la porte. Le militaire. Il la toisait de toute sa hauteur, lui bloquant le passage aussi assurément que si la porte avait été fermée à double tour. Étonnamment, il ne s'adressa cependant pas à elle.

- Comme vos "manières" n'ont pas fonctionné, vous me laissez prendre le relais ? Demanda-t-il, narquois, à l'inspecteur, dans son dos.

Huges détourna le regard, renfrogné, mais ne dit rien. Diana était plantée, debout, sentant que tout cela allait mal tourner assez rapidement. Le militaire la força à se rasseoir. Comme lors de leur dernière entrevue, il resta debout, la surplombant de toute sa hauteur. Il semblait mécontent et de particulière mauvaise humeur. Et il avait sans doute raison de l'être, elle passait pour la gamine capricieuse. Même elle se détestait à agir ainsi.

- On va arrêter ça, tout de suite, Mademoiselle Crescent. La fustigea-t-il comme une enfant de six ans. Les mensonges, les demi-vérités, les informations cachées. Vous vous doutez bien que si vous êtes ici, ce n'est pas parce que vous êtes un simple témoin, n'est-ce pas ? Aujourd'hui, plus que jamais, il va falloir tout nous dire. Car vous êtes la suspecte numéro un dans le meurtre de Louis !

Diana garda le silence, bras croisés. La tension qui régnait dans la pièce devenait insupportable au fur et à mesure que les minutes s'égrenaient. Huges s'était reculé, à l'écart. Il semblerait qu'il n'interviendrait pas dans ce massacre. Le militaire, lui, avait les deux mains posées sur la table, plié en deux pour mieux la jauger de son regard d'acier.

- Alors on va reprendre, Mademoiselle Crescent et cette fois-ci, je compte sur vous pour me dire ce qu'il s'est vraiment passé la dernière fois que vous avez vu Louis !

Il y avait dans sa voix de la menace. Il avait un charisme écrasant, de ceux qu'ont les militaires capables d'opprimer toute résistance, tout mental. Mais elle ne comptait pas s'abaisser. Elle garda sa position, bras et jambes croisés, et ne prononça pas un mot. Elle voyait bien que ça échauffait le militaire et qu'il ne tarderait pas à déchaîner sa colère sur elle. Et elle avait vu juste.

- Mais à quoi tu joues, Diana ? S'emporta-t-il, perdant toute retenue. C'est ta liberté qui est en jeu là ! Tu veux finir en tôle pendant les dizaines d'années à suivre ! C'est ça que tu veux ?

- Vous pensez que je suis coupable, n'est-ce pas Adjudant ? Lâcha-t-elle les lèvres pincées et les yeux en fente. Vous croyez que je suis capable de tuer un être humain ? Eh bien oui, il y a des choses dont je ne suis pas fière. Dont j'ai honte et que je regretterais sans doute toute ma vie. Mais le meurtre de Louis ne compte pas parmi mes péchés.

- Alors qui ? Se déchaîna le militaire. Qui est prêt à mettre une balle dans la tête d'un homme ? Le plus plausible pour tout le monde, surtout pour la justice, c'est que Louis t'a menacé et que tu t'es défendue. C'était soit toi soit lui.

Il se calma abruptement, comme s'il compatissait, comme si l'orage avait été balayé par une bourrasque.

- Écoute, Diana. Tu es jeune, tu as la vie devant toi, ne va pas la foutre en l'air à cause de ces bêtises. Tu as davantage à gagner à tout nous dire maintenant que de rester sur tes positions.

- Ce que vous appelez des bêtises, Adjudant, persifla-t-elle avec humeur, c'est deux ans passés avec la trouille de sortir. Alors ma situation actuelle m'est bien égale, car ma vie, je l'ai perdu au moment même où l'Éclipse a commencé.

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