Foule ardente

FloreLale_ által

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Sur son visage On pouvait assister à l'extinction des étoiles. Elle avait été avalé depuis longtemps par un t... Több

𝐏𝐫𝐨𝐥𝐨𝐠𝐮𝐞
*𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 1*
*𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 2*
*𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 3*
*𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 4*
*𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 5*
*𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 6*
*𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 7*
*𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 9*
*𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 10*
*𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 11*
*𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 12*

*𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 8*

130 12 17
FloreLale_ által

17ème arr. de Paris. Mardi matin. 9 heures.

Mes pas résonnent sur le bitume et ainsi se mélangent aux innombrables autres sons de ville. Je resserre les pans de mon long manteau noir et enfonce mon visage dans mon écharpe. Peu de temps après le départ de Finn, une idée avait germé dans ma tête et sans réfléchir je m'étais levée de mon lit pour aller sortir ma boite d'enfance, rangée tout bas de mon étagère. Après l'avoir récupéré je m'étais allongée à plat ventre sur le sol. À l'intérieur, j'y ai redécouvert toute ma vie. Certains objets souvenirs m'ont été inconnus, je me suis détestée de ne même pas pouvoir me rappeler des événements de ma propre vie. Et ça m'a fait me demander : qu'est-ce que je suis réellement ?

À l'instar de Paul Gauguin, je me suis posée la question et j'en ai conclus assez rapidement une réponse. Je ne suis littéralement RIEN. Je ne suis pas une âme, ni un esprit et encore moins un corps. Je suis composée de tous ces éléments pour au final ne rien être. Je ne peux pas être un corps car ce sont des cellules, des tissus, des organes qui font de lui ce qu'il est, pas moi. Je ne peux pas être non plus un esprit ou une âme car je ne créé pas de sentiments ou de pensées. L'être humain a choisi d'être ce qui lui appartient et le constitue, moi j'ai seulement subis leur choix.

Après avoir farfouillé pendant plusieurs minutes pour trouver l'objet de mes désirs, j'ai mis la main dessus. Là voilà ma liste des choses à faire au moins une fois dans ma vie. Je l'avais écrite quand j'avais 6 ou 7 ans et chaque année j'y rajoutais une phrase — dû moins j'essayais d'écrire une phrase ayant du sens.

Liste des choses à faire ou à avoir quand je serai grande

• Aller sur la lune
• Avoir un apareil dentaire et des lunettes
• Appuyer sur un bouton : ne pas appuyer
• Comprendre pourquoi les gens ne sourient jamais
• Être amoureuse
• Aider les animaux qui sont tristes
• Faire exposer un de mes tableaux dans le Louvre
• Faire le tour du monde avec Finn
• Composer une chanson
• Savoir parler toutes les langues du monde
• Se payer une séance de voyance
• Voir une aurore boréale
• Surfer sur une vague

J'ai longuement regardé parmi tous ces objectifs, ne sachant pas lequel choisir. Je ne voulais surtout pas rester chez moi, ni continuer à me morfondre dans ma douleur et par dessus tout j'avais besoin de quelque chose d'original pour m'aérer l'esprit. Alors au fil des critères qui ont défilé dans ma tête, les possibilités se sont réduites pour ne plus qu'au final laisser un seul choix qui ne pouvait pas plus me faire plaisir. Je l'ai rayé de ma liste.
Et puis j'y ai ajouté mon voeu de cette année :

Être heureuse pour pouvoir répondre que ça va sans avoir à mentir.

J'ai remis la feuille à sa place. Et quelques instants et des recherches plus tard j'étais prête. Pour ne pas que mes parents s'inquiètent je leur ai laissé un mot sur le comptoir de la cuisine pour leur prévenir que j'avais quelque chose à faire et que leur expliquerai tout en rentrant ce soir, même si j'étais sûre que cela ne servirait à rien et qu'ils m'appelleraient.

Et me voilà ici, en train de marcher vers un salon de voyance. Je fais partie depuis toujours de ces personnes qui pensent que notre destin est écrit, que nous n'en sommes que des victimes, alors je ne perds rien à essayer d'en savoir plus.

Je fais encore quelques pas pour arriver devant la porte et appuie sur l'interphone. Une voix grave d'homme me répond et me dit d'entrer, au même moment la porte se déverrouille et s'ouvre. Lorsque je rentre, le hall est plongé dans le noir, seule une fenêtre éclaire les lieux. Le seul bruit qui arrive à mes oreilles et celui des gouttes d'eau qui s'écoulent lentement d'en haut. Je ne tarde pas et monte directement les escaliers en colimaçon. Arrivée en haut, je me dirige directement vers la porte indiquée et sonne. Peu de temps après, un homme d'une quarantaine d'années apparaît sur le seuil. Nous nous échangons les banalités de politesse et je le suis à l'intérieur sous sa demande.

Étrangement ça ne ressemble pas à ce à quoi je m'attendais, si l'on ne sait pas sa profession jamais l'on ne pourrait deviner ses activités. L'intérieur de son de appartement est tout bonnement banal. Nous traversons le salon et entrons dans une pièce au fond du couloir. Mes narines sont tout de suite agressées par une odeur d'encens dont je ne saurais deviner la saveur. Une table recouverte d'un drap bleu avec les signes astrologiques représentés dessus trône au centre. Dessus sont présents tous les accessoires communs d'un voyant — c'est à dire une boule de cristal, des cartes de tarot, des pierres aux effets bénéfiques et j'en passe — et nous prenons place autour.

- Bien nous allons commencer la séance, pourriez-vous me donner votre prénom et votre date de naissance mademoiselle ?

- Je m'appelle Aela et je suis née le 11 janvier 2002.

- Voulez-vous faire un état des lieux de la situation actuelle ou connaître le futur ?

- Le futur, répondis-je sans hésiter.

Après tout, c'est pour cela que je suis venue.
Il note les informations sur un papier et mélange les cartes tout en me demandant :

- Je vais tirer les cartes et vous allez me dire stop 4 fois consécutives lorsque vous le voudrez.

Je lui dis stop autant de fois qu'il me l'a demandé et le regarde aligner sur la table les cartes tirées au sort. Il les retourne les unes après les autres.

- La carte du jugement signifie qu'une personne va entrer dans votre vie pour répondre à une question que vous vous posez depuis longtemps, tout en faisant régner un souffle nouveau dans votre vie. Le mat signifie que vous allez prochainement avancer vers l'inconnu et être dans des situations inattendues, faite confiance à votre instinct peu importe le problème.

Il tire ensuite la roue de la fortune qui m'indique selon ses dires que je suis à un moment précis de ma vie et que mon destin se décide maintenant. Et pour finir la carte du fou qui dit que je devrais me débarrasser de mes vieilles habitudes quand le moment viendra sous peine de le regretter plus tard.

Je parle avec lui pendant un certain laps de temps sur d'autres sujets avant de le payer et de me retirer des lieux.

Je ressors de là avec le même état d'esprit mais une pensée me taraude. Maintenant que je connais des éléments du futur — sous réserve qu'ils soient vrais— je pense plus qu'à cela. Peut-être n'aurais-je pas dû vouloir connaitre le destin. On m'a toujours dit d'apprécier la valeur du temps car malheureusement c'est l'une des seules ressources que la Vie a bien voulu nous laisser.

Je marche sans but et soudainement mon ventre émet un gargouillement. Je le regarde comme s'il allait me parler pour me dire je ne sais quoi. Je pose les mains dessus par réflexe et un nouveau son claque l'air. Mon cerveau principal doit sûrement se reposer car je sens que mon deuxième cerveau est en pleine ébullition.

Alors pour combler mon appétit, je décide de marcher jusqu'au café parisien où j'ai pour habitude d'aller. Là-bas je sais que je suis en sécurité. Lorsque je rentre dans la salle, seulement quelques personnes sont accoudés au bar et d'autres prennent un repas dans l'ombre comme je l'avais prévu. On entend à peine la cloche sonner avec le fond de musique qui envahit l'espace. Je marche vers une table aussi isolée des autres qu'ils le sont de moi. Je ne peux m'empêcher de lâcher un soupir de soulagement au moment où je m'assois, non parce que le fauteuil est confortable — j'ai beau adorer cet endroit, le niveau de l'assise est horrible — mais parce que les effluves de nourriture comblent déjà ma faim. L'un des serveurs vient mais ne me salue pas. Ici ils savent que je ne viens que pour épancher une envie, pas pour me créer de nouvelles amitiés.

- Qu'est-ce que je vous sers ?

- Un frappuccino caramel, et un sandwich au poulet et à l'avocat s'il vous plaît.

- Très bien, je vous apporte ça.

Il repart en cuisine en me laissant là, affamée. Pour rendre l'attente plus courte, je fixe les gens qui m'entourent comme à mon habitude. Le brouhaha humain a toujours eu tendance à me hérisser les poils mais à part moi personne ne veut rester muet le temps d'un repas. Tout le monde veut tout le temps parler pour ne jamais rien dire au final. Par exemple cet homme là-bas, il est tout seul mais ça ne l'empêche pas de s'exprimer avec son verre, en marmonnant des mots incompréhensibles. Victime d'une rupture sentimentale ou du sempiternel spleen baudelairien ? Il essaye de noyer sa peine quelque soit la raison.

Et ce groupe d'adolescents dans le coin qui rigolent plus fort les uns que les autres en jetant de temps en temps des coups d'œil autour d'eux. Ils ne remarquent même pas que la fille qui est censée être des leurs, est en train de se planter ses ongles dans la chair de son avant-bras depuis plusieurs minutes, ni même qu'elle se mord la lèvre inférieure à tel point qu'elle en saigne. Elle se retient de pleurer sûrement parce qu'elle n'en peut plus de vivre avec ses démons, comme la majorité d'entre nous.

- T'as vraiment dû avoir une enfance de merde, rit un des garçons.

- Non mais tellement, vous imaginez ? J'aimerai bien voir à quoi ils ressemblent ses parents.

- De toute.... pute....tu finiras comme elle. Et....ce bâtard, il....c'est de famille je pense.

En tendant l'oreille, je réussis à entendre des bribes de conversations. J'avais tout faux, cela ne m'arrive presque jamais...
Ils la remarquent bien en fait, même trop. Ils sont en train de plaisanter sur sa situation familiale. Et elle, elle ne dit rien. J'ai l'impression de me voir à travers cette fille. Impuissante et démunie.

Sauf que soudain, elle se lève et bouscule tout le monde pour sortir mais avant de passer la porte, elle hurle à leur attention :

- Vous savez quoi ? Je vous emmerde tous, réplique-t-elle en leur faisant un majeur. Je m'en fous de vos avis, vous ne connaissez rien à ma vie, alors fermez vos gueules et n'essayez même pas de reparler à nouveau de mes parents.

Voilà la différence entre elle et moi.

Et sur ces mots, elle quitte la salle. Les secondes passent et personne ne semble avoir été dérangé de cet incident. Ses "amis" retournent sans grand mal à leur discussion tout comme les autres clients. Elle ne demandait pas grand chose à travers ses larmes, juste un peu d'attention.

Je peux paraître insensible mais des fois j'ai pas envie d'être seule, j'ai pas envie de me regarder me consumer, non. Mais on me laisse seule et j'en veux à toutes ces personnes mais aussi à moi d'être aussi égoïste. Je peux comprendre qu'on est pas envie d'être entouré mais moi je suis toujours là pour tout le monde dès qu'on a besoin d'aide. Toujours. Je ne demande même pas qu'on reste là en face de moi à écouter mes problèmes, je veux juste qu'on reste avec moi, pas besoin de se forcer à parler. De toute façon je ne pourrais même pas parler, dans ces moments là si je ne dis rien c'est bien parce que j'ai une boule à la gorge qui m'empêche de dire le moindre mot. À la première syllabe prononcée je sais que tout ce que je retient se métamorphosera en eau salée.

Le serveur revient vers moi me coupant heureusement dans ma mélancolie et me sert ma commande mais mon appétit s'est en allé pour laisser place à ce sentiment de dégoût, de nausée. Je ne sirote donc que ma boisson par instant.

Inopinément le coloris des murs change pour se muer dans des teintes de rouge. Les chuchotements remplacent la tumulte et bientôt le silence prend place. L'une des barmaids se faufile entre les tables et monte sur la scène du café-concert. Elle attrape, allume le micro et au même moment il émet un effet larsen.

- Excusez-moi pour cet accroc, dit-elle en lâchant un petit rire, je vous dérange seulement quelques secondes pour vous prévenir que plusieurs artistes amateurs vont venir chanter comme chaque semaine. Soyez indulgents avec eux, merci.

Une jeune femme, à peine plus âgée que moi prend sa place et s'installe derrière le micro. Elle tremble de tous ses membres et ne cesse de regarder ses pieds se dandiner. Elle prend une grande inspiration et fait signe aux musiciens de commencer à jouer. Au début, de nombreuses fausses notes fusent de sa voix mais petit à petit elle prend confiance et son timbre de voix se révèle être agréable pour les oreilles. Elle est abondamment sifflée et applaudie à la fin de sa chanson.

Je reste là pendant des heures à me délecter de ces mélodies acoustiques. L'avant dernier chanteur grimpe sur la scène, sa guitare dans le dos. Il porte un chapeau qui lui cache en grande partie le visage mais je parviens tout de même à apercevoir des mèches blondes polaires s'en échapper. Il s'assoit sur le tabouret au centre et baisse un peu plus la tête vers l'instrument dans ses mains. Une fois prêt, il commence à gratter quelques notes. Bercée par sa douce voix, je reconnais Here with me de elina. Chaque parole prononcée semble avoir pour lui une signification particulière, l'émotion se lit à chacun de ses tremblements de voix.

It's funny how they say when you find someone 
Heart speeds up, time slows down 
Things get heavy heavy but you know we ain't done yet 
It's funny how you waits 'til the moment comes 

Moment's here, moment's gone 
Kiss you heavy heavy but you know we ain't done yet 

Cause it's those lights 
Like somebody put that bluey on fire 
Do you think there's anybody up high 
Looking down, watching us 
Wishing we'd enjoy the ride 
'Cause we happen to be feeling alright 
Whatever happens got this feeling I like 
And it's happening to hurt you 
...

À la fin de la ballade il relève la tête en laissant échapper un sourire, pour recueillir les applaudissements. J'essaye de voir son visage mais il se retourne avant que je ne le puisse.

Le dernier chanteur rentre et je sors mon téléphone pour voir l'heure, 15h30. J'ai plusieurs notifications de mes parents me demandant où je suis, avec qui et le blabla parental. Pour ne pas plus les inquiéter, je pianote une réponse avant d'être interrompue.

- Hé salut.

Je relève instantanément la tête pour découvrir à ma surprise que le chanteur à la voix fascinante est en fait l'inconnu du bus qui m'avait aidé.

- Oh salut je ne t'avais pas reconnu sur scène.

- Je sais qu'entre ma tenue rock de scène et mon style vestimentaire de tous les jours, il y a une grande différence. Pourtant c'est bien moi, affirme t-il le sourire aux lèvres.

- J'ai bien vu ça, et d'ailleurs je trouve que tu as un timbre de voix magnifique, c'est incroyable la manière dont tu fais passer à travers les mots toutes les émotions que tu ressens.

- Merci c'est gentil. Je suis content que ça puisse te plaire, si ça t'intéresse je pourrais te faire écouter mes propres sons.

- Ça peut se faire, mais je te préviens ils ont intérêt à être bons, lançais-je le plus sérieusement possible.

Il rigole franchement en fermant les yeux.

- Ne t'inquiètes pas ça devrait te plaire euh...

- Aela et toi ?

- Je m'appelle Kéo. C'est pas que j'aime pas rester debout mais est ce que je peux m'assoir ?

Je ne peux pas lui demander de s'en aller, après l'aide qu'il m'a donné. Cela serait être ingrate et puis je me sens toujours redevable de la moindre action que l'on fait pour moi. Ça représente beaucoup.

- Oui oui vas-y.

- Merci. Tu vas bien depuis l'autre jour ?

Encore et toujours cette question...

- La routine des cours me fatigue un peu mais je vais bien. Et toi tu fais quoi dans la vie ? Ne me dis pas que t'es encore au lycée.

- Non je suis étudiant en littérature et chanteur à mes heures perdues.

- Certaines personnes provoquent le bonheur partout où elles vont....

- Pour d'autres, c'est quand elles s'en vont. Oscar Wilde, réponds-t-il avec un air de défi.

- Bien joué mais entre nous c'était d'une simplicité tout le monde l'aurait trouvé.

- Dis plutôt que je t'en bouche un coin. T'as encore faim ou je peux ?, demande t-il en montrant mon encas d'un signe de tête.

- Je t'en prie, je n'ai plus faim.

Nous discutons encore un peu et j'apprends entre autre qu'il a 20 ans ainsi qu'il est fils unique et qu'il a passé son enfance dans le nord de la Belgique. On se quitte en s'échangeant nos numéros et je me dépêche de rentrer chez moi à cause de la pluie diluvienne qui s'abat.

Je n'ai pas de parapluie, ni de capuche, seulement mon manteau sur ma tête pour me protéger. J'essaye de sauter pour éviter une flaque mais j'atterris dans une énorme mare d'eau. Super.
Plus que quelques mètres avant de pousser le portillon et d'être au chaud. Seulement lorsque j'arrive sur le porche, une ombre surgit de l'obscurité me faisant hurler de peur.

- Aela c'est moi, retentit la voix de Côme en écho avec la pluie.

- Mais qu'est-ce que tu fais là ?

Il sort de l'ombre et s'avance vers moi. Son corps entier est trempe, ses vêtements imbibés d'eau et ses cheveux collés sur son crâne.

- Je voulais te parler mais pas seulement à travers un écran. Et puis je sais que jamais tu ne m'aurais répondu après l'autre fois.

- C'est vrai, dis-je en croisant mes bras contre ma poitrine pour me réchauffer et pour me donner un faux air contrarié.

Malgré le sombre ciel gris, je vois ces épais sourcils noirs se froncer.

- Aela sincèrement comme je te l'ai dit je suis désolée, dit-il en se grattant l'arrière de la nuque, si j'avais su que ça te gênerait autant, jamais je ne t'aurais demandé ça.

Est-ce que je lui en veux vraiment ? Non, j'ai juste paniqué que quelqu'un puisse arriver à voir à travers mon masque mais le voir galérer devant moi, me fais sourire intérieurement. En temps normal, personne ne se préoccupe de savoir comment vont les états d'âme d'Aela, elle est tellement invisible lorsqu'elle va mal.

Pour rester dans mon rôle de fille énervée, je souffle fortement.

- Bon ça va on en parle plus mais évite de reposer de ce genre de questions dans ce cas-là.

À peine, j'ai prononcé ces mots qu'il relâche la pression et qu'il redevient d'humeur enjouée. Il me tend sa main dégoulinante de flotte en me disant :

- On repart à zéro ?

- On repart à zéro, répondis-je en tendant la main à mon tour.

Brusquement son visage change d'expression et redevient inquiet comme avant.

- C'est quoi cet hématome sur ta joue ?, demande t-il en le touchant.

Mince... Le fond de teint que j'avais appliqué dessus ce matin a totalement coulé à cause de la pluie. Deux solutions s'offrent à moi : soit je lui dis la vérité ou je ne dis rien du tout, soit je mens et invente une fausse excuse. Mais on vient de recommencer notre relation, je ne voudrai pas démarrer sur de mauvaises bases. Alors je fais ce que je sais faire de mieux, je fuis les responsabilités.

- On avait dit qu'on posait plus de questions indiscrètes, s'il te plaît Côme, dis-je de façon presque suppliante en repoussant sa main.

Je le vois contracter ses muscles de mâchoires et serrer les poings pour tenter de rester calme. Il ne répond pas mais hoche la tête.

Alors que j'allais répliquer, une lumière surgit derrière nous.

Olvasás folytatása

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