Purple

By CamilleThomas7

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Dans ce monde apocalyptique en ruines, les Yeux-Morts représentent l'ancienne génération et une menace à anéa... More

Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18

Chapitre 5

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By CamilleThomas7


Niel ne savait pas où est-ce qu'il allait.

Habituellement, avec sa sœur, il savait toujours. Toujours dans quelle direction aller, toujours où est-ce qu'ils étaient. Il était conscient de tout ce qu'il l'entourait, de l'environnement dans lequel il avançait. Il savait en permanence où Alix se trouvait, où le reste des Chiens se trouvaient, où les Yeux-Morts étaient, et surtout, où Cam était. Il pouvait reconnaître sa respiration entre des milliers, il pouvait l'entendre et savoir que c'était elle peu importe où elle se trouvait, même si c'était à plusieurs dizaines de mètres. Il entendait tout, le moindre bruissement, le moindre mouvement.

Maintenant, il était totalement perdu. Il avait beau essayer, tendre l'oreille, se forcer à faire quelque chose qui lui était auparavant totalement naturel, pas moyen. Tout n'était plus qu'un brouillard sans aucun sens, l'entourant, l'étouffant, entravant ses mouvements et ses déplacements. Il n'était même plus sûr de l'endroit où se trouvaient les siens, entendant vaguement la progression d'Alix – qui avait toujours eu un pas léger, discret, adroit, facile à reconnaître – mais pas suffisamment pour le placer correctement dans l'espace.

Il ne se rendit compte du danger qu'en entendant le cliquetis d'une lampe, et la voix du général hurlant ses ordres. Il ne s'en rendit compte que bien trop tard.

« Battez-vous ! »

Ainsi face à son erreur cruciale, Niel se retourna et ouvrit les yeux. Quelques secondes seulement furent nécessaire pour qu'il comprenne à quel point il avait échoué. Un campement de dix-sept Yeux-Morts, juste à côté d'eux, qui les avaient repérés avant qu'eux ne le fassent. D'un geste de main, Alix avait envoyé les plus jeunes entourer le champ de bataille pour empêcher quiconque de s'enfuir mais surtout pour leur permettre de rester dans l'obscurité sans se faire viser ou prendre d'assaut par leurs ennemis, laissant les autres en infériorité numérique. Ces derniers étaient maintenant aux prises avec les Yeux-Vides qui avaient immédiatement réagis, se lançant sans hésiter dans le combat. Le plus grand danger pour les Chiens était sans conteste leurs armes. Ils étaient mis en garde depuis des années de leurs moyens de défense crachant du feu, blessant mortellement et à distance. Les Chiens étaient plus rapides, plus forts, plus agiles, mais ne se battaient qu'au corps à corps. C'était à cause de ça que Cam était morte : un Ancien l'avait vu et lui avait tiré dessus.

Sous le choc, Niel courut se mêler à la bataille. Ce fut à ce moment seulement qu'il se rendit compte qu'il ne faisait qu'enchaîner les mauvaises décisions ; il entendit le cliquetis d'une arme, dont il voyait sa propriétaire aux yeux marrons la pointer droit sur son crâne.

Se demandant s'il était destiné à mourir exactement de la même façon que sa sœur, la cervelle explosée, l'éclaireur attendit le choc, paralysé. Après un temps qui lui sembla interminable mais qui en réalité n'avait duré que quelques millièmes de secondes, il entendit le coup de feu, mais la douleur ne vint pas.

« Bouge ! Défends-toi ! »

Alix avait sauté entre lui et son assaillante, attrapant le canon du fusil et l'écartant d'eux, faisant partir la balle vers le ciel, avant de frapper la femme dans le ventre pour l'agripper par les cheveux et l'égorger sans autre forme de procès.

Les mots du général firent enfin bouger Niel de façon sensée. Le garçon détacha la lame à son avant-bras, attaquant par derrière l'homme aux prises avec Luc en enfonçant son arme profondément entre ses côtes.

Le combat ne dura techniquement pas si longtemps que ça, mais pour les habitudes des Chiens il sembla une éternité. Tomber sur un groupe aussi énorme était déjà rare, alors avoir à se battre en étant pris par surprise dans un terrain accidenté qu'ils ne maitrisaient pas rendait la tâche plus difficile que normalement.

Ils triomphèrent, bien sûr. Tout soldats d'élites qu'ils étaient, ils ne pouvaient pas se permettre d'autres pertes et étaient prêts à se battre, même sans s'y attendre. Se battant comme une seule entité, Alix et Léa éliminèrent la moitié des Yeux-Vides à eux-seuls. Esquivant les balles et achevant leurs ennemis, les autres soldats avaient tués le reste aussitôt. Le silence retomba sur le champ de bataille lorsque Aure retira sa lance du dernier homme – aux yeux verts – qui s'effondra au sol dans une flaque de sang, rejoignant ses camarades tombés avant lui. Tous haletant et reprenant leur respiration, ils se fixèrent, les yeux grands ouverts, laissant la lumière violette de leurs iris éclairer leurs visages encore déformés par la folie du combat et l'exaltation du meurtre.

Certains étaient légèrement blessés, Alix le remarqua aussitôt. Luc s'était visiblement pris des coups violents au visage, sa lèvre et son arcade droite étaient fendues. Vu la respiration sifflante de Niel, il devait avoir des côtes cassées. Aure boitait, mettant le moins de poids possible sur sa jambe gauche. Alix lui-même avait été effleuré par une balle à l'épaule, et c'était le cas pour plusieurs autres de ses soldats, touchés aux cuisses ou même aux bras, mais rien de sérieux ne pouvant mettre leur vie en danger.

Ils ne pouvaient pas traîner ici. Leur situation était trop bancale. Même si la nuit n'était pas finie, Alix aboya deux fois, ordonnant le rassemblement, autorisant les Chiots à rouvrir les yeux pour quitter leur formation, rejoignant les plus âgés et reprenant les rangs pour se remettre en marche.

Niel s'approcha de son général, l'air rongé par la culpabilité et frottant nerveusement la tâche de naissance sur sa joue.

« Alix, commença-t-il à mi-voix, je –

-Je prends la tête. Rejoins les rangs arrière. »

Et sans attendre plus longtemps, il transmit le rôle de guide à Léa en lui pressant rapidement l'épaule, avant de fermer les yeux et de filer dans la nuit, prenant le poste de l'éclaireur. La Seconde leva alors la main, éteignant les lumières violettes et partant à sa suite.

Les traques des Chiens étaient toujours silencieuses, mais ce silence était normalement réconfortant car habituel. Cette fois-ci, le silence était oppressant voir même menaçant. Loin devant, Alix prenait le rôle que Niel aurait normalement dû assurer, tendant l'oreille, s'assurant que la voie était libre pour que les autres puissent continuer d'avancer sans encombre. Il ne réfléchissait pas trop pour ne pas entraver son instinct et ses réflexes, mais quelque part au fond de lui il savait ce qu'il allait devoir faire le lendemain matin.

Le chemin retour dura bien plus longtemps que l'allée. Alix n'était pas un éclaireur, et malgré son adresse et sa maîtrise de la détection sensorielle aveugle, il n'avait pas l'habitude de surveiller les alentours comme un éclaireur devait le faire. Il prit plusieurs mauvais tournants, s'arrêtant à chaque fois pour se remémorer la carte des tacticiens et retrouver la route. Il retrouva finalement le chemin de la ville, non sans peine mais sans avoir repéré d'ennemis – qu'il aurait de toute façon tués au passage. Il rejoignit Léa, une fois aux frontières des bâtiments, ouvrant les yeux pour vérifier l'état de ses recrues et la présence de tout le monde, retournant à leur caste sans plus tarder.

« Allez soigner vos plaies, ordonna-t-il en ouvrant les deux lourdes portes. Je sais que vous êtes tous épuisés, alors je ne vous impose pas de débrief. Allez-vous reposer. »

Maintenant la porte ouverte, il laissa entrer ses soldats, en profitant pour les analyser. Même les Chiots ne s'étant pas battus avaient l'air à bout de forces et présentaient des égratignures causées par la marche.

« Gén- Alix... »

L'apostrophé se retourna, arraché à sa contemplation. Tout à l'arrière, Jess peinait à soutenir un jeune garçon, qui semblait à moitié inconscient, la tête pendante.

« Jess ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

Immédiatement, Alix s'était précipité à ses côtés pour prendre le soldat dans ses bras. C'était un jeune chiot de quatorze ans, de la même génération que Jess. Il s'appelait Li et il était toujours discret et silencieux en présence d'adultes, restant souvent en retrait, ses yeux dissimulés par ses cheveux d'un noir ébène.

Voyant que le plus jeune peinait à respirer, Alix posa sa main sur son front qu'il trouva plus chaud qu'il ne devrait l'être.

« Je ne sais pas, répondit Jess d'une petite voix, on était sur le chemin pour rentrer et d'un seul coup il est tombé... Il n'avait pas l'air de se sentir bien mais je pensais que c'était seulement parce qu'il était fatigué...

-C'était il y a longtemps ?

-Vingt minutes je pense...

-Et tu le portes depuis tout ce temps ? »

La jeune fille acquiesça, détournant le regard. Depuis l'accident, elle avait l'air encore moins sûre d'elle qu'habituellement – ce qui était un exploit en soit – et semblait toujours sur le point d'être prise en faute. Pour la rassurer, Alix tapota sa tête, remarquant ses cheveux défaits par l'excursion.

« Tu aurais pu demander de l'aide tu sais. Je pense que son corps a juste craqué à cause de la fatigue. Je m'en occupe. »

Semblant rassurée, elle afficha un petit sourire, avant de partir rejoindre les autres pour se laver et se soigner. Alix ferma les deux portes derrière lui, portant toujours le jeune Chiot dans ses bras. Il regagna les dortoirs, trouvant facilement la couchette de Li dans le coin des « nouveaux ». Il allongea le garçon, vérifiant qu'il n'ait pas de blessures non superficielles extérieures. Si son état ne s'améliorait pas d'ici au matin, il faudrait qu'il aille chercher la caste des soigneurs pour que le jeune se fasse examiner. Il soupira lentement, et alla ensuite humidier un linge d'eau froide pour le poser sur son front, espérant faire tomber sa température. Restant à instant à ses côtés, Alix le regarda respirer quelques minutes. Finalement, lorsqu'il fut sûr que Li était plus endormi qu'inconscient, il quitta les dortoirs pour rejoindre les autres et soigner ses propres blessures.

« Réponds ! Tu te rends compte de ce que tu as fait ? »

En se rapprochant de la salle de bain, Alix pu entendre l'agitation qui provenait de celle-ci. Il pressa le pas, ouvrant la porte à la volée, son instinct craignant aussitôt le danger.

« Qu'est-ce que- »

Sa phrase se perdit dans le chaos et la cacophonie à l'intérieur de la pièce. Léa et Jack était en train de maintenir Amir pour l'empêcher de bouger tout en le tirant en arrière, tandis que ce dernier se débattait comme une bête enragée, montrant les dents.

« Je t'ai posé une question ! crachait le plus vieux tout en tentant de se libérer. Tu voulais plus de morts ? Tous nous tuer pour venger la mort de Cam peut être ? Tu mériterais d'être emmené pour trahison !

-Amir, ferme-la ! s'écria Léa sans lâcher sa prise, le poussant plus fort vers l'arrière. Ce n'est pas à toi de gérer ça, reste à ta place ! »

Seulement à ce moment-là, se frayant un chemin parmi les chiens regardant la scène, Alix pu apercevoir à qui Amir parlait. Luc agenouillé à ses côtés, Niel se tenait la mâchoire, couché sur le sol et se redressant lentement. Son regard était rivé au sol, laissant des reflets violets se refléter et couler sur les dalles du sol humide.

« Tu es un danger Niel ! Tu n'es plus digne de –

-Amir. »

La voix d'Alix le coupa immédiatement dans sa tirade, alors qu'il arrêtait de se défendre, se tournant vers son général. Voyant qu'il s'apprêtait à argumenter, le plus jeune leva la main pour l'empêcher de continuer.

« Léa a raison. Ce n'est pas à toi de gérer ça. Contente toi d'aider les blessés à se soigner. »

En parlant il avait jeté un regard vers Aure qui, assise un peu plus loin, bandait sa jambe. Amir suivit son regard, hésitant.

« Mais-

-Ne me contredis pas, et obéis moi quand je te demande quelque chose. »

Son ton était sans appel et le silence se fit immédiatement. Ravalant sa colère, Amir souffla du nez et s'excusa en inclinant la tête, avant de rejoindre sa compagne. Il suffit d'un coup d'œil à Alix pour disperser les autres Chiens, qui allèrent tous se laver ou se soigner. Il s'agenouilla alors aux côtés de l'éclaireur qui était toujours au sol, refusant de relever la tête. Luc se releva en jetant un coup d'œil entendu à son ami, allant rejoindre les autres sous les douches communes. Ne restait plus qu'eux d'eux.

« Tu es blessé, commença Alix en l'aidant à se remettre sur pieds, il faut te soigner. On ne peut rien faire pour tes côtes mais on va mettre quelque chose pour les chocs. »

Un bras par-dessus ceux de son général Niel ne répondit pas, détournant la tête pour ne pas qu'il ne puisse voir son visage. Pourtant Alix n'était pas dupe – et il sentait bien le tremblement de ses épaules. Décidant de ne pas forcer, il attrapa de sa main libre un pot de la crème fournie par la caste des soigneurs et sortit de la salle de bain en entraînant Niel à sa suite. Il le ramena dans le dortoir encore désert, le faisant s'asseoir sur le lit le plus proche.

« Tu m'autorises à te mettre de la pommade ? »

Soupirant profondément, l'éclaireur retira tout de même son haut en signe d'acceptation, des traces de larmes encore aux coins de ses yeux. Alix s'agenouilla alors devant lui en ouvrant le pot au passage. Il prit un peu de la crème épaisse et noire sur le bout de ses doigts, avant d'en mettre sur les énormes hématomes noirâtres et violacés présents sur la cage thoracique du garçon, ainsi que la marque de coup commençant à se former sur le bas de sa mâchoire. Le silence retomba alors totalement dans la pièce, seulement troublé par les légers bruits de douleur que Niel faisait occasionnellement malgré le fait que Alix essayait d'être le plus doux possible. Quand il eut fini, il referma le pot et alla immédiatement se laver les mains – la crème laissant des traces foncées sur la peau – pour ne pas risquer de tâcher quoi que ce soit, retournant ensuite aux côtés de son ami toujours sur son lit.

« Niel, commença Alix après une grand inspiration, il faut qu'on parle de ce soir. Tu-

-Je ne sais pas ce qu'il s'est passé ce soir, l'interrompit-il. Je ne les ai pas entendus, Alix. Ils étaient dix-sept et je n'ai rien entendu, rien du tout. Je n'ai pas fait exprès, je te le promets, j'ai essayé d'entendre, de les repérer ! Mais c'est ma faute, je le sais bien ! C'est juste que... J'étais totalement perdu... Depuis la mort de Cam, en fait. Je n'entends plus rien, je ne sais plus où je suis, je... »

Il marqua une pause, son regard se perdant dans le vide et fixant un point invisible. Des larmes coulaient à nouveau librement sur ses joues, laissant de nouvelles traces sur sa peau pleine de poussière.

« Je ne veux pas partir, reprit-il d'une voix plus fébrile. Je t'en prie, rétrograde-moi, choisis de nouveaux éclaireurs et fait de moi un simple soldat, mais je t'en prie Alix ne me demande pas de vous quitter... Je me doute que je ne suis plus le bienvenu après une telle erreur, mais vous êtes une famille pour moi, et même si je sais quel honneur c'est de travailler pour la caste des recherches, je ne veux pas partir si tôt ! »

Cette fois sa voix s'était étranglé dans sa gorge, incapable de continuer – que ce soit à cause de la douleur ou de la tristesse. Essayant de prendre l'air le plus réconfortant possible, Alix murmura d'une voix un peu faible ;

« Tu sais bien que ce n'est pas moi qui décide... »

Pourtant en voyant l'air horrifié de son ami, en voyant ses yeux dans lesquels on avait brisé quelque chose, le général s'empressa d'ajouter :

« Mais je vais intercéder en ta faveur. Je parlerais aux dirigeants, c'est promis. Je vais tout faire pour que tu puisses rester avec nous. »

Aussitôt le soulagement se lut sur les traits de l'éclaireur et il essuya ses larmes d'un revers de main, murmurant un petit « merci » presque inaudible. Il avait peur. Peur de devoir quitter ses amis, sa famille, et même si son souhait était égoïste car il savait très bien qu'il avait fait quelque chose d'impardonnable qui aurait pu les condamner à mort, il ne voulait pas. Il attendrait ses trente ans pour partir, comme les autres, mais ne pouvait pas abandonner les Chiens.

Alix tapota doucement son dos, soufflant avec bienveillance ;

« Va te rincer un peu maintenant. Ne t'en fais pas trop pour la réaction d'Amir, il a tendance à s'énerver pour tout et rien dès que Aure est blessé. Ça lui passera.

-Je comprends sa colère, il a toutes les raisons de m'en vouloir, protesta Niel avec honte.

-Peut-être, mais ça n'excuse pas qu'il ait levé la main sur toi. »

Haussant les épaules, Niel se leva néanmoins en attrapant son haut. Après un dernier sourire pour Alix, il quitta la pièce. Fixant la porte du dortoir par laquelle il venait de sortir, le général parla sans lever les yeux.

« Qu'est-ce que tu penses ? »

La couchette au-dessus de lui fit un bruit de couinement, alors que Léa se redressait en position assise.

« Le simple fait qu'il n'ait pas remarqué ma présence en dit long. Il est cassé. Il a raison, il ne peut plus rien entendre. Définitivement, il ne peut pas rester éclaireur.

-Définitivement, confirma le garçon avec un soupir.

-Néanmoins, tu ne peux pas lui demander de partir. Pas après ce qu'il t'a dit.

-Je prendrais sa défense auprès des dirigeants. »

Un silence flotta un instant entre eux. Alors qu'une foultitude de pas se faisait entendre dans le couloir ainsi qu'un certain nombre de voix signalant que l'équipe de garde était de retour, Léa termina par ajouter :

« Il te fait confiance Alix. On te fait tous confiance. Mais ne va pas faire quelque chose de stupide ou te mettre en danger. »

L'intéressé hocha simplement la tête, malgré le fait que son amie ne puisse pas le voir, et ses soldats entrèrent dans le dortoir. Il n'y avait pas l'excitation naturelle de ses troupes – juste un sentiment pratiquement palpable d'épuisement. Alix attrapa le haut qui lui servait pour la nuit et alla se rincer dans une des douches individuelles de la salle de bain. Le sang de son épaule avait coagulé et avec la poussière, retirer son haut fut douloureux mais il serra les dents et désinfecta la plaie. Ne pouvant pas faire le bandage tout seul, il sortit de la douche pour trouver quelqu'un pouvant l'aider, serrant sa serviette contre sa poitrine.

Il n'y avait presque plus personne dans la salle de bains, tout le monde étant parti se coucher. Il n'y avait plus que Jack, agenouillée devant une jeune fille – quatorze ans ? Quinze ? Alix n'était plus très sûr de son âge mais elle s'appelait Diane – et occupé à lui bander la cheville.

« Jack ? Désolé, je sais que tu aimerais aller dormir, mais tu pourras m'aider à me faire un bandage quand tu auras fini ?

-J'arrive tout de suite ! »

Pareil à lui-même, le géant blond termina de soigner Diane et lui tapota la tête avec un grand sourire. La jeune fille leva les yeux au ciel pour dissimuler son amusement et se releva, évitant de trop s'appuyer sur son pied blessé, remerciant le plus âgé et quittant la pièce en saluant les deux hommes. Alix s'assit alors sur le tabouret, tenant toujours sa serviette contre lui. Jack reprit le nécessaire à bandages et appliqua une compresse contre la plaie, une moue sur le visage.

« Tu t'es pas loupé...

-Mais j'ai eu de la chance. Ça m'a juste effleuré.

-Ce que tu appelles chance est relatif. »

Alix souffla du nez avec un léger sourire, haussant les épaules, ce qui lui valut une vive douleur et une réprimande de Jack lui demandant d'arrêter de bouger. Obéissant alors, le général ferma les yeux et se laissa faire. En patientant, il se rendit compte de la douceur des mains de Jack effleurant sa peau de temps en temps en appliquant le pansement. Son côté doux était tellement étrange, presque irréel lorsqu'on voyait à quel point il était imposant. Né directement de parents dans la caste des chiens, sa force et sa taille démesurée dès l'enfance faisait qu'il avait toujours grandi dans ce contexte de tueur d'hommes, mais pourtant il avait toujours cette gentillesse en lui.

« Et voilà ! s'exclama-t-il après avoir terminé. Tu es réparé !

-Merci Jack. Va te reposer maintenant.

-A vos ordres, général. »

Voyant Alix tiquer, Jack laissa échapper un rire et s'éclipsa, le laissant seul dans la pièce. Secouant la tête de dépit, il rit doucement et enfila son t-shirt pour la nuit. Il alla se passer de l'eau sur le visage, sentant toute la fatigue physique l'écraser soudainement, et se traîna presque jusqu'au dortoir. Là-bas, la majorité dormait déjà et un silence total régnait. Résistant à l'envie de grimper à sa couchette et de se jeter dedans, Alix se força à aller jusqu'à celle de Li pour vérifier son état. Le jeune chiot semblait dans un profond sommeil, peut-être un peu agité, mais il ne semblait plus avoir autant de difficulté à respirer et sa température était plus basse. Le soldat remit sur son front le linge humide qui avait glissé, et rejoignit enfin son propre lit. Il monta l'échelle en n'utilisant qu'un seul bras – forcer sur l'autre tirait sur son épaule blessé – et s'écrasa sur le matelas en serrant les lèvres pour retenir un soupir. Le lit bougea sous le choc, provoquant des protestations étouffées et ensommeillées de Luc en dessous, mais Alix ne put même pas les entendre – il s'était endormi à peine sa tête ayant touché le matelas, pour ne pas penser à ce qui l'attendait le lendemain matin. 

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