Madame Jones

By TheLittleMxxn

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Une rencontre inattendue entre Atlantis Kayslar et la célèbre femme d'affaires Kendall Jones va complètement... More

Note de l'auteure
Chapitre I
Chapitre II
Chapitre III
Chapitre IV
Chapitre V
Le contrat
Chapitre VI
Chapitre VII
Chapitre VIII
Chapitre IX
Chapitre X
Chapitre XI
Chapitre XII
Chapitre XIII
Chapitre XIV
Chapitre XV
Chapitre XVI
Chapitre XVII
Chapitre XVIII
Chapitre XIX
Chapitre XX
Chapitre XXI
Chapitre XXIII
Chapitre XXIV
Chapitre XXV
Chapitre XXVI
Chapitre XXVII
Chapitre XXVIII
Chapitre XXIX
Chapitre XXX
Chapitre XXXI
Chapitre XXXII
Chapitre XXXIII
Chapitre XXXIV
Chapitre d'annonce
Chapitre XXXV
Chapitre XXXVI
Chapitre XXXVII
Chapitre XXXVIII
Chapitre XXXIX
Remerciements

Chapitre XXII

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By TheLittleMxxn


Dans un dernier haut de cœur Arya vomis le reste du peu de nourriture qu'elle avait dans le ventre.

- Je crois que tu as passé l'âge de boire à t'en faire vomir, déclara froidement Kendall.

La marraine de cette dernière tenait les cheveux caramel d'Arya Miller qui vomissait depuis plusieurs minutes déjà.

Une fois qu'elle eut finit, Arya s'essuya la bouche avec le mouchoir que lui tendit marraine Anna avant de lancer un regard noir vers Kendall. Elle avait les idées floues, un mal de crâne atroce et elle ne comprenait pas vraiment comment elle s'était retrouvée là, dans la salle de bain de cette vipère de Kendall Jones. Peu importe à quel point elle pouvait se sentir mal, ses idées concernant madame Jones restaient claires et identiques.

Arya, malgré l'objection de la femme mûre derrière elle, se releva difficilement, avant de tirer la chasse d'eau. Malheureusement son corps refusa de coopérer et elle se sentit flancher, Anna la rattrapa de justesse.

Kendall, elle, était restée impassible, se tenant parfaitement droite, les bras croisés. Elle regrettait presque son élan de gentillesse, avoir ramené Arya chez elle n'était pas vraiment une bonne idée tout compte fait, rien que le fait de se trouver dans la même pièce qu'elle tendait tout son être.

Arya se dégagea rapidement de la marraine de Kendall, en jurant et en se plaignant, qu'est ce qu'elle faisait là avec ces deux vipères sur le dos.

Elle n'eut pas le temps de le demander puisque Kendall lui tendit une brosse à dent et une serviette :

- Retrouvez un niveau d'hygiène convenable, Anna vous préparera de quoi vous remplir le ventre et un taxi vous ramènera chez vous, déclara Kendall.

Un léger ricanement retentit. Arya ne prit même pas la peine d'attraper ce que Kendall lui tendait.

- C'est comme ça que tu parles à Atlantis ? Pesta Arya. Espèce de grosse de malade, tu crois pouvoir me donner des ordres, à moi ? S'emporta Arya, ignorant le fait que le ton de sa voix accentuait son mal de tête.

Kendall la considéra avec dédain, le visage impassible. Son épaule s'appuya sur l'embrasure de la porte.

- À votre place, je me contenterai de dire merci, dit très calmement la soeur de Marc Jones.

Arya la regarda de haut en bas, elle portait un tailleur gris, le bas de son pantalon était légèrement évasé et elle avait coloré ses lèvres d'un rose léger, avec son éternel chignon bas d'où aucun cheveu ne s'échappait. Arya Miller ne s'aventura pas à regarder son propre reflet dans l'énorme miroir à sa droite, elle aurait le sentiment d'être ridicule et se tasserait devant Kendall.

- Merci à quoi ? Dit Arya avec sarcasme. Parce que par je ne sais quel miracle tu as retrouvé une once d'une humanité durant quelques secondes ?

Le visage de Kendall restait toujours aussi froid et inexpressif, ce qui agaça Arya au plus au point.

Mais comme si le sort était du côté de Kendall, des souvenirs lui revinrent avec brutalité. Elle se souvint de ces nombreux shots qu'elle avait enchaîné en se trémoussant sur une fille qui avait tenté de l'embrasser à plusieurs reprises, lui mettant la main aux fesses. Elle se souvint de s'être violemment emportée, en lui jetant le contenu de son verre à la figure. Elle se souvint de la gifle qui avait atterrit sur sa joue après ça et de la bagarre qui s'en était suivit, des gens qui vinrent s'attrouper autour d'elles, certains pour « admirer le spectacle » d'autres pour les séparer. Les coups, les tiraillements, l'alcool qui se renversait de partout, les cris, la douleur. Arya avait commencé à tourner de l'œil. Sans vraiment savoir comment elle avait fini par se frayer un chemin vers la sortie de la discothèque, puis elle s'était assise sur le trottoir, exténuée.

Son premier réflexe avait été d'appeler sa meilleure amie, mais cette dernière n'avait pas répondu malgré ses nombreuses tentatives, elle aurait pu appeler son chauffeur, Gary. Il serait venu la chercher n'importe où et n'importe quand, mais elle ne l'avait même pas prévenu qu'elle sortait ce soir là et elle avait terriblement honte de son état.

« Viens me chercher, je peux pas conduire, j'ai mal, tu me manques » avait elle difficilement écrit après ses nombreux appels sans réponse.

Ne pouvant plus lutter contre la fatigue, la douleur et la peine, Arya avait réussit à se traîner jusqu'à sa voiture puis elle s'était endormie sur la banquette arrière.

En repensant à tout ce qu'il s'était passé cette nuit, Arya se trouvait..

- Irresponsable ? Pathétique ? Dit cyniquement Kendall à haute voix comme si elle lisait dans les pensées de l'autre jeune femme.

Arya sentit son sang bouillonner en elle. Si elle n'avait pas déjà aussi mal elle lui aurait sans doute sauter à la gorge. Elle était tellement en colère qu'il lui était difficile de parler, mais quelque chose d'autre l'empêchait de parler, c'était au fond de sa gorge et c'était presque douloureux :

- Tu as pa-passé la nuit.. à l-la, bégaya t'elle, maison, av-vec L...

Kendall haussa les sourcils. Arya ne prit pas la peine de finir sa phrase, cela fut comme un coup qu'on lui assena dans le ventre. Elle avait pourtant vu le regard qu'Atlantis lui avait adressé hier, elle pensait qu'il y avait quelque chose de différent, comme si... Quelle, idiote elle faisait ! Comme si Atlantis pouvait ressentir la même chose qu'elle !

Elle avait été naïve de croire qu'il s'agissait d'Emma dans la maison lorsqu'elle s'en allait. Mais en général, le soir c'était la seule personne que sa meilleure amie recevait et elle n'était pas s'en savoir que depuis tout ce qui c'était passé entre elle et sa meilleure amie ces derniers temps, Atlantis et Emma, s'étaient énormément rapprochées.

Mais en réalité, c'était cette... Kendall qui était avec Atlantis hier, qui avait dormi avec elle, dans sa chambre, qui avait vu ses appels et son message et qui avait sûrement tout effacé dans le but de ne pas inquiéter la jeune femme, déduit Arya.

La jeune Miller suffoquait, une douleur atroce lui lacérait sa poitrine, elle qui croyait que la page Kendall Jones avait été jetée au feu.

- Ne crois pas une seule seconde que je vais laisser Atlantis retomber dans tes griffes, espèce de malade, la vilipenda Arya en s'approchant d'elle dangereusement.

Kendall ne bougeait pas, seule sa mâchoire se crispa.

- Tu crois que je ne sais pas ce que tu lui fais, ce que tu l'obliges à faire ? Comment as-tu osé lever la main sur elle ? Hurla Arya.

Les poings de Kendall se serrèrent sous ses bras croisés.

- Et tu crois qu'écrire tout ceci sur contrat te rend plus noble que tous ces pervers et ces malades qui courent les rues ? Souffla Arya, quand son visage fit face à celui de Kendall. Hein ? Maîtresse ? La provoqua t'elle sarcastiquement.

Arya ne le savait pas, mais si elle avait été seule en cet instant Kendall aurait tout saccagé. Non pas en raison de ce que venait lui dire Arya Miller, non pas ça. Elle la trouvait bien trop impulsive et impétueuse pour que quoi se soit sortant de sa bouche puisse l'atteindre. Alors non, ce qui la rendait folle de rage, c'était cette trahison d'Atlantis.

Comment avait elle osé évoquer ce contrat en la présence d'Arya, alors qu'elles s'étaient entendues sur la confidentialité stricte de ce celui-ci. Il suffisait qu'Arya parle à la presse, ou d'une autre manière cela remonte aux oreilles de la presse, et les tabloïds en feraient une affaire d'Etat, sa vie privée n'existerait tout simplement plus. Tous les précédents contrats seraient d'une manière ou d'une autre dévoilés, toutes les tournures juridiques étudiées, contournées, mises en cause. Et même si sur le plan juridique Kendall savait ses contrats irréprochables, elle savait également que ce genre de coup d'éclat était tout ce qu'elle devait fuir à ce moment-là. Sans parler du fait qu'une panoplie de femmes sorties de nulle part prétendraient un jour avoir été sa soumise et joueraient les victimes afin d'obtenir une petite somme d'argent pour les faire taire sous peine d'offrir une interview, car oui, tout le monde voudrait goûter à ce grand gâteau.

Voila la raison pragmatique et purement rationnelle de son énervement, l'autre était la déception et la peine. Elle avait été stupide de croire qu'il existait quelque chose de plus entre elle et Atlantis, qu'elle pouvait baisser sa garde... Elle avait failli y croire.

Failli, presque.

Sans un mot pour Arya, Kendall lui refila brusquement ce qu'elle tenait dans les mains. Elle fit volte-face puis elle disparue, la rage dans les yeux.

...

- Oh bah tiens, une revenante, ironisa Raessah lorsqu'elle vit Kendall Jones pénétrer son séjour.

Cette dernière avait toujours ce visage aussi froid, comme si sourire pouvait lui couter de l'argent. Après quelques années d'amitié on finissait par s'y faire.

Comme à son habitude et avec son souci des bonnes manières, Kendall fit immédiatement dos à Raessah lorsqu'elle réalisa que rien ne couvrait le corps charmant de la jeune femme. Bien qu'il leur arrivait de se « dépanner » comme elles aimaient le dire, lorsqu'aucune d'elles n'avaient un contrat en cours, Kendall ne s'était jamais habituée â la nudité de Raessah, sans doute était-ce lié à la barrière amicale et mutuelle qui existait entre elles. C'était une relation étrange, Kendall voulait bien y consentir, mais elle avait le mérite d'être dépourvue de toute ambiguïté.

- Tu me décommandes la vielle et puis tu accours le lendemain, je crois que tes hormones sont légerements déréglés Jones, ricana Raessah en nouant le noeud de son peignoir en soie.

Un rictus passa sur le visage de Kendall, s'il y a bien une femme qui avait un sens de la répartie qui pouvait lui clouer le bec, c'était Raessah.

- Cette phrase est bien à ton image. Ton égo ne te permettra jamais d'admettre que ces roses fanées que tu me fais parvenir ne signifient pas « discussion urgente » comme tu aimerais le faire croire, mais bien « accours Kendall, tu me manques».

Le rire, étonnamment, enfantin de Raessah retentit. Elle savait que Kendall n'était pas d'humeur, cela se sentait dans voix, il fallait détendre l'athmosphère.

- Te répondre serait donner de l'importance à tes fantasmes. Aller, retournes toi, il est temps d'admirer mon beau visage et de faire disparaître cette tension dans ton corps !

Suivant l'indication de Raessah, Kendall se retourna, lui faisant dès face. Il fallait admettre qu'elle était une très belle femme, à vrai dire c'était sans doute l'une des plus belles femme que connaissait Kendall, en pensant cela l'image d'Atlantis lui revint instantanément à la figure, « la plus belle, après Atlantis » se corrigea t'elle intérieurement.

- Oui, enfin, je crois que tu exagères un peu Ken, je ne suis pas coiffée, ni maquillé alors arrêtes de me mater de cette manière. Et tu vas devoir attendre que je me fasse une beauté si tu veux ma photo, s'exclama Raessah en allumant une cigarette.

Kendall leva les yeux au ciel en sortant de ses pensées où le visage d'Atlantis régnait. Son amie n'avait aucun filtre. C'était sans doute pour ça qu'elles étaient amies.

- Alors, comment va ta petite protégée ?

Kendall alla se servir une tasse de café de la cafetière posée sur la table basse. Raessah vivait dans un bel appartement au style parisien, il était bohème, et était composé de plusieurs œuvres plus extravagantes les unes que les autres, à son image.

Kendall la scruta quelques instants, en haussant un sourcil.

- Oh, voyons, dit Raessah d'une manière désinvolte en libérant de la fumée de sa bouche. Je sais que tu m'as décommandé pour aller rejoindre ce petit bijou.

Kendall pinça les lèvres, Raessah s'assit sur le capanapé en face de celle-ci, les jambes croisées.

- Ce petit bijou à un nom Rae, déclara Kendall d'une voix neutre, mais non sans amertume.

Raessah sourit diaboliquement.

- Petit nom que tu ferais mieux d'enfouir au fin fond de ton cerveau de femme intelligente Kendall, qu'est ce qu'il te prend ? Tu passes la nuit chez tes anciennes soumises maintenant ?

La main de Kendall se serra autour de sa tasse de café.

- Et si nous parlions de ce pourquoi tu m'as demandé de passer ? Dit plus froidement Kendall.

Raessah ne prit pas la peine de répondre, elle tira longuement sur sa cigarette, en observant la femme de tête qu'elle avait en face d'elle, son unique amie.

- Tu n'aurais tout de même pas osé me faire venir pour ça, jura presque Kendall en reposant bruyamment la tasse de café.

Raessah expira la fumée et tapota doucement sa cigarette au-dessus de son cendrier.

- Tu es en train de perdre ton temps et de faire perdre son temps à cette jeune femme, expliqua Rae avec un ton bien plus sérieux que celui qu'elle avait habituellement.

Un duel de regard dans lequel les deux femmes se refusaient de flancher commença.

- Je ne couche plus avec Atlantis, clarifia Kendall sans la quitter des yeux.

Un rictus traversa le visage de Raessah.

- Je me fiche que vous regardiez les oiseaux voler ou les arbres pousser. On ne voit plus ses soumises une fois un contrat rompu, c'est la règle Jones, tu le sais mieux que personne !

Kendall détourna finalement le regard, fixant une statuette aux formes étranges durant de longs instants.

- Je ne sais pas à quoi tu joues, mais tu ferai mieux de te remettre les idées en place et rapidement. Tu te sens seule ? Très bien ! Dis moi ce dont tu as besoin, j'ai un tas de femmes sous le bras qui feraient de parfaites soumises, l'informa Raessah en tirant fortement sur sa cigarette.

Kendall se mit à sourire, froidement.

- Il ne s'agit pas de ça Raessah, clarifia t'elle en appuyant sur chaque mots. Et éteint cette chose entre tes doigts avant que je ne te la fasse avaler.

Raessah leva les yeux au ciel, elle savait que Kendall avait la cigarette en horreur.

- Dans ce cas de quoi est ce qu'il s'agit, hum ? Demanda furieusement Raessah en écrasant sa cigarette dans son cendrier. Qu'est-ce qui se passe dans ta tête bon sang Kendall ?

Cette dernière se leva, elle était bien trop tendue pour rester assise, elle n'aimait pas le terrain sur lequel s'aventurait Raessah. Il valait mieux qu'elle s'en aille, mais sans surprise, son amie bondit du fauteuil où elle était assise et suivit Kendall tout en lançant :

- Est ce que tu veux détruire cette pauvre fille pour qui tu prétends avoir de l'affection ? Tu lui vend un rêve que tu n'es même pas en mesure de lui offrir !

Kendall, furieuse accéléra le pas.

- Tu veux que je te rappelle ce qui s'est passé la dernière fois que tu as cru avoir une attache pour une femme ? Les dégâts que tu as causé dans sa vie ?

Kendall se figea.

- Dieu merci ! Mon emploi du temps était bien trop chargé pour que je puisse me permettre une escapade à Paris pour assister cette mascarade à laquelle tu l'as laissé croire jusqu'au bout ! Se déchaîna Raessah.

Les poings de Kendall se serrèrent, elle ferma les yeux. Elle savait ce que Raessah cherchait à faire : la bousculer, la pousser dans ses retranchements, et ça marchait.

- Laisse cette pauvre fille tranquille Jones, tu sais prendre soin du corps des femmes, mais pas de leur cœur. Tu n'as rien à lui offrir, et si tu penses le contraire, tu te mens à toi-même. Arrête de la voir, tu t'aventures sur un terrain que tu ne maîtrises pas.

Après ces mots, il y eut un long silence durant lequel on entendait que la respiration bruyante d'une Kendall qui peinait à se calmer. Raessah savait qu'elle y était allée un peu fort, mais elle savait également que c'était le seul moyen d'arrêter Kendall.

Dans son discours tout laissait croire que ce qui l'inquiétait, c'était le sort d'Atlantis, mais c'était sa manière à elle de faire comprendre à Kendall qu'elle s'inquiétait pour elle.

Déjà, au départ, lorsque Kendall et Marie Anne avait entamé leur « relation » elle avait dit à son amie d'être prudente, elle avait bien vu que Maria se projetait vite et loin et qu'elle était profondément amoureuse de Kendall, au point d'être prête à lui faire se sentir redevable. Parce que c'était sur ça que s'était basé leur relation : Marie-Anne avait tout simplement toujours été présente dans la vie de Kendall et cette dernière s'était toujours sentie redevable envers elle, au point que si elle l'avait pu, elle aurait fini sa vie avec elle. Cependant Raessah avait toujours su que Kendall n'aimait pas Maria.

Kendall se retourna furtivement et lorsqu'elle arriva devant Raessah, elle pointa son doigt sur elle, si bien qu'il touchait sa poitrine.

- Je t'emmerde Raessah, souffla t'elle avec une voix menaçante et des yeux froids.

Kendall refit alors volte face afin de s'en aller.

- Où vas tu ? Cria Raessah.

Comme réponse elle n'obtenu que le bruit des pas de Kendall qui s'éloignait.

...

- Je crois que j'aurais besoin que tu m'accompagnes à mon rendez-vous avec madame Ruiz pour le choix de sa robe de mariée, je fais plus confiance en tes conseils qu'en les miens pour ce genre de chose, lançais-je à Emma.

Nous étions posés dans un café près de chez moi. À mon comptant, j'avais deux cafés et Emma deux mojitos. J'avais eu besoin de passer du temps hors de l'appartement après le travail et Emma avait eut la gentillesse de se joindre à moi pour boire un verre. Mon besoin de décompresser était dû au fait que j'avais énormément de travail, mais également au silence de Kendall.

Cela faisait deux jours, deux jours que je n'avais absolument aucune nouvelle d'elle et le temps commençait à me paraître long. L'avant-veille, lorsque qu'au matin je m'étais réveillée, le corps de Kendall n'était pas allongé dans mon lit comme je m'y attendais, seule une lettre pliée reposait sur le coussin près du mien.

« Tu souris lorsque tu t'endors et je ne saurais dire si tu es plus jolie lorsque tu dors ou lorsque tu es éveillée.

À plus tard, je t'embrasse »

J'avais touché mes lèvres en lisant les derniers mots écris sur le papier. J'avais ensuite attendu tout la journée un signe de vie de Kendall, un appel ou un message, voire même la vue d'une de ses voitures garées dans l'allée devant notre immeuble ou devant l'agence, mais rien. Le lendemain, lorsque j'avais craqué et que j'avais appelé son numéro, seule sa voix enregistrée pour sa messagerie avait retentit. Il fallait ajouter cela que Marie-Anne ne cessait de me harceler, je ne lui avais pas dit que Kendall avait disparu dans la nature, mais simplement que j'avais du travail et que je ne pourrai beaucoup la voir durant deux ou trois jours...Risqué, mais au moins j'avais un peu la paix.

Je n'avais aucune idée d'où Kendall pouvait être, pourquoi elle ne me donnait aucun signe de vie, encore ses soudains changements d'humeurs ? Je grognais.

- Besoin d'un verre ? Souris Emma en levant les yeux de son téléphone.

- Très drôle, dis-je mi-amusée, mi-exaspérée. Mais je crois qu'il me faut quelque chose d'au moins aussi fort que de l'alcool.

Emma tapa dans ses mains.

- Va pour deux verres de blanc ! S'exclama t'elle. J'en boirai un pour toi et avec mes super pouvoirs, je te ferai parvenir les effets.

Fière d'elle, Emma brandit un grand sourire et leva la main pour appeler un serveur, mais son bras retomba subitement et son sourire s'effaça. Je fronçais les sourcils.

- Un beau mec en vue ? Demandais-je, connaissant le côté dramatique de mon amie.

Je la vis déglutir doucement, elle me donna un coup de pied sous la table.

- Aie ! Me plaignis-je. Quoi ? Il est derrière moi ? Demandais-je en me retournant rapidement.

Celle que je vis provoqua chez moi en mille fois plus fort ce que ça avait provoqué chez Emma.

Une veste en damier, ses cheveux lâchés et habillés d'une sorte de casquette qui tirait sur le béret. Elle portait également un accessoire qui ne m'avait pas manqué : ses lunettes de soleil. J'avais l'impression qu'elles jouaient comme le rôle d'une barrière entre nous et je n'aimais pas ça bien qu'elles lui donnaient un charme dévastateur.

Je me levais doucement de ma chaise, une sorte de chaleur m'enveloppant tout le cœur, elle était là, enfin, je ne pus cacher mon soulagement et mon bonheur à cet instant-là, ce fut comme une bouffée d'air, je me retenais de lui sauter à la gorge pour l'enlacer.

Cependant, mon sourire disparut lorsque je vis la froideur des yeux de Kendall au moment ou elle retira ses lunettes. Ma gorge se noua automatiquement, elle ne m'avait pas regardé comme ça depuis... Jamais. Elle avait toujours eu ce regard froid et inexpressif, mais là.. C'était terrifiant.

- Prends tes affaires tout de suite, m'ordonna t'elle d'une voix atrocement robotique sans prendre la peine de dire bonjour à Emma.

Elle n'attendit pas ma réponse pour me tourner le dos et sortir du café.

J'étais tétanisée, mais je revins rapidement à la réalité lorsque la porte d'entrée du café fut claquée violemment.

Je ne laissais même pas Emma me demander ce qu'il se passait ou si tout allait bien que je m'excusais en attrapant toutes mes affaires avant de quitter à mon tour le café.

...

- Comment as-tu osé ? Hurla Kendall dans la voiture.

Nous étions toutes les deux assise à l'arrière de son 4x4 noir. La panique s'empara de moi, me paralysant, c'était la cinquième fois que Kendall me posait la question et je..

- Atlantis tu sais à quel point, je déteste me répéter ! Me rappela t'elle à l'ordre.

Elle me toisait de ses yeux menaçants que je fuyais en regardant la route, je n'avais d'ailleurs aucune idée d'où on allait. Je fis de mon mieux pour dénouer ma gorge afin de parler.

- Je, j'avais besoin d'en parler ! M'écriais-je frustrée. J'avais juste besoin de me confier à quelqu'un, mon but n'était en aucun cas de te mentir ou... ce n'était qu'Arya... et Emma.

Je sentis mes yeux s'irriter, j'avais l'impression d'être devenue une madeleine ces derniers temps.

- Je me fiche de quelles étaient tes intentions Atlantis, tu as failli à tes engagements et tu m'as mentis ! M'engueula t'elle.

Je fermais les yeux, prenant ce petit coup, j'étais coupable. J'allais abattre la seule carte en ma disposition.

- Toi aussi, tu m'as menti ! Dis-je sur le même ton. Tu m'as menti sur ton passé, tu m'as menti en me regardant droit dans les yeux et en affirmant que tu avais vécu une enfance sans encombre, que je faisais fausse route en croyant que ton passé expliquait ce que tu es aujourd'hui alors que ton comportement de la dernière fois, lorsque tu as vu ta mère, prouve parfaitement le contraire : tu as vécu des choses horribles des choses qui t'ont traumatisé, qui te pèsent !

Je vis les mains de Kendall trembler, elle s'empressa alors de croiser ses bras.

- Et ces choses, tu aurais pu m'en parler, mais tu as préféré me mentir et je ne te l'ai jamais reproché, car c'est ton droit de grader les choses pour toi comme c'est également mon droit de partager les choses qui me sont trop lourdes à porter !

Je ne pu retenir les larmes qui menaçaient de couler sur mes joues depuis plusieurs instants déjà.

- Sauf que moi, je n'ai signé aucun contrat qui m'interdisait formellement de te mentir à ce sujet ! Hurla-t'elle faisant se hérisser les poils de ma peau.

Madame Jones ferma alors les yeux et elle détourna son regard de ma personne, je remarquais que la voiture était garée en bas de chez moi, et qu'il s'était mis à pleuvoir des cordes. Je n'y avait même pas prêté attentoion. Je me demandais comment Jack avait fait pour conduire aussi sereinement avec tout ce boucan. Peut être portait-il des boules quies ?

- Alors quoi tu veux me poursuivre en justice ? Dis-je la voix éteinte en séchant mes larmes du revers de ma main. Ou passer toutes mes communications aux peignes fins pour t'assurer que je n'en ai parlé à personne d'autres ? Qu'est-ce qu'il te faut de plus pour arrêter de me voir comme une menace constante ! Craquais-je de plus belle.

En entendant mon sanglot Kendall, se tourna vers moi et je vis son regard s'adoucir, malgré elle.

- Je, sanglotais-je. Je, je crois que je commence à prendre toutes ces histoires beaucoup trop à cœur alors... Nous ferions mieux de nous éloigner pour le moment.

Ma voix se cassa, et avant que je ne change d'avis ou que le regard étrangement troublé de Kendall ne m'en dissuade, je descendis de la voiture, le cœur lourd et les larmes déferlantes sur mes joues.

- Atlantis ! L'entendis-je hurler derrière moi.

J'ignorai la voix de Kendall et courrais vers mon immeuble. C'était ironique, nous en étions de nouveau au point de départ, c'était comme ça entre madame Jones et moi, un pas en avant, milles en arrière. Ces montagnes russes commençaient à m'épuiser, j'avais besoin d'une trêve. Et je m'en fichais de l'avis de Marie-Anne, de notre accord de...

Je me figeais lorsque je vis Darren trempé au pas de notre porte, deux gros sacs à ses pieds, ses yeux rougis. Il avait pleuré c'était évident.

- D-Darren, soufflais-je en essuyant mes joues trempées. Qu'est-ce tu fais là ? T-tout va bien ?

Il sursauta et puis il vint me prendre affectueusement dans ses bras, c'était exactement ce dont j'avais besoin, tiens.

- Je crois que je vais aussi bien que toi Lantis, me lança t'il avec une moue compatissante. Je suis juste passé déposer quelques affaires à ton frère qu'il avait laissé chez moi mais je crois qu'il n'est pas là, je l'appelle mais..

Je fronçais les sourcils en regardant les deux gros sacs de voyage devant la porte.

- Je ne savais pas que Derreck avait autant d'affaires chez toi, dis-je en entrant la clé de la serrure.

Darren passa nerveusement une main dans ses cheveux avant d'attraper les sacs.

- Oui, c'est, écoutes Atlantis je ne veux plus te... Il hésita. En-entre Derreck et moi, s'est compliqué en ce moment, on..

Je le coupais, mes pensées fusant dans tous les sens, je n'avais même pas vraiment entendu ce qu'il venait de dire.

- Attends Darren, je croyais que Derreck était chez toi tous ces jours ci, mais s'il n'est pas chez toi où est-ce qu'il est ?

Le visage du meilleur ami de mon frère se décomposa.

...

Kendall arriva chez elle, de mauvaise humeur, sa discussion avec Atlantis ne s'était pas déroulée comme prévu et elle avait été terriblement déstabilisée et à la fois déchirée de voir Atlantis dans cet état qu'elle avait provoqué. Son énervement ne fit que redoubler lorsqu'elle vit le contenu de l'enveloppe que Jack venait de lui tendre.

- Le reste des communications est crypté, nous cherchons à les décoder.

Kendall grogna fortement en se dirigeant vers sa chambre.

...

Marie-Anne décrocha son téléphone en sortant de la douche, un numéro qu'elle ne connaissait que trop s'affichait, l'avoir supprimé de son répertoire n'y changeait rien.

- Bonsoir Kenny, dit elle calmement, je n'attendais pas ton appel.

Il y eut un silence.

- Je t'attends demain à mon bureau à 9 h, je crois que tu dois déjà savoir pourquoi, annonça froidement Kendall avant de raccrocher.

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