PDV Externe
Une main rentra violemment en contact avec son nez. Il ne retint pas son grognement, tandis qu'il essayait de rendre les coups, bien qu'il n'y voyait rien. Un coup violent à la jambe lui fit plier genou. Il entendait les voix inquiètes de ses amis dans l'oreillette. Ils n'entendaient que le bruit fracassant de la rencontre des poings des assaillants avec son corps.
Ils auraient voulu rentrer, ils s'apprêtaient d'ailleurs à le faire.
- Non !
La voix ferme de Scott les empêcha d'aller plus loin. Ils se résignèrent, pour un moment au moins. Mais il allait falloir que la balance s'inverse, car Scott était toujours à l'entrée, et le temps passait.
Son cerveau fonctionnait à vive allure. Il devait trouver un moyen de retrouver la vue, pour pouvoir faire jeu égal avec eux. Pour ça, il allait devoir réussir à atteindre ses propres lunettes à vision nocturne, dans son dos, mais les attaques répétées des molosses devant lui ne lui en laissaient pas l'occasion. Il profita d'être au sol pour passer sa main dans son dos, se recroquevillant pour qu'ils ne décèlent pas ses mouvements.
Il parvient enfin à atteindre l'objet de ses désirs, et les plaça sur ses yeux, retrouvant ainsi la vue. Deux masses se trouvaient devant lui, et il comprit en voyant leurs muscles d'où venaient la puissance de leurs coups. Il ne parvient pas à les reconnaître, la vue lui étant offerte restant assez sommaire.
D'un mouvement rapide, il faucha leurs jambes, et en profita pour se relever. Il parvient à les dépasser et à faire quelques mètres mais avant d'arriver aux marches de l'escalier, il fut projeté en arrière. Ayant maintenant accès à ses yeux, il pût éviter le coup et être plus rapide, décrochant une bonne droite à son adversaire, enchaînant ensuite un coup de pied au deuxième.
Le corps à corps commença, et malgré son désavantage numérique et les nombreux coups qu'il avait dû précédemment encaisser, il parvient à éviter toutes les attaques à son encontre, se contentant de les offrir. Il finit par avoir suffisamment d'avance pour sortir son arme et tira sans y réfléchir sur les deux hommes. Il se fichait de blesser, même de tuer. Ils avaient Zoé, ils devaient la faire souffrir, alors ils ne méritaient rien d'autre.
A l'étage, Zoé sursauta devant l'action, qu'elle suivait sur un écran devant elle.
- Ils sont...
Le grand-père la rassura rapidement.
- Non, ils sont équipés de gilets par balle. Ils font semblant.
Elle sentit un poids se retirer de ses épaules mais une question lui restait à l'esprit.
- Pourquoi vos hommes le frappe-t-il vraiment ?
Le vieil homme sourit, attendris de son inquiétude pour son petit-fils.
- Il ne faut pas qu'il trouve cela trop simple. Il se douterait de quelque chose. Et puis il l'a mérité.
Elle afficha un petit sourire. Même si elle n'appréciait pas qu'il souffre, il est vrai que l'idée qu'il se prenne une petite dérouillée sans que cela ai des conséquences lui plu quelque peu.
Elle le regarda monter les marches deux à deux, en évitant les balles venant vers lui.
- Ils visent à côté, évidemment.
Elle hocha simplement la tête et se concentra sur le jeune homme, à présent sur le palier du premier. Il roula, rendant les balles à ses assaillants, en touchant plusieurs qui tombèrent avec des cris de douleurs merveilleusement bien joué. Un coup dans le dos le fit chuter en avant. Au sol, il parvint à se retourner, évitant tant bien que mal les attaques venant d'au dessus. Il repoussa l'ennemi du pied et se releva, enchaînant rapidement les coups jusqu'à parvenir à le mettre KO, non sans prendre quelques bonnes droites au passage. Il en ressortirait assez amoché, mais ça valait totalement le coup.
Le gang, ainsi que Lucy et Jérémy à distance, seraient en cœur les dents à chaque fois que Scott recevait un coup. Ils se sentaient un peu inutile, même si ils pouvaient, pour la plupart, intervenir à la moindre difficulté. Pour le moment, Scott s'en sortait et refusait de l'aide. Il sentait qu'il pouvait le faire seul. Les ennemis étaient coriaces, mais pas invincibles. Et il avait une telle rage en lui, et une telle peur, qu'en les transformant en énergie, il est devenait presque imbattable. Il se fichait bien du sang qui coulait le long de sa pommette ouverte, ou de ses phalanges rougies. Il ne sentait pas la douleur. Il s'en mordrait peut-être les doigts quand il sortirait d'ici.
Matthews releva la tête en entendant des pas dans le gravier. Il mit son arme en position et s'apprêta à tirer sur l'homme qui s'approchait dangereusement d'eux. Marie et Jack prirent en main leurs couteaux et Josh l'assista en chargeant son arme. Mais le chef du gang fronça les sourcils avant de baisser son arme, sans que les autres ne comprennent pourquoi. Ils finirent par eux aussi saisirent ce que Matthews avait comprit en voyant l'homme. C'était un membre des Black Roses qui s'avançaient vers eux. Ce dernier leur fit un clin d'œil et tout s'assembla dans leur esprit. Matt débrancha son micro et tous firent de même, de façon à ce que Scott n'entendent rien.
- C'est un coup d'Ernest.
Marie se laissa tomber au sol en soufflant.
- Putain ! Nous faire des frayeurs pareilles franchement !
L'homme les rejoint et ils le suivirent par une porte dérobée jusqu'à une pièce collée à celle où se trouvait Zoé. Eux aussi pouvait à présent voir l'avancée de leur ami sur les écrans dans la pièce, mais il leur fut demandé d'attendre un peu avant de retrouver Zoé. Matt expliqua la situation à sa petite amie et Jérémy, qui faillirent pleurer de soulagement. Ils avaient cru ne pas revoir la rousse, ou du moins pas indemne. Savoir que tout n'était qu'une vaste fumisterie les rassura en un sens, même si ils maudirent un peu le fameux Ernest, tout comme le gang.
De son côté, Scott ne se doutait de rien et continuait à enchaîner les combats, en avançant lentement mais sûrement.
Son corps était douloureux, couvert de sang et d'ecchymoses, mais il avançait. La douleur, il n'en avait rien à faire. Il avait cette peur viscérale qu'il arrive quelque chose à Zoé, qui lui donnait la force de continuer. Il frappait autant, si ce n'est plus, qu'il ne l'était lui même. Il laissait les corps derrière lui, ignorant qu'ils étaient toujours en vie, et relevaient discrètement la tête pour sourire en le regardant si déterminé.
Sa peur était sa détermination. Et si Zoé était sa faiblesse, la savoir en danger était sa force.
PDV Zoé
Le voir se relever, chaque fois qu'on le met à terre, continuer de frapper avec des phalanges défoncées. Voir cette expression sans nulle autre pareille sur son visage, tout cela me gonfle le cœur. Pour moi. C'est pour moi qu'il fait tout ça. Qu'il avance, entouré de ce qu'il pense être des ennemis, qu'il risque sa vie, seul, qu'il se retrouve dans cet état.
Je sens le sourire de son grand-père à côté de moi, mais je n'y fais pas attention. Je suis trop obnubilée par l'homme que j'aime qui avance sur ce petit écran devant moi. Je trésaille à chaque nouveau coup qu'il encaisse, bien que je sois à présent persuadée qu'il se relèvera malgré tout.
Dans les couloirs, il ouvre les portes, cherchant en vain où je me trouve, en distribuant et recevant des coups.
Je le vois s'approcher de la bonne porte, alors que deux hommes se placent face à lui. Il reçoit un coup dans le ventre qui le plis en deux. Lentement, il se relève, et la fureur dans ses yeux fait froid dans le dos. Pour les autres en tout cas, car moi, je la trouve diaboliquement attirante. Il sert les dents, plaçant ses mains sur les cranes des assaillants, avant de leur cogner violemment entre eux. Les hommes restent sonné, et il en profite pour les finir de quelques forts coups de pieds.
A court de balle, il se saisit d'un couteau, le dernier qui lui reste vraisemblablement, avant de défoncer la porte de son pied.
Les portes qui claquent me font sursauter, alors que je me lève du canapé et me tourne vers lui. A présent qu'il est dans la lumière, on se rend vraiment compte des dégâts sur son corps.
Il me regarde, s'apprêtant à s'approcher de moi, quand son grand-père se lève. Le bad boy s'arrête net, dévisageant l'homme à ma droite. Je vois une lumière passer dans ses yeux, comme si il comprenait tout. Il lâche son arme qui teinte en touchant le sol, et tombe sur les genoux, cherchant son souffle.
Il finit par frapper le sol, et un craquement sinistre se répercute jusque dans mes os. Il relève la tête vers nous, ou plutôt vers son aïeul, et je ne saurai dire si il est en colère ou juste dans l'incompréhension.
- Pourquoi ?!
Le vieil homme s'avance jusqu'à lui, arrivant devant ses pieds.
- Pour te faire ouvrir les yeux.
Il se relève rapidement, dépassant l'homme de quelques bons centimètres.
- Qu'est-ce que ça signifie !?
- C'était la seule façon que tu comprennes.
- Et que je comprenne quoi ?! Que le dernier membre de ma famille est un putain de tordu ?!
Il secoue la tête mais ne répond pas à la provocation de son petit fils.
- A quel point elle compte pour toi.
Scott semble sortir de ses gonds, et cela me brise le cœur de le voir se déchirer ainsi avec la dernière personne qui lui reste.
- Je sais très bien qu'elle compte pour moi ! Il est bien là le problème sombre idiot !
Sa rage ne fait qu'augmenter, et je sais qu'il ne va pas tarder à exploser. Je cède, et prends la parole, de façon plus brusque que prévue.
- La ferme et écoute !
L'homme de mes désirs tourne rapidement la tête vers moi, pour plonger son regard dans le mien. Il est surpris que je lui parle ainsi, mais ça a au moins l'effet escompté, il se tait et se calme.
Ernest en profite pour faire un pas en avant, se rapprochant de lui.
- Il fallait que tu comprennes que tu ne dois pas avoir peur du passé. L'histoire de notre famille est ainsi à cause de nos choix et de nos actions. Le bon choix à faire pour toi, c'est d'accepter cette jeune fille dans ta vie.
Son visage se transforme alors pour laisser place à une détresse que je ne lui avait vu.
- Toi. Papa et maman, Tyler. Aimer c'est trop risqué. Je ne peux pas lui faire prendre ce risque.
- Il n'y a aucun risque. C'est toi qui l'imagine seul. Tu t'es caché derrière cette histoire de malédiction car cela a été ta façon de faire ton deuil. Ton futur ne sera pas déterminé par notre passé Scott.
Pendant toute la tirade de l'homme, Scott plante son regard dans le mien et ne le quitte pas une seconde. J'arrive à lire au fond de lui tous les sentiments qu'il retient depuis des lustres. Ceux-ci raniment mon cœur qui était en suspens depuis le jour où il s'est écarté définitivement de moi.
- La malédiction n'est vraie que si tu y crois.
Ses poings se serrent, et il a l'air en proie à des tourments si profonds. Il n'arrive pas à se défaire de cette peur. Elle le colle depuis tant d'année, que l'abandonner maintenant semble insurmontable. Alors en essayant de lui faire passer tout mon amour dans le regard, je répète les mots de son grand-père.
- La malédiction n'est vraie que si tu y crois.
Il ferme les yeux, et pendant de longues secondes, il ne bouge pas. Puis il les rouvre, et sa détermination me serre le ventre.
Il avance rapidement vers moi, attrape ma tête, et dépose un ardent baiser sur mes lèvres.
PDV Externe
Elle se laissa aller dans ce baiser qu'elle avait si longtemps attendu. Elle entoura le corps musclé de ses bras et répondit avec la même hâte. Leurs lèvres dansèrent ensemble, dans un balais endiablé qui fit grandir la flamme déjà puissante entre eux. Leurs langues se trouvèrent, et alors que l'air leur manquait, c'est comme si au contraire ils respiraient nouveau. Deux âmes, deux cœurs, deux corps destinés à être ensemble qui se retrouvaient enfin.
Ernest Deans les regarda quelques instants avant d'emprunter la porte menant à la pièce attenante. Les membres si trouvant hésitaient entre lui faire la tête ou bien le remercier. Ils se contentèrent d'écouter tous ensemble la discussion qui venait de naître entre Scott et Zoé.
- Tu as mal ?
- Plus maintenant.
Oh, il ne dirai sûrement pas cela longtemps, mais pour l'instant, c'est comme si il était sur un nuage. Plus rien n'avait d'importance à part ce petit corps qu'il tenait contre lui.
Elle passa un doigt sur sa pommette bleutée en souriant légèrement et appuya un peu.
- Tu l'as mérité.
Il ne retint pas un petit rire.
- Je suppose que oui.
Il attrapa une mèche rousse et l'a fit tournoyer entre ses doigts. Soudain, les sourcils de sa belle se froncèrent, et son cœur se brisa presque quand elle mit des mots sur ses pensées.
- Tu vas encore me laisser ?
Même si il en avait déjà affreusement conscience, il se rendit une nouvelle fois compte du mal qu'il lui avait fait. Et il ne voulait plus jamais reproduire le même schéma. Il attira son corps un peu plus contre le sien avant de lui répondre.
- Cette fois, je ne te lâche pas.
- Ça veut dire quoi ça ?
Il afficha un petit sourire en coin avant de lui répondre, sachant très bien les émotions qui allait l'envahir, et s'en réjouissant déjà. Alors il n'hésita pas à se mettre à nu pour la première fois.
- Ça, ça veut dire je t'aime.
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Et voilà plus que 2 épilogues et ce sera la fin de cette histoire. Et le début du spin-off.
Alors ce dernier chapitre ?
A dimanche pour le premier des épilogues !
Kiss :*