Si le reste des vacances se passa dans la bonne humeur, Harry resta la plupart du temps silencieux, sous le regard inquiet de Lily. À bien des égards, elle lui rappelait Ginny, et ça ne faisait qu'accentuer son malaise. La révélation de Hermione lui avait laissé des sentiments mitigés : l'espoir de la revoir à chaque bruit inattendu luttait en permanence avec la déception qu'elle ait pu créer un Horcruxe.
Hermione avait paru si certaine de son hypothèse qu'il n'y avait presque aucun doute à ce sujet, mais cela lui paraissait tout autant improbable : il n'y avait eu aucun meurtre, ou même une disparition, auquel rattaché Ginny au cours des semaines précédant son retour. De plus, où aurait-elle pu trouver la formule pour créer cette abomination, alors que lui-même n'avait jamais cherché à la savoir ?
Il avait passé la plupart des journées dans sa bibliothèque, essayant de déterminer quel objet Ginny avait pu utiliser. Il avait même vérifié ceux qu'il avait gardé exposé dans l'armoire, mais ses recherches se montrèrent vaines et aucun objet ne sembla contenir de morceau d'âme.
Ce fut donc dans un état de grande confusion que Harry retourna à Poudlard pour entamer un nouveau trimestre. Le soir précédant la reprise des cours, il découvrit qu'Antarès était aussi revenue, même si elle paraissait encore sous le choc malgré son comportement qu'elle voulait normal. Lentement, la routine interrompue reprit son cours, Harry enseignant à ses élèves les meilleurs moyens de se défendre. Jusqu'à ce qu'une nouvelle de La Gazette du sorcier vienne perturber ces petites habitudes. Harry faillit s'étrangler dans son jus de citrouille lorsqu'il vit la Une que lui apportait une chouette hulotte.
GRANDE SCÈNE D'HORREUR HIER À LIVERPOOL
LE MAÎTRE DES OMBRES A FRAPPÉ
DE NOMBREUX MORTS
C'est un spectacle digne des horreurs les plus barbares. Hier soir, aux alentours de vingt et une heure, un millier de sorciers, et au moins autant de Moldus, sont morts un massacre sans précédent dans la ville de Liverpool. Certaines sources évoquent même une « boucherie à ne rien envier aux Walpurgis. ». Nos envoyés spéciaux nous informent qu'il pourrait s'agir d'une attaque de l'Armée des Ombres survenue lorsque la plupart des habitants d'un quartier en plein cœur de la ville se préparait à aller se coucher.
Selon les premiers éléments de l'enquête qui nous sont parvenus, les Moldus auraient été les premières victimes, suivis rapidement par les sorciers sortis se défendre. Des témoignages de survivants font état de « cadavres affreusement mutilés et défigurés », provoquant des évanouissements. « C'était horrible, avec du sang partout, une odeur à vous faire vomir » déclare Keith Dent, une sorcière de cinquante-cinq ans.
Le Maître des Ombres serait le seul responsable de cet acte inqualifiable. Selon un premier rapport du Bureau des Aurors, le massacre des Moldus serait dû à des Manticores, des Nundus et des Acromentules. Il apparaît que des Moldus soient intervenus pour tuer les sorciers, avant que les créatures ne finissent le travail. Aucune trace du Maître des Ombres ou de ses sbires n'a été retrouvé pour le moment. Une chose est cependant sûre : si les rumeurs affirmant qu'il est l'instigateur du conflit se confirment, le Maître semble avoir son propre camp dans cette guerre.
Les dégâts matériels sont démesurés : le quartier a été entièrement détruit, les rares bâtiments encore debout menacent de s'écrouler à tout moment. Le chaos qui règne dans la ville a fait de nombreuses victimes dans les deux camps. Le Ministre de la Magie exorte aux sorciers résidant à Liverpool de « quitter immédiatement la ville pour leur propre sécurité. ». Le bilan sévère n'est pas encore établi d'après certaines sources, et le nombre de blessés n'est pas encore connu. L'attaque ayant eu lieu dans un quartier résidentiel, on peut s'attendre à ce qu'il atteigne des chiffres astronomiques. Plus de la moitié des victimes sont des enfants ou des femmes. On déplore, entre autres, la disparition d'une équipe de protection locale. Les créatures n'ont laissé aucune trace de leur présence, mais le Ministère, persuadé que les Nundus auraient eu recours à leur souffle mortel, a conseillé à quiconque d'éviter la zone.
Aucune équipe d'Oubliators n'a été déployée pour le moment et le Ministre Gwenvael n'a fait aucun commentaire sur une rencontre avec le Premier Ministre Moldu. « Compte tenu des circonstances, je suis très mal vu chez lui. Je préfère éviter d'envenimer les choses. » a-t-il simplement répondu. Nous vous tiendrons informés des éventuelles nouvelles aussi longtemps que possible... (Suite page 2, 3, 4 et 8).
Harry était horrifié. L'attaque semblait avoir été si soudaine qu'elle n'avait laissé aucune chance aux habitants du quartier. Ce n'était pas un hasard si elle avait eu lieu à proximité d'un centre d'accueil pour sorciers : le responsable de l'attaque était tout indiqué aux yeux des Moldus. Le Maître des Ombres avait donc bel et bien envie de voir les deux mondes s'entretuer.
Le doute envahit Harry : Rénatus ne l'avait pas informé de cette attaque. Pourquoi ? Harry se leva et se précipita vers son bureau. Une fois arrivé, il se présenta devant sa cheminée, prit une pincée de Poudre de Cheminette qu'il jeta sur le feu. Les flammes devinrent vertes. Il se mit à genoux et déclara distinctement :
« Bureau du Directeur du Département de la Justice Magique. »
Se laissant porter par le tourbillon de flammes vertes, il garda ses yeux fermés jusqu'à sentir l'allure ralentir. Hermione lui apparut, assise dans son bureau, lisant une note.
« Hermione ! appela Harry. »
Celle-ci sursauta et regarda machinalement vers la porte. Harry se racla la gorge pour signaler sa présence et lorsqu'elle le repéra, Hermione se précipita à sa rencontre, se mettant à genoux pour pouvoir discuter. Les traits tirés de son visage trahissaient son inquiétude.
« Pourquoi je n'ai eu aucune information sur l'attaque de Liverpool ? interrogea-t-il d'un ton abrupt sans préavis. On aurait pu organiser une défense. Je te l'avais dit, on ne pouvait pas...
— Rénatus ne m'a prévenue que cinq minutes avant l'attaque ! se défendit-elle avec dépit. Le délai était bien trop court pour qu'on puisse faire quoi que ce soit : le temps de réunir une équipe et de l'envoyer, c'était déjà fini. L'attaque n'a duré que dix minutes ! Quand ils sont arrivés, l'Armée des Ombres était déjà en train de se replier.
— Ça ne change rien ! s'entêta Harry. Pourquoi est-ce que je l'ai appris uniquement ce matin par La Gazette ?
— J'étais chez moi lorsque j'ai reçu le message de Rénatus ! rétorqua Hermione d'un ton incisif. Je ne pouvais pas perdre du temps à prévenir tout le Ministère ! J'ai juste eu le temps de prévenir Dean de mettre en place une équipe et Gwenvael de préparer un communiqué. Crois bien que lorsque je leur ai sorti cette information de nulle part, ils ont eu des soupçons. »
Quelqu'un frappa à la porte du bureau de Hermione, qui se retourna. Après un dernier regard à Harry, elle se releva et se précipita pour aller ouvrir, tandis que son ami disparaissait dans un volute d'étincelles. Lorsqu'il fut de retour à Poudlard quelques instants plus tard, Harry constata à sa montre qu'il était en retard pour son prochain cours.
Fulminant contre sa confiance mal placée, il se promit qu'il ferait payer à Rénatus ce décalage. Il était improbable que son demi-frère ait été mis dans la confidence d'une attaque de cette ampleur seulement dix minutes avant que le Maître ne la lance. Cela demandait une logistique importante, lourde. Rénatus s'était joué d'eux.
Pendant le courant du mois de Janvier, la ville de Liverpool avait été évacuée, aussi bien par les sorciers que par les Moldus, mais aucune autre nouvelle sordide ne vient noircir les pages de la presse. Le bilan final s'élevait à plusieurs milliers de morts, les germes des Nundus s'étant répandus dans toute la ville. Toutefois, la guerre semblait être entrée dans une phase d'accalmie, Poudlard n'ayant subi qu'un raid de faible ampleur. À en croire Dean, qui vint pour une réunion de l'AD, les Moldus regroupaient leurs forces au sud.
Le mois de Février arriva, avec sa neige et son vent glacial. Il faisait si froid dans le château, que les elfes durent allumer toutes les chandelles et toutes les cheminées. Le matin du premier jeudi du mois, Harry fut réveillé par des coups sur sa porte. Encore endormi, il réalisa que sa chambre était encore plongée dans l'obscurité : l'aube n'était pas encore levée. Sentant que quelque chose de grave se tramait, Harry se précipita à la porte de son bureau qu'il ouvrit. Son fils l'attendait sur le seuil.
« Papa, Mr Thomas nous a demandé de tous nous rendre à Londres le plus vite possible !
— Londres ? s'étonna Harry, encore dans le pâté. Mais Poudlard...
— C'est un ordre ! insista James. Le Maître des Ombres va attaquer la ville avec tout ce qu'il a sous son contrôle ! Le Ministre a demandé à tous les Aurors de venir en renfort sur le champ ! Je ne pense pas que Poudlard soit en danger. On a repéré des mouvements des Moldus qui convergent vers la ville. On va droit à un massacre. Tout le monde est réquisitionné.
— Mais, mes cours... Je ne peux pas..., balbutia Harry, déconcerté par la nouvelle.
— Papa ! Le message est clair : abandonnez toute activité en cours et rendez-vous à Londres.
— Très bien, je me prépare et j'arrive, céda Harry devant le ton pressant de son fils. Comment s'y rend-t-on ?
— Transplanage, mais Mr Thomas a dit de prendre nos balais au cas où. »
Moins de dix minutes plus tard, tous les sorciers affectés à Poudlard franchirent les grilles du portail et transplanèrent. Ils arrivèrent à Londres au point de rencontre établi au préalable par Dean, qui se précipita vers Harry aussitôt qu'il les vit.
« Enfin vous voilà ! gratifia-t-il. On a eu un renseignement cette nuit : l'attaque devrait commencer au lever du soleil, c'est-à-dire dans une demi-heure.
— Quel est le plan ? s'enquit Harry.
— On ignore encore quelle est la cible exact, admit Dean qui n'aimait pas ce détail. On va séparer nos effectif pour couvrir et protéger l'ensemble des points vitaux de Londres. Une fois l'attaque localisée, on se regroupe et on repousse tout présence hostile en dehors de la ville. On ne veut pas une autre Liverpool.
— A-t-on une idée de ce que le Maître va envoyer cette fois-ci ? interrogea James.
— Pas dans les détails, mais il semblerait qu'il ne fera pas l'erreur de nous sous-estimer. L'Armée des Ombres sera au grand complet. Harry, tu es chargé de King's Cross. Tu prends avec toi un quart de nos effectifs et tu pars là-bas tout de suite.
— Ce ne sera pas suffisant. Si les rumeurs sont vraies, on va crouler sous le nombre, souligna Harry. Il nous faut plus de monde.
— Il n'y a pas plus de monde, rétorqua Dean avec impatience. Les directives de Gwenvael sont claires : pas de prisonnier. On attaque à vue, aucune restriction de magie. »
Harry émit un léger grognement, n'appréciant pas l'idée d'avoir une guerre totale dans les rue de Londres. Laissant Dean retourner à l'organisation des défense, il alla chercher l'équipe qui lui avait été affectée. Parmi les Aurors, il y avait Scorpius, Jackson et Rutherford. Après avoir briefé tout le monde, ils transplanèrent à King's Cross. Il ne fallut que quelque secondes à Harry pour comprendre que si le Maître des Ombres frappait ici, ils courraient tout droit à une nouvelle hécatombe : une centaine de personnes se pressait déjà sur les quais.
« Bien, on se disperse et on se planque jusqu'à l'ouverture des hostilités, indiqua-t-il à la cinquantaine de sorcier l'accompagnant. Les Moldus ne doivent pas savoir qu'on est ici, évitez tout contact. Vous connaissez les règles d'engagement, donc au moindre signe, vos envoyez un signal pour que les autres viennent en soutien le temps que les renforts arrivent.
— Mais Mr Potter, intervint Jackson, les Moldus vont...
— Quand il sera temps de se défendre, les Moldus seront le cadet de nos soucis, coupa Harry. Protégez ceux en danger immédiat, mais ne mettez pas votre propre vie en danger, est-ce bien clair ? Londres a besoin de chacun de vous. Je veux dix pour couvrir la voie 9 ¾, trente pour couvrir l'entrée de la gare et les autres patrouillent dans la gare. Scorpius, tu prends le commandement de la voie, Rutherford, l'entrée de la gare. Je m'occupe de la dernière équipe... Bon courage à tous, ajouta-t-il après une hésitation. »
Chacun alla à son poste. Harry se plongea dans la foule pour se mêler aux Moldus. L'attente fut longue mais l'attaque survint sans prévenir. Trois Acromentules, suivies de cinq Griffons entèrent tambours battant dans la gare, sans le moindre signe avant-coureur. Malheureusement, ce fut une Moldue d'une vingtaine d'années qui fut la première à voir les créatures débarquer. Son cri perçant prit Harry par surprise, pensant que les verres de ses lunettes allaient se fendre sous ses yeux.
Lorsqu'il rejoignit l'équipe de Rutherford, Harry constata que celle-ci était déjà submergée, les créatures étant épaulées par trois sorciers. Dix minutes plus tard, les militaires Moldus se joignirent à la bataille, ajoutant une couche supplémentaire au chaos déjà ambiant. La panique gagnait les passants lorsqu'un Eruptif surgit de la rue et fonça tête baissée vers le groupe de Rutherford.
« Attention ! tenta de prévenir Harry qui se précipitait vers la bataille. «
Mais il ne fut pas assez rapide et l'Eruptif entra en contact avec un pilier, provoquant une explosion qui souffla tout le hall d'entrée. Les Moldus à l'extérieur furent repoussés comme des fétus de paille, ceux à l'intérieur furent projetés sur les murs. Les trains sortirent de leur emplacement et écrasèrent les personnes à proximité. Harry utilisa un sortilège du Bouclier pour amoindrir les effets de l'explosion, mais il fut tout de même projeté sur quelques mètres. Il se releva péniblement et constata aussitôt que toute la structure avait été fragilisée et était sur le point de s'effondrer.
« Il faut faire évacuer ces Moldus ! aboya-t-il à son équipe. »
Son beuglement attira une Acromentule qui se précipita vers lui. Essayant de ne pas céder à la panique, Harry utilisa un des piliers au sol pour l'écraser. Sans vérifier si cela avait fonctionné, il courut vers l'épicentre de l'explosion et découvrit le cadavre d'un griffon gisant sur le sol, mort brûlé. Harry trouva Rutherford, avec une dizaine de sorciers.
« Tout le monde va bien ? s'inquiéta-t-il.
— On a perdu les deux tiers de nos gars, déplora Rutherford, un filet de sang coulant de son oreille droite. Par contre, les Moldus ont été décimés ou ne sont plus dans le périmètre. »
Soudain, le dernier Griffon surgit vers eux, ses pattes griffues en avant. Harry évita les coups avec aisance, mais l'Auror derrière lui ne fut pas aussi rapide et une énorme entaille apparut sur son torse. Il s'écroula et fut agité par ses derniers spasmes de vie avant de s'immobiliser dans son sang. Scorpius arriva en renfort alors que le Griffon attaquait de nouveau, mais Rutherford l'écrasa avec un bloc de béton de plusieurs tonnes.
« Où sont passés les autres ? s'alarma Scorpius.
— Un Griffon a été tué dans l'explosion, annonça Harry. L'autre a été écrasé et une Acromentule devrait se trouver sous ce qui reste de ce pilier.
— On en a tué une en traversant le hall, révéla le fils de Malefoy, la respiration halletante. Où est la dernière ? »
En guise de réponse, un énorme fracas se fit entendre derrière eux. Harry se retourna brusquement et eut le temps de se jeter sur le côté pour éviter l'araignée. En se relevant, il comprit qu'elle avait dû tomber d'un des murs car cinq sorciers étaient morts écrasés. Sans attendre plus longtemps, il lança un Sortilège de la Mort sur le monstre qui s'immobilisa. Elle se retourna vers lui mais une poutre métallique lui sectionnant le corps au niveau de l'abdomen. Un coup d'œil rapide au plafond lui apprit que le toit commençait à s'effondrer
« ON SE REPLIE ! hurla Rutherford. TOUS À L'EXTÉRIEUR ! »
Tous les sorciers encore en vie se précipitèrent vers la sortie, alors que le toit s'écroula sur les quais. Certains Moldus, miraculeusement indemnes, eurent la même idée et coururent vers la sortie. Lorsque tous furent hors de portée de la charpente, les sorciers et les Moldus se toisèrent du regard après avoir repris leur souffle.
Les uns pointaient leur baguette, les autres pointaient ce qu'ils avaient récupéré dans la panique : des barres en fer, des chaises en aluminium... Certains avaient toutefois des armes à feu. Avant que quiconque n'ait pu agir ou parler pour détendre l'atmosphère, un immense éclair lumineux vert frappa les Moldus, qui s'effondrèrent. Harry resta interloqué, sous le choc de l'attaque aussi soudaine et dévastatrice. Tous les Moldus gisaient au sol, sans bouger, morts.
Harry regarda sur sa droite et vit une dizaine de silhouettes encapuchonnées se diriger vers leur groupe de survivant. Une des silhouettes se détachait des autres, avançant d'un pas triomphant, menant ses disciples d'un pas conquérant. Le Maître des Ombres et ses partisans marchaient sur King's Cross. Le Maître portait une longue robe d'un blanc immaculé qui contrastait fortement avec les robes noires des sorciers de son Armée. Une capuche dont les contours étaient brodés d'or lui couvrait le visage.
« Sorts à volonté ! hurla Harry. »
Le combat commença aussitôt. Chacun envoya un sortilège qui en percuta un autre, ou fut dévié, et alla se perdre sur un des immeubles. Le tout formait un enchevêtrement multicolore, donnant à la scène un aspect presque psychédélique.
« Stupefix ! Petrificus Totalus ! Impedimenta ! lança simultanément Harry. »
Deux de ses sortilèges atteignirent leur cible et le combat pencha bientôt en faveur du Ministère, lorsque certains Aurors se décidèrent à utiliser le Sortilège de la Mort. Harry pouvait distinguer une vingtaine de cadavres au sol, allongés parfois dans des positions étranges. Bientôt il ne restait plus qu'une seule silhouette : le Maître des Ombres. Le combat cessa, mais tous les sorciers encore présents pointaient leur baguette dans sa direction, l'encerclant de toute part. Harry s'avança d'un pas prudent.
« Vous êtes cerné, Maître, prévint-il. Rendez-vous ou nous serons dans l'obligation de vous neutraliser par la force.
— Tu devras me tuer, Potter ! provoqua le Maître d'une voix gutturale. Tes Aurors ne m'arrêteront pas, et il est hors de question que je me rende.
— Comme vous voudrez ! Scorpius, prend deux de tes hommes et capturez-le ! »
Scorpius s'avança, suivi d'une femme et d'un homme de petite taille, leur baguette prête à l'emploi. Alors qu'ils s'approchaient du Maître, ce dernier abaissa son arme, en signe de soumission. Harry eut un léger sourire, la guerre serait bientôt terminée et il pourrait retourner à Poudlard pour enseigner, non pour le protéger. Cependant, un signal d'alarme retentit dans un coin de sa tête, très vite confirmé par son instinct. Il fut pris d'assaut par un mauvais pressentiment, quelque chose n'allait pas, c'était trop facile. Scorpius se trouvait à moins d'un mètre de la cape lorsque Harry comprit d'om provenait cette sensation : le Maître des Ombres le toisait du regard, un léger sourire narquois dessiné sur le bas de son visage.
« Att... »
Mais Harry ne put finir son avertissement. Un immense éclair d'une magnifique couleur blanche frappa le sol à trois reprises, touchant Scorpius et les deux sorciers, qui s'écroulèrent sous le choc. Le Maître releva sa baguette, mais Harry fut plus rapide :
« SECTUMSEMPRA ! »
Des entailles apparurent sur tout le corps du Maître, empourprant sa cape blanche. Dans un dernier sourire, il transplana, ne laissant derrière lui que des traces de sang. Rutherford se précipita vers les trois corps, Harry sur ses talons. Quelques instants plus tard, d'autres sorciers du Ministère transplanèrent et Dean se précipita vers Harry.
« Que s'est-il passé ici ? s'épouvanta-t-il en constatant le carnage autour de lui.
— Le Maître des Ombres en personne est venu, Dean, informa Harry. Il nous a échappé de peu. L'attaque a été plus violente que prévue. Et vous ?
— Rien. Juste des sorciers de seconde main, révéla le Directeur des Aurors, soucieux. Pourquoi se concentrer ici ?
— Sans doute pensait-il pouvoir couper toute retraite de Poudlard, si on voulait le faire évacuer par train, proposa Harry. Mais ce n'est pas ce qui m'inquiète... Dean, c'est comme s'il avait sur que je serai là, comme s'il m'avait attendu.
— D'autres équipes ont été sévèrement touchées aussi, fit observer Dean. Ce n'est peut-être qu'une coïncidence, si telle était sa véritable cible. Le Maître, où est-il ?
— Transplané. Mais avant de partir il a fait ça, ajouta Harry en désignant Scorpius. »
Lorsqu'il reconnut les traits du dernier Malefoy, Dean ne put cacher son amertume et détourna le regard accablé qu'il portait à Harry. James arrivait à son tour et se précipita vers son ami. Ses cheveux étaient hérissés, le bout de ses doigts noirci, ses chaussures avaient été brûlées, mais son corps était presque intact.
Le constat était pourtant indéniable : Scorpius avait été tué, foudroyé par l'éclair du Maître. James hurla à la mort sur l'épaule de son père.