Le Dernier Vol des Oiseaux de...

Galing kay JHaltRoen

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Roxane vit dans un des plus beaux appartements de l'Upper East Side de New York, entourée d'un père aimant et... Higit pa

Avant-Propos
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Prologue
Chapitre 1 - Partie I
Chapitre 1 - Partie II
Chapitre 2 - Partie I
Chapitre 2 - Partie II
Chapitre 3 - Partie I
Chapitre 3 - Partie II
Chapitre 4 - Partie I
Chapitre 4 - Partie II
Chapitre 4 - Partie III
Chapitre 5 - Partie I
Chapitre 5 - Partie II
Chapitre 5 - Partie III
Chapitre 6 - Partie I
Chapitre 6 - Partie II
Chapitre 6 - Partie III
Chapitre 7 - Partie I
Chapitre 7 - Partie II
Chapitre 7 - Partie III
Chapitre 8 - Partie I
Chapitre 8 - Partie II
Chapitre 9 - Partie I
Chapitre 9 - Partie II
Chapitre 9 - Partie III
Chapitre 10 - Partie I
Chapitre 10 - Partie II
Chapitre 10 - Partie III
Chapitre 11 - Partie I
Chapitre 11 - Partie II
Chapitre 12 - Partie I
Chapitre 12 - Partie III
Chapitre 13 - Partie I
Chapitre 13 - Partie II
Chapitre 13 - Partie III
Partie Temporaire
Chapitre 14 - Partie I
Chapitre 14 - Partie II
Chapitre 15 - Partie I
Chapitre 15 - Partie II
Chapitre 16 - Partie I
Chapitre 16 - Partie II
Chapitre 17 - Partie I
Chapitre 17 - Partie II
Chapitre 17 - Partie III
Chapitre 18 - Partie I
Chapitre 18 - Partie II
Chapitre 18 - Partie III
Joyeux Noël
Chapitre 19 - Partie I
Chapitre 19 - Partie II
Chapitre 20 - Partie I
Chapitre 20 - Partie II
Chapitre 21 - Partie I
Chapitre 21 - Partie II
Joyeuse Saint-Valentin
Chapitre 22 - Partie I
Chapitre 22 - Partie II
Chapitre 23 - Partie I
Chapitre 23 - Partie II
Chapitre 24 - Partie I
Chapitre 24 - Partie II
Épilogue
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Remerciements
Informations

Chapitre 12 - Partie II

660 98 121
Galing kay JHaltRoen


Shane


Cette maudite pluie ne s'arrêtera donc jamais. Les gouttes s'infiltrent sous mon manteau, roulent sur mon dos, sur mon torse. Des boucles rebelles viennent se coller à mon visage et l'appréhension, qui enserre ma cage thoracique, masque presque toutes mes sensations, hormis celle du froid qui lacère mon corps entier.

D'une main, Roxane comprime toujours son parapluie contre sa poitrine. De l'autre, elle serre la mienne et me suit nerveusement à travers les rues de Harlem. Elle presse le pas pour être au plus près de moi, peu rassurée par l'environnement dans lequel je l'incite à me suivre.

Arrivés sur la 126e rue, je jette un rapide coup d'œil aux quelques passants qui s'attardent encore sous les trombes d'eau. Trop occupés à ne pas finir trempés jusqu'aux os, ils ne nous prêtent aucune attention. Je presse Roxane d'emprunter une petite ruelle discrète, dans laquelle elle s'engage sans hésitation.

Après quelques mètres, je vérifie une dernière fois les alentours et attrape son bras. Celle-ci se stoppe net et fait volt-face. Je la déplace alors jusqu'au mur de briques, auquel elle s'adosse, laissant son parapluie se plier derrière elle.

Bien. C'est là.

Je secoue mes cheveux pour les libérer des gouttes de pluie qui s'y attardent, pendant qu'elle me dévisage, interloquée :

- Shane, qu'est-ce qu'on fabrique ici ?

Je prends une profonde inspiration, tout en veillant à maintenir un espace décent entre nous deux.

- Rox, tu es sûre que c'est ce que tu veux ? Tu veux vraiment avoir un aperçu de ce que je fais de ma vie ?

- Bien sûr que oui. Bon sang, qu'est-ce qui peut bien te faire aussi peur que ça ?

-... J'ai peur que ton regard sur moi change quand tu sauras.

Elle reste stoïque, impassible. Un léger doute assombrit ses grands yeux bleus, mais elle poursuit, plus déterminée que jamais :

- Bon, tu me montres ? Je suis censée retrouver Jordan pour aller au cinéma ce soir, et je...

J'éclate d'un rire nerveux et passablement moqueur.

- Sérieusement ?

Je me ressaisis dans la précipitation, réalisant que ma réaction est extrêmement malvenue au vu de la situation. En effet, Roxane ne tarde pas à hocher la tête et à froncer les sourcils avant de me bousculer brutalement par l'épaule.

- Oui, très sérieusement. Et tu es très mal placé pour dire quoi que ce soit là-dessus, je te signale !

Je ne réponds pas et sonde une dernière fois son visage. Dans le miroir de ses yeux, je perçois sans mal la curiosité vaillante qui, armée d'un courage sans failles, domine drastiquement ses craintes. Elle veut savoir, elle ne lâchera rien.

Résigné, je quitte alors la ruelle en direction de la 125e. Roxane me regarde m'éloigner sans dire un mot, puis finit par me rejoindre en trottinant derrière moi. Arrivée à ma hauteur, je lui jette un rapide coup d'œil. Ses joues rosissent, ses prunelles commencent à briller, et je devine sans mal la poussée d'adrénaline qui la submerge au fur et à mesure que nous avançons sur le boulevard. Le trottoir, d'ordinaire si bondé, s'est vu déserté par la quasi-totalité de ses passants. Nous marchons lentement vers un petit drugstore dont je sais qu'il n'a jamais eu affaire au Rouge-Gorge ni à aucun de ses sbires - moi compris, s'entend. Roxane se presse toujours à mes côtés, bien à l'abri sous son parapluie. Lorsque j'arrive à la hauteur de la devanture, je me retourne, l'attrape par la hanche et l'attire contre la mienne. Elle se contracte violemment à ce contact et détourne aussitôt la tête vers les quelques voitures passantes. Je me penche alors à son oreille et murmure :

- Regarde et apprends.

Je la libère de mon étreinte et pénètre dans le drugstore sans plus de discours. Roxane reste un instant immobile, interloquée, avant de plier son parapluie et s'engouffrer à l'intérieur à ma suite.

Derrière le comptoir, une petite femme d'une quarantaine d'années lit un magazine de gossip. Sa peau noire contraste parfaitement avec la clarté de l'endroit et ses cheveux crépus sont retenus en hauteur par un foulard multicolore. Elle mâche lentement un chewing-gum et ne jette qu'un rapide regard à nos personnes avant de se replonger dans sa lecture. Les écrans des caméras de surveillance qui scrutent chacune des allées sont disposés juste à côté d'elle. Je m'enfonce alors dans les rayons, suivi de prêt par Roxane, qui tente vainement de comprendre mon manège.

- Shane. Qu'est-ce qu'on fait là ?

Sans lui prêter attention, je lance un regard en biais aux yeux mécaniques qui m'entourent, m'assure de leur angle de vue puis, sans crier gare, me saisis furtivement d'une bouteille de whisky que je dissimule à l'intérieur de mon manteau. Rapidité, précision, discrétion. Je connais ces gestes par cœur. Ces gestes que Robin m'a appris alors que je n'étais rien d'autre qu'un adolescent. Ces gestes qui ont fait de moi ce que je suis. Rien de plus qu'un voleur. Après tout, que la pomme soit posée sur un étalage ou peinte sur une toile de coton, le délit reste le même. Ma vie reste la même. Mon destin reste le même.

- Shane !?

Roxane se stoppe net derrière moi, mais je continue d'avancer comme si de rien n'était. Je ne trouve pas la force de me retourner, de croiser son regard et d'y lire son jugement qui serait pour moi pire que celui des jurés de la Cour suprême.

Je tourne au coin d'une allée et attrape deux petits paquets de friandises et de biscuits qui finissent tout droit dans les poches de mon manteau. Roxane me rejoint après quelques secondes et je me décide enfin à poser mon regard sur elle, par-dessus mon épaule. Pendant une fraction de seconde, je m'attends à la voir quitter ce lieu en courant, à fuir très loin de moi, pour oublier tout ce que j'ai pu représenter à ses yeux. Pour oublier que je ne suis rien de plus qu'une ombre, que le fantôme de ce dont elle a réellement besoin. Pour oublier que je ne suis qu'un voyou, qui n'a rien d'autre à lui offrir qu'un simple paquet de bonbons volé, quand son Prince peut lui décrocher la lune.

Mais elle est toujours là. Droite et immobile, auréolée du pâle éclat des néons du plafond. La stupeur, qui transparaissait dans sa voix il y a encore quelques secondes, semble avoir été peu à peu remplacée par cette même curiosité empreinte d'excitation, qui illuminait ses yeux juste avant d'entrer ici. Elle me fixe, toujours sans dire un mot, et je laisse apparaître un petit sourire en coin.

Je jette un rapide coup d'œil à la caméra la plus proche, puis m'empare d'une pomme que je lance habilement à Roxane.

- Attrape.

Elle s'exécute, réceptionne le fruit puis l'observe comme si c'était la première fois. Une désagréable impression de déjà-vu s'installe en moi ; il y a plusieurs années, c'est à moi que Robin lançait une pomme de cette même manière. Je ne la quitte pas des yeux, mon cœur s'accélère dangereusement. Je sais que le chemin sur lequel je l'entraine n'a aucune issue. Je sais que si elle cède, elle en voudra encore plus, toujours plus. La sensation que procure le danger du délit est une drogue dangereuse. Un poison mortel qui s'écoule lentement dans les veines et dont il n'existe aucun remède.

Roxane hésite, les idées se bousculent dans sa tête. Je le sais, je le sens. Les secondes semblent durer une éternité et je sens mon cœur accélérer un peu plus la cadence quand elle glisse maladroitement la pomme dans son sac à main. Un mélange de culpabilité et de soulagement bout dans mon ventre. Je me contente de ravaler mes tourments et l'invite à me suivre d'un signe de la tête. Elle s'exécute, le visage fermé, sans doute elle aussi tiraillée par plusieurs aspects contradictoires de sa conscience.

Quand vient le moment de quitter l'établissement, je confie deux autres paquets à Roxane, qui les dissimulent tant bien que mal dans son sac à main et sous le pan de sa veste en jean. Je prends ensuite une profonde inspiration et lui glisse à l'oreille :

- Maintenant, tu me suis de près. Et pas un mot, compris ?

Elle acquiesce lentement d'un signe de la tête. Mon cœur tambourine dans ma poitrine. D'habitude plutôt serein, sa présence est une source d'angoisse et de nervosité non négligeable. Je me dirige vers la sortie d'une démarche assurée et innocente, la main habilement glissée dans la poche de mon manteau, soutenant la bouteille dissimulée à l'intérieur. J'adresse un petit sourire charmeur à la propriétaire qui lève à peine les yeux sur moi, bien trop occupée à dévorer les frasques d'une vie que ne sera jamais la sienne. Roxane me suit de près, dans la même posture que moi, son sac à main bien serré sous son épaule pour en dissimuler le contenu.

L'air frais du début de soirée me balaie le visage au moment où je passe les portes du magasin. Mes craintes atteignent leur paroxysme quand tout à coup, le bruit d'un paquet parterre me fait sursauter. Le temps se fige. Je me retourne brusquement vers Roxane. Cette dernière, rouge de honte, contemple le sachet de bonbons échoué à ses pieds avant de lever très lentement les yeux vers moi. Pour la première fois, depuis de longues années, je sens la peur et la panique prendre possession de moi et me bousculer violemment l'esprit. Je perds absolument tous mes moyens. La propriétaire a déjà quitté sa chaise et s'apprête à sortir de quoi se défendre de sous sa banque.

- Hey ! Vous deux, là !

J'entends les pas de la femme s'approcher dangereusement de nous. Mon cœur va exploser. Ni une, ni deux, ma main attrape la bouteille sous mon manteau, l'autre s'empare du bras de Roxane. Je ne contrôle plus vraiment mes gestes. Une seule alerte résonne dans ma tête ; l'apparition potentielle d'une batte de baseball ou pire, du canon d'une arme à feu braqué sur elle. N'écoutant plus que mon cœur, je la tire de toutes mes forces devant moi pour faire bouclier et la propulse à l'extérieur sous la pluie battante. Roxane détale comme un lapin vers la ruelle d'où nous venons et je m'élance à sa suite sans me poser plus de questions, évitant de justesse ce qui semble bien être une batte et qui me frôle les cheveux.

Notre course paraît durer une éternité. La femme a, sans doute, renoncé à nous poursuivre, mais ses cris d'alertes résonnent encore dans mon dos. Un peu plus loin, sur la 126e, Roxane s'arrête à bout de souffle et jette des regards inquiets autour d'elle. Lorsque j'arrive à sa hauteur, j'attrape de nouveau son bras, ma main glisse jusqu'à la sienne. Elle s'accroche et je l'entraine vers notre point de départ.

- Ne traîne pas, si elle a décidé d'appeler les flics, ils pourraient débarquer d'une minute à l'autre.

Le souffle court, elle ne répond pas et se contente de me suivre en trottinant.

Arrivés au cœur de la petite ruelle, je relâche enfin sa main. Roxane se laisse alors tomber contre le mur dans son dos et tente de reprendre le contrôle de sa respiration. Ses cheveux trempés par la pluie forment de jolies vagues brunes et son maquillage a noirci ses joues roses. Sa mâchoire tremble, elle grelotte, mais l'étincelle qui brille dans ses yeux ne saurait mentir. C'est un feu nouveau qui brûle en elle. Celui de l'adrénaline, du frisson et de la peur. Un feu qui risque de la consumer à jamais si elle y succombe entièrement. Je m'appuie sur le mur en face d'elle et frotte mon visage pour me remettre de mes propres émotions. De ma vie, je n'ai jamais eu aussi peur pour quelqu'un d'autre que moi, et ce sentiment me fascine au moins autant qu'il me terrorise.

Roxane se redresse et farfouille dans son sac à main avant d'en extirper le paquet de bonbons qui lui reste. Soudain, elle le laisse tomber à terre, puis souffle :

- Oh, non...

Tout à coup, je lève des yeux anxieux sur elle ; est-ce qu'elle regrette ? Est-ce qu'elle m'en veut de l'avoir entrainée dans une pareille situation ? Les battements de mon cœur sont de plus en plus irréguliers. Je pince alors mes lèvres avant de lancer, innocemment :

- C'est pas si mal pour une première fois, tu sais. Et au moins, tu ne t'es pas fait prendre !

Elle fait une moue d'enfant, sans lâcher les bonbons des yeux, avant de me répondre :

- Oui... Mais j'ai laissé tomber mes préférés...

Je hoche la tête dans sa direction, dubitatif. Ses iris se reposent alors lentement sur moi ; ils brillent de malice et d'excitation. Et soudain, sans que nous ne sachions vraiment pourquoi, nous éclatons de rire. Nos peurs et nos angoisses s'envolent toutes en même temps. Je relâche la pression, nos éclats de joie résonnent dans la petite ruelle et se mêlent au son de la pluie qui frappe le bitume. Impossible de nous arrêter. Je n'ai jamais autant ri de toute ma vie. Les traits de Roxane sont figés dans un masque de bonheur indicible et dévoile pour la première fois ses dents blanches et les délicates fossettes qui creusent ses joues. Ses yeux pétillent et si la pluie ne noyait pas son visage, je jurerais apercevoir de fines larmes de joie s'échapper de sous ses paupières.

C'est alors que son regard croise enfin le mien et ne s'en détache plus. Le mélange instable de désespoir, de culpabilité, de peur et de liesse qui m'habite finit par exploser comme un feu d'artifice incontrôlable. Comme une détonation de vérité trop longtemps enfouie au fond de moi. Je n'ai rien à perdre. Rien à part elle.

Dès lors, plus rien n'a d'importance. Plus rien sauf le moment présent. Après tout, qui d'autre qu'un cœur battant d'un sentiment si pur peut vous offrir les clés des portes du bonheur ?

Roxane s'élance la première, je fais deux pas à sa suite. Ses doigts se fondent dans mes cheveux, mes mains attrapent ses hanches et mes lèvres emprisonnent les siennes. Le temps se fige. Ma raison lutte une dernière fois, puis finit par tomber les barrières. C'est terminé. Je ne veux plus fermer les yeux sur la vérité. Je ne veux plus me mentir à moi-même. Je ne veux plus qu'elle m'échappe.

Alors je baisse ma garde, me laisse envahir par cette sensation, comme si je retrouvais enfin le doux air d'un soir d'été après avoir été privé d'oxygène. Comme si je venais de renaître après avoir tant fait semblant de vivre pendant toutes ces années. Comme si j'ouvrais les yeux sur la beauté du monde pour la toute première fois. La pluie continue de laver les dernières traces de doutes et de peurs qui m'habitent encore pour ne laisser place plus qu'à l'instant présent. Ce fragile petit moment de bonheur qui s'évanouira dans quelques secondes à peine, ne laissant derrière lui que le timide souvenir de sa présence et de fines particules d'espoir pour un avenir meilleur.

Et c'est bien comme ça.

Ipagpatuloy ang Pagbabasa

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