Point de vue : Caroline
— Rebekah, peux-tu venir m'aider ?
Ce n'est pas possible de lutter autant. Lorsque j'ai choisi cette robe, il restait pourtant de la place.
— Waouh, tu es magnifique ! me dit la blonde originelle en entrant dans la pièce.
Son aveu manque de me faire pleurer. J'ai envie de la prendre dans mes bras pour lui faire un câlin. Fichues émotions à la noix, c'est encore pire que le vampirisme.
— Merci, mais ce serait vraiment parfait si j'arrivais à la... fermer.
Pour appuyer mes dires, je me tourne vers elle, lui dévoilant mon dos où la fermeture de ma robe reste, malgré mes nombreux essais, coincée en bas de mes reins.
La main plaquée sur ses lèvres pulpeuses, elle retient son rire.
— Je t'en prie, ne rigole pas.
Malgré toute sa volonté pour m'aider, le fermoir rend l'âme entre ses doigts. Son air horrifié provoque aussitôt le mien.
— Oh mon Dieu ! Comment vais-je faire si je n'ai plus de robe ?
Pour me calmer, Rebekah attrape mon visage en coupe.
— Caroline, cesse de t'inquiéter. Ce jour va être le plus beau de ta vie et rien ne changera ça. Je te promets qu'on va trouver une solution. Arrête de stresser, ce n'est pas bon pour toi ni pour mon neveu.
Son quoi ?
...
La porte d'entrée claquant fortement contre le mur termine de me réveiller dans un sursaut. Ce n'était qu'un rêve, une fois de plus. Quoique celui-ci soit bien plus agréable que les précédents. Tandis que les autres annoncent la mort de mon originel par mon meilleur ami celui-ci symbolise, au contraire, la vie. Sans compter, que Rebekah et moi sommes bien loin d'avoir ce genre de relation.
— Est-ce qu'on peut savoir où tu étais ? tonne la voix d'Elijah.
— Parti barboter dans le bayou ! répond Klaus d'un air si niais que j'ai l'impression de voir d'ici son sourire mesquin.
Je m'étire du fauteuil où je me suis assoupie et pars rejoindre les deux frères.
— Nous avons un plan à mettre en place pour libérer la sœur de Sophie pendant le bal masqué et toi tu ne trouves rien de mieux à faire qu'une balade au fin fond du Bayou.
L'ainé a l'air au bord de la crise de nerfs. Il devrait pourtant être habitué, son frère n'écoute jamais rien d'autre que ses propres règles.
— De quoi te plains-tu ? Je t'ai rapporté une petite surprise.
D'un geste théâtral, il pivote sur le côté tout en étendant sa main vers la porte.
Le choc doit aussi bien se lire sur mon visage que sur celui de l'ainé des Mikaelsons. Katherine Pierce, tout en boitillant entre à son tour. Ses boucles brunes d'habitude si soignées sont en total désordre.
— J'ai passé la journée à trainer dans la boue et à me faire dévorer par les moustiques, alors je t'interdis de te moquer ! poursuit la brune à mon attention. J'ai mal aux pieds et mon talon est cassé !
— Les chaussures n'ont malheureusement pas survécu ! lâche Klaus d'un ton cynique.
— Est-ce que tu as la moindre idée du prix de ces escarpins ? rage Katherine en se plaçant devant l'hybride.
Fidèle à elle-même et bien qu'elle ait toujours craint Klaus comme la peste, elle ne se rabaisse pas un seul instant devant lui.
— Je suis convaincu qu'Elijah, ici présent, se fera une joie de t'emmener faire une petite sortie SHOPPING, il lui répond tout en mimant des guillemets au dernier mot.
— Pourquoi avoir choisi ce chemin ? demande Elijah dans l'incompréhension
— Pour ton frère, c'était un raccourci... ce qu'il a hormis de me dire c'est qu'il m'entrainait droit sur des marécages ! peste la brune.
— Je me suis perdu ! continue Klaus cherchant à se justifier auprès de son ainé.
— Perdu ? Tu connais le bayou sur le bout des doigts ! enchaine Elijah, peu convaincu.
L'index posé sur ses lèvres et le regard taquin, mon hybride est à croquer.
— Cela voudrait-il dire que je l'ai volontairement mené à toute cette boue ?
Le ton sarcastique de Klaus n'amuse pas Elijah qui s'empresse d'entrainer le double Petrova dans ses quartiers.
— Un merci n'aurait pas été de trop ! grogne mon originel, les dents serrées en les regardant disparaitre.
Il n'a pas tort, mais je ne m'en mêle pas. Même si Klaus s'est amusé à malmener Katherine sur le trajet, il vient tout de même de la ramener bien qu'il la déteste. Malgré les jours qui s'écoulent, le fossé entre les deux frères se creuse toujours plus profondément.
— Si tu venais te coucher. À moins que tu aies prévu de passer la nuit en dehors de ces murs.
— Je partirais seulement à l'aube afin d'estimer le nombre de vampires qui sont affectés à l'église de St Anne.
— Et que vas-tu faire pour occuper Marcel pendant ce temps ?
— Rebekah s'en charge. Tu es bien placée pour savoir que les femmes sont de très bonnes distractions.
À sa remarque, j'étends mon sourire.
— En effet ! dis-je tout en entourant son cou de mes bras. Je me souviens d'avoir été celle d'un certain hybride.
— Et même si je savais que c'était pour me nuire, je ne pouvais m'empêcher d'en savourer chaque moment.
Avec taquinerie, il m'embrasse le bout du nez, m'attrape dans ses bras et me conduit à notre chambre.
Point de vue Klaus
Après lui avoir fait l'amour, Caroline s'est endormie avec un grand sourire aux lèvres. Bien que j'aime sentir son corps contre le mien, j'ai quitté le lit pour me placer à la fenêtre. Les yeux braqués sur le ciel recouvert de ce long manteau noir, je cherche à faire le vide.
— Tu aimes particulièrement regarder les étoiles, n'est-ce pas ? me demande soudainement mon ange. Ce n'est pas la première fois que tu le fais. Lorsque nous étions à Lafayette, la nuit où l'on s'est retrouvé, ton loup m'a conduit sur cette colline et je me souviens que tu étais aussi perdu dans leur contemplation que tu sembles l'être en ce moment.
À sa remarque, un lent sourire se dessine sur mon visage. J'aime particulièrement sa façon d'essayer de me comprendre malgré ma complexité. À la différence des membres de ma famille, Caroline a constamment ce regard bienveillant. Elle n'appuie pas sur ma tête pour que je coule, mais me tend la main.
— Quand j'étais enfant, il m'est arrivé de sortir à la nuit tomber pour les observer, je lui avoue.
Une fois tout le monde endormi, j'en profite pour sortir. Demain, Mikael reviendra de son expédition et l'ambiance sera nettement plus tendue. D'ailleurs, mère l'est déjà depuis plusieurs jours. J'appréhende moi aussi son retour et me demande ce qu'il va bien pouvoir me reprocher.
Je traverse le village, contourne la petite chaumière d'Ayanna pour ne pas être vu et m'élance jusqu'à la clairière. Une fois celle-ci atteinte, je souffle de soulagement et m'allonge dans l'herbe. À chaque fois, je m'amuse à relier les étoiles les unes aux autres afin d'en créer des formes. C'est un jeu assez facile pour moi. Tous ces dessins que j'invente, à l'exception d'un seul, disparaissent les nuits suivantes et j'en profite pour en imaginer d'autres.
Je soupire puis pars à la recherche de ce rassemblement d'étoiles qui ne s'efface jamais. Il m'est de toute façon impossible de vouloir transformer cette représentation de ce loup somptueux en autre chose.
Alors que je suis perdu dans cette contemplation, un homme sort des fourrées et passe à mes côtés. Puis, en m'ayant sans doute remarqué, il s'arrête avant de revenir sur ses pas.
— Bonjour, me salue-t-il, ne devrais-tu pas être déjà couché ?
Je ne lui réponds pas, mais il ne semble pas m'en vouloir. Après avoir observé en direction du croissant, il s'installe à mes côtés tout en rabattant sa longue cape noire autour de lui.
D'un œil curieux alors qu'il reste lui aussi silencieux, je tourne la tête dans sa direction. Il ne fait pas partie du village, son visage m'est inconnu. Au moins, il ne pourra pas évoquer ma petite escapade nocturne à qui que ce soit. Par chez nous, nous n'aimons pas vraiment les étrangers et ici tout le monde le sait.
J'observe avec intérêts ses cheveux bruns ondulés qui lui arrivent jusqu'aux épaules ainsi que sa barbe aux reflets argentés qui lui apporte une certaine grâce et maturité.
— Tes parents risquent d'être très inquiets s'ils en viennent à découvrir ton absence, il retente sa chance.
Son regard dérive dans le mien et je me fais aussitôt happer par ses iris d'un bleu aussi métallique que peuvent être les miens.
— Non, Monsieur, personne ne se mettra à ma recherche.
À ma réponse, il arque un sourcil.
— Ma mère et mes frères dorment. Quant à mon père, il ne sera de retour que demain.
Il opine puis observe à son tour le ciel tandis qu'il m'est devenu impossible de me détacher de lui. Je le détaille avec insistance sans chercher à me montrer discret. Sans savoir pourquoi, cet étranger me fascine.
— Pourquoi me regardes-tu de cette façon ? me demande-t-il soudainement en se tournant vers moi.
— Vos bottes sont sales !
Ma réponse n'a pas le moindre sens, mais c'est la première chose qui m'est venue à l'esprit et lui explose d'un rire joyeux.
— C'est parce que je reviens d'un long voyage ! m'avoue-t-il
Bien qu'une certaine force se dégage de lui, il ne ressemble en rien aux guerriers Vikings dont j'ai l'habitude de voir.
— Vous êtes une sorte de rôdeur, je demande.
— On peut dire ça !
Si père apprenait que j'ai osé parlé avec l'un d'eux, je subirais sans aucun doute une correction. Cela tombe bien qu'il ne soit pas là, car à aucun moment je ne désire écourter ce moment. Je me sens bien en sa présence.
— N'avez-vous jamais eu envie de vous installer quelque part et d'y rester ?
Il prend une grande inspiration puis s'allonge à son tour dans l'herbe, imitant ma position. Après quelques minutes, il finit par me répondre :
— Je te mentirais si je te disais que non ! Cependant, il arrive que certaines personnes aient de telles responsabilités qu'elles se doivent de faire l'impasse sur ce qu'elles désirent vraiment.
Je ne comprends rien à ce qu'il me raconte, mais peu importe je l'écoute quand même, captivé par sa voix.
À nouveau, je dirige mon attention sur le loup étoilé puis soupire de béatitude. D'ailleurs, il en fait de même.
— Il est magnifique n'est-ce pas ?
— Je suis d'accord ! avoue-t-il avant de tourner la tête vers la mienne, les sourcils froncés. Mais de quoi parles-tu ?
— Du loup dans le ciel. Pardonnez moi, j'ai cru que vous le voyez. Mère dit que j'imagine des choses et qu'il n'est pas vraiment là. C'est sans doute vrai, mes frères ne le voient pas non plus.
Stupéfait, les lèvres de l'inconnu quittent leur jonction.
— Est-ce que tu arrives à voir le loup étoilé?
— Bien sûr, il est juste là ! je continue tout en pointant mon doigt dans sa direction. Pourquoi, je ne devrais pas le voir ?
— Comment t'appelles-tu, mon garçon ?
— Niklaus, Monsieur, Niklaus Mikaelson.
— Mikaelson ! Le fils d'Esther et de Mikael ?
— Vous connaissez mon père !
La panique me submerge si subitement que je me redresse un coup sec.
— Je vous en prie, ne lui dites pas que je vous ai parlé ni que vous m'avez vu.
Ma voix est suppliante. Je ne veux pas subir son gourou. Je ne veux pas lui donner une raison de me faire mal.
— Tout va bien, mon garçon ! Je ne lui dirais rien, je t'en donne ma parole.
Sa main se pose sur mon épaule d'un geste réconfortant.
— J'aimerais seulement savoir, Niklaus, Quel âge as-tu ?
D'une petite moue contrariée tout en observant le ciel, mon ange me dit :
— Je ne le vois pas non plus !
À y réfléchir avec le recul, je suis presque convaincu que seuls les lycanthropes étaient en mesure de le voir. Ma mère le savait, c'est une évidence ! Visiblement, elle préférait me faire passer pour un fou pour mieux dissimuler son péché.
— Si tu permets, j'aimerais essayer quelque chose.
À ma demande, elle fronce les sourcils et plonge son regard dans le mien.
La puissance de notre lien d'Alpha m'effraie. J'ignore jusqu'où vont ses limites, mais aujourd'hui je suis prêt à les tester. Caroline a déjà la possibilité d'entendre mes pensées si je lui en donne l'accès. Pourrait-elle réussir à atteindre mon loup, partager ses dons ? Après tout ce lien, il vient de lui, uniquement de lui.
Avec appréhension, je place ma paume sur sa joue et me concentre afin de lui offrir ce passage vers mon esprit. Sa main recouvre la mienne pour en augmenter la pression. Mes phalanges me picotent. Je m'enfonce un peu plus profond pour aller chercher l'animal.
Mes paupières papillonnent, mes iris ont changé de couleur. Teintées d'or, elles l'observent désormais.
— Ouvre les yeux, Caroline.
Elle bat des cils avant que ses iris se dévoilent de la même couleur que les miennes. Nous avons réussi, Caroline est en train d'utiliser mes pouvoirs.
— Oh mon Dieu ! s'extasie-t-elle. Je... Est-ce que tu vois toujours tout comme ça ? C'est splendide ! Tout est plus... intense.
Sa fascination va m'achever. Pour moi, le loup n'est qu'un monstre et est la plus mauvaise partie de ma personne, pour elle, il est tout le contraire.
Elle brise le contact pour courir à la fenêtre et alors que je pensais que le lien se serait rompu, il est toujours là. Cette nuance mordorée qui brille dans ses yeux est la plus belle chose que j'ai vue.
— Oh, mon Dieu, Klaus, je le vois ! Je vois le loup dans le ciel !
Adossé contre le mur, je la regarde sautiller sur place et s'extasier . À ce moment précis, je sais que je suis comblé.