Toutes ces étoiles entre nous...

By Mona_a

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Pop star à la carrière prometteuse, Hayden se retrouve du jour au lendemain dans un monde qui ignore tout de... More

Prologue
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By Mona_a

Cinq jours avaient passé, laissant place à une toute nouvelle année. Alors que celle-ci se voulait pour beaucoup porteuse de renouveaux et d'espoirs, Cassie ne voyait en elle que l'imminence du départ d'Hayden. Elle aurait souhaité que cette fichue pleine lune n'arrive jamais, que le temps ralentisse et que le mot futur disparaisse. Si son avenir la faisait toujours autant frissonner, il lui semblait à présent bien moins obscur. Plus forte, plus confiante, Cassie pressentait que ramener à Hayden chez lui, ne provoquerait pas forcément le pire et qu'elle pourrait survivre à cela. Cette intuition a priori rassurante faisait naître en elle une peur nouvelle : devoir vivre sans lui.

Que ferait-elle après son départ ?

Elle avait beau chercher, aucun projet réjouissant ne lui venant à l'esprit. Leur séjour à New York avait été une occasion pour elle d'effectuer des démarches pour trouver un logement sur le campus de son université, mais en plein milieu d'années scolaires les chances que sa demande aboutisse étaient minimes. Mais, à bien y réfléchir, vivre à New York ne lui semblait pas la meilleure des idées. Isaac et cette ville n'avaient été qu'une excuse pour fuir son passé. Un passé qu'elle se sentait à présent prête à affronter.

Cassie jeta un rapide coup d'œil à l'arrière via le rétroviseur central du véhicule. Toutes ses affaires y étaient regroupées. Cela ne représentait pas grand-chose. Un seul voyage avait suffi. Plutôt que de s'en apitoyer, Cassie préféra savourer l'instant présent durant lequel Hayden encore à ses côtés s'énervait contre l'autoradio.

— Ça doit être un faux contact.

Loin de s'avouer vaincu, Hayden tapota sur l'appareil jusqu'à ce que Cassie intervienne à nouveau:

— Ne le casse pas j'y tiens ! Un type bien me l'a offert pour Noël !

— Un type bien, c'est tout ce que je suis pour toi ? s'offusqua-t-il en abdiquant face cette indomptable merveille de technologie.

— Non, je... oui, bafouilla Cassie.

— Quel malheur ! Dans les films, les types bien ont toujours le second rôle. Le gentil n'est là uniquement pour apporter une touche d'humour à l'histoire rien de plus. À la fin, il tombe dans l'oubli.

— Tu n'es pas un second rôle, tu es un héros... Le héros notre histoire, c'est plus qu'évident !

Hayden objecta après quelques secondes de réflexion :

— Un héros ?

Bien qu'il n'y avait jamais réfléchi, il ne faisait aucun doute pour lui que si héros il y avait, Cassie portait indéniablement ce rôle. Elle était forte, déterminée et avait trouvé un moyen de le ramener dans son monde tandis que lui ne faisait que subir le scénario de cette histoire abracadabrantesque. Son rôle se rapprochait plus de la demoiselle en détresse que du héros, néanmoins ne voulant pas couper court à l'enthousiasme de son amie, Hayden fit mine d'être convaincu par cette improbable théorie :

— Être un héros, c'est une dure responsabilité.

— Tu en es capable... susurra-t-elle du bout des lèvres.

Hayden se remémora tous les bons moments qu'ils avaient vécus durant ces quelques jours à New York. Une histoire simple, sans problème, qui ne nécessitait aucun héros. L'insouciance de ses derniers jours semblait déjà loin. Pour preuve, Cassie jouait avec une mèche de cheveux tout en conduisant. Un geste qu'Hayden interprétait facilement comme un signe de nervosité.

— Alors, dis-moi, qu'as-tu préféré dans ce voyage? Attends, laisse-moi deviner : l'Empire State Building?

Cassie gloussa.

— Arrête tes bêtises, j'ai une peur bleue du vide et tu m'as forcé à monter tout là-haut. Ce n'était pas une partie de plaisir crois-moi.

Cassie s'était accrochée à Hayden du début à la fin, ce qui finalement ne lui avait pas déplu. C'est lui qui avait insisté pour qu'ils grimpent tout en haut du célèbre gratte-ciel, ils avaient fait la queue plus d'une heure, au milieu des touristes. Hayden avait détesté cette attente, mais une fois arrivé tout en haut de l'édifice, il ne regretta pas avoir pris son mal en patience. Là-haut la vue était renversante. Il était déjà venu aussi rapidement qu'un touriste japonais le temps de faire une photo destinée à promouvoir la tournée de son groupe en Amérique. Cela avait tout d'une première fois et en y réfléchissant, ce l'était bien, il n'avait jamais admiré cette vue dans ce monde.

Cassie n'avait pas voulu s'approcher du bord, tétanisée par le vide en contrebas. Hayden avait insisté de la plus douce des manières, en lui tenant la main pour la rassurer. Cela s'était révélé efficace, elle avait réussi à jeter un bref coup d'œil au paysage qui s'offrait à eux en restant cramponnée à lui de façon exagérée.

— C'est ce qui s'appelle avoir le monde à ses pieds! Tu n'aimes pas cette sensation ? La peur, l'excitation, se sentir au-dessus de tout et en même temps être petit face à ce que tu vois... lui avait-il demandé avec émerveillement.

— C'est ce que tu ressens face au public ?

Hayden captivé par la vue n'avait pas entendu sa question, peu importe, Cassie connaissait la réponse. C'est ce qu'elle avait ressenti lorsqu'elle avait eu cette vision de lui chantant sur scène. À chaque fois qu'elle y repensait, elle mourait d'envie de réessayer. Sa dernière tentative avait plutôt mal tourné, depuis ses capacités étaient nettement plus développées, mais Cassie décida de ne rien tenter de peur qu'Hayden s'aperçoive de cela.

Il l'entraîna de l'autre côté de la terrasse où le panorama était à peu près le même. Peu à peu, Cassie contrôla sa peur. Était-elle devenue courageuse ou se sentait-elle tout simplement bien parce qu'Hayden lui tenait la main ?

— C'est vrai que c'est magnifique... souffla Cassie sans parvenir à trouver la réponse à sa question.

Cette vue, bien qu'exceptionnelle, n'était rien face à ce paysage qui se dessinait à présent sur l'horizon de cette route sans fin qu'ils empruntaient. La forêt qu'ils apercevaient était celle qui abritait leur histoire et renfermer des secrets qu'ils étaient encore loin d'imaginer. Leur périple arrivait à son terme, mais une fois encore, Hayden insista pour ne pas y penser :

— Si ce n'est pas cela ton meilleur souvenir, cela m'oblige à considérer ma seconde hypothèse. Ton moment préféré est donc...

Hayden tapota sur le tableau de bord comme s'il s'agissait d'une batterie afin de faire monter le suspense.

— J'espère que je me plante, ajouta-t-il, car je serais vraiment déçu d'avoir raison, car ce n'est pas digne de toi.

— J'ai hâte de savoir ce que tu vas me sortir.

— La patinoire à Central Park !

Hayden s'insurgea lorsque Cassie acquiesça :

— Non ! Ne me dis pas que c'est ça ! C'est tellement cliché ! Alors il te suffit de glisser sur la glace avec une musique de Noël répétitive en bruit de fond ? On est en 2005 je te signale ! s'esclaffa-t-il dans un éclat de rire contagieux.

— Faux ! On était en 2004 ce jour-là, ce n'était pas du tout cliché à cette époque !

Cassie se remémora avec délice cet après-midi qu'il avait passé sur la fameuse patinoire de Central Park...

La piste était bondée si bien qu'ils durent se frayer une place parmi la foule. Autour d'eux un couple s'embrassait mielleusement, un peu plus loin, une bande de gamins provoquèrent une cohue en fonçant dans les gens. Alors qu'ils se réfugièrent dans un coin plus tranquille, une fillette haute comme trois pommes se faufila entre eux en virevoltant élégamment sur la glace, ridiculisant leur allure disgracieuse.

Persuadée qu'Hayden n'avait jamais rien vécu de tel, Cassie avait insisté pour qu'ils patinent. Elle s'était imaginée qu'un membre des Sound Evidences aurait dû privatiser la patinoire pour pratiquer cette activité, ce qui aurait fait perdre sans nul doute tout son charme à ce moment.

Bien qu'il refusa de l'admettre devant Cassie, cette idée amusa beaucoup Hayden. Le jeune homme était plutôt à l'aise sur des patins, bien que son niveau n'égalait en rien celui de Cassie qui multipliait les pirouettes pour l'impressionner. Il rentra dans son jeu, faisant semblant de ne pas savoir aligner un patin devant l'autre jusqu'à ce qu'elle lui propose de patiner main dans la main pour l'aider. Il suivit alors ses pas sans hésitation et apprécia le moment bien qu'il le considérait à demi gâché par ces chansons de Noël diffusées en boucle qui rongeaient son cerveau.

Cassie s'étonna des rapides progrès d'Hayden. Craignant qu'elle réalise qu'il lui avait fait croire qu'il ne savait pas patiner, Hayden décida de simuler une chute. S'accrochant aussitôt à lui pour qu'il ne tombe pas, Cassie perdit l'équilibre et tomba lourdement sur la glace...

Deux jours après sur la route du retour Cassie ressentait encore une légère douleur au pied.


— Dans ce cas, laisse-moi deviner ce que tu as le plus détesté.

Le sourire de Cassie s'éclipsa totalement lorsqu'elle réalisa ce à quoi il pensait.

— Tu m'as dit que c'était oublié et qu'on en reparlerait plus.

— Comment oublier ? On s'est fait courser par l'armée américaine ! En ce moment même je suis surement recherché, souffla-t-il en revêtant sa capuche de la même façon qu'il l'avait fait lorsqu'il avait quitté le café avec Cassie le soir de leur rencontre.

— Hey tu exagères tout ! se vexa-t-elle alors qu'il vérifiait qu'on ne les suivait pas en jetant un coup d'œil dans le rétroviseur.

— Après tout, ce n'était pas banal, presque excitant. Cela aurait pu être mon moment préféré.

Hayden plaisantait, mais Cassie n'avait pas le cœur à rire. Cela s'était produit le lendemain du Nouvel An, comme si ce premier jour de l'année avait été un avertissement, une mise en bouche pour ce qui les attendait dans un futur proche. Un des pires moments que Cassie avait vécus depuis... depuis pas mal d'années en fait, réalisa-t-elle silencieusement.

— Tu ne m'as jamais expliqué en détail ce qui s'était passé, remarqua Hayden.

— Parce qu'on avait dit qu'on ne parlait pas de ce genre de choses.

Durant leur voyage, des règles avaient clairement été instaurées. La principale : Oublier. Oublier ce qui les attendait à leur retour, oublier le départ d'Hayden et ce qu'avait vécu Cassie ces derniers jours. Il devait être des touristes normaux, rien d'autre... Ils avaient interdiction de parler ou d'évoquer la magie et tout ce que Cassie avait réussi à développer. Tous deux avaient respecté cette règle, mais chaque nuit, Hayden avait été témoin des cauchemars de Cassie, il s'en était inquiété cependant ne lui avait fait aucune remarque. Les règles étaient les règles...

— Notre voyage est presque fini. J'imagine ce que cela ne compte plus. Vas-tu maintenant te décider à me dire ce que tu as vraiment vu ?

Cassie se mordit la lèvre, en se remémorant ces visions incontrôlables qui l'avaient assaillie. Tout avait été flou. Passé et présent s'étaient mélangés au milieu d'une épaisse fumée et de ces cris terrifiants.

— C'est moi qui t'ai entrainé là-bas, ajouta Hayden avec remord, c'est ma faute j'aurais dû me douter que ce n'était pas un endroit pour toi le site du World Trade Center, je veux dire tu es...

Hayden marqua une pause ne sachant pas vraiment comment s'exprimer sans vexer Cassie.

— Tu ressens des choses, continua-t-il, tu es du genre ultrasensible, c'est logique que tu ne te sois pas senti bien dans cet endroit lourd de tragédies...

— Ultrasensible ? grimaça Cassie. Je ne me sentais pas bien à cause de la fatigue du froid de la foule... je t'ai perdu de vu un instant et j'ai paniqué, j'ai cru t'apercevoir là-bas. Voilà tout.

— Sur le chantier de Ground Zero? Il est interdit au public et aussi bien gardé que la maison blanche, je ne sais même pas comment tu as fait pour t'introduire là-bas dedans.

— Je ne me rappelle pas vraiment... J'ai fait un malaise.

Des militaires chargés de la surveillance du site étaient intervenus pour stopper Cassie, voulant la défendre, Hayden avait accouru jusqu'à eux et dans son élan, avait percuté non intentionnellement un des hommes en uniformes. Supposant être attaqué, celui-ci l'avait repoussé violemment au sol pour le maîtriser. La confusion fut telle que Cassie et Hayden furent immédiatement arrêtés et amenés au QG de sécurité.

Contrairement à Cassie Hayden n'avait rien oublié.

* * *

— Je suis Hayden Howells, je suis anglais ! J'ai 21 ans ! Ça fait trois fois que je vous le répète !

— Vous avez des papiers le prouvant ? demanda le militaire sur un ton peu courtois.

Cassie ressentit l'angoisse d'Hayden, à moins que ce ne soit la sienne qui perturbait les battements de son cœur. Des papiers, il n'en avait pas et en le voyant faire l'erreur de tendre son permis de voiture, Cassie sut que la situation était critique.

C'était le seul document qu'il détenait et le militaire tiqua immédiatement en constatant que le prénom ne correspondait pas avec celui qu'il avait annoncé. Ayant omis ce détail, Hayden chercha en vain à se justifier, mais le militaire n'écouta pas ses explications et partit avec son permis pour vérifier sa conformité.

Cassie envisagea aussitôt la suite des événements: le permis ressortirait comme invalide dans leur fichier et il serait accusé de détenir un faux permis. Pire, s'il poussait leur enquête un peu plus loin, elle redoutait qu'il puisse remonter jusqu'à cette affaire de disparition.

À cette pensée, elle comprit qu'ils devaient déguerpir au plus vite. Elle parcourut des yeux l'ensemble de la pièce. La sortie de secours n'était pas loin. Une porte peu solide, sans doute facile à défoncer. Elle devait juste s'occuper de ce jeune militaire qui était à présent le seul dans la pièce à les garder.

De quelle manière ? Instinctivement elle aurait utilisé sa force, mais elle jugea la méthode peu discrète.

York « Agir en ayant toujours l'air de savoir ce qu'on fait » c'était la méthode de Sora. Bien qu'elle ne l'avait jamais testé personnellement, Cassie n'avait pas d'autres solutions en tête. Elle s'avança vers le militaire et le regarda avec insistance. Elle le fixa aussi intensément qu'elle le put, comme pour pouvoir contrôler les pensées de celui qui lui faisait face.

— Tout est en règle, vous pouvez y aller.

Cassie n'en crut pas ses oreilles était-il possible que cela ait marché ? Il se dirigea à l'autre bout de la pièce pour leur ouvrir une porte dérobée conduisant directement à l'extérieur du site. Cassie poussa Hayden par le bras afin qu'ils sortent au plus vite d'ici. Une fois dans la rue, ils se mirent à courir loin de bâtiments, puis s'arrêtèrent tous deux essoufflés quelques rues plus loin.

Sans dire un mot, Hayden dévisagea Cassie comme s'il avait découvert quelque chose en elle qu'il n'avait jamais vue.

— Comment as-tu fait ça ? Ce type on aurait dit que tu le contrôlais, si c'est ça ce que tu as fait c'est grave, très grave !

— Il fallait bien te sortir de là. Et je n'ai rien fait de spécial.

— Mais Cassie, on ne manipule pas les gens comme ça.

Hayden marqua un temps d'arrêt puis rajouta d'un ton suspicieux :

— Est-ce que tu as l'habitude de faire ce genre de chose ? Est-ce que tu l'as déjà fait sur moi ?

— Non, non je t'assure ! se défendit Cassie choquée de son accusation.

Lui qui éprouvait cette attraction inexplicable pour Cassie était persuadé du contraire. Dans son esprit cette théorie était d'une logique évidente.

— Non répéta-t-elle une fois de plus, je n'ai jamais fait ça ni sur toi ni sur personne. Fais-moi confiance l'implora-t-elle paniquée face à sa réaction.

— Qu'est-ce qui me dit que je peux ? répondit fermement Hayden.

Le regard désespéré de Cassie lui serra le cœur. Avait-il vraiment perdu toute confiance en elle ? Cassie ne savait comment lui prouver sa bonne foi.

— Jamais, tu n'as jamais utilisé tes pouvoirs sur moi ? ajouta-t-il avec méfiance.

Cassie sentit une chaleur grimper sur ses joues. Elle envisagea de lui mentir, mais elle ne voulait pas prendre le risque de perdre sa confiance s'il découvrait la vérité.

— Une fois... lui avoua-t-elle finalement.

Il la regarda choqué, ouvrit la bouche, mais ne trouva aucun mot capable de formuler le sentiment de trahison qu'il ressentait.

— Laisse-moi t'expliquer ! s'écria Cassie alors qu'il avait déjà fui à l'autre bout de la rue.

Elle tenta de le rattraper, mais Hayden lui lança un regard qui la dissuada de le suivre. La boule au ventre, elle le laissa s'éloigner et erra le reste de la journée seule dans New York.

Cassie regrettait cet incident. Tout s'était pourtant bien terminé, ils s'étaient tous deux retrouvés dans la soirée et après une longue discussion, Hayden avait fini par admettre que ce n'était pas si grave. De son côté, Cassie lui avait assuré de ne jamais recommencer et fouiller dans les souvenirs d'Hayden lui était désormais interdit.

Dommage, songea Cassie alors qu'il roulait sur cette longue route monotone. Elle aurait aimé connaitre le fond de ses pensées, mais devait se contenter de l'observer bouger ses lèvres silencieusement sur les paroles d'un vieux morceau de rock. Qu'avait-il retenu de son voyage ? Qu'avait-il préféré ? Sans même user de ses pouvoirs, elle connaissait la réponse, elle en était sûre et n'hésita pas à lui en faire part :

— Je sais ce que tu as préféré : notre soirée du Nouvel An.

Le sourire d'Hayden la conforta dans son idée même s'il s'obstinait à lui faire penser qu'elle avait tort :

— Notre soirée a totalement foiré. Comment peux-tu supposer cela ?

— Parce qu'on n'oubliera jamais ce moment. Ni toi, ni moi, ni même ce carrefour entre la 5e et la 73e avenue.

En entendant cela, Hayden plongea dans ce doux souvenir...

* * *

Ce soir-là, le métro qu'ils avaient emprunté pour rejoindre Times Square où ils avaient prévu de passer les 12 coups de minuit était bondé. Dans l'agitation générale, ils furent contraints de sortir quelques stations plus tôt et se résignèrent à continuer leur chemin à pied.

Ils avancèrent d'un pas rapide, se faufilant au travers d'une foule de plus en plus dense. Les rues se succédèrent et ils aperçurent rapidement les lumières de Times Square.

Ravie par l'excitation d'Hayden, Cassie était tout aussi impatiente que lui d'arriver là-bas. Elle accéléra le pas malgré sa cheville qui la faisait souffrir et se mit même à courir en apercevant à l'angle d'une pharmacie une horloge qui indiquait que minuit sonnerait dans quelques minutes. En apercevant qu'elle boitait, Hayden agrippa sa main pour la contraindre à ralentir:

— On n'y sera jamais à temps !

— Tu as ta cheville tordue, tu ne peux pas courir comme ça !

Voyant qu'elle ne l'écoutait pas, il lui proposa de la porter et sans lui laisser le temps de refuser la hissa sur son dos. Elle s'accrocha à lui et bien qu'ils crapahutaient dangereusement entre les voitures, blottie contre Hayden, Cassie se sentait plus en sécurité que jamais.

Elle leva les yeux vers le ciel. C'était une nuit sombre dépourvue d'étoiles. Pourtant, comme tombées du ciel pour mieux les protéger, celles-ci étaient là. Elles brillaient plus que jamais autour d'eux à travers les illuminations des rues new-yorkaises qui défilaient au rythme des foulées d'Hayden.

Comme pour sublimer le spectacle, un feu d'artifice enflamma le ciel brulant par la même occasion l'espoir qu'ils puissent être en cet instant sur Times Square. Minuit était passé et Cassie s'en voulut d'avoir loupé ce moment qu'Hayden n'aurait pu vivre dans son monde : une de ces expériences qui lui aurait pu lui donner l'envie de rester dans le sien.

— Pose-moi, c'est fini, poussa-t-elle dépitée.

Il s'exécuta et s'amusa de sa moue boudeuse.

— Il n'est pas trop tard.

— Tu ne seras pas là l'année prochaine alors si, il est trop tard !

Si Cassie fixait le sol, Hayden la scrutait avec insistance. Ses yeux descendirent sur elle et de partout où ils s'attardaient, ceux-ci ne pouvaient que constater sa beauté qui s'affirmait de jour en jour. Elle était magnifique, bien qu'il ne pouvait en expliquer la raison. Un sentiment troublant le poussait à laisser libre cours à ses émotions envers elle. Il hésita un instant, puis se laissa guider par les pulsions de son cœur.

— Fais le décompte, lui lança-t-il en lui posa sa main sur son menton afin de basculer le visage de Cassie dans sa direction.

Par ce petit geste capable de tout bouleverser entre eux, Hayden troubla Cassie. Son cœur battait tellement fort dans sa poitrine que le bruit de celui-ci recouvrait le vacarme des piétons autour d'eux qui criaient pour fêter cette nouvelle année.

— C'est trop tard, poussa-t-elle d'une voix faible.

Loin de penser cela, Hayden l'enveloppa de ses bras et colla sa joue contre la sienne afin de pouvoir lui chuchoter tout au creux de son oreille :

— Et si on changeait les règles ?

Cassie ne comprenait pas où il voulait en venir, mais le simple contact de sa peau contre la sienne la fit frissonner et espérer que ce moment s'éternise.

— Tu n'as qu'à compter les secondes qui te séparent du moment où je vais t'embrasser.

Figée par les trois derniers mots qu'il venait de prononcer, Cassie laissa Hayden compter sans elle.

— Cinq... Quatre...

Cassie tremblait à l'idée de l'embrasser. De son côté, Hayden était sûr de lui, du moins en apparence, car lorsque trois secondes séparaient ses lèvres des siennes, l'idée que ce baiser puisse être différent de tous ceux qu'il avait donnés dans sa vie l'effraya. Cassie était spéciale, si spécial que ce moment ne pouvait être que spécial. Et s'il ne l'était pas ? Cette idée lui semblait plus effrayante encore. Perdu, Hayden en oublia le décompte, mais Cassie prit la relève :

— Trois, deux, un.

Face à son silence, Cassie ferma ses yeux, craignant qu'il ait pu changer d'avis.

— Zer... souffla-t-elle dans un désespoir interrompu par la sensation enivrante des lèvres d'Hayden se posant sur les siennes.

Il l'embrassa d'abord avec tendresse puis dans une ardeur qui lui donna le vertige. Éprise par chacun de ses mouvements, Cassie en oublia même de respirer. Ses jambes tremblantes luttaient pour la porter jusqu'à ce qu'elle se laisse aller en réalisant qu'Hayden était là pour la retenir. Il la tenait fermement malgré la douceur de ses gestes et pressa une de ses mains derrière sa nuque pour que Cassie ne se dérobe pas de ses baisers bien que celle-ci n'en avait nullement l'intention.

Enlacés l'un contre l'autre, le monde autour d'eux avait comme disparu. Le tumulte de New York paraissait aussi lointain que le temps semblait suspendu. Combien de temps avait duré ce moment ? Hayden se rappela qu'un taxi klaxonnant à leur encontre les avait ininterrompues. Maudit taxi s'était-il écrié en réalisant sa faute d'avoir embrassé Cassie au beau milieu d'un carrefour. Heureusement à ce moment particulier de l'année de nombreux piétons s'étaient comme eux approprié la rue.

Ce klaxon les ramena violemment à la réalité de leur histoire. En s'embrassant, ils avaient franchi une limite, Cassie le regrettait, bien qu'elle n'aurait effacé pour rien au monde ce moment de sa mémoire. À présent qu'elle y avait gouté, il ne restait en elle que ce doute terrible qu'elle éprouvait à l'idée qu'il ne l'embrasserait peut-être plus jamais.

— Mais pourquoi tu as fait ça ? s'indigna-t-elle d'une voix tremblante.

Dépassée par l'évènement et vexée à l'idée de sentir dépendante de lui, Cassie fulminait maladroitement contre Hayden tandis que celui-ci l'entraina jusqu'au trottoir.

— Souviens-toi de cette soirée où tu pensais que je t'avais embrassé. Je t'ai répondu que lorsque cela arrivera, tu t'en rappelleras pour toujours. Eh ben voilà. J'avais raison n'est-ce pas ?

Hayden sonda Cassie de ses yeux brillants et celle-ci se sentait une fois de plus défaillir.

— Mais ce n'est pas juste de jouer avec moi de cette façon. Toute cette place que tu prends dans ma vie sera un gouffre lorsque tu partiras.

Prit de remords Hayden la serra dans ses bras et s'excusa :

— Je suis désolé, j'en avais besoin. Moi ce gouffre, je l'ai toujours eu en moi, ce soir je voulais le remplir, savoir ce que cela faisait. Je vais avoir besoin de garder le souvenir de cette sensation pour avoir le courage de chercher là-bas ce que j'ai trouvé ici, poussa-t-il dans un murmure crispé par l'émotion.

Émue par ces mots, la colère de Cassie s'envola laissant derrière elle, qu'un soupçon de regret :

— Je voulais qu'on soit à Times square, que tout soit parfait.

— C'était parfait, vraiment parfait. On n'oubliera jamais ce moment. Ni toi, ni moi, ni même ce carrefour entre la 5e et la 73e avenue. Regarde autour de toi, regarde-moi. Rien n'aurait pu être aussi merveilleux. Cet instant était à nous. Rien qu'à nous et il est gravé dans le ciel pour l'éternité.

Hayden disait vrai, cette intersection semblable à mille autres représentait désormais l'endroit où leurs chemins respectifs les avaient réunis. Ils ne l'oublieraient pas, quelles que soient les épreuves qui les attendaient en chemin. Ce croisement allait changer leurs futurs que ce soit dans ce monde ou dans le sien...

Ils finirent par s'assoir tous deux sur le trottoir bordant la rue. Hayden sortit une bouteille de champagne de son sac à dos et l'ouvrit avant de la tendre à Cassie.

— À notre premier dernier baiser alors ? conclut-elle tristement avant de boire une gorgée au goulot de la bouteille.

— J'ai été égoïste sur ce coup, je ne voulais pas que ça te rende triste... Si ça peut te remonter le moral, gifle-moi pour avoir profité de toi lui proposa-t-il très sérieusement.

Son idée un brin loufoque ne l'emballa pas vraiment.

— Qui te dit que ce n'est pas moi qui ai profité de toi ?

— C'était mon idée.

Sagement assise, les chevilles croisées, elle s'enivra d'une nouvelle gorgée de champagne pour trouver le courage de lui confier avec une honnêteté sincère :

— Je t'aurais embrassé sur Times Square si j'avais couru assez vite. C'est pour ça que je voulais absolument arriver à temps, je voulais que tu sois éblouie par tout ce qui se passerait autour de toi et je comptais en profiter pour t'embrasser...

Comme pour mieux dissimuler sa réaction, Hayden il s'empressa de porter à ses lèvres la bouteille que Cassie lui avait tendue. Tandis qu'il buvait, elle remarqua les joues de celui-ci s'empourprer et elle savait que ni au froid ni aux bulles de champagne n'en était la raison.

— Tu sais ce que j'aurais pensé si tu avais fait ça ? rajouta-t-il finalement.

— Que moi et l'originalité ça fait deux ?

L'écho de son rire le fit sourire :

— Ce n'est pas faux. Une prochaine fois qui sait.

— Ne fais pas de promesse que tu ne pourrais pas tenir. Tu ne seras plus là...

Dans un soupir, un halo de buée s'échappa de ses lèvres. Regrettant de s'apitoyer de son départ avant même que celui-ci n'ait lieu, Cassie décida de prendre sur elle et changea de sujet :

— À quoi trinquons-nous alors ? souffla-t-elle en arborant un sourire forcé.

Hayden réfléchit quelques secondes, leva son regard vers le ciel qui dévoilait à présent une lune croissante puis brandit la bouteille vers celle-ci comme pour trinquer en son nom :

— À nos futurs premiers baisers qu'ils soient dansce monde ou dans un autre. 

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