Le Dernier Vol des Oiseaux de...

By JHaltRoen

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Roxane vit dans un des plus beaux appartements de l'Upper East Side de New York, entourée d'un père aimant et... More

Avant-Propos
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Prologue
Chapitre 1 - Partie I
Chapitre 1 - Partie II
Chapitre 2 - Partie I
Chapitre 2 - Partie II
Chapitre 3 - Partie I
Chapitre 3 - Partie II
Chapitre 4 - Partie I
Chapitre 4 - Partie II
Chapitre 4 - Partie III
Chapitre 5 - Partie I
Chapitre 5 - Partie II
Chapitre 5 - Partie III
Chapitre 6 - Partie I
Chapitre 6 - Partie II
Chapitre 6 - Partie III
Chapitre 7 - Partie I
Chapitre 7 - Partie II
Chapitre 7 - Partie III
Chapitre 8 - Partie I
Chapitre 8 - Partie II
Chapitre 9 - Partie I
Chapitre 9 - Partie III
Chapitre 10 - Partie I
Chapitre 10 - Partie II
Chapitre 10 - Partie III
Chapitre 11 - Partie I
Chapitre 11 - Partie II
Chapitre 12 - Partie I
Chapitre 12 - Partie II
Chapitre 12 - Partie III
Chapitre 13 - Partie I
Chapitre 13 - Partie II
Chapitre 13 - Partie III
Partie Temporaire
Chapitre 14 - Partie I
Chapitre 14 - Partie II
Chapitre 15 - Partie I
Chapitre 15 - Partie II
Chapitre 16 - Partie I
Chapitre 16 - Partie II
Chapitre 17 - Partie I
Chapitre 17 - Partie II
Chapitre 17 - Partie III
Chapitre 18 - Partie I
Chapitre 18 - Partie II
Chapitre 18 - Partie III
Joyeux Noël
Chapitre 19 - Partie I
Chapitre 19 - Partie II
Chapitre 20 - Partie I
Chapitre 20 - Partie II
Chapitre 21 - Partie I
Chapitre 21 - Partie II
Joyeuse Saint-Valentin
Chapitre 22 - Partie I
Chapitre 22 - Partie II
Chapitre 23 - Partie I
Chapitre 23 - Partie II
Chapitre 24 - Partie I
Chapitre 24 - Partie II
Épilogue
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Remerciements
Informations

Chapitre 9 - Partie II

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By JHaltRoen


Shane


Les combats de boxe ont toujours été l'un des spectacles préférés de Robin. En particulier lorsque ceux-ci ont lieu dans un fight club clandestin et que les participants se battent jusqu'à la limite du coma, voire de la mort.

Ce soir, c'est dans une pièce adjacente à la cave de Jack que le duel a lieu. Dissimulé derrière un des grands rideaux de velours rouge, le petit espace clos accueille quelques membres privilégiés de la bande, grossièrement entassés entre les épais murs de pierre. Au centre, les deux participants au combat, poings nus et corps gainés, s'échauffent les muscles et les sens en vociférant comme des chiens enragés. Tout ceci pour le plaisir sadique de certains grands noms du crime new-yorkais, venus également négocier de nouvelles affaires avec le Rouge-Gorge.

Adossé au mur, je reste tapi dans l'ombre, les bras croisés sur ma poitrine. Genre de spectacle abrutissant ne m'a jamais intéressé. Je pousse un profond soupir pour refouler mon ennui quand mes yeux se posent sur Zara, installée sur les genoux de Robin dans un coin de la pièce. Ce dernier fait face à un de ses fructueux collaborateurs, Reese McCauley. Le souvenir de Roxane en proie aux hommes de main de ce chef de gang renommé dans le trafic de drogue me déclenche une série de frissons dans le dos. Je chasse ces pensées parasites de mon esprit et focalise de nouveau mon attention sur Zara. Ses longs ongles rouges tracent des lignes sur l'oiseau encré sur le torse de Robin. Ses cheveux blonds se mêlent au foulard de soie qu'elle porte autour du cou et viennent voiler son épaule dénudée. Elle se penche lentement à son oreille et ses mots font naître, sur le visage du Rouge-Gorge, un sourire démoniaque.

Desmond se fraye un chemin parmi la petite foule dense, qui hurle à présent des semblants d'encouragements aux deux adversaires qui engagent le combat ; un revers, un uppercut. Le premier titube déjà. Arrivé à ma hauteur, mon acolyte me tend une bouteille de bière qu'il vient de récupérer au bar de Jack et trinque avec moi. Je bois une lente gorgée quand mon regard croise enfin celui de Zara. Au même instant, elle détourne les yeux. Sous l'impulsion de Robin, elle finit par se lever, puis disparait dans la foule sans m'accorder plus d'attention. Des exclamations résonnent tout autour du ring tandis que le premier combattant riposte et assène une série de coups de poing rapides et précis au foie du deuxième. Robin se redresse et appuie ses avant-bras sur ses genoux ; quiconque assez proche du Rouge-Gorge sait que cette posture signifie que la négociation prend une tournure qu'il n'apprécie guère. À mes côtés, Desmond trépigne :

— Il me reste encore un peu de coke à revendre. Tony m'a conseillé d'aller trainer du côté de Columbia, mais je déteste jouer au dealer pour des gosses de riches... Quand est-ce qu'on me mettra enfin sur un gros coup ?

— A chacun son boulot. Pour une fois que ta gentille petite tête te rend service, ne te plains pas trop.

— Pourquoi tu dis ça ?

— Parce que, Desmond. Tu n'as rien de Tony, Finn ou Robin. Toi, tu n'éveilles pas les soupçons. Et dans ce milieu, c'est une chance, crois-moi.

— Un peu comme toi ?

Je ne prête pas attention à sa question et avale une autre gorgée de bière. Au centre de la pièce, le deuxième combattant tombe à terre et encaisse difficilement un nouveau coup de pied en plein visage, qui a pour conséquence de lui faire cracher deux de ses dents sur le côté. Les spectateurs euphoriques ne font qu'encourager cet excès de violence, et le pseudo arbitre de la rencontre ne parvient plus à contenir l'assistance. Au même moment, Zara glisse devant nous et son odeur me submerge. Desmond la suit du regard, un sourire niaiseux pendu aux lèvres. Je roule des yeux et frappe l'arrière de son crâne. Il chancèle en avant, confus.

— Aïe ! Mais ça va pas ?

— Qu'est-ce que je t'ai dit l'autre jour ?

— Quoi ?! Ah oui... De ne pas empiéter sur les intérêts du boss.

— Mets-toi bien ça dans le crâne une bonne fois pour toutes.

Desmond soupire en continuant à frotter l'arrière de sa tête. Une nouvelle effusion de sang sur le ring fait s'élever une autre clameur qui me porte grandement sur les nerfs. Je masse lentement ma tempe pour tenter de calmer ma migraine naissante. Au loin, Zara discute avec Tony et me tourne littéralement le dos, jouant de sa proximité avec celui qu'elle a toujours considéré comme son grand frère. Je jurerai lire de l'inquiétude sur le visage de ce dernier. Ma main retombe lourdement le long de mon corps. Toute cette comédie m'insupporte de plus en plus et il me tarde d'en finir avec ma mission pour emmener Zara le plus loin possible de cette foutue ville, de cette foutue bande et de ce foutu...

— Au fait, tu en es où toi ? Avec Roxane ?

— Nulle part.

— Quoi ? Rien du tout ?

— Rien du tout.

— Aller avoue ! T'as réussi à te la faire au moins ?

Ce foutu Desmond.

— Pour ton information. Je suis chargé de m'infiltrer chez elle pour récupérer une toile. J'ai pas l'intention de faire quoi que ce soit d'autre avec. Je suis pas la catin de service et si tu me poses encore ce genre de questions débiles, je te balance au milieu du ring. Vu ?

Desmond se tasse devant moi et avale discrètement une gorgée de sa bière en suivant des yeux mon index qui désigne les combattants, toujours à l'affût, tels de vrais gladiateurs. Je suis fatigué. Ce brouhaha infernal a laissé s'installer ma migraine. Je décide de prendre congé de Desmond et me dirige vers un recoin de la pièce. Là est aménagé un vieux tonneau rouillé, faisant office de table et autour duquel sont disposés deux petits tabourets de bois usé. Je m'arrête net ; sur l'un d'eux, Zara vient de prendre place, le visage fermé et le regard plongé dans le verre de vin, face à elle. Je prends une profonde inspiration et m'avance lentement. Arrivé à sa hauteur, je me penche à son oreille en faisant mine de poser ma bouteille sur le tonneau avant prendre appui contre le baril de bois.

— Ravi de voir que tu vas bien.

— Ravie de te voir sans ta pimbêche.

— Qui ? Desmond ?

Je souris dans son dos, mais elle soupire, rejetant mon humour :

— Arrête Shane, c'est pas drôle.

— Alors c'est vraiment à cause d'elle que tu ne m'adresses plus la parole ?

— Je préfère que tu restes concentré sur ta mission, pour qu'elle se finisse au plus vite. Plus vite cette garce aura quitté ta vie, mieux ça vaudra pour tout le monde.

— Bien, comme vous voudrez Princesse Z.

Elle souffle sèchement et je détourne la tête vers le ring. Les deux corps sont au sol et se meuvent comme de véritables bêtes dépourvues de toute humanité, s'infligeant, coups, morsures et autres gestes féroces, empreints de haine et de violence, qui ne m'inspirent rien d'autre qu'une profonde nausée. Les mouvements nerveux de Zara attirent de nouveau mon attention, tandis qu'elle retire fébrilement son foulard de soie et se masse légèrement la nuque. Brusquement, je fais un pas un arrière, les yeux ronds.

— Qu'est-ce que...

— C'est rien.

Peu importe les qu'en-dira-t-on. J'attrape son épaule et la force à me faire face. Elle remonte précipitamment le foulard sur sa gorge.

— Zara !

— C'est rien je te dis !

La fine étoffe de soie aux teintes si douces dissimule en fait de longues empreintes rouges et boursoufflées qui encerclent son cou. Des traces de la couleur du ciel sont disséminées sur sa peau. Dans la précipitation, elle renoue maladroitement le foulard tout en fuyant à tout prix mon regard.

— Quand est-ce qu'il t'a fait ça ?

— Shane, je te dis que c'est rien.

— Réponds !

Je me surprends à hausser le ton. Zara me fait promptement signe de baisser la voix avant d'objecter, confuse.

— Avant-hier soir. Je suis restée un peu tard au hangar à discuter avec Tony. Quand je suis rentrée, il m'a posé beaucoup de questions, il avait bu et pris... je ne sais pas trop quoi encore.

Je contourne Zara et laisse lourdement tomber mon dos contre le mur de pierres froides. Il faut à tout prix que je conserve mon calme. Zara poursuit à mi-voix :

— Comme je déteste quand il est dans cet état, je ne lui ai pas répondu. Alors il m'a giflée, une fois et puis encore une autre et comme je ne répondais toujours pas, il a mis ses mains sur mon cou et je...

Mes mains sont si serrées sur ma bouteille de bière qu'elle pourrait exploser entre mes doigts. Je dois me contenir. Je ne dois rien laisser paraître.

— C'est pas grave.

— C'est pas grave. T'as raison. C'est pas grave du tout. Il a voulu t'étrangler, mais c'est pas grave.

— Non, ça l'est pas. Pas pour lui en tout cas. Ni pour moi. Et ça devrait encore moins l'être pour toi.

Je plaque une main sur ma bouche pour contenir ma fureur. Zara se redresse sur son tabouret et s'adresse discrètement à moi sans me faire face :

— Shane, je t'en prie. En ce moment, il est... très méfiant. De tout et de tout le monde. Si je t'ai laissé sans nouvelles, c'était pour ne pas prendre de risque, mais aussi pour ne pas t'inquiéter. Ne te laisse pas perturber par ça, s'il te plaît. Concentre-toi sur ta mission, finis-la le plus vite possible et emmène-moi loin d'ici. Je t'en prie.

De fines larmes coulent sur son visage dissimulé dans l'ombre, elle les efface rapidement. Un rugissement en provenance du ring me sort un instant de mes pensées. L'un des deux combattants célèbre sa victoire morbide avec l'assistance, tandis que le deuxième gît au sol, inerte. L'arbitre tente vainement de le réveiller. Sans succès. Je me tourne lentement vers Zara.

— Tu sais, pendant longtemps j'ai cru que le jour où tu as décidé de te mettre avec lui était le pire de toute ma vie. Mais je me suis trompé. Un jour, tout ça va mal finir Zara. Un jour, il ne relâchera pas ses mains. Tu ne t'en rends même pas compte.

— Si, je m'en rends compte. Tous les matins quand je me réveille, je sais que ce jour peut-être le dernier. Que la police peut débarquer à tout moment, qu'il peut me tuer quand ça lui chante. Que tu peux disparaitre comme certains membres de la bande ont déjà disparu et que je peux ne plus jamais te revoir. Mais c'est ma vie, Shane. Ça a toujours été comme ça, depuis bien avant que je ne te connaisse.

Je m'apprête à rétorquer quand mon regard est brusquement attiré par du mouvement du côté de Robin. Ce dernier apparaît toujours très calme, mais Reese semble au contraire plus agité qu'en temps normal. Le ton monte, alors que Finn, qui se tient derrière notre chef, plonge discrètement la main dans la poche intérieure de sa veste. Ce qui ne présage rien de bon. Ayant remarqué les déboires similaires de l'autre côté de la salle, Zara se retourne vers la foule au moment où Desmond me rejoint précipitamment :

— Shane, qu'est-ce qu'ils fabriquent ?

Au même moment, Robin quitte très lentement son fauteuil avant d'asséner un violent coup de poing à Reese, qui titube et tombe au sol en bousculant quelques autres personnes au passage. Un silence curieux envahit peu à peu l'espace et les yeux de la foule cherchent avidement la nouvelle scène de véhémence qui s'offre à eux. Je jette un rapide coup d'œil au tabouret de Zara ; celui-ci est vide. Je parcours la pièce du regard en vitesse et retrouve assez aisément la longue crinière blonde qui s'échappe et se mêle à l'assistance jusqu'à devenir invisible. À peine quelques secondes plus tard, les hommes de main de Reese se redressent brusquement et fondent sur Robin, se heurtant à Finn, puis à Tony qui s'empresse de rejoindre la cohue générale, sous une nouvelle vague d'encouragements bestiaux. Je suis fatigué, à bout de nerfs. J'attrape alors Desmond par le col et le projette brutalement vers la sortie. Un coup de feu résonne dans notre dos, suivi d'un bruit de verre brisé et d'un mouvement de foule imprévisible. Je bouscule un peu plus mon acolyte qui s'engouffre derrière le rideau de velours rouge en s'époumonant :

— Eh ! Qu'est-ce qu'il se passe ?!

— Avance si tu ne veux pas être plombé comme un pigeon.

— Mais où on va ?

— Au calme, j'ai besoin de prendre l'air.

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