Je me réveillai, engourdie, avec un immense mal de crâne et un picotement dans mon épaule. J'ouvris mes yeux lentement, regardant autour de moi. La pièce était composée de mur en pierre et de barres à la petite fenêtre et comme porte. M'appuyant sur mes coudes, me relevant avec plus de difficulté que je ne l'aurai espéré, je parvins à distinguer Loki qui était assise, ses genoux remonté vers sa poitrine, contre le mur en face de moi sur une espèce de planche de métal accrochée au mur par des chaînes. Elle jouait avec son piercing à son arcade sourcilière. Elle me sourit quand elle me remarqua.
- Comment tu te sens, sestra ? me demanda-t-elle, boitant vers moi.
Je m'assis doucement, tenant ma tête, douloureuse. Elle se posa à côté de moi et m'expliqua :
- On est en prison. Ce saleté de flic nous a amené ici après qu'on ait perdu conscience, toi et moi. Je me suis réveillée il y a au moins dix minutes avant toi et un docteur est venu nous soigner. Apparemment, il n'y a rien de très grave. Maintenant on va passé un coup de fil à Sky pour qu'il aille chercher les sacs de bouffe et après on trouvera un moyen de s'échapper d'ici.
- Khorosho.
Nous passâmes le coup de fil à Sky pour lui indiquer où se trouvait la nourriture. Puis ensuite nous sommes allées à la cantine. Plusieurs personnes nous reluquaient de haut en bas. Cela ne nous dérangeaient pas vraiment. Qu'ils viennent tentés leurs chances les rigolos, ils partirons avec plus qu'un pétage de dents !!! Je m'assis en face de Loki, jetant des coups d'œil autour de nous.
- Il y a 7 gardes. Deux à la sortie nord, deux à la sortie sud, un à la cantine et deux qui patrouillent entres les tables, me murmura Loki, mangeant avec ses mains l'espèce de pâté verte.
- Il y a trois caméras sauf au nord, chuchotai-je, baissant la tête quand un garde passa derrière moi.
Elle me hocha simplement la tête. Quand nous terminâmes de manger, on parlâmes d'autres choses, attendant que la cloche sonne, pour nous annoncer qu'on devait déguerpir le plancher. Loki arrêta subitement de parler en levant les yeux au-dessus de ma tête. Un abruti devait être derrière moi. Je me retourne pour cracher à la gueule de cet 'abruti' ce que j'en pense de lui, mais refermai très vite ma bouche quand je vis un garde à la place. Son regard me toisa de la tête aux pieds, comme s'il vérifiait que j'étais bel et bien là et m'ordonna.
- Tu as de la visite.
Loki faillit recracher son verre d'eau et moi de tomber du banc. Qui pouvait avoir envie de voir une connasse d'en mon genre ?
Je regardai ma sœur dans les yeux, lui faisant comprendre que j'allais m'en charger toute seule. Je me retournai vers le garde, qui avait toujours pas bougé de sa position de statut, et lui fit mon plus beau sourire.
- Désolé, mais je suis sûr que vous vous trompez de personne. Je ne veux voir personne et personne ne veut me voir. Cela m'étonnerait que je suis cette personne.
Chez nous, quand on est en prison, on se d'emmerde pour en ressortir. Si t'es en prison, c'est que t'es pas assez entraîné. Et pour ne pas se faire choper par les poulets, personne ne viendra t'aider. Tu te débrouilles pour y sortir. Alors ça m'étonnerait que quelqu'un ait décidé de venir me rendre à visite à moi. Surtout si cette personne ne veut voir que moi et pas Loki avec.
Je me retournai vers ma sœur mais les mots du garde me firent comme un sceau d'eau.
- Ils disant que tu leurs as manqués pendant ces cinq dernières années.
Mon regard choqué était dirigé vers le garde et je pu m'empêcher de crier à travers toute a cafétéria, étant sûr de réveiller les momies dans leurs tombes.
- QUOI ??!!
~~~
Le couloir me paraissait si long, que je ne pouvais me forcer à ne pas y réfléchir. C'est impossible, tout simplement impossible. Après tous ce temps, ils auraient osé venir me voir. Ça faisait sept mois, sept mois que j'avais échappé à George, que Loki était devenue ma sœur, que j'avais une vie tranquille, si on peut dire qu'elle est tranquille. Mais il faillait qu'ils reviennent...
Quand je sortis de mes pensées, nous étions dans une sale avec une vitre qui me séparait de mes visiteurs non-voulut. Je m'assis sur la chaise, regardant ma fameuse mère dans les yeux.
Qu'elle me voit, qu'elle voit ce que je suis devenu. Un monstre. Qu'elle voit ma rage dans mes yeux sombres, ma colère, ma haine envers elle et l'homme que j'ai osé appeler autrefois 'père'. Qu'elle voit la souffrance que j'ai enduré durant ces cinq dernières années. La douleur qui persistera éternellement dans mon esprit et mes cicatrices. La joie de vivre qui baignait auparavant mes yeux est à présent enterrée au plus profond de mon esprit, à se demander si elle est encore là.
Mais malgré tout cela, je les remercie. Car sans cela, je n'aurai jamais rencontré ma véritable famille. J'ai du souffrir pour la voir mais j'ai survécu. Je suis une survivante.
Je les regarda quand j'entendis un sanglot étouffé. Le visage de ma mère était engouffré sous des larmes alors que sa main recouvrait sa bouche, neutralisant un autre sanglot. Je la détaillai du regard noir que je possédais. Elle n'avait pas tellement changée. Ses cheveux bruns était toujours ondulés, bien qu'il y ait plusieurs cheveux gris. Ses yeux bleus céruléens semblait légèrement plus ternes, des petites rides. Mais elle était toujours aussi belle qu'avant. Quand mes yeux se déplacèrent sur la deuxième personne, mon cerveau s'arrêta un instant. Le type, ou plutôt le gamin, avait les cheveux gris aux reflets bleus ciels et exactement les mêmes yeux que la femme à côté de lui. Il portait un bonnet vert foncé sur la tête, un gros-pull bleu foncé et un pantalon gris. Il me regardait comme si j'étais une déesse ce qui me fit, honnêtement, un peu peur sur le moment. Je reportai mon attention sur la femme qui m'avait lâchement abandonnée.
- Ma fille...
Rien que ces quelques mots me fait mal. Je lui jetai un regard tout en empêchant ma langue de sortir les pires insultes du monde que j'avais acquis au cours d'une nuit blanche.
- Comment oses-tu m'appeler ainsi après ce que tu m'as fait ? Ce que vous m'avez fait ? Et d'ailleurs, l'autre connard n'est pas ici ? Il a de la chance de ne pas être venu, car les quelques gardes derrière cette porte et cette baie vitrée n'aurait pas suffit pour m'empêcher de lui arracher le cœur et de le lui faire bouffer par les oreilles.
Ce petit discours me détendit légèrement mais pas assez pour que je ne commette pas un meurtre. Je me penchai dans ma chaise, croisant mes bras. Respire Akuma, respire...
- Non, il n'est pas là, dit calmement Rachel, ma mère.
- Il ne voulait pas voir sa fameuse fille en prison ? Il est déçu que je sois clouée entre quatre murs avec des menottes pour sûrement le restant de mes jours ?! Il ne doit certainement pas regretté ce qu'il a fait j'imagine ! En même temps, c'est vrai que tous les jours on voit des parents donné leur fille à un psychopathe !!!
Plus je parlais, plus je haussai le ton. Ça faisait du bien de tous laisser sortir. Je voulais leur montrer à quel point je les haïssait.
- Ton père est...
- Il n'est PAS mon père !!! la coupai-je aussitôt.
Je m'étais redressée dans ma chaise. Les mots qu'elle dit ensuite me cloua sur place.
- Non, tu as raison. Cet homme n'est pas ton père. Ce n'est qu'un connard. Et ce connard est mort.
- Formidable !!!
Je relevai mes bras en l'air, lui montrant bien que j'étais heureuse et ironique. Mais à l'intérieur, j'étais réellement contente que ce type soit enfin mort. Qu'il aille pourrir en Enfer. Je trouve juste dommage que ce ne soit pas moi qui l'ait tué. Je soupirai, me détendant dans ma chaise, recroisant mes bras, regardant le mur à ma droite.
- Cinq ans, il t'as fallut cinq ans pour venir et la seule chose que tu me dis, c'est que ce con est mort. C'est pour ça que tu es revenu ? Pour me regarder avec pitié et me dire que la personne que je désirai plus que tout détruire de mes propres mains est morte ? Si c'est pour ça, tu peux repartir chez toi.
Rachel me regardait pas. Comme si elle avait peur de moi. De ce qu'elle a fait de moi.
- Regarde-moi dans les yeux Rachel.
Je la vis se tendre quand je l'appela par son prénom. Elle releva quand même sa tête. Parfait, je voulais qu'elle voit de ses propres yeux ce que je suis devenu...
- Regarde ce que je suis devenu par votre faute. Je me suis transformée. La petite gamine joyeuse et brillante est devenu le démon aux cheveux écarlates. La douleur que j'ai enduré durant toutes ces années m'a fait comprendre des choses. La douleur nous montre qui nous sommes au fond de nous, elle nous montre de quoi nous sommes capable de faire. Et moi j'ai vu que j'étais capable de survivre en me battant de toutes mes forces. Je suis devenu un monstre. Je veux plus que tout montrer ma rage aux yeux de ce monde hideux, lui montrer à quel point je me suis battu chaque seconde, chaque instant, pour rester en vie. Car toute ma rage, ma haine, ma colère, elles proviennent toutes de la douleur que j'ai enduré.
Rachel me regardait avec tellement de tristesse que j'aurais pleuré autrefois. Mais je ne suis plus la même. Le petit morveux me regardait comme si il était embobiné par mes paroles.
- Pourquoi ? Pourquoi vous êtes ici ? J'étais enfin parvenu à stabiliser ma vie. J'ai trouvé une famille, une sœur, des amis... Je suis heureuse. Mais savoir que tu es là, devant moi... ça m'énerve car je pensais enfin avoir de la tranquillité. J'ai l'impression d'être à nouveau enchaînée à un mur sans jamais trouver les clés.
Rachel resta silencieuse pendant quelques minutes, ce qui me semblait une éternité pour moi. Elle daigna finalement à rencontrer mes yeux.
- Je ne dirai pas que je peux te comprendre car personne ne peut. Toutes ces années, je n'ai pas arrêté de penser à toi, de me demander si tu allais bien, si tu m'en voulais de n'avoir rien fait ce jour-là... Je voudrai revenir en arrière, changer le cours des événements. Je sais que je ne peux pas changer la personne que tu es devenue. J'ai tenté de te chercher durant tous ce temps. Je voulais te revoir plus que tout. Tu me manquais tellement et je comprendrai que tu ne veuilles plus me revoir.
Des larmes recommencèrent à tomber de ses yeux. Son regard se dégagea de mes yeux furieux pour venir se poser sur la table devant elle.
- Mais, la raison pour laquelle je suis ici, c'est pour que tu saches que, puisque tu n'es pas encore majeur, tu n'as pas d'autre choix que de revenir vivre avec nous.
Mes yeux s'élargirent, mon cœur manqua plus d'un battement, mes mains tremblèrent. Non... non ! Pas ça !!! Je ne peux pas partir d'ici ! Je ne peux pas me résoudre à les abandonner !! Ma famille de tarés était tout ce qui me reste. C'est grâce à eux si je n'ai pas sombré dans la folie. Il m'ont donné ce que je désirai plus que tout. La chaleur d'une famille... celle que je n'ai jamais eue...
Je ne m'étais jamais rendu compte à quel point je m'étais attachée à notre foyer de criminel en sept mois. Savoir que je les quitterais à présent me donna des frissons dans le dos. Je grinçai des dents alors que les mots sortaient de ma bouche à contre-cœur.
- J'imagine que je n'ai pas le choix ?
Je ne reçus qu'un hochement de tête en retour et, en retour de cet hochement, mon poing vint s'écraser sur la table en métal. Rachel et le gamin sursautèrent à ce geste soudain. Baissant la tête, je regardai mes genoux, cherchant une solution. Une idée immergea dans ma cervelle. Si je vais avec eux, je n'aurai qu'un an à rester avec eux. Après je pourrai repartir et revenir ici. Et cette fois, ils ne pourront pas me retenir.
- Très bien, je viendrai avec vous. Mais à une condition...