MangeRêve [Édité aux Editions...

By Epinevinette

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Vous vous demandez quelle saveur ont les songes ? "A Chronopolis, l'harmonie règne. En surface, tout au moins... More

Prologue
Chapitre 1 - 1
Chapitre 1 - 2
Chapitre 2.2
Chapitre 2.3
Chapitre 3.1
Chapitre 3.2
Edition pour le MangeRêve
Cover Reveal 🎊
Sortie de Mange Rêve

Chapitre 2.1

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By Epinevinette

Ce matin-là, Opaline eut grand mal à se lever. Outre sa virée nocturne de la veille, son corps subissait les assauts d'une étrange souffrance : ses muscles s'opposaient au moindre mouvement ; son crâne pulsait ; même sa peau était meurtrie. Quant à ses os, il en émanait une douleur sourde.

Sous le pli d'une paupière trop lourde, la jeune femme chercha la lucarne. L'aube pointait à peine. Elle grogna, renonça à rabattre le drap sur son crâne - trop d'effort - et demeura là, étendue, à mesurer toute la profondeur de sa faiblesse. D'où venait-elle ? Pourquoi lui semblait-il que chacune de ses fibres eût fourni une énergie indécente ? Dans le lit voisin, Gabrielle se dépêtrait de sa couverture. Ses mèches brunes gonflées de nœuds la faisaient ressembler à un chiot morose.

La fillette bailla plusieurs fois puis, avisant la paresse de sa compagne, entreprit de la houspiller :

- Debout ! Lève-toi. Mais lève-toi, bon sang !

Opaline dressa une main pour éloigner ces pénibles paroles, dont les syllabes martelaient ses tympans. L'autre s'en empara aussitôt afin de tirer l'endormie hors de sa couche. Ses petits bras possédaient une force singulière.

- Debout, j'ai dit !

Mobilisant chaque once de volonté, Opaline ravala un juron et leva enfin. Tenir debout ne représentait pas, finalement, un défi si insurmontable ; pas tant, du moins, que de repousser l'idée même de fatigue. Gabrielle ordonnait encore :

- Prends tes affaires. Ce serait bien d'arriver à la salle de bain avant les autres filles.

Opaline se traîna jusqu'au miroir suspendu au mur. Comme en écho à son corps, son apparence même suintait de faiblesse. On retrouvait l'ébauche de lourds cernes sous son regard, dont l'étincelle miel était éteinte. Le phénomène dépassait toutefois ces menus détails.

Les taches de son, l'éclat blond-roux des cheveux, la courbure élancée des sourcils... Tout cela s'affadissait ; tout cela se mêlait dans un visage terne et grotesque. Tant le dessin des lèvres que celui - un peu bossu - du nez perdaient de leur définition. Saveurs envolées. Son image se résumait en un mot : grisâtre. Elle semblait plus fluette encore que d'ordinaire, plus pâle et plus intangible qu'un fantôme. On imaginait volontiers que son apparence se détachait peu à peu d'elle-même.

- Gabrielle, balbutia le jeune femme, Gabrielle, regarde...

Elle détesta d'entendre sa voix si apeurée.

- Quoi ?

D'un doigt désabusé, elle désigna son reflet. L'autre la considéra un instant ; un sourire mi- ensommeillé, mi- contrit, flotta sur ses lèvres. Puis, avec un haussement d'épaules fataliste :

- Oh, ça... C'est à cause de l'extraction des rêves. La fatigue aussi. Ça nous ronge.

- Ça disparaît ensuite ?

- Bof. Disons simplement qu'on s'y habitue.

Les deux filles échangèrent un regard méditatif, quoiqu'empreint d'un soupçon d'empathie. Opaline révisait son jugement sur la gamine quand celle-ci recouvra, dans un sursaut, sa nature tyrannique :

- Bouge ! Sinon je pars sans toi.
Cédant enfin à l'impatience de Gabrielle, la jeune femme rassembla ses affaires.

- Je viens !

Les deux pensionnaires s'engagèrent alors dans les méandres de l'Onirium : partout, la béance de portes et le colimaçon d'escaliers. Si la veille Opaline n'avait que peu saisi la complexité retorse du lieu, elle en mesurait enfin la pleine mesure. Le bâtiment ouvrait sur leur passage de larges porches comme autant de gueules avides. Par l'intervalle régulier des lucarnes, on apercevait un préau dénudé : nulle plante, pas même du chiendent, ne venait en égayer la surface. Plus haut se dressait un clocheton massif, carré, dont l'ombre s'étendait loin sur les pavés. A son faîte, une horloge pointait ses aiguilles acérées. Elles indiquaient six heures.

Opaline se laissait entrainer par sa compagne, tant attentive au chemin parcouru qu'à la morne froideur de l'endroit. Ici, point de superflu. Jamais elle ne distinguait voiles aux fenêtres ni tapisseries ouvragées ; non, juste la brique nue.

Les pensionnaires descendirent une volée de marches, s'enfonçant dans les souterrains de la bâtisse. L'air empestait d'humidité.
Elles interrompirent leur marche devant un vieux chambranle. Autrefois, on avait pu lire « Salle d'eau » sur le battant, mais la peinture écaillée rendait le déchiffrage difficile.
Gabrielle pénétra la première dans la pièce, sa compagne de chambre sur les talons. Une moue dédaigneuse aux lèvres, la gamine lança - non sans emphase :

- Voilà, nous y sommes. Plutôt austère, non ?

Il fallait en convenir : c'était moche. Entièrement carrelée de blanc, la pièce était traversée d'un lourd tuyau de bronze. De part et d'autre, des robinets s'ouvraient sur un évier en émail.

Pas de luxe. Pas d'intimité non plus.
Opaline fut reconnaissante que la fillette l'eût conduite ici avant les autres pensionnaires. A l'Onirium, la pudeur revêtait, selon toute vraisemblance, un caractère précieux. Alors qu'elle ébauchait un merci, Gabrielle se frappa le front :

- Quelle cruche !

- Pardon ?

La gamine inspectait ses affaires. Elle paraissait furieuse.

- J'ai oublié ma jupe là-haut ! Il faut que j'y retourne. Je vais perdre un temps fou !

- Tu veux que je t'accompagne ?

Opaline accrocha son regard sombre. Tout au fond y luisait, semblait-il, une pointe d'agacement. Par ailleurs, Gabrielle répliqua avec une dureté qui la fit ciller :

- Merci, mais je pense retrouver le chemin toute seule.

Puis, secouant la tête, aussitôt radoucie :

- Reste, profite de la tranquillité.
Attends-moi, si tu veux ; j'essayerai de me dépêcher.

La gamine s'échappa - tornade échevelée - semant sur son passage une chaussette et le claquement sourd de la porte. Dubitative, la jeune femme hésita un instant. Puis, avec un haussement d'épaules, elle se réfugia dans un coin et entreprit de se dévêtir. L'air froid lui piquait la peau.
La poignée du robinet lui opposa quelque résistance. De prime abord, Opaline craignit de demeurer là, nue et tremblante, dans l'austérité de la salle d'eau. Enfin la mécanique céda ; le fluide s'écoula dans un chuchotis fort agréable.

L'eau était très tiède, apte cependant à lui délier les muscles. Peu à peu, sous les caresses de la douche, la jeune femme parvint à se détendre. Un apaisement - qui n'était pas sans lien avec son extrême fatigue - tomba sur son être. Aussi, lorsque les grincements de la porte lui parvinrent, ses paupières restèrent closes. Elle lança :

- Tu as vite fait.

- Moi non plus, je n'espérais pas te revoir si tôt.

Opaline ouvrit de grands yeux effrayés. Elle se sentit soudain comme une biche aux abois. Car la voix parvenue à ses oreilles portait des accents rauques, moqueurs.
Et masculins.
Théophile Fauvevent, une fossette malicieuse au coin des lèvres, marchait à grand pas audacieux dans sa direction. A ses côtés, un jeune homme brun - celui-là même qu'elle avait croisé la veille. Sans tergiverser davantage, Opaline bondit vers sa serviette. Elle drapa les pans salvateurs autours de sa poitrine, se doutant que cela ne changerait guère sa situation : le sourire des deux compères paraissait trop large - trop animal - pour être honnête.
Le rouge lui embrasa les joues. De toute sa vie, jamais elle n'avait ressenti de honte plus brûlante. Quelques larmes d'impuissance lui piquèrent les paupières quand les garçons virent se dresser devant elle. Leur moue goguenarde n'arrangeait rien.

Théophile prit la parole. On sentait dans son timbre des rires contenus :

- Ah, très chère Aline. Je ne crois pas que tu connaisses déjà mon meilleur ami, Liam ?

L'autre s'affaissa dans une courbette tout à fait ridicule. Ses prunelles céruléennes brillaient d'une telle gourmandise que le trouble d'Opaline redoubla.

- Je...euh...

La jeune femme brûlait tant du désir de s'expliquer que de celui de fuir : en tout et pour tout, elle ne parvenait qu'à bégayer. Théo passa une main dans ses boucles. Porteur d'une grimace joviale, il poursuivit :

- A titre d'information, tu es dans la salle de bain des garçons. Celle des filles se trouve dans le corridor d'en face. Non pas que ta présence nous dérange, mais tu ferais mieux de filer avant de t'attirer des ennuis.

Opaline rassembla ses affaires en hâte et s'en fut sous les rires des garçons. Dans d'autres circonstances, peut-être aurait-elle - elle aussi - succombé au comique de la situation. Mais elle s'en voulait. La jeune femme se détestait pour sa niaiserie, son ridicule, sa honte. Et, pis que tout, elle dépréciait sa naïveté, laquelle l'avait entraînée par deux fois dans les ruses de Gabrielle. Elle s'admonesta à mi-voix :

- Quelle dinde, ma pauvre fille !

- Tiens donc, mais qu'avons-nous là ? Vous, devant une salle révolue aux hommes ?

Opaline interrompit sa course, ainsi que ses doléances, dans une glissade. Sans qu'elle l'eût remarquée, Miss Rudoie lui faisait face. Son chignon était parfait, ses yeux étrécis de concupiscence. Au pli de ses lèvres écarlates s'ajoutait une moue malsaine. Finalement, Opaline craignait davantage l'avidité de la directrice que celle des garçons.
Cette femme la répugnait.
Miss Rudoie tapota son épaule nue d'un ongle sarcastique.

- Je ne sais quelles valeurs vous inculqua votre mère mais ici, la dépravation se blâme. Vous viendrez me rejoindre dans mon bureau. Vingt heures tapantes.

Le sourire de la femme s'ourla de mesquinerie :

- Faites en sorte que votre journée n'empire pas.

Les heures suivantes, Opaline s'employa à appliquer le conseil de la directrice : elle demeura stoïque, porteuse d'une conduite exemplaire. Il fallait convenir que l'emploi du temps de l'Onirium laissait peu de place à la fantaisie - pour autant qu'elle se tînt loin de Gabrielle ou de Théophile.

Durant la matinée, les pensionnaires suivaient quelques enseignements d'étiquette. On dispensait aux filles les règles du protocole. Une gouvernante, dont le timbre atone semblait s'éteindre à peine ses lèvres franchies, discourait tant sur l'art de la révérence que sur la manière d'accommoder les fleurs. Dans le préau, les garçons se livraient à l'activité physique. Leur maitre portait sur eux un regard passif. Il ne décroisait les bras qu'à de brefs instants, où l'on exigeait qu'il montrât l'exemple.

A l'heure du repas, les pupilles serpentaient en files régulières jusqu'au réfectoire. Là, avec une rigueur militaire, on leur distribuait potage et tranche de pain. Opaline s'effraya à la vue du cuisinier. S'était-il aperçu que des biscuits manquaient dans la boîte en fer ? Pouvait-il se douter que ce fut-elle, la voleuse ? La jeune femme se tortilla, mal à l'aise, tandis que la louche claquait le fond de son écuelle.

- Bon appétit, dit le maussade cuisinier.

Et il s'éloigna. Alors que, soulagée, la fautive redressait la nuque, elle entr'aperçut, à son opposé, Théophile Fauvevent. Il riait à une plaisanterie de Liam, brillant par l'extravagante envolée de ses boucles d'or. Le garçon respirait l'innocence.
Ils s'en furent ensuite aux cours de l'après-midi. Les classes se répartissaient, selon l'âge des enfants, entre cinq professeurs. Une trentaine d'adolescents s'engouffraient alors dans une petite salle obscure, bordée de hublots, austère dans l'alignement des pupitres. Opaline fut initiée à la métaphysique des ombres par l'institutrice Prudence. La femme frappait le bureau de sa baguette selon son propos. Sa coiffe grise drapait son visage de sévérité ; quant au reste, elle possédait un strabisme divergent.

- Bien. Voyons ce que vous avez retenu de vos précédentes leçons. Vous !

Opaline sursauta. Elle n'était pas tout à fait sûre que le regard de l'institutrice la désignât, mais la baguette de bois pointait, autoritaire, dans sa direction. Entraînant un pénible raclement de chaise, la jeune femme se dressa. L'attention, quoique diffuse, de ses camarades, rendit ses mots hésitants :

- Je viens à peine d'arriver.

- Voici une raison de tester vos connaissances. Citez les trois défauts humains dont l'Incubation, c'est-à-dire l'ablation de l'ombre, purifie l'adulte.

La jeune femme s'accorda un temps de réflexion. Si sa mère avait voulu qu'on lui enseignât la lecture et l'écriture, elle ne lui parlait guère des pratiques de l'Empire. Après une hésitation, Opaline s'enhardit à prononcer :

- Le doute, l'imagination, l'envie ?

- C'est juste, approuva Miss Prudence. Savez-vous pourquoi seuls ces travers sont taxés de primaires et ainsi seuls concernés par l'Incubation ?

- Je l'ignore.

- Matilda Dupied ?

Alors qu'Opaline retrouvait l'assise de sa chaise - en même temps que son anonymat -, une élève s'extirpa du premier rang. Elle débita sa leçon d'une traite :

- Il s'agit des défauts primaires car d'eux, toutes les autres imperfections de l'Homme découlent. Le doute engendre la peur ; la peur pousse à la violence. L'imagination s'emploie à égarer les esprits ; elle embrase les sangs chauds par le moindre prétexte au conflit. En son sein naissent mensonge et cruauté. L'envie, enfin... Affirmons qu'il demeure en ce caractère les plus viles dispositions : l'envie vous pousse à voler qui un bien, qui un corps, qui une vie. Sans l'envie, nulle luxure. Nul crime.

- Bien, dit l'institutrice. Les adultes ne possèdent pas d'ombre. Aucune lumière, qu'elle soit mono- ou polychromatique, polarisée ou non, ne fait jamais naître d'ombre à nos pieds. Expliquez comment l'extraction des péchés entraîne une disparition de l'ombre physique ?

Avec aisance, l'élève rebondit :

- Il s'agit d'équilibre. Lorsque l'adulte se purifie de sa noirceur morale, il convient que son ombre disparaisse aussi. Les Incubés n'ont pas d'ombre en raison de la perfection nouvelle de leur âme.

- Parfait. Poursuivons maintenant.

L'après-midi s'allongea. Au dehors, le blizzard emplissait l'horizon de souffles blanchâtres, à mesure que les flocons mouraient au bas des fenêtres. La violence du froid faisait sembler le confinement de l'Onirium plus pesant encore. Dans la salle d'étude, on entendait surtout le métronome de l'horloge, parfois entrecoupé de la lugubre plainte des rafales. Tout oppressée qu'elle fût par la statique du temps, Opaline redoutait le crépuscule.

Alors que la nuit tombait, accordant au ciel un aspect plus agressif encore, la jeune femme parcourut, fiévreuse, les couloirs de la bâtisse. Le souper s'achevait à peine. Elle s'en allait trouver Miss Rudoie et, à chacun de ses pas, son cœur s'empesait davantage. Cet endroit la rebutait : sa morne rigueur lui interdisait le deuil de sa mère et ses pensées restaient prisonnières de son crâne. Parvenue devant la porte directoriale, Opaline lissa son sourcil gauche - un futile appel au calme - avant de laisser sa main cogner le chambranle. A peine le choc résonna-t-il qu'une voix lui parvint :

- Entrez.

Elle poussa la porte. Un candélabre brûlait au centre de la pièce. Sa lumière s'absorbait dans les fioles le long des murs, lesquelles voyaient alors leur sang luire doucement.
Miss Rudoie leva sur la jeune femme un regard distrait. Elle s'affairait au classement de parchemins. Les rais des bougies creusaient ses joues. Opaline remarqua une tache de vin à la lisière de ses cheveux. Comme la directrice ne daignait considérer sa présence, l'adolescente la souligna d'une toux timide. Il y eut un silence, puis :

- Regardez donc sur la console à votre gauche, l'enjoignit-elle.

Pour toute réaction, Opaline s'exécuta. Un camée reposait là, luisant dans l'éclat feutré de sa chaîne d'or. Ce collier, elle l'avait vu au cou de sa mère ; autrefois, pour l'endormir, la femme en faisait miroiter la surface devant ses yeux.
Ses doigts s'en emparèrent afin de le porter à hauteur de visage. Gravé finement sur le disque d'ivoire, le profil de Turquoise Verrepois s'offrait au regard. Qu'elle était belle ! On trouvait, dans la grâce de son maintien, dans le pli altier de la bouche, quelques indices d'une haute naissance. Le visage était long, agréable, souligné d'une opulente chevelure. Le travail de l'orfèvre rendait justice à sa beauté, minutieux jusqu'à imprimer de minuscules taches de rousseur sur les pommettes de l'effigie.

Opaline lissa le revers de l'image d'un pouce malhabile. Sa mère... Comme elle lui manquait ! Le fantôme de son cadavre se superposa au profil du bijou. La jeune femme retint un souffle douloureux. Il n'était pas bon d'accorder crédit à ces visions ; pourtant elles hantaient son âme à l'excès, sournoises au point de réduire sa perception de Turquoise à un corps éclaté. Nuls souvenirs exempts de mort ; tous, jusqu'à celui de son rire, se paraient d'une ombre sanglante.
Une larme délaya l'ambre des prunelles d'Opaline. Ses lèvres se pincèrent afin d'endiguer les autres. Il apparut que son désarroi alertât la directrice. Elle se dressa soudain à ses côtés. Le souffle de son murmure hérissa l'oreille de l'adolescente :

- La milice a saisi votre appartement ce matin, à l'aube. Ce bijou constitue le seul héritage de votre mère.

La directrice s'approcha encore. Ses doigts gourds virent joindre ceux d'Opaline autour du camée. La jeune femme contint à grand peine la violence que lui inspirait cette proximité. Elle reporta un regard vacillant vers le mur tandis que l'autre poursuivait.

- Je pense qu'il vous serait possible de l'avoir si - elle s'empara du bijou d'un geste sec - vous vous comportez correctement. Ainsi - elle le glissa un tiroir - nous sommes assurées de votre discipline.

Un chuchotis outré retroussa les lèvres d'Opaline :

- Vous n'avez pas le droit.

- Ah non ? gloussa-t-elle. Je connaissais votre mère : elle jouissait de certains privilèges qui l'emplissaient de suffisance. Je serais désolée que vous méprisiez pareillement les règles établies. Je m'assure ainsi que vous restiez dans le droit chemin.

La jeune femme lança un regard féroce à Miss Rudoie. Celle-ci demeura impassible sous le feu de ces imprécations muettes. Elle secoua une main lasse :

- Ce sera tout.

Alors, le pas lourd, la mine déconfite, l'âme noire, Opaline regagna sa chambre. Les semaines allaient lui paraitre bien longues entre les murs de l'Onirium

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