Papa Maman Les enfants

By LaliVerdier

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Après la mort de son père, Werenn Verdier tente de trouver sa place dans une ville qu'il ne comprends pas. C'... More

POUR LES BEAUX YEUX DE LINE
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PROUVE MOI QUE TU ES MON PERE
PROUVE MOI QUE TU ES MON PERE
PROUVE MOI QUE TU ES MON PERE
MINUIT MOINS DIX
MINUIT MOINS DIX
MINUIT MOINS DIX
MINUIT MOINS DIX - Epilogue

PROUVE MOI QUE TU ES MON PERE

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By LaliVerdier

Salut ! Comment ça va ?

Maman n'a rien voulu me préciser pour hier, elle m'a criée dessus quand j'ai essayé. Je suis désolé, sur ce sujet je ne veux la forcer à rien. Je comprends qu'elle ai du mal. C'est toujours assez récent, au fond. J'ai espoir qu'elle se remettra vite mais le médecin qui est passé faire une vérification de routine m'a parlé en privé pour me dire de ne le brusquer sous aucun prétexte. Je comprends, même si au fond de moi, même si je sais que c'est mal, je suis un peu agacé par son attitude.

A la télévision, ils ont dit qu'il allait peut-être à nouveau neiger. Elle m'a appelée pour le journal télé en criant à travers la maison tellement elle avait hâte, mais l'extrait sur notre ville n'est pas passé et elle était déçue. Je l'ai rassurée en lui disant que ça passerait probablement demain mais elle savait autant que moi que c'était peu probable, ils avaient sans doute simplement supprimés la vidéo.

On a passé la journée à discuter, tous les deux, c'était peut-être la première fois depuis des mois qu'on passait une journée ensemble, en fait. J'ai trouvé ça sympa, Maman a dit qu'elle ne le referait plus avant longtemps. On s'est offert des cadeaux, je lui ai donné ce livre qu'elle voulait depuis au moins des années, que j'avais déniché dans une brocante après les cours, le genre de chose qui normalement n'arrivent pas. Son cadeau pour moi, c'était un roman policier en premier, mais surtout un carton d'affaires t'appartenant qu'elle n'avait pas osé ouvrir. Il est sur mon lit, depuis hier je ne l'ai pas encore touché. Je n'osais pas mais je pense que je le ferais tout à l'heure, avant de dormir.

Ce matin, j'ai cru que Maman allait m'annoncer qu'on ne faisait rien. Elle ne m'avait pas réveillé et rien n'était près pour accueillir les invités. Elle m'a dit qu'elle était trop fatigué pour ce genre de chose, alors je me suis occupé de ranger en vitesse et prié que les invités ne remarquent rien quand ils sont entrés dans le salon. On n'avait pas invité grand monde, Antoine, Marie et Pierre, les jumeaux, Line, et un collègue de Maman qui vivait loin de sa famille, et tous le monde semblait suffisamment heureux d'être présent. Je me suis senti soulagé de la situation. C'était bien plus calme que toutes les autres années, mais aussi agréable à sa façon. J'ai remercié Maman de ne pas avoir convié le reste de la famille. On s'est mis à table, et Line qui s'était bien plus soignée que d'habitude, cheveux parfaitement coiffés et longue robe, m'étais également reconnaissante de l'avoir invitée. Même si les adultes on paru assez gêné qu'elle ne soit pas dans sa famille mais dans une autre, personne n'a protesté et nous nous sommes mis à table assez vite. C'était un repas somme toute classique, personne ne s'était montré trop ambitieux, mais c'était très bien comme ça. Maman était émerveillée par la vie qui agitant sa maison dont on avait ouvert en grand les rideaux pour laisser entrer la lumière.

Antoine nous a très vite attiré dans le couloir, Line et moi, pour qu'on lui donne des explications par rapport à hier. Trouver une excuse valide s'est révélée un jeu un peu trop dur et Line a très vaguement avoué, sans donner de précisions aucune.

- On a peut-être quelques problèmes avec la mairie, histoire de théories tout ça, rien de grave...

Antoine a ouvert grand les yeux, l'air de croire qu'on se foutait de lui.

- L'important dans tous ça c'est le « peut-être » a conclu Line, et je n'aurais pas formulé ça mieux. Il a paru fatigué, sans nous croire, ce qui tombait plutôt bien. Quand on est revenus dans le salon, les jumeaux dansaient ensemble, et maman riait aux éclats. Je suppose que de leur côté tout s'était bien passé. Le collègue dont je n'ai pas retenu le nom à l'heure qu'il est semblait vraiment reconnaissant d'être là et s'était mis sur son 31, chemise blanche sentant le propre et chaussure plus cirée que le sol, plus que Maman elle même qui s'était contentée de ressortir sa robe rouge de fête et quelques colliers de perle. Il m'a regardé longuement dans la soirée, et je l'ai entendu chuchoter, la voix émue, que je lui rappelais un peu son fils.

Tout s'est bien passé. Comme chaque année, comme toujours, comme si de rien n'était. C'était comme avec toi, juste sans toi. Je dis pas ça par rapport à quelque chose de précis, et bien sûr que j'aurais aimé si fort que tu sois là. J'ai passé un peu de temps avec Line dans la soirée, avant de sortir pour aller au cimetière. On s'est dit au revoir, et je suis descendu en me demandant si au final ce n'était pas plus simple comme ça. Toi, moi, toutes les histoires et le temps qui passe. Je n'ai vu personne d'autre, alors que toujours habituellement je vois au moins une personne au loin, le cœur serré et l'air solennel, méditant en regardant le ciel, parfois une ou deux personnes se baladant le long du mur. Ce soir là, personne. Juste nous deux au milieu du monde. Je suis désolé si tous ce que je t'ai confié t'a paru confus, absurde.

Je suis rentré, là. A la télé ils prévoient une tempête d'ici demain ou après-demain. La mer se déchaîne, la mer se déchaîne. Quand je suis remonté dans la chambre, l'écran de l'ordinateur clignotait. Je me suis vite connecté, et j'ai vu qu'en dehors de Line qui devait être encore en chemin tous le monde était là et parlais de l'auteur du sujet. Il nous avait souhaité une bonne fête sur le chat, lui qui ne parlait jamais.

Le forum vient d'être supprimé. Je ne sais pas si quelqu'un en ré-créera un. Et quand bien même quelqu'un le recrée bel et bien, il y a peu de chance qu'on retrouve l'adresse. Mais l'auteur du sujet est toujours là. Sur notre petite salle de chat. Rien n'est perdu.

Je dois te laisser, demain les cours et la vie habituelle reprennent. Bonne nuit !

Werenn

*

Salut !

Tu sais ce qui ne m'avais pas manqué ? Bien deviné, les cours ! Trois jours de pause, ça fait un bien tel. Mais comme nous a dit notre professeur, si il n'y avait pas de lycée, avoir des vacances serait absolument inutile et surtout, personne n'en profiterait. Et puis, l'être humain a absolument besoin d'une occupation, si on ne bossait pas, on tomberait tous dans une apathie impressionnante. Mieux vaut pas essayer. Mais tous de même. Le positif, c'est qu'on a pu se réunir dans la cafétéria à midi avec Ethan, Jeanne, Léna, Eva et Line pour parler un peu plus de ce qui s'est passé hier soir. L'auteur du sujet (qui utilise comme pseudo une suite de chiffres que je ne retiens jamais) nous avait souhaité une bonne fête de l'hiver, tout dans notre langue, lui qui ne parlait habituellement jamais, ni sur le chat ni pour répondre à nos questions sur le forum.

Et on avait trouvés quand à nous une caméra de plus, cette fois-ci non plus sur un immeuble mais sur un vrai bâtiment administratif.

Malgré tous ses progrès, il restait qu'on manquait cruellement de preuve, et que l'auteur qu'on aurait pu rencontrer depuis longtemps, préférait transformer le tout en un sorte de jeu de piste stupide. Mais jusque là, il ne s'était jamais foutu de nous et tous ce qu'il avait posté était vrai. Ce qui changeait beaucoup de choses. Les professeurs regardaient d'un mauvais œil notre bande d'amis, probablement depuis l'incident avec l'entreprise Cecil. La seule façon de vraiment vérifier une fois pour toute serait d'infiltrer Cecil d'ailleurs (ahah, humour, il est tellement drôle ton fils hein.) autant dire qu'on va sagement attendre que l'auteur nous révèle de nouvelles informations.

Autant dire qu'on va attendre longtemps. Mais en dehors de ça, on à beaucoup parlés du lycée et des examens qui approchent à nouveau. Je me suis remis au boulot un peu plus, évidemment mais je reste déprimé par mes derniers résultats (défaitiste ?).

Line semblait particulièrement ennuyée par le sujet, comme habituellement. Elle tournait en rond devant nous, essayant je suppose de nous forcer à changer de discussion, ce qui ne marchait pas vraiment. Ethan avait gardé dans son sac une bouteille cette fois totalement réellement vide, juste pour le plaisir de vois nos visages effrayés, ce qui marchait plutôt bien je dois l'avouer. Mais j'avais quand même envie de lui mettre des baffes. Dans l'enceinte du lycée, je devais me retenir.

Eva était très nerveuse, comme dès qu'on mentionnait les cours, en réalité. J'ai essayé de l'aider avec Jeanne pendant que Léna se contentait de monologuer seule pour je ne sais qui sur le complot.

Je te décrit ça pour que tu vois comme parfois c'est aussi épuisant d'être avec eux. Parfois c'est bien.

Mais parlons des cours, parlons des examens.

- Je vois paaaas, l'utilité, vraiment.

- On sait, Line, mais toi tu t'en sors bien donc tu n'as pas le droit à la parole.

- C'est injuste.

- j'espère que ça va bien se passer.

- Comme tous le monde. Si tu espères rentrer dans ta fameuse grand école, il va falloir que tu t'accroches, d'ailleurs. Pourquoi tu vises si haut, en fait ?

- Je vais voir à rentrer quelque part tout simplement, d'abord. Je prie juste pour pouvoir partir dans une grande ville.

- C'est le rêve du tous le monde, ça. Je ne veux pas être méchante mais j'ai du mal à voir pourquoi toi tu y arriverais en particulier...

J'ai soupiré parce que je savais qu'elle avait un peu raison aussi froide était Eva.

Ça te dérangerait, toi, si j'abandonnais ?

On s'est dit en revoir pour retrouver les professeurs et leur banalités sur les examens. Encore, toujours, les même choses, et ce jusque la fin de l'année. Je voyais le temps s'étendre au fur et à mesure que le cours avançait et que l'aiguille de l'horloge ne daignait pas avancer. On avait un mois devant nous cette fois, pour réviser. Si je m'y prenais mieux, si par exemple je réussissais à écouter le cours Dehors, il s'est mit à neiger et tous les yeux se sont tournés vers la fenêtre, interrompant le cours définitivement.

Revoilà l'hiver, juste trop tard. Je me suis rendu compte que tout devenait de plus en plus étrange ces derniers temps. La neige, le réchauffement climatique, les complots, Maman, le cimetière, le forum Line, Antoine, les autres. Chaotique. Dans ma poche, mon portable a vibré, et j'ai profité du chaos provoqué par la neige pour regarder le message. C'était une notification d'un message du chat, et j'ai regardé. Quelqu'un avait envoyé un message vide. Je me suis demandé si mon portable refusait de marcher mais Line me confirma à la sortie des cours que je n'étais pas seul.

- J'ai eu pareil et j'ai pas plus compris. C'est probablement un truc louche de l'auteur, un virus ou je sais pas quoi ! Qu'est-ce qui nous prouve que c'est pas un traître ?

Elle dansait devant moi.

- Traître de qui, traître de quoi ?

- Bon alors ça, ça reste à déterminer mais je te pose la même question pour ces histoires de complots, c'est plus que louche. Quel est le but de tout ça ?

Elle semblait se penser particulièrement perspicace ou grand détective.

- C'est la question que je te pose depuis le début !

- Et pourquoi ne pas avoir persévérer, Werenn ? Parce que maintenant je te le dis : Les caméras dissimulées partout servent à surveiller la population pour retrouver un dangereux criminel caché dans le coin.

J'étais déjà épuisé.

- On doit pas vivre dans la même ville, parce qu'un criminel dans le coin c'est plutôt improbable. Et quand bien même je ne vois pas en quoi mettre des caméras permet de retrouver les grands criminels.

- Ok pour les caméras, mais explique moi comment Anne est morte si il n'y a pas de criminel dans le coin ? Cette ville est plus dangereuse que tu ne le penses.

Je me suis senti stupide, j'avais complètement oublié sa cousine. L'histoire avait fait le tour du pays, pourtant et je ne sais même pas comment j'avais fais pour ne pas y penser.

- Désolé. J'avais...

- Oublié ? Pas grave.

Elle avait la voix sèche, gardait son regard droit devant elle. J'ai laissé un silence pour qu'elle comprenne que je m'excusais vraiment. Elle a finit par s'arrêter soudainement, au milieu de la rue, sans rien dire.

- Ton père est mort de quoi ?

J'ai été déstabilisé par la question. Parce que je m'y attendais peu et qu'en temps général ça ne se demandait pas, surtout à cet instant surtout sur ce ton.

- De maladie. Une maladie plutôt commune, mais assez dévastatrice. On ne m'a pas dit grand-chose à son sujet, ça se trouve surtout dans les grandes villes, pas dans celles de campagne. Rien d'exceptionnel. Pourquoi ?

C'était presque amer à admettre. On n'en parlait pas trop ni avec Maman, ni avec personne. Pas qu'il y ai une quelconque honte à avoir. Juste que c'était arrivé vite et que c'était inattendu. Je ne saurais pas trop te dire, mais peut-être simplement qu'il était bizarre d'admettre que la maladie prenait des gens, aussi solide, talentueux et respectables étaient-ils. C'est la loi de la nature je suppose.

Elle semblait à nouveau triste, et je me demandais comment elle faisait pour changer si vite d'émotions. J'allais probablement finir par m'y habituer, mais pas avant un certains temps.

- Pour rien du tout, Werenn.

- Si, dis.

Elle m'a ignoré, et on à recommencé à marcher comme si souvent en revenant des cours ou nous flottions dans les airs. J'ai regardé longtemps Line. Je n'arrivais pas à savoir ce qu'elle complotait, mais elle avait l'air si concentré que je ne voulais rien briser avec ma parole. Je crois qu'elle m'en remerciait en ces moment là. Je me suis demandé si elle pensait à ta mort. Ça avait l'air de la toucher plus que la mort de sa cousine et j'avais du mal à comprendre comment c'était possible. Je me suis rendu compte qu'elle ne m'avait jamais parlé de sa famille, a

à part pour se plaindre de sa mère, et que chaque fois que j'abordais le sujet elle y semblait tellement insensible. Peut-être qu'il s'était passé quelque chose de grave.

Quand on s'est retrouvés devant le cimetière, l'éternel cimetière, elle s'est enfin décidée à rompre le silence entre nous deux, et je me suis senti un peu mieux.

- Dis moi, dans le futur tu comptes vraiment partir ? Loin ?

- C'est un truc que j'espère. Mais je suis pas vraiment sûr, si c'est la question, vu mes notes je m'avancerais pas trop.

- Arrête de parler des cours, je te parle pas de ça. Qu'est-ce que tu voudrais ? Une nouvelle vie ? Un meilleur métier ? Un meilleur endroit pour vivre ?

Sa voix était chargée de colère, pour une raison que j'ignorais. Une saute d'humeur.

- Je voudrais un peu retrouver la ville dont mon père me parlais souvent quand j'étais enfant. Je ne sais pas si j'y vivrais, Line. Je veux juste voir ailleurs, au moins pour quelques temps. Si tu veux, je reviendrais te voir.

- Je veux bien que tu reviennes me voir.

C'était juste ça ?

- Parfois, j'ai du mal à te comprendre Line, tu le sais ?

- Me comprendre ? Pour quoi faire ?

C'était une vrai question de sa part, et je ne savais pas vraiment.

Je l'ai prise dans mes bras. Juste comme ça. Et parce qu'elle semblait triste.

- A quoi tu penses, Line ?

J'avais presque peur de la réponse.

- Je pense à rien du tout. Je pense aux complots et à toi qui veut partir. Si ça se trouve je vais me faire tuer par un de ces agents-secrets de la ville pendant que tu feras des études ennuyeuses à l'autre bout du monde.

- Pourquoi est-ce que tu te ferais assassiner, Line ? Arrête d'être paranoïaque, de toute façon tu n'est pas tout seule.

- Si le complot est vrai, on voudra probablement nous assassiner pour ne pas que l'on dévoile la vérité aux yeux du monde et d'ailleurs si ce complot est vrai, techniquement parlant ils savent qu'on est au courant. Il y a 1000 raisons pour qu'on en meurent.

J'ai soupiré. Cette histoire était bien trop anxiogène pour une théorie, et depuis quelques temps elle prenait de plus en plus de place dans nos discussions, ce qui était plutôt épuisant.

- Arrête de croire que c'est vrai, s'il te plaît, tu sais très bien ce qu'il en est. Certes il y a les caméras mais comme tu le dis, la ville est peut-être dangereuse, puisque le coupable de.... N'a jamais été arrêté. Ça n'est probablement pas un but de surveillance à but mauvais.

- ça rends ça acceptable, le fait qu'il y ai un criminel dans le coin ? Du coup on nous surveille tous alors qu'on a rien fait, nous ? Merci bien ! Bravo, on applaudit la mairie, on applaudit la ville, surtout quand on voit ô combien ça porte ses fruits ! Ils n'ont jamais été capable de trouver quoi que ce soit à propos de cette histoire, Werenn, c'est pas maintenant avec leurs caméras à la con qu'ils vont le faire !

Elle s'est détachée de moi, énervée à nouveau. Moi je n'en savais rien, de si c'était acceptable ou non. Mon silence l'a calmée très vite et elle à reprit ses esprits. Elle fixait le sol, balançant sa tête comme si elle tentait de se reconcentrer, et j'observais ses cheveux noirs dans lesquels s'était déposés quelques flocons fondus glisser le long de ses épaules.

- Je suis désolée. Je crois que je suis un peu fatiguée en ce moment.

Encore la fatigue ? Toujours, la fatigue ?

- C'est pas grave, hein. Je comprends. On doit tous l'être.

Elle à hochée la tête, sérieuse. Doucement, elle a reposée son regard gris sur moi.

- Tu viens ? On marche un peu.

Elle semblait plus enthousiaste chaque seconde qu'on s'éloignait du chemin vers nos maisons.

On est redescendus vers le port, à plus tard le cimetière. La mer était toujours agitée, et nous avons continués à marcher traversant la ville jusque la côte, ou je l'ai suivi sur les rochers en souriant. Je me doutais que Line était le genre de personne à apprécier les tempêtes et la poésie et les vagues. Elle était plus petite et donc plus habile que moi et se déplaçait avec une certaine aisance, ce qui n'était clairement pas mon cas vu que je manquais régulièrement de tomber. Enfin, elle s'est décidée pour un rocher plat surplombant l'eau, un sorte d'observatoire pour n'observer pas grand-chose à moins d'être particulièrement intéressé par les sanglots de la mer. Comme elle.

- Tu vois ça ? C'est géant !

Le vent d'où on était était plus fort et la neige volait élégamment au dessus de nos têtes. C'était un spectacle plutôt impressionnant, je pouvais le reconnaître. J'ai regretté de ne pas avoir pris mon appareil photo pour capturer sa silhouette et la mer partout autour. Je me suis assis sur la pierre inconfortable, pendant qu'elle restait dansante sur ses deux pieds, ce qui m'inquiétait un tout petit peu.

- Ne t'approche pas trop, hm.

Elle m'a ignorée quelques secondes, avant de finalement se calmer et de se contenter de regarder le paysage, l'air serein. J'aimais toujours autant cette expression sur son visage un peu pale et un peu enfant. Elle semblait d'un coup capable d'affronter le monde, bras ouvert vers l'étranger et le nouveau.

- Je voudrais pouvoir rester face à ce paysage longtemps, Werenn. Je veux juste pouvoir rester ici, surtout avec vous, peut-être sans puisque vous voulez partir. Je veux pouvoir partir de chez moi, vivre dans une petite maison, sortir souvent pour marcher dans les rues et observer les autres mener leur quotidien tranquille, me sentir parfois un peu triste parfois un peu heureuse pour eux. Je voudrais pouvoir me persuader que je puisse avoir le choix, que si demain je voulais partir, je n'aurais qu'a franchir le pas de la porte. Je m'illusionne, un peu non ? ...Si je pouvais, ça fait longtemps que je serais parti, et pour toujours. Mais j'ai un peu cette peur au fond de moi de découvrir que le monde est différent ailleurs, que rien n'est vraiment beau et que personne ne partage mon rêve. Je ne veux pas rêver seule. Je me dis, si seulement toi ou n'importe qui m'avouait à demi voix que lui aussi rêvait d'instants ennuyeux et lyriques, de choses éphémères et d'exploration du monde, alors peut-être que j'aurais le courage de m'avancer vers l'inconnu. En attendant, je reste ici et je m'assois sur les rochers avec Werenn Verdier à parler de choses irréalisables. Un tout autre plan. C'est sympa à sa façon.

J'ai pris sa main, et l'ai embrassée, doucement, juste un peu.

- Je t'aime beaucoup, Line Aven.

- Moi de même.

- Je voudrais pouvoir te promettre pleins de choses, et surtout de pouvoir passer du temps avec toi, quand on grandira. Je me dis, je sais que c'est triste, que si je rate, peut-être qu'on pourrait partir ensemble pas très loin ?

Elle a fermée les yeux, sourire aux lèvres, laissant un long silence entre nous deux. Elle était belle.

- J'espère égoïstement que tu vas rater tes examens.

Sourire pour sourire.

- J'espère égoïstement la même chose.

Dis, Papa, est-ce que tu m'en voudrais ? Est-ce que tu m'en veux, en fait ? On peut peut-être rêver plus brillant pour un fils que des complots et le temps qui passe. Je te comprendrais si tu était déçu. Ce sont des choses qui arrivent. Qu'est-ce que tu dirais, si je tombais amoureux ?

Pour tout, je te souhaite une douce nuit, de celles qui portent conseil aux vivants.

Werenn  

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