Black Eye

By mlvchaat

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Après une énième mission nocturne, Labydug a un accident. Avec l'aide de Tikki, Marinette tente de cacher la... More

Black Eye|Partie 2

Black Eye|Partie 1

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By mlvchaat

Il était vingt-trois heures trente. Un calme, tout relatif, régnait sur Paris. Les Parisiennes, Parisiens et touristes, menaient leur vie comme d'habitude. Certains profitaient des nombreuses activités nocturnes de la capitale, d'autres s'immortalisaient, flânaient non loin des nombreux monuments illuminés, mais la plupart d'entre-eux se trouvaient entre quatre murs, devant un écran, un livre, un cahier, assis dans un fauteuil ou une chaise, allongés dans un lit, actifs ou endormis, se reposant d'une journée éreintante. Comme si rien ne s'était passé...

« Rah ! C'est pas possible ! »

Cette exclamation, empreinte de colère, mais aussi de douleur, n'était autre que celle de Ladybug, l'héroïne de Paris. Elle marchait sur les toits du groupe d'immeubles attenant à la Boulangerie Dupain-Cheng. Habillée de son costume rouge à points noirs, elle essayait tant bien que mal de rejoindre la terrasse de son domicile, sa main gauche essayant de trouver un point d'appui, tandis que la droite recouvrait une partie de son visage masqué.

« Ça fait super mal ! »

Ladybug, accompagnée par son fidèle coéquipier Chat Noir, venait tout juste de mettre fin à une nouvelle attaque du Papillon.

Celui-ci avait akumatisé une mère de famille qui n'arrivait plus à contenir l'énergie débordante de ses trois enfants. Devenant Calmama, la pauvre femme avait acquis le pouvoir de rendre calme toute personne qu'elle croisait sur son chemin avec un rayon sortant de son index droit. Ses victimes se retrouvaient alors allongées, incapables de faire le moindre geste, comme si elles avaient été privées d'énergie. Les deux héros avaient très vite réussi à déceler l'emplacement de l'akuma, l'alliance de la mère, et le problème n'avait pas trop été difficile à régler.

« Mais pourquoi faut-il que ça tombe sur moi encore ? »

La coccinelle n'en revenait toujours pas de ce qu'il venait de lui arriver.

Pourtant, elle avait été attentive à l'environnement qui l'entourait durant tout le trajet qui était censé la ramener chez elle.

Il fallait croire que sa maladresse de son identité civile l'avait rattrapée...

« J'ai vraiment la poisse... »

Normalement, la malchance était affiliée à Chat Noir, mais pour le coup, la rouge n'en était pas en reste.

Alors qu'elle venait tout juste de prendre congé du félin, et qu'elle virevoltait dans les airs à l'aide de son yo-yo, l'héroïne s'était posée avec grâce sur un toit pour rependre de l'élan. Sans doute réveillés et apeurés par son arrivée, de nombreux pigeons s'étaient soudainement élevés dans les airs, volant de façon totalement aléatoire. Et bien sûr, il avait fallu que l'un d'entre eux vienne la percuter violemment, lui faisant perdre l'équilibre, et faisant cogner son malheureux œil droit contre le rebord d'une cheminée.

« J'en peux plus... »

De son œil valide, Ladybug vit enfin la terrasse de la maison familiale.

Il ne lui restait donc que quelques mètres à faire avant d'être enfin à l'abri des possibles regards indiscrets nocturnes.

Ainsi, après quelques minutes d'effort, elle posa enfin ses pieds près de la chaise longue où elle aimait se détendre lorsque le soleil brillait.

« Foutus pigeons... »

Par la trappe, elle entra dès lors dans sa chambre sans un bruit, et s'allongea très vite dans son lit. Ce fut à cet instant précis que son costume de super-héroïne s'évapora par magie, et que Tikki, la kwami de Ladybug, fit son apparition à ses côtés.

« Marinette ? Demanda le petit être rouge, inquiète. Tu vas bien ?

- Non... Répondit timidement l'intéressée, des larmes commençant à couler depuis ses yeux clos. J'ai mal... Mon œil me fait horriblement mal...

- Calmes-toi Marinette... Fit Tikki en câlinant la joue sa porteuse. Calme-toi... Ce n'est pas grave... Ton masque de Ladybug t'a bien protégée. Tu t'en sors très bien... »

Tikki s'éleva ensuite légèrement dans les airs, voulant constaté les dégâts. À la lumière de la lune, elle vit le gonflement assez significatif des paupières de l'œil concerné, leurs rougeurs, et le désarroi grandissant de la jeune fille.

« C'est horrible Tikki... Sanglota l'adolescente. Tout le monde va voir... Tout le monde va me poser des questions... Je... Je... Je n'arriverai pas répondre... Ils vont croire que... Et Adrien... je ne pourrai jamais me marier avec lui... nous n'aurons jamais une grande maison... jamais trois enfants... pas de chien... pas de hamster... Ma vie est finie ! »

La kwami comprit le raisonnement particulièrement pessimiste de son amie humaine.

Cette dernière avait peur que son entourage ne se mette martel en tête qu'elle était battue, ou tout simplement découvrir qu'elle était Ladybug, la peur d'être rejetée. Tikki se devait de la rassurer, de lui faire comprendre qu'une telle chose était tout bonnement impossible. Et pour commencer, il fallait qu'elle réussisse à arrêter ses pleurs.

« Marinette.. Tu te fais du mal pour rien.. Il est normal que ta famille et tes amis se posent des questions. Ils t''aiment. Et justement, si nous ne faisons rien maintenant, nous ne pourrons plus empêcher tes parents de se poser des questions, car ils vont être alertés par tes pleurs...

- Tu... tu... tu as raison Tikki... Se reprit la collégienne. Mais j'ai mal...

- Ne t'en fais pas... Je vais m'occuper de toi... J'ai l'habitude... Toutes mes porteuses ont déjà pris des coups aux yeux. Je sais exactement quoi faire pour calmer ta douleur et cacher le bleu.

- Oui... Mais je dois être la première à avoir un œil au beurre noir à cause de pigeons...»

Essayant d'oublier la douleur lancinante de son œil, Marinette souffla un bon coup pour faire retomber la pression, laissant Tikki quitter sa chambre pour aller chercher le nécessaire pour la soigner.

Pleurer n'allait rien arranger, bien au contraire. Elle était Ladybug. Elle s'en était toujours sortie. Ce n'était pas un simple coquard qui allait l'arrêter. Et puis, elle avait Tikki, et le fait que sa maladresse était légendaire dans tout Paris. Elle avait encore le contrôle de la situation, même si elle avait mal...

« La prochaine fois... je demanderai à Chat Noir de chasser tous les pigeons dans un rayon de trois kilomètres... »

Tikki était revenue cinq minutes plus tard avec une poche de glace, une pièce d'un euro et de la gel pour les coups. Marinette s'était sentie beaucoup mieux dès que la kwami avait posé délicatement l'objet glacé sur ses paupières, la douleur s'étant largement estompée.

« Marinette, Tu vas mieux ?

- Oui Tikki... »

Les deux amies furent soulagées.

L'humaine n'aurait plus à supporter la souffrance due au coup, ni l'épreuve de supporter les regards inquisiteurs de ses proches ou de parfaits inconnus, et l'être surnaturel était rassurée de voir, de sentir, que sa porteuse était revenue à la raison.

« Je vais laisser la poche de glace sur ton œil durant une quinzaine minutes. Puis pendant une heure, je vais mettre cette pièce sur ta paupière et appuyer légèrement dessus pour contenir au maximum l'hématome. Je remettrai ensuite la poche glacée, et enfin, je te mettrai du gel pendant que tu seras endormie.

- Tu es la meilleure, Tikki... Complimenta la fille de Tom Dupain.

- Tu es la meilleure des Ladybug que j'ai eu.. »

Elles se firent un petit câlin, frottant leur joue l'une à l'autre en signe d'affection mutuelle.

« Merci Tikki... »

Quelques minutes passèrent, et Notre-Dame se fit entendre pour les douze coup de minuit.

Toutes les émotions que Marinette avait connues durant le combat contre Calmama, celles étant dues à l'incident des pigeons, l'avaient profondément épuisée, et elle s'était endormie très facilement, consciente de la surveillance bienveillante de Tikki.

Celle-ci continua de soigner sa porteuse avec une grande délicatesse.

Des héroïnes, elle en avait connu énormément, certaines ayant clairement gardé une place dans son petit cœur, mais jamais elle ne s'était autant prise d'affection pour l'une d'entre elles comme pour Marinette, pour cette adolescente remplie de contradictions touchantes, pour cette fille particulièrement maladroite et sûre d'elle à la fois. Si cela ne tenait qu'à elle, elle l'aurait déjà informée de la véritable identité de Chat Noir, ce qui aurait arrangé bien des choses. Or, il y avait des règles, et seuls les porteurs de miraculous pouvaient se révéler leur identité civile.

« Je pense que c'est le bon moment pour lui mettre le gel... »

Tikki veilla encore longtemps sur sa protégée au sommeil très agité, soupirant parfois des petits 'Adrien' dans son sommeil, mais aussi quelques 'Chaton'...

Les heures de la nuit s'étaient vite écoulées, et le moment du lever pour un très grand nombre de Parisiens était venu, au grand dam pour la plupart d'entre eux. Marinette n'échappait guère à cette règle, elle qui connaissait toujours des réveils très difficiles, quasiment chaque jour de l'année, et sa double vie de super-héroïne avait aggravé le problème.

« Marinette... réveille-toi... Il faut que tu te prépares pour aller au collège... »

Tikki avait pris l'habitude de ne pas brusquer la collégienne, d'entendre son petit gémissement désapprobateur pour tenter de rester lovée dans sa couette.

« Tu dois aller prendre une douche, et surtout, camoufler ton bleu aux paupières... »

Ces paroles furent comme un électrochoc pour Marinette. Elle ouvrit grand ses deux yeux, le droit avec plus de difficulté, reprenant conscience, et oubliant d'être prudente, elle se rua vers son petit coin de maquillage où se trouvait un miroir et un petit robinet d'eau.

« C'est la cata' ! La cata' ! La cata' ! Je ne vais pas pouvoir aller en cours dans cet état ! »

Elle était de nouveau paniquée, découvrant les colorations violette, jaune et rouge du contour de son œil meurtri. Dans son malheur, le globe oculaire n'était pas blessé. Elle s'en sortait donc avec seulement une horrible ecchymose multicolore douloureuse seulement au toucher.

« Du calme Marinette. Tempéra la kwami en lui câlinant la joue. Souviens-toi de ce que je t'ai dit hier. Nous allons maquiller ton œil pour que personne ne puisse s'apercevoir que tu t'es pris un coup hier. Et ton œil a beaucoup dégonflé. Un peu de maquillage devrait suffire à masquer l'hématome.

- Merci Tikki. Remercia la nommée après avoir inspiré longuement. Je ne sais vraiment pas ce que je ferrais sans toi...»

Marinette fila de suite prendre sa douche, et Tikki en profita pour se reposer un peu de la nuit qu'elle avait passé à soigner sa porteuse en mangeant un délicieux cookie.

Quinze minutes plus tard, la jeune héroïne revint propre et habillée pour se rendre au collège.

« Tu te rends compte qu'il faut que tu aies un œil au beurre noir pour ne pas être en retard...

- J'aurais préféré m'en passer si tu veux mon avis... »

La jeune fille, suivant les conseils avisés de son amie surnaturelle, maquilla précautionneusement la zone à cacher aux yeux de tous, aussi le reste de son visage, pour paraître la plus normale possible. Les deux furent très satisfaites du résultat, mais elles n'eurent pas le temps de s'en féliciter que la voix de Sabine résonna dans l'appartement.

« Marinette ! Dépêche-toi de venir prendre ton petit-déjeuner ! Tu vas être en retard au collège ! »

La collégienne se dépêcha, non sans appréhension et attention, de rejoindre sa mère dans la boulangerie familiale au rez-de-chaussée, n'oubliant pour une fois aucune des affaires nécessaires pour les cours de cette longue journée d'études.

« Bonjour Maman ! Déclara la fille de Sabine avec amour tout en attrapant un sachet contenant son petit-déjeuner et en offrant une petite bise à sa mère . Il faut que j'y aille ! À tout à l'heure !

- Minute jeune fille ! »

Cette intervention fit pâlir d'effroi Marinette, et elle se retourna pour faire face au visage de sa mère.

Le questionnement se ressentait sur les traits de la femme de Tom Dupain. Ses yeux bridés étaient légèrement plissés, et son sourire semblait être seulement de façade. Il ne faisait aucun doute qu'elle observait avec beaucoup d'attention le visage et la réaction de sa fille.

Celle-ci, au plus profond d'elle-même, paniquait. Il ne fallait surtout pas que sa mère se rende compte de quelque chose, sinon, il était certain qu'elle allait passer un très mauvais moment à tenter de trouver une excuse farfelue pour expliquer son hématome pré-orbital.

« Oui maman ? Questionna-t-elle avec un ton se voulant innocent.

- Tout va bien ma chérie ? Répliqua la mère de famille aux cheveux de la même couleur que ceux de son enfant.

- Tout va bien maman ! Répondit l'intéressée faussement enjouée.

- Tu en es bien sûr ?

- J'en suis bien sûr maman. »

Marinette vit les yeux gris de l'Asiatique s'attarder encore plus sur son visage, avant que son sourire ne devienne réellement sincère et qu'un petit rire ne sorte de ses lèvres.

« Marinette... il pleut dehors... Tu devrais mettre ton manteau et ton parapluie. Tu vas être malade sinon...

- Ah...euh... oui... Tu as raison maman ! Fit-elle, agréablement surprise.

- Tiens. Dit Sabine tout en montrant les deux objets en question. J'ai pris la peine de les poser ici pour ne pas que tu les oublies...

- Merci maman ! Je t'adore !

- Moi aussi ma chérie. »

Elle enfila à la hâte son petit manteau noir à capuche et empoigna de son autre main libre le parapluie de poche avant de ranger le sachet contenant son croissant chaud dans son sac à dos. Par la suite, elle sortit rapidement de la boulangerie, manquant de percuter une cliente habitué, et fila sans se retourner.

Elle était contente. Elle avait réussi à passer l'épreuve du regard de sa mère aimante. Cela voulait dire que son ecchymose était parfaitement bien camouflée, et qu'elle ne devrait avoir aucun problème à l'école à cause de cette marque disgracieuse. Elle n'était pas vraiment fière. Elle détestait mentir, surtout aux personnes qu'elle aimait, mais elle devait malheureusement le faire afin qu'ils ne découvrent pas sa double vie.

Pour la première fois depuis longtemps, Marinette était à l'heure en classe. Bien sûr, cet état de fait lui avait valu quelques remarques amicales de certains de ses camarades, surtout celles d'Alya Césaire et de Nino Lahiffe.

« Alors Marinette, on arrive enfin à l'heure en cours ? Rigola la meilleure amie de la franco-chinoise.

- C'est peut-être la pluie ? Ajouta le jeune homme au teint mat. Depuis la maternelle, Marinette a toujours été à l'heure quand il pleut.

- Il devrait pleuvoir tous les jours alors.

- Mais nous ne verrons plus jamais le soleil. C'est pas cool...

- Il faut savoir faire des sacrifices quand c'est nécessaire. Marinette mérite de réussir ses études. Le soleil peut attendre les vacances.

- Oui, mais quand même...

- Puis, contredis-moi si je me trompe, mais le sourire de Marinette est bien plus lumineux que le soleil. Il illumine la classe ! »

L'apprentie journaliste étreignit sa voisine de classe avec beaucoup d'affection tandis que Nino rigolait bruyamment, sous les regards amusés et attendris des autres collégiens assis à leur place. La passionnée de mode répondit favorablement à l'étreinte de sa meilleure amie, rigolant avec elle de l'exubérance dont ses deux amis les plus proches avaient fait preuve.

Elle se trouvait dans une situation bien plus confortable qu'elle ne l'avait imaginée la veille après l'incident des pigeons. Il faudrait qu'elle remercie comme il se doit sa chère Tikki d'avoir fait en sorte qu'elle ne soit submergée de questions et de regards d'inquiétude, voire même de pitié.

Seulement, les bonnes choses avaient une fin, et ce fut l'arrivée de Chloé Bourgeois, peste du collège Françoise Dupont, qui mit fin à cet élan d'affection et à l'ambiance chaleureuse au sein de la classe.

« Bah ! Vous êtres vraiment ridicules ! Déclara la blonde avec dédain tout accentuant chaque syllabe du dernier mot qu'elle venait de prononcer. Surtout toi, Dupain-Cheng ! »

Suivie de près par son amie, ou plutôt son faire-valoir Sabrina, la fille du Maire de Paris alla s'installer à sa place sous les regards courroucés de ses camarades de classe.

Alya avait été sur le point de répliquer violemment, mais la déléguée à ses côtés l'avait empêchée de le faire, ne voulant surtout pas que la situation s'envenime. Ce n'était pas le moment pour une dispute au beau milieu de la salle classe, surtout que Mademoiselle Bustier pouvait arriver d'un instant à l'autre.

« Rah ! Mais quelle peste celle-là. Toujours à insulter, rabaisser les autres à la moindre occasion. Elle me débecte.

- Moi aussi Alya. Mais il vaut mieux se tenir tranquille. Mademoiselle Bustier ne veut plus de dispute durant les cours. Et tu sais très bien qu'en cas de punition, Chloé sera amnistiée grâce à son père.

- Ouais, je sais... C'est carrément injuste... »

En parlant de leur professeur, celle-ci fit son apparition dans la salle à l'instant même où la sonnerie du début de cours retentit. Caline Bustier observa alors sa classe avec attention, remarquant de suite avec un fin sourire la ponctualité exceptionnelle de la déléguée, mais aussi l'absence d'Adrien Agreste.

« Bonjour à tous. Avant de commencer le cours, je vais vous rendre les contrôles de la semaine dernière après avoir fait l'appel. »

Cette dernière phrase fit pâlir d'appréhension une bonne partie de la classe.

La remise des notes était toujours un moment particulier entre les élèves, mais dans cette classe-ci, le véritable problème était les attaques cruelles et puériles de Chloé pour humilier les élèves qui avaient eu le malheur d'avoir une note inférieure à la sienne, ou tout simplement pour dire Marinette avait triché, car il était tout bonnement impossible qu'une fille de boulanger soit meilleure qu'elle.

« Croisons les doigts pour qu'elle ait la pire note de la classe, pour une fois... »

Même si Chloé était une enfant pourri-gâtée par son père, elle n'en restait pas moins une bonne élève quand elle ne déléguait pas son travail à Sabrina. La prière de la rédactrice du Ladyblog n'allait sûrement pas être réalisée.

Cependant, c'était sans compter sur le manque d'intérêt manifeste de la fille d'André Bourgeois pour la petite nouvelle, ''Matin Brun'' de Frank Pavloff, que Caline avait fait étudier à ses élèves.

La susnommée, habillée d'une veste blanche, d'un chemisier vert, d'un pantalon bleu et d'escarpins blancs, passa au milieu des deux rangés, congratulant Alya et Marinette pour leur excellent travail, en faisant de même pour Juleka, Rose, Sabrina et Max, et encourageant les autres dans leurs efforts.

Puis vint le moment de Chloé...

« Quoi ?! Mais c'est un pur scandale ?! S'écria-t-elle, furieuse de sa note particulièrement basse.

- Oh la honte ! Pouffa Alix, la fille la plus sportive de la classe ! Elle a eu deux ! »

Presque tous les adolescents éclatèrent de rire de concert, ne manquant pas l'occasion de se moquer ouvertement de leur vile camarade de classe.

Ils avaient tous eux au minimum la moyenne, et ils n'auraientt manqué pour rien au monde le moment temps attendu rendre toute la méchanceté de celle qui leur faisait vivre en enfer quotidiennement.

« Comment avez-vous osé ?! Me mettre une telle note à moi, la fille du Maire de Paris ! Vous avez intérêt à changer cette note tout de suite si vous ne voulez pas que mon père vous fasses virer ! »

La jeune professeure aux cheveux roux coiffés en chignon demanda expressément à la classe d'arrêter de rire sous peine de recevoir une punition collective carabinée, puis retourna son attention sur son élève la plus détestable, n'étant guère effrayée par les menaces.

« Je suis désolée Chloé, mais ta note correspond parfaitement aux réponses que tu as inscrites sur ta feuille. J'ai averti le proviseur et ce dernier a envoyé ce matin-même une copie de ton contrôle à ton père. Si tu penses que tu ne mérites pas une note comme celle-ci, je ne ferai aucune objection à ce que tu passes un contrôle de rattrapage, surtout que ce texte permet une ouverture sur votre programme d'Histoire, et qu'il risque d'être donné lors de l'épreuve du Brevet. Bien sûr, ce que je viens de te proposer est parfaitement valable pour tes camarades qui désireraient améliorer leur note... »

Face à une telle manœuvre, la vantarde ne put que donner son accord pour corriger par ses propres efforts la note désespérément basse qu'elle venait d'obtenir.

Alya en profita pour tacler une dernière fois la rivale de sa meilleure amie, et reçut en récompense une heure de colle pour le vendredi suivant.

Du côté de Marinette, le moment n'avait pas été à l'hilarité. Pour sûr qu'elle était ravie que Chloé reçoive enfin la leçon qu'elle méritait depuis longtemps, mais elle avait dû se faire violence pour ne pas suivre ses amis dans les rires. Elle se connaissait que trop, et savait pertinemment qu'elle aurait fini par lâcher quelques larmes de joie, mettant fin au camouflage de son œil, et ce n'était pas digne de son rôle de déléguée de classe de se moquer des échecs des autres.

« Maintenant que vous vous êtes tous calmés, je me dois de vous prévenir qu'il y a un changement de programme pour cette après-midi. D'un commun accord avec votre professeur d'Histoire, nous avons décidé de vous projeter ''Liberté'' de Tony Gatlif en salle audiovisuelle, à treize heures trente. »

Cette nouvelle fut très bien accueillie par l'ensemble des collégiens, préférant regarder un film, ou dormir, que de trimer stylo en main, et le cours put enfin réellement commencer...

Une demi-heure après le début du cours, Madame Bustier était en pleine explication sur le prochain livre que sa classe allait étudier lorsque que des pas se firent entendre depuis le couloir.

Marinette tressaillit tandis qu'une personne frappait doucement à la porte de la salle, et ses joues rougirent légèrement...

« Eh ben... Il n'est même pas encore dans la classe que tu rougis comme une tomate... Chuchota Alya en lui donnant une tape affectueuse sur son épaule. Il te rend vraiment toute chose... »

Elle ne répondit rien, son attention étant totalement portée sur la porte qui s'ouvrait doucement.

Quand l'objet de son émoi fit son apparition dans la classe, son cœur s'accéléra soudainement. Elle observa le jeune homme aux cheveux blonds parfaitement coiffés. Son visage était angélique, tout comme ses pupilles vertes, sa peau claire, son doux sourire, mais sa chemise à manches longues, son t-shirt noir aux cinq rayures colorées, son jean bleu et ses chaussures de sport oranges. Tout était parfait. Adrien était parfait...

« Bonjour mademoiselle Bustier. Veuillez m'excuser pour mon retard. Mon père m'a fait faire un shooting surprise sous la pluie ce matin. Je n'ai pas pu faire autrement que d'accepter.

- Tu es tout excusé Adrien. Prends ton contrôle sur mon bureau et va t'asseoir...

- Merci Mademoiselle. »

L'adolescent attrapa son contrôle d'une main, sourit grandement aux inscriptions de sa professeure, et se dirigea vers sa place au premier rang, à côté de son meilleur ami Nino.

Cependant, son regard fut capté par la personne qui était assise au rang suivant, juste derrière lui, et là, il remarqua quelque chose de clairement inhabituelle, quelque chose qui fit de suite monter en lui une multitude de sentiments.

Le visage de sa camarade lui semblait étrange, mais il ne savait pas comment l'expliquer. Pourtant, elle semblait normale, mis à part le rougissement croissant de ses joues. Il n'arrivait pas à détacher son regard d'elle.

Quant à Marinette, elle n'arrivait pas non plus à détourner ses prunelles des yeux du mannequin, totalement subjuguée. Elle voyait une multitude d'émotions dans l'iris du blond, mais elle n'arrivait pas à mettre des mots dessus.

Tout d'un coup, elle eut très peur, affreusement peur. Son cœur, dont les battements étaient déjà très rapides, s'accéléra de plus belle.

Une idée s'était insinuée dans son esprit, et elle la terrifiait au plus au point.

« Hum ! Hum ! Se signala Madame Bustier aux deux jeunes gens, souriante malgré tout. Adrien, tu devrais t'asseoir au lieu de contempler ta jolie camarade comme tu le fais... »

Le nommé rougit furieusement et s'assit sans répliquer, beaucoup trop gêné de la situation, alors que l'objet de sa contemplation se recroquevilla sur son banc.

Leur échange n'était guère passé inaperçu au sein de petite assemblée de collégiens. Ceux-ci étaient totalement abasourdis, stupéfaits par le moment intense qui venait à peine de se produire devant eux.

« Wow mec ! Il s'est passé quoi là ? Fit Nino à son voisin.

- Je... Je... J'en sais rien...

- Moi en tout cas, je sais que c'était intense. »

Adrien s'empourpra de plus belle sous le regard moqueur de son ami et porta son attention sur leur professeur et le tableau, sans se rendre compte que Marinette s'était totalement figée derrière lui.

« La terre à Marinette. La terre à Marinette. Chuchota Alya à l'intéressée, ravie par la tournure des événements. Il faut redescendre de la planète Adrien.

- ...

- Marinette ?

- ... »

Marinette était toute proche de la panique. Non, elle n'avait pas rêvé. Elle avait bien vu de l'inquiétude dans le vert des yeux de celui qui faisait vibrer son cœur depuis la rentrée, de l'inquiétude pour elle. Avait-il remarqué son camouflage ? Non, ce n'était pas possible. Même sa mère n'avait rien remarqué, et sa mère voyait tout. C'était tout bonnement impossible, mais s'il avait vu...

Elle inspira et expira doucement, retrouvant son calme.

« Marinette ?

- Oui ?

- Tu m'expliques ?

- Il n'y a rien à expliquer Alya...

- Tu rigoles, j'espère... »

La franco-chinoise ignora les autres questions de son amie, préférant essayer de suivre le cours, or elle dut se rendre très vite à l'évidence qu'elle n'y arriverait sans doute pas.

Ce n'était pas la faute de la fille de la Chef de Cuisine du Grand Paris, mais celle de son voisin de devant.

Adrien n'était pas du tout concentré. Le visage de son amie était gravé dans son esprit. Il n'arrivait pas à s'en défaire. Il avait cette impression bizarre au fond de lui. Marinette avait un problème. C'était son instinct de Chat Noir qui le lui intimait.

Alors, sans même prendre en compte les autres personnes autour de lui, il se retourna et observa la fille avec attention durant une bonne trentaine de secondes, détaillant chaque parcelle de son visage.

Même s'il ne l'avouait jamais, il connaissait en détail les traits de la déléguée. Il appréciait énormément la regarder, car son sourire réussissait toujours à lui réchauffer le cœur. Il pouvait donc différencier les moindres changements, les moindres altérations du faciès de celle-ci.

« Adrien... qu'est-ce j'ai dit tout à l'heure... Intervint Mademoiselle Bustier.

- Excusez moi mademoiselle... »

Quelques gloussements se firent entendre dans la salle, et le modèle ne put s'empêcher de se tasser contre le banc sur lequel il était installé.

Cette histoire le rendait fou. Il n'arrivait pas à penser à autre chose. Son esprit était totalement obnubilé par Marinette. Mais pourquoi diable n'arrivait-il pas à la sortir de ses pensées ?

Il soupira, essayant de retrouver une contenance de circonstance.

Ce n'était clairement pas en se retournant toutes les deux minutes qu'il allait réussir à mettre des mots sur son impression. Il devait réfléchir, penser, fouiller dans ses souvenirs pour trouver la solution.

« Non mais tu as vu comment il te regarde ? Il a craqué sur toi. C'est sûr...

- Ah... »

Marinette était beaucoup trop concentrée sur le comportement de son amour pour pouvoir faire autre chose. Elle ne savait vraiment plus quoi penser de cette situation. Si elle n'avait pas cette blessure à l'œil, elle aurait été sans aucun doute l'adolescente la plus heureuse du monde d'être le centre d'attention du garçon qui avait fait chavirer son cœur, or pour le coup, l'idée qu'il puisse se rendre compte du leurre sur son visage ne relevait pas du rêve, mais du cauchemar...

La sonnerie de neuf heures retentit alors dans tout le collège Françoise Dupont. Madame Bustier rappela le changement de programme pour l'après-midi, mais menaça ses élèves de supprimer le visionnage du film au moindre incident rapporté par leurs deux prochains professeurs et de le remplacer par un terrible contrôle commun de Français et d'Histoire.

« Bon, je vous laisse. Votre professeur d'Anglais ne devrait pas tarder à arriver. »

Elle s'en alla. Il ne fallut à peine quelques secondes avant que des exclamations se fassent entendre dans la salle. Hormis les deux concernés, tous les autres élèves essayèrent d'obtenir des explications sur les moments s'étant déroulés durant l'heure précédente, mais ils n'eurent qu'en réponse que l'arrivée subite de l'enseignant de la langue de Shakespeare. Cela calma de suite le groupe, leur professeur étant particulièrement sévère, et offrit à Adrien et Marinette un peu de répit malgré le petit contrôle de connaissances donné par l'anglophone sur le prétérit simple et le prétérit Be-ing.

Adrien avait réussi très facilement le test. Le sujet avait été très simple pour lui puisqu'il avait appris l'anglais dès l'enfance à la demande de son père. Son niveau était tel qu'il arrivait à mener une discussion avec une aisance remarquable. C'était d'ailleurs pour cela qu'il passait son temps durant le cours de Monsieur Oclock à discuter avec Nino.

« Bon mec, tu veux bien me dire ce qu'il t'arrive avec Marinette... Je trouve que tu louches beaucoup sur elle depuis tout à l'heure...

- Je suis désolé Nino, mais je n'arrive pas à me l'expliquer à moi-même... C'est vraiment très bizarre... Je... J'ai l'impression qu'elle n'est pas comme d'habitude...

- Moi, je vais te dire ce que tu as... Tu es tombé raide dingue amoureux d'elle. C'est tout simple.

- Arrête de dire n'importe quoi. Nia le blond, les joues rouges. Marinette est mon amie. Elle est importante pour moi, mais il y a...

- Je sais... Je sais... Le coupa le DJ. La seule qui fait vibrer ton cœur, c'est cette nana que tu croises parfois. Mais tu la vois pendant combien de temps ? Genre cinq minutes tout au plus, alors que Marinette, tu la vois tout les jours...

- Oui, mais, c'est pas pareil...»

Il ne pouvait clairement pas lui dire que la fille de ses rêves était Ladybug, et qu'en plus, il la côtoyait quasiment tous les jours dans son costume de Chat Noir. Depuis le jour où elle s'était dressée face aux viles dessins du Papillon, malgré sa peur, malgré sa maladresse, il en était tombé follement amoureux. Il détestait la savoir en danger, et il était prêt à tout sacrifier pour elle, même sa vie. Étrangement, il ressentait aussi ce devoir de protection à l'encontre de Marinette.

« Tu devrais vraiment...

- Gentlemen, please stop chatting in class. Intervint le professeur au cheveux brun très court.

- Sorry sir. S'excusèrent les deux amis, honteux d'avoir été réprimandés.

- Good. Mister Lahiffe, please read the text at line twenty-one for your classmates. »

Nino s'exécuta, non sans peine, à lire la partie du texte qui lui était échue.

À côté de lui, le super-héros n'écoutait déjà plus, étant déjà retourné à sa propre réflexion sur son besoin de protectionnisme pour sa camarade. Oui, il devait la protéger, comme pour tous ses amis, voire même pour tous les Parisiennes et Parisiens, mais ce sentiment était clairement de la même nature pour Marinette que pour sa coéquipière en tenue rouge à points noirs. Il en avait déjà essayé d'en parler avec Plagg, son kwami, mais ce dernier lui avait ri au nez, disant qu'il était complètement idiot, avant de dévorer un camembert entier d'une traite, le laissant seul avec son questionnement.

« You're progressing a lot, Mister Lahiffe. Remarqua l'adulte. You're on the right track. Miss Dupain-Cheng, it's your turn.

- Yes Sir. »

Adrien ne put s'empêcher de fermer les yeux pour écouter la lecture de sa voisine.

Il ne savait pas pourquoi, mais l'entendre l'apaisait. Elle semblait prendre beaucoup de plaisir à lire ce petit texte narrant l'histoire d'une jeune sportive qui s'était éprise d'un athlète de son entourage, et qui souhaitait à tout prix participer avec lui aux Jeux olympiques de Londres. Il arrivait même à ressentir les émotions du personnage principal.

Cependant, il fut subitement surpris par l'arrêt soudain de Marinette. Il ouvrit ses paupières, et lança un regard un professeur qui restait stoïque.

« ... I have a black eye... »

Le fils de Gabriel Agreste resta bloqué sur cette dernière phrase, n'écoutant même pas les congratulations du professeur et des autres pour la brune.

Son esprit était reparti de plus belle sur la possibilité que Marinette avait un problème à cause de ces mots. Elle les avait prononcés avec une voix quasiment brisée, démontrant toute l'horreur qu'elle devait ressentir, comme si elle était concernée.

Ses pensées dérivèrent alors étrangement vers un souvenir de travail, une simple discussion entre deux top-modèles de son père sur les manières de dissimuler un œil au beurre au noir avec du maquillage. Ses yeux s'écarquillèrent d'effroi. Il respira, tentant de retrouver un semblant de contenance.

Le choc, l'inquiétude, la tristesse, la colère, ces sentiments lui comprimaient le cœur avec violence. Il se faisait des idées. Il faisait clairement fausse route. Une telle chose ne pouvait être possible.

Et pourtant, lorsqu'il se retourna une nouvelle fois, tremblant, la vision offerte son amie lui confirma ses terribles soupçons...

« ... I have a black eye... »

De suite après avoir lu cette simple phrase, Marinette s'était figée de peur, le visage blême. Ses prunelles bleues exorbitées, sa respiration saccadée, ses légers tremblements, tous ces éléments démontraient l'état émotionnel dans lequel elle se trouvait. Elle fixait avec effroi le jeune homme devant elle. Quand elle le vit se retourner, tremblant lui aussi, elle comprit.

Il savait. Il avait deviné. Il avait découvert la supercherie. Elle le voyait dans son expression inédite. Ses yeux verts horrifiés, sa bouche entrouverte de stupéfaction, son teint blafard, tout ceci indiquait qu'il était dorénavant au courant pour son bleu à l'œil.

Elle se cacha derrière son livre, n'ayant plus la force de regarder son amour inavoué, maudissant par la même occasion sa malchance.

À côté d'elle, Alya ne comprenait absolument rien aux agissements de sa meilleure amie. Pourtant, elle s'était habituée à ses étrangetés comportementales, mais dans ce cas précis, elle était complètement larguée.

Elle chercha alors son petit d'ami Nino des yeux, et d'un signe de tête, ils décidèrent de passer à l'action pour tenter d'obtenir des réponses.

« Euh, Marinette, tu vas bien ? Fit-elle en tapotant légèrement l'épaule de son amie. Tu es malade ?

- Ça va, Alya... Ça va... J'ai juste un peu mal au cœur...

- D'accord... »

La journaliste amatrice se leva d'un bond, et demanda expressément à Monsieur Oclock l'autorisation d'emmener sa voisine de table à l'infirmerie. Le professeur accepta en raison de la blancheur de la concernée, et elle tira dès lors la brune en dehors de la salle de classe avec un petit sourire malicieux pour le DJ.

Elle venait de s'offrir le moment parfait pour tirer les vers du nez de l'apprentie styliste.

Seulement, du côté de Nino, les choses étaient plus compliquées...

« Eh mec, qu'est-ce qui t'arrive ? Tenta le maghrébin. Tu tires une de ces tronches...

- Il ne m'arrive rien. Répliqua sèchement l'intéressé. Laisse-moi tranquille.

- 'scuse man... »

Adrien s'accouda à sa table et prit sa tête entre ses mains, tenant de remettre de l'ordre dans ses pensées.

Dorénavant, il savait pourquoi Marinette lui semblait si différente aujourd'hui. Elle s'était maquillée pour cacher un hématome disgracieux.

Cependant, il avait toujours de nombreuses questions dont il cherchait définitivement la réponse. Qui était au courant pour ce bleu ? Dans quelle circonstance l'avait-elle eu ? Qui en était responsable ? Il devait mettre les choses au clair, pour savoir quoi faire pour l'aider, qui prévenir, qui punir. Oui, l'idée de martyriser le tourmenteur de la jolie franco-chinoise en tant que Chat Noir lui traversait l'esprit. Tant pis si sa réputation de super-héro en prenait un coup. Tant pis si Ladybug le reniait pour avoir utilisé ses pouvoirs pour assouvir sa vengeance. Marinette en valait largement la peine.

La sonnerie stridente vint soudainement le sortir de ses songes, mais à peine s'était-il relevé qu'il se sentit agrippé par le bras.

« Adrichou ! »

Adrien grogna de mécontentement, n'ayant aucunement envie d'avoir affaire à Chloé pour le moment.

« C'est quoi le truc avec la boulangère ?! Tu as bien réussi ton coup en tout cas ! Je suis extrêmement fière de toi ! Tu t'es enfin rendue compte à qu'elle point elle est affreuse ! C'est une véritable épave ! »

Tandis que des exclamations outrées s'élevaient dans la classe, le mannequin se détacha de l'étreinte imposée par la blonde, puis la toisa du regard avec une expression indéchiffrable.

« Ferme-là Chloé. Lâcha-t-il subitement, surprenant ses amis par sa fermeté.

- Quoi ?! Je n'ai pas bien entendu Adrichou !

- Je t'ai dit de te la fermer, Chloé. »

Les yeux bleus maquillés de la nommée s'agrandirent sous le ton particulièrement glacial de son ami d'enfance.

« Tu ne peux pas dire ça. Pas à moi. Tenta-t-elle, voulant garder contenance.

- Si, je peux te le dire. Je commence vraiment à en avoir marre que tu rabaisses les autres à longueur de journée. Et puis surtout, j'en ai marre de t'entendre te plaindre de Marinette, de t'entendre l'insulter. Marinette n'est peut-être pas millionnaire, ou je ne sais quoi encore, mais elle est exceptionnelle. Et elle est importante pour moi... Si notre amitié est réellement importante pour toi Chloé, alors arrête tout ça, arrête de t'en prendre à Marinette comme tu le fais. Je ne le supporte plus.

- Mais... mais... Adrichou...

- Et arrête de m'appeler 'Adrichou'. »

Sous les regards éberlués des autres, Adrien quitta la salle sans un regard derrière lui, sans prendre en compte l'état déplorable de la fille du Maire.

Celle-ci était sous le choc, vivant sans aucun doute la pire journée de toute sa vie. Elle avait été humiliée en classe, et là, son Adrichou, le seul étant à son niveau parmi tous ces minables, venait tout simplement de la rejeter, et pour cette boulangère de Marinette en plus.

Chloé resta immobile, tandis que ces camarades quittèrent la salle de classe en la regardant avec compassion.

Elle avait beau leur faire vivre un enfer, être responsable de nombreuses akumatisations, la voir si fragile n'était guère rassurant.

« Chloé, ça ne va pas ? »

Sabrina posa sa main sur l'épaule de son idole.

Elle n'avait jamais vu la bonde dans un tel état. Habituellement, quand elle faisait face à un échec, elle repartait de plus belle, sans s'en formaliser, mais là, entre sa note calamiteuse et Adrien qui l'envoyait balader, la réaction risquait d'être dangereuse.

« J'ai compris. Je sais ce qu'il se passe. Il faut vite que Ladybug intervienne avant que la situation n'empire... »

Alya était assise sur un banc à l'abri de la pluie devant l'infirmerie. Elle réfléchissait à toute la situation dans son ensemble. Elle devait clairement comprendre ce qu'il se passait réellement entre Marinette et Adrien. Elle avait bien tenté d'interroger sa meilleure amie, mais celle-ci ne lui avait même pas laissé le temps de poser la moindre question.

« Euh Alya... »

La nommée relava ses yeux vers le jeune homme qui venait de l'interpeller avec douceur.

« Oui Adrien ?

- Comment va Marinette ?

- Je n'en sais rien. Répondit-elle en détournant le regard. Et ce n'est pas la peine d'entrer dans l'infirmerie pour en savoir plus, elle n'y est pas.

- Quoi ? Où est-elle alors ?

- Je n'en sais rien. Elle s'est enfuie sans un mot dès que je l'ai sortie de la classe, et elle n'est pas rentrée chez elle.

- Je vois. Désolé de t'avoir dérangé.

- Minute ! »

La Martiniquaise se releva d'un bond, attrapant de son bras l'épaule de son interlocuteur.

Elle n'allait sûrement pas le laisser s'en tirer à un si bon compte.

« Je crois que tu me dois des explications sur ce qu'il se passe avec Marinette.

- Je m'excuse Alya, mais je n'ai aucune explication à te donner pour le moment.

- Et pourquoi ça ? »

Les méninges d'Adrien tournèrent à plein régime.

Il devait trouver une réponse adéquate. Il ne pouvait pas répondre qu'il n'y avait rien, mais il ne pouvait pas non plus dire qu'il avait découvert que la brune avait un œil au beurre noir, pas avant d'avoir essayé d'en discuter avec la principale concernée.

« Tout ce que je peux te dire, c'est que je dois lui parler. C'est important.

- J'ai bien compris que c'était important, vu comment tu la regardais tout à l'heure en classe. Répliqua la métisse en souriant malicieusement au rougissement de son interlocuteur. Mais tu comprends que je ne peux pas te laisser lui parler sans savoir ce que tu lui veux précisément. Elle semble totalement perdue, pour ne pas dire apeurée. Je n'ai pas envie qu'elle finisse akumatisée. »

Le super-héros en civil blêmit à cette idée.

En tant que Chat Noir, il avait déjà dû affronter bon nombre de personnes de sa connaissance, mais l'idée de devoir affronter Marinette en super-vilaine ne lui plaisait guère. Si jamais cela devait arriver, une sensation dans tout son être lui disait que quelque chose de terrible pouvait arriver.

Il la chassa alors, ne voulant pas imaginer un éventuel désastre.

« Ne t'inquiète pas. Je veux juste la rassurer, lui dire que je serai toujours à ses côtés, quoiqu'il arrive... »

L'administratrice du Ladyblog ouvrit sa bouche de surprise.

Ces paroles ressemblaient tellement aux prémices d'un aveu qu'elle se demandait si elle n'était pas en train de rêver.

« Si je n'arrive pas à le faire, j'essaierai de vous parler, à toi et à Nino, car vous êtes les deux personnes les plus proches d'elle en dehors de ses parents. Je te le promets...

- Ok.

- Bon, je vais essayer de la trouver.

- D'accord. »

Elle le regarda partir, tiraillée entre deux sentiments intenses.

Le premier était la joie. Elle avait envie de hurler, de crier son bonheur de la réciprocité des sentiments entre sa meilleure amie et le beau blond. Le second était l'inquiétude. Au ton grave d'Adrien, ces mots réfléchis, comme si il ne voulait pas trop en dire, elle se demandait si il n'y avait pas un problème, un gros problème.

Puis Nino, accompagné de Alix, Juleka, Rose, Kim et Max, vint à sa rencontre pour lui raconter tout ce qu'il s'était passé durant son absence. Sa réaction fut monumentale.

« Quoi ?! »

Son exclamation de stupéfaction fut tellement puissante qu'elle retentit dans tout le collège Françoise Dupont, peut-être même dans tout le quartier alentour de l'établissement...

Marinette s'était réfugiée dans un recoin de l'une des salles de Sciences du collège, plus exactement celle de Physique-chimie de Mademoiselle Mendeleïev. Dès qu'Alya l'avait sortie du cours d'anglais, elle avait réussi à fuir. C'était lâche, mais elle n'avait pas eu d'autre solution, ne voulant pas subir un interrogatoire. Elle aurait fini par gaffer.

Seulement, elle avait surtout fui Adrien. Il savait pour son ecchymose. Elle avait beau ce dire qu'il était extrêmement gentil, qu'il avait le cœur sur la main, elle ne voulait en aucun cas être confrontée à lui. Elle avait peur. Elle était effrayée par le fait qu'il puisse la rejeter, ou pire, la prendre en pitié. Elle l'aimait de tout son cœur, de toute son âme. Elle ne pourrait jamais s'en remettre si elle venait à le perdre.

« Marinette... Lui souffla sa kwami. Tu devrais le laisser venir te parler. Je suis convaincue qu'il ne te fera aucun mal, qu'il veut t'aider.

- Je sais Tikki, mais... mais j'ai tellement peur.

- Tu n'as pas à avoir peur Marinette. Adrien est un garçon sensible. Je l'ai bien observé tout à l'heure, et je n'y ai pas vu la moindre trace de rejet, ni de pitié, à ton encontre.

- Mais il sait pour mon bleu. Il va sûrement le dire à Alya, à Nino, et même à toute la classe !

- Non, il n'a rien dit.

- Comment tu peux le savoir ?

- Les messages sur ton portable... Aucun n'y fait mention.

- Ah... »

La jeune fille fut assez soulagée par les paroles du petit être rouge.

Puis elle entendit un cri colossal de surprise d'une voix qu'elle ne connaissait que trop, et quelques secondes plus tard, son portable sonna pour la énième fois en quelques minutes.

« Je ne veux pas savoir...

- Détends-toi Marinette. Tout va bien se passer... »

Tikki sortit le carnet à croquis de sa porteuse.

Rien était mieux que pour la brune que d'imaginer des vêtements pour évacuer son stress. Quand elle dessinait, c'était comme si elle était dans sa bulle. Elle pouvait rester de longues minutes, voire des heures, à esquisser des tenues, des chapeaux, des chaussures, aux couleurs diverses et variées. Certaines prenaient même les couleurs de son alter ego et de Chat Noir, ou du moins, y faisaient allusion. Par exemple, elle avait imaginé des chaussures blanches avec des petites coccinelles dessus, ou une veste rouge à capuche avec quelques points noirs ici au là, ou encore une doudoune noire avec quelques petites empreintes vertes de chat.

Elle ne put s'empêcher de sourire au souvenir de la réaction d'Alya lorsqu'elle avait vu l'esquisse de la veste Ladybug, puis à celui où elle lui avait finalement offerte la dite veste, et elle reprit avec joie le de ses idées.

Cette fois-ci, elle s'attela à la confection de bonnets, de gants, ne remarquant pas que Tikki était partie se cacher dans sa sacoche, mais surtout l'arrivée de Chloé et de Sabrina.

« Expliques-moi Chloé, je ne comprends rien...

- Attends ! C'est simple pourtant ! Marinette est sous l'emprise du Papillon ! Elle est akumatisée ! »

L'intéressée sursauta légèrement à l'affirmation bruyante de la blonde, manquant une courbe de son dessin, et s'empêcha de grogner.

Elle était venue ici pour être tranquille, pour se calmer, pas pour être confrontée à fille du Maire de Paris. Dans son malheur, celle-ci et son amie n'avaient pas l'air de s'être rendue compte de sa présence. Et depuis quand était-elle akumatisée ?

« Déjà, ça a commencé quand elle est arrivée à l'heure ce matin en cours. Commença-t-elle, très sérieuse. Ensuite, ma note affreuse en français...

- Là, je ne pense que...

- Ne me coupe pas quand je te parle !

- Désolé...

- J'en étais où ? Ah oui ! Puis le fait que Mademoiselle Bustier n'est pas eu peur d'être virée. Et enfin, mon Adrichou... »

La super-héroïne grimaça au surnom possessif que donnait Chloé à Adrien.

Elle exécrait que la peste du collège appelle son amour secret de cette façon. Il n'était pas un enfant, ni un animal de compagnie. Il était Adrien. En plus, ce dernier avait avoué à Nino détester ce sobriquet absolument puéril, encore plus lorsqu'elle l'utilisait comme pour dire qu'elle le possédait. Raison de plus pour ne pas apprécier ce surnom.

« Tout ça montre que Marinette a utilisé des pouvoirs magiques pour me faire vivre un enfer et se mettre Adrien dans la poche. »

Marinette arqua un sourcil, et cligna plusieurs fois des yeux.

Pour le coup, Chloé n'avait pas tout à fait tort. Elle avait bien des pouvoirs, mais seulement lorsqu'elle revêtait son costume de Ladybug. Et elle n'avait jamais utilisé son costume pour se faire bien voir par Adrien, jamais, ni pour faire vivre l'enfer à quelqu'un.

« Ces pouvoirs, elle les tient du Papillon. Il a dû lui accorder le pouvoir d'ensorceler les gens avec ses yeux ou je ne sais quoi encore. Adrichou était normal quand il est rentré en classe, puis d'un coup, il s'est arrêté, comme perdu dans les yeux de l'autre boulangère, et il a totalement changé d'expression, et il a même passé tout son temps à essayer de la regarder. Il a clairement été ensorcelé par un pouvoir maléfique. Ce n'est pas possible autrement. Jamais il n'aurait regardé cette fille de bas étage en temps normal. »

Malgré les railleries immondes et les suppositions totalement délirantes, la brune ne put qu'être d'accord avec elle sur un point.

En temps normal, jamais Adrien n'aurait posé les yeux sur elle comme il l'avait fait en cours. Il la considérait seulement comme une amie. C'était déjà bien, mais elle aurait aimé tellement plus, pas qu'il la remarque pour un œil au beurre noir.

« Mais surtout, jamais il m'aurait parlé comme il l'a fait tout à l'heure. Non mais tu te rends compte, il m'a demandée à moi de me la fermer ?! Puis il a défendu la Dupain-Cheng en disant qu'elle était exceptionnelle, importante pour lui, comme si elle valait mieux que moi ?! Et en plus, il me demande d'arrêter de l'appeler 'Adrichou'. Et tout ça devant toute la classe ?! Si ce n'est pas la preuve qu'elle a été akumatisé ça. »

Marinette s'était figée, bouche-bée et rougissante, son cœur battant la chamade. Adrien l'avait défendue. Adrien avait dit qu'elle était exceptionnelle, qu'elle était importante pour lui. L'amour de sa vie s'était confronté à Chloé pour elle, devant toute la classe en plus ?! C'était le plus beau jour... Non, ce n'était pas le beau jour de sa vie. Elle avait un coquard, qui sans maquillage, lui aurait défiguré tout le visage. Le beau blond l'avait sans doute défendu, par gentillesse, car il ne pouvait pas faire autrement sachant son état. Peut-être pensait-il que c'était Chloé qui lui avait fait ça ? Elle était de nouveau totalement perdue...

De nouvelles minutes s'étaient écoulées. La première pause de la journée était sur le point de prendre fin, et Marinette continuait à dessiner un bonnet aux couleurs de Chat Noir, dans son propre monde fait de créations de mode, essayant de ne pas se faire repérer par la fille d'André Bourgeois et sa lèche-bottes.

« Euh... Marinette... qu'est-ce qu tu fais là ? Demanda timidement une voix masculine.

- Hein ? »

La jeune fille leva ses prunelles et découvrit Nathaniel, les joues aussi rouge que ses cheveux, qui détournait le regard vers la fenêtre. Elle ne put répondre car Mademoiselle Mendeleïev fit son apparition dans la salle.

« Bon, je vois qu'il y en a qui sont sérieux pour une fois. Vous allez pouvoir m'aider à installer les ustensiles pour les expériences que vous allez réaliser dans quelques minutes. Sauf vous Mademoiselle Dupain-Cheng, je n'ai pas envie que vous cassiez du matériel ou que vous finissiez à l'infirmerie. »

La fille de Tom Dupain, qui s'était subitement relevé lors de l'arrivée de la professeur, baissa la tête, légèrement honteuse.

Il était vrai qu'elle avait cassé énormément de choses en cours de Physique-Chimie, se retrouvant parfois avec des coupures sur les mains ou ses bras. Depuis, lors des expériences, personne ne lui laissait toucher les outils utilisés, sauf lorsqu'il n'y avait strictement aucun risque.

Elle alla alors rejoindre sa place, sous le regard attendri du roux et ceux assassins de Chloé et de Sabrina, puis attendit en stressant énormément l'arrivée de ses autres camarades, surtout celle d'Alya et d'Adrien. À l'instant où la cloche sonna, elle se raidit, appréhendant à quelle sauce elle allait être mangée par sa meilleure amie.

Justement, celle-ci fit son entrée, suivie par Nino et quasiment tout le reste de la classe.

Le moment était venu. Elle ne pouvait plus fuir.

« Excusez-moi Mademoiselle Mendeleïev, j'aimerais m'asseoir à côté de Nino aujourd'hui.

- Si cela peut vous empêcher de discuter avec Mademoiselle Dupain-Cheng comme vous le faites habituellement, je ne peux pas vous en empêcher.

- Merci. »

Marinette fut totalement abasourdie par la demande de la Martiniquaise, mais comprit très vite la raison de cela à la vue des expressions amusées des autres, et encore plus quand Alya vint s'asseoir juste devant elle.

« Tu ne pourras pas t'enfuir cette fois-ci, ma petite... »

Elle était cernée. Ils s'étaient tous mis d'accord. Nino bloquait la voie entre la première rangée et le mur, Ivan en faisait de même au niveau de la troisième rangée, et tout un autre groupe était agglutiné en pleine allée centrale, ces membres faisant semblant de réfléchir à la place qu'ils allaient choisir.

« Ne me dites pas que... »

Toutes ces personnes s'assirent à la seconde où Adrien entra dans la salle. Ce dernier fut surpris par la disposition de ses camarades, ou plutôt par celle de Alya et de Nino.

« Yo mec, il reste une place à côté de Marinette. Vas t'asseoir à côté d'elle. »

Le jeune homme sourit au couple assis au premier rang, ayant de suite compris la manœuvre. Il se dirigea alors lentement vers la paillasse où était assise la franco-chinoise, son cœur battant à un rythme effréné. Il croisa alors les prunelles aux multiples émotions de sa nouvelle voisine.

« Euh... Marinette, je peux ?

- ... »

La concernée ouvrit la bouche, la referma, puis l'ouvrit de nouveau.

Son cerveau s'était subitement déconnecté du reste de son corps. Elle était au bord de l'implosion sous l'afflux colossal de ses émotions. Elle avait toujours rêvé du jour où Adrien viendrait s'installer à ses côtés en classe, mais dorénavant que c'était sur le point de produire, surtout en ce jour si spécial où il avait compris qu'elle avait un coquard, elle était terrifiée. Marinette, où comment être la plus heureuse des jeunes filles amoureuses tout en étant la plus apeurée...

« Monsieur Agreste, asseyez-vous que je puisse commencer mes explications. »

Adrien acquiesça en silence, puis observa sa jolie camarade de classe, faisant fi des gloussements amusés et des petits rires complices des autres.

Elle était toute rouge, et respirait difficilement. Elle paniquait. Il en était sûr. Il devait agir.

Alors, machinalement, sa main droite se déplaça lentement, centimètre par centimètre, en direction de celle de sa voisine.

Il y était presque quand il fut interrompu par la femme aux cheveux bruns hérissés.

Celle-ci réprimait avec sévérité Marinette, lui signifiant qu'elle devait être attentive et non dans la lune, et que la prochaine fois, ce serait une heure de colle et une punition carabinée.

Au moins, cette remontrance avait eu le mérite de la sortir de sa panique, même s'il aurait préféré le faire lui-même, et en douceur.

« Aux alentours de dix heures trente, vous revêtirez vos blouses pour effectuer des tests de reconnaissance des ions. À l'aide de vos connaissances, vous devrez identifier les ions dans une solution donnée, et retranscrire toutes vos observations et les raisons de l'utilisation de tel ou tel réactif. Bien sûr, vos comptes-rendus seront notés. Pour le moment, nous allons reprendre quelques notions du cours que vous n'auriez pas comprises... »

Marinette souffla, puis observa l'élu de son cœur du coin de l'œil.

Elle était toujours en proie aux mêmes émotions, mais elle avait réussi à retrouver son calme. Elle attendait donc la confrontation avec le beau blond, écoutant la professeure avec attention et appréhension. Elle était sûre que tout ou tard, il allait poser le sujet de son hématome. Il s'était installé à cette place pour cela, non pour faire l'expérience avec elle, et encore moins juste pour le plaisir d'être à ses côtés.

En plus, il n'était clairement pas normal. Il avait les joues toutes rouges, et gigotait dans tous les sens, le tout lui lançant quelques regards. La preuve qu'il attendait le moment propice.

Elle se raidit de nouveau.

Déjà qu'à la normale, discuter avec lui était une réelle épreuve tellement elle bégayait, alors là, si elle devait en plus faire face à un Adrien aussi déterminé qu'Alya, elle était sûre et certaine de s'évanouir. Comment allait-elle faire pour lui répondre ?

« Je n'y arriverai jamais... »

Ce soupir plaintif offrit à Adrien pour essayer de détendre l'apprentie créatrice de mode.

Elle devait sûrement penser qu'elle n'arriverait jamais à effectuer cette expérience à cause de sa maladresse.

« Ne t'en fais pas Marinette... Fit-il en attrapant délicatement l'épaule de la nommée. Je suis sûr que nous allons réussir haut la main... »

Il sourit timidement, mais sincèrement à son amie. Celle-ci se sentit une nouvelle fois fondre sur place par la vision angélique.

Rougissante à nouveau, elle était au bord de la crise cardiaque tellement son cœur battait fort dans sa poitrine.

« Tu... tu... tu cris... Tu crus... »

Adrien ne put empêcher son sourire de grandir.

Décidément, Marinette était très mignonne quand elle perdait ses moyens.

« Je le pense vraiment. Il n'y a aucune raison pour que ça se passe mal. Tu vas voir. Je suis sûr que nous allons bien nous amuser...»

Il caressa légèrement l'épaule vêtue de la demoiselle aux joues cramoisies avant de reporter son attention sur ses notes.

Cette dernière posa ses deux mains sur son cœur, essayant de retrouver un rythme normal par sa respiration.

Adrien, l'élu de son cœur, le garçon qui lui avait volé son cœur, avait caressé son épaule avec une grande affection. Plus jamais elle ne laverait sa veste.

« J'espère que vous avez tous bien compris ! Allez mettre vos blouses que vous puissiez commencer ! »

Les élèves de la classe se levèrent un à un pour enfiler leur habit de protection. Ce fut à ce moment précis que Chloé rappela sa présence aux deux jeunes gens.

« Adrichou, viens faire l'expérience avec moi ! S'écria-t-elle en s'accrochant au bras du nommé. Tu seras bien mieux avec moi qu'avec cette pauvre paysanne !

- Chloé, tu as oublié notre petite discussion de toute à l'heure ? Répliqua-t-il sèchement en essayant de se défaire de l'étreinte.

- Bien sûr que non mon Adrichou. Répondit-elle en affermissant son emprise. Mais en tant que fille du Maire et amie de Ladybug, je me dois de t'aider à sortir de l'emprise maléfique de cette vilaine.

- Ohé toi ! Tu vas arrêter de dire des saloperies sur Marinette ! Intervint Alya, rageuse.

- Et tu vas faire quoi ? Me jeter des rayons lasers avec tes lunettes ?

- Ça suffit ! Taisez-vous tout de suite où vous irez faire un tour chez le directeur ! Et vous Mademoiselle Bourgeois, retournez tout de suite à votre place ! »

La fermeté de l'enseignante de sciences calma de suite le début de dispute, mais pas la tension qui régnait dans la classe.

Alya était furieuse, et Nino semblait bien avoir du mal à la calmer. Elle regardait Chloé avec une haine non dissimulée, et celle-ci le lui rendait bien, n'oubliant guère Marinette.

Cette dernière, tout comme ses camarades, avait revêtit sa blouse et le petit masque de protection avec précautions. Ce n'était pas le moment d'effacer son maquillage par inadvertance.

« Avant que vous ne commenciez, je vais vous dire certaines choses. Déjà, ne pensez pas que vous allez vous en sortir comme ça. Je vais prévenir Mademoiselle Bustier de l'incident qui vient de se produire, et il y a de fortes chances qu'elle supprime votre séance vidéo de cette après-midi. Ensuite, au moindre incident du même acabit durant l'expérience, je serais dans l'obligation de vous mettre trois heures de colle et un zéro compte triple dans la moyenne, à tous. Ai-je été assez claire ? »

Les élèves acquiescèrent en silence, et Mademoiselle Mendeleïev leur permit de commencer.

Marinette lut avec beaucoup de sérieux les consignes à respecter, le nom des produits qu'ils allaient utiliser et les noms des ions à dénicher.

« Alors Marinette, prête ? Demanda Adrien, tout sourire.

- Bah... beuh.. Oui...

- Alors, on est parti. »

Les deux se mirent alors au travail.

La Physique-Chimie était la matière préférée d'Adrien, et encore plus lorsqu'il était entré au Collège François Dupont. Il adorait pouvoir tenir les objets des expériences qu'il ne voyait que sur écran auparavant, pouvoir mélanger par lui-même les solutions. Pour Marinette, c'était plus compliqué. Elle avait beau avoir un bon niveau en théorie, elle ne pouvait malheureusement pas apprécier pleinement la pratique en étant cantonner à décrire les réactions chimiques.

« Mais qu'est-ce qu tu fais ?

- Ben.. Je cris... J'écris alors que moi... alors que toi... tu... tu...

- Tiens ça. Fit-il en lui donnant une pipette jaugée et une propipette.

- Hein ? »

L'héroïne en civil regarda le mannequin et les ustensiles de chimie avec des yeux ronds.

Il devait se moquer d'elle. Ce n'était pas possible.

« Ben, qu'est-ce tu attends ? C'est chacun son tour, donc honneur à la demoiselle.

- Mais... mais...

- Tu vas y arriver. Tu es une personne géniale Marinette. Et ne t'inquiètes pas, je suis là pour t'aider.

- Da... da... d'accord... »

Elle commença alors, les mains tremblantes.

Elle avait cette impression étrange d'avoir déjà vécu une situation similaire, mais dans des circonstances différentes. Elle avait la sensation de revivre un peu sa première mission en tant que Ladybug, lorsqu'elle avait dû être rassurée par Chat Noir. Bien sûr, il en était de même pour Adrien.

Puis, mouvement après mouvement, la confiance s'installa entre les deux adolescents, chacun prenant ses marques avec une facilité déconcertante.

Ils travaillaient en parfaite harmonie, échangeant leur rôle sans soucis quand il le fallait, sans un mot, avec seulement des regards complices. C'était comme s'ils avaient cela toute leur vie.

Ainsi, sous les regards totalement éberlués des autres collégiens par leur complicité, ils continuèrent à réaliser leur différent test, faisant apparaître des précipités de couleurs diverses.

« Euh, tu es sûr là... Fit soudainement la brune, brisant le silence entre les deux.

- Oui, c'est bien du Nitrate d'Argent qu'il faut utiliser pour identifier les Ions Chlorure. Répondit le blond avec assurance.

- Mais la réaction est la même que pour les Ions Zinc avec l'Hydroxyde de Sodium. C'est bizarre.

- Regarde... »

Adrien prit le tube à essai et le plaça à la lumière. Le précipité de couleur blanche réagit et devint noir.

« Ah, ben, finalement, tu avais raison... »

Les deux sourirent de contentement, puis ils s'attelèrent à finir cette série de tests en identifiant, par la mesure du potentiel hydrogène, les ions Hydrogène et Hydroxyde. Après avoir annoté et schématisé leurs différentes expériences et leurs résultats sur une feuille commune, ils se levèrent et la rendirent à Mademoiselle Mendeleïev avec quasiment un quart d'heure d'avance.

Cette dernière avait été particulièrement surprise, non par Adrien, mais par la facilité avec laquelle Marinette avait réalisé ces expériences, elle qui depuis la cinquième était une véritable catastrophe ambulante.

« Vous avez fait de l'excellent travail. Je ne vois clairement pas ce que je pourrais avoir à redire. »

Pour la première fois depuis très longtemps en cours, la scientifique à la grande sévérité esquissa un léger sourire.

« Monsieur Agreste, je vous ai déjà dit à quel point je regrettais de ne pas vous avoir eu en cours auparavant, mais aujourd'hui, je le pense encore plus. Si vous aviez été là durant les années précédentes, cela aurait évité bien des problèmes à Mademoiselle Dupain-Cheng. Je ne sais pas comment, mais vous avez réussi à canaliser sa maladresse. Donc à partir d'aujourd'hui, vous travaillerez toujours ensemble lors des expériences. »

Les deux intéressés hochèrent la tête en rougissant, tandis que des gloussements se firent entendre dans la classe. Quand ils se retournèrent pour rejoindre leur place, ils croisèrent les expressions ravies d'Alya et de Nino.

La première sautillait sur sa chaise par l'excitation et le second les gratifiait d'un pouce levé en signe d'approbation tout essayant de contenir sa petite amie. Ils n'étaient bien sûr pas les seuls à être contents de la situation, quasiment toute la classe arborait une mine réjouie. Il n'y avait que Nathaniel et Chloé pour ne guère apprécier la tournure des événements. Seulement, jamais le roux ne se serait permis de faire ce qu'allait faire la blonde dans quelques instants.

Profitant de l'inattention sur elle, elle décala doucement son sac pour le mettre sur le chemin de sa rivale, et la réaction ne se fit pas attendre.

« Ah ! »

Dans ce petit cri strident, Marinette se prit les pieds dans les affaires de la pourri-gâtée et s'effondra au sol tandis que Chloé lâcha un petit rire.

Heureusement, elle avait eu le réflexe de placer ses mains au sol pour retenir sa chute. Elle ne s'en tira sans aucune égratignure.

« Tu vas bien Marinette ? Demanda de suite Adrien en prenant la main de demoiselle.

- Je... tu...oui... Bégaya-t-elle en acceptant l'aide du jeune homme.

- Tu aurais pu te faire très mal...

- J'ai l'altitude...l'attitude... »

Elle savait pertinemment que sa chute n'avait rien d'un coup de malchance, mais à la perfidie de Chloé Bourgeois. Elle aurait dû répliquer, mais elle ne pouvait pas. La menace de Mademoiselle Mendeleïev tenait toujours. Elle ne voulait pas que sa classe subisse les répercussions en cas de dispute. Cela n'aurait pas été juste, et elle détestait l'injustice. Puis Adrien lui tenait délicatement la main, et elle ne voulait pas la lâcher.

Après s'être relevée, elle se laissa conduire lentement jusqu'à sa place par le garçon de ses rêves, et se rassit à ses côtés.

« Mademoiselle Dupain-Cheng, Monsieur Agreste, pour ne pas gêner vos camarades, veuillez quitter la salle après avoir nettoyé et rangé votre paillasse. »

De nouveaux gloussements se firent entendre, et les deux s'attelèrent à tout nettoyer en faisant le moins de bruit possible pour ne pas gêner leurs camarades. Une fois cela fait, et leur blouse et masque rangés, ils quittèrent la salle de classe, non sans des encouragements pour Alya et Nino qui tentaient de se dépêtrer d'une situation bien difficile, et des regards meurtriers de Chloé à l'encontre de la brune. Seuls à l'extérieur, ils déambulèrent dans un silence gêné les couloirs humides durant quelques minutes. Ils arrivèrent vite, trop vite, au hall d'entrée du Collège Françoise Dupont. Ce fut à cet instant que le super-héros en civile décida de lancer la discussion.

« Marinette, je veux te dire que, grâce à toi, j'ai eu le meilleur cours de Physique-Chimie de toute ma vie.

- Je... mis... moi aussi... Tenta-t-elle, toujours subjuguée par son camarade.

- Tu es une personne formidable, Marinette. »

La fille de Sabine Cheng ne put que rougir incroyablement au compliment du jeune homme.

Elle ne rêvait pas, Adrien venait de dire qu'elle était formidable, et en plus, il ne semblait pas en avoir fini.

« Tu as le cœur sur la main. Tu n'hésites pas une seconde à aider les autres en faisant tout ton possible pour régler les problèmes. Tu es vraiment exceptionnelle. Et c'est pourquoi je... je... »

Adrien se plaça en face d'elle et la regarda dans les yeux.

À ce moment précis, il ne pouvait s'empêcher de se perdre dans les prunelles scintillantes de la jeune fille en face de lui. Son cœur semblait vouloir quitter sa poitrine, comme lorsqu'il se retrouvait seul à seul avec Ladybug. Mais il était amoureux de la super-héroïne, pas de sa camarade. Enfin, il essayait de s'en persuader.

Seulement, il n'oublia pas la raison pour laquelle il voulait lui parler.

« J'ai pris l'habitude de t'observer... comme je le fais pour toutes les personnes qui me sont chères, et il y en très peu... Alors, j'ai eu le sentiment qu'il y avait quelque chose de différent chez toi aujourd'hui... enfin... sur ton visage... »

Marinette baissa sa tête en direction du sol, n'osant plus regarder le fils de son idole.

Elle attendait la suite avec beaucoup de peur, savant pertinemment ce qui allait suivre.

« J'avais beau réfléchir, je n'arrivais pas à trouver la raison de tout ça... Et puis, il y a eu le cours d'anglais... »

Sans réfléchir, Adrien prit les deux mains de son interlocutrice et les enlaça avec douceur.

« Tu as lu le texte comme si tu étais concernée... et tu as prononcé cette phrase comme si tu étais sur le point de sombrer...

- Je... je...

- Cette phrase, c'est la vérité n'est-ce pas. Tu... Tu as un œil au beurre noir... »

Tout en frissonnant d'effroi, Marinette ferma les yeux et retira ses mains de celles du blond.

Elle vivait un cauchemar.

« Si tu as des problèmes, tu peux m'en parler... »

Cette simple phrase fit resurgir toutes les peurs que la jeune fille avait eues la nuit précédente. Elle recula de deux pas, regardant Adrien comme un animal totalement apeuré, la panique l'envahissant.

Elle devait fuir, fuir très loin de l'élu de son cœur, même si celui-ci était clairement inquiet pour elle.

Alors, sans prévenir, elle le feinta avec une dextérité impressionnante et se rua à l'extérieur de l'établissement scolaire sous une pluie battante, le laissant seul. Il aurait très bien pu la poursuivre, mais il ne voulait pas l'accabler encore plus. Il se sentait déjà assez coupable comme ça.

« Qu'est-ce que je dois faire ? Lança-t-il pour lui-même.

- Rien du tout... Déclara un petit être noir en sortant de sa poche.

- Quoi ? Mais tu as vu dans quel état je l'ai mise ? Si elle devait être akumatisée par ma faute, je ne m'en remettrais jamais...

- Cette fille ne se fera pas akumatisée...

- Comment peux-tu en être si sûr ? »

Plagg réfléchit un instant.

Il avait entièrement confiance en Tikki pour calmer la panique de sa porteuse, mais ça, il ne pouvait pas le dire, sinon, son propre porteur serait au courant de l'identité secrète de Ladybug, et cela allait à l'encontre des règles. Il devait trouver une réponse adéquate.

« Cette gamine est très bien entourée...

- Pas si bien que ça, vu son coquard...

- Rah ! Laisse tomber... Ça me fera des vacances...

- Plagg ! »

Le kwami était retourné dans la poche de veste du mannequin. Il avait deviné la raison de l'hématome pré-orbital de Ladybug. Elle avait dû avoir un petit accident après le combat contre le super-vilain de la soirée précédente. C'était aussi simple que ça. Pourquoi n'avait-il pas le droit de tout dire à cet idiot ? Et pourquoi cet idiot n'avait-il toujours pas compris que sa Ladybug se trouvait juste derrière lui en cours ? C'était tellement évident en plus. Pourquoi avait-il fallu que Tikki et lui-même tombent sur des porteurs aussi aveugles qu'attachants ? Heureusement qu'il avait du camembert, ou il aurait craqué depuis longtemps.

« J'ai bien peur de devoir en parler à Alya et Nino... »

Marinette avait couru sous la pluie à une vitesse folle entre le collège Françoise Dupont et sa demeure. Elle avait manqué d'être renversée par une voiture juste devant la devanture de la boulangerie de ses parents, et était entrée comme une fusée à l'intérieur de celle-ci, sous les regards intrigués des clients et celui inquiet de sa mère. Une fois qu'elle avait rejoint sa chambre, elle s'était effondrée sur son lit, se plaignant en sanglots de ne plus avoir d'avenir. Heureusement, les paroles pleines de sagesses de Tikki avaient fini par la calmer...

« Tikki, qu'est ce que je dois faire ? Demanda l'adolescente, reniflant encore de ses pleurs.

- Arrêter de paniquer comme tu l'as fait... Conseilla tendrement la kwami.

- Mais... mais j'ai eu tellement peur...

- Je sais, mais tu es Ladybug. Je sais que ça aurait été dur, mais tu as affronté bien pire qu'un garçon qui s'inquiète juste pour toi...

- Oui, mais il s'agit de l'amour de ma vie...

- Raison de plus. Tu aurais pu le rassurer. Maintenant, il doit être totalement retourné par ton comportement.

- Tu crois qu'il pense que...

- Il y a des chances... »

La jeune fille se morfondit à nouveau.

Elle avait complément perdu la raison tout à l'heure, et dorénavant, Adrien avait sans doute des pensées aussi affreuses les unes que les autres sur le pourquoi de son ecchymose orbitale.

« Ma vie est foutue... »

La fille aux cheveux de jais plaça son visage dans son oreiller pour y trouver du réconfort. Cela fit soupirer sa kwami qui vint se coller à sa joue affectueusement.

« Marinette... la situation n'est pas désespérée. Il suffit juste que tu ailles lui parler pour régler le problème.

- Tu as raison... mais je n'y arriverais jamais... »

Elle se retourna lentement et perdit son regard dans la contemplation de la pluie tombant sur la trappe vitrée menant à la terrasse.

« Et pourtant, je suis sûr qu'il n'attend que ça, que tu te rapproches de lui.

- Tu crois ?

- Repense aux mots qu'il t'a dits avant qu'il n'essaye de te parler de ton œil au beurre noir... »

Elle repensa à toutes les paroles qu'il avait eues à son encontre, et aussi aux échanges durant l'expérience en Physique-Chimie. Un doux sourire illumina son visage.

Ces moments-là avaient clairement illuminé sa journée. Elle avait été tellement heureuse de l'entendre la complimenter, de le voir si radieux durant le cours, d'avoir pu partager des connaissances avec lui. Si elle n'avait pas cette ecchymose, cela aurait été sans aucun doute le plus beau jour de sa vie.

Elle ferma les yeux, écoutant le son mélodieux des gouttes de pluie tombant sur la vitre, la respiration calme de Tikki à ses côtés, se détendant, oubliant durant un instant tous les émois de cette matinée riche émotionnellement. Comme par hasard, ce fut à cet instant précis que son père signala sa présence à l'entrée de sa chambre.

« Marinette, tu vas bien ? Je peux monter ? »

Tikki l'empêcha de répondre en plaçant l'une de ses pattes sur les lèvres de sa porteuse. Par des signes, elle lui fit comprendre que son maquillage était parti.

« Non. Enfin, je veux dire que je vais bien papa. Mais tu ne peux pas rentrer, je suis en train de me changer...

- Ah... Désolé ma choupinette... Tu veux que je demande à ta mère de monter récupérer ton linge ?

- Non, ça ira... J'irai mettre mes habits mouillés moi-même dans la machine à laver.

- D'accord ma sucrette. Ta mère viendra te chercher pour le déjeuner. »

La fille de quatorze ans soupira de soulagement.

Heureusement que c'était son père qui était monté, car sa mère ne se serait pas gênée pour entrer dans sa chambre, ne lui laissant aucune échappatoire. Elle avait tout même menti, mais pour que son mensonge n'en soit plus un, elle descendit de sa mezzanine et se changea, troquant son ensemble habituel par un similaire. La seule différence notable était l'absence des fleurs, toutes remplacées par des coccinelles.

« Je devrais le mettre plus souvent cet ensemble, non ?

- Tu as parfaitement raison. Et je suis sûr que cela va beaucoup plaire à Adrien.

- Tu crois ?! »

Tikki ria légèrement, contente du visage rêveur qu'arborait dorénavant son amie humaine.

Elle préférait la voir vagabonder amoureusement dans son imagination plutôt que la voir désespérer dans son lit. Sa joie était tellement communicative. Les paroles d'Alya en début de matinée étaient particulièrement véridiques. Son sourire illuminait son entourage.

« Euh Marinette, tu devrais peut-être te remaquiller maintenant...

- Oui, tu as raison... Juste pour cacher mon bleu à ma mère et mon père...

- Tu ne vas quand même pas manquer l'école cette après-midi... Il faut que tu parles avec Adrien...

- Je ne sais pas si c'est une bonne idée... Je pense que je devrais plutôt attendre de ne plus avoir ce bleu...

- Mais imaginons que tu te blesses à nouveau, que ce soit en tant que Marinette ou Ladybug. Tu ne penses pas qu'il vaudrait mieux empêcher la situation de déraper comme tu le crains. Et en plus, tu risques d'avoir un contrôle cette après-midi... »

Marinette réfléchit.

Sa kwami avait parfaitement raison. Elle ne pouvait pas laisser la situation empirer. Elle ne pouvait pas laisser Adrien se faire des idées, s'inquiéter pour elle. Elle redoutait aussi qu'il en parle à Nino, voire pire, à Alya. Si sa meilleure amie était au courant, elle allait remuer ciel et terre pour trouver la raison de cet hématome, et pour ensuite la venger. Et elle ne pouvait laisser sa classe être punie à cause de la perfidie de Chloé Bourgeois.

« Je vais d'abord aller voir Mademoiselle Bustier pour lui demander de ne pas annuler la séance en salle audiovisuelle qu'elle avait prévue. Et peut-être même que j'arriverais à être à côté d'Adrien... »

Elle plaça ses mains sur son cœur et tournoya sur elle-même, ravie par son idée, tandis que la petite créature aux couleurs d'une coccinelle virevoltait joyeusement elle aussi.

« Allez Tikki, aides-moi à arranger cette vilaine marque !

- Avec plaisir ! »

Les deux amis se mirent à nouveau un travail, cachant méticuleusement le dégât collatéral du combat nocturne de Ladybug. Elles allèrent beaucoup plus vite que la première, tout en restant précautionneuses à la moindre erreur, mais aussi au moindre bruit prévenant de l'arrivée de Sabine Cheng.

Justement, quand elles eurent fini, la Chinoise se signala, et entra sans même demander à sa fille l'autorisation, laissant à peine le temps à Tiki le temps de se cacher.

« Oh ! Je vois que tu t'es réellement changée ma chérie...

- Ben oui, mes vêtements étaient tout trempés. Répondit-elle en passant sa main derrière sa nuque de gêne. Je n'ai pas envie de tomber malade.

- Justement, en parlant de ça... Tu n'avais pas l'air bien quand tu es rentrée... En plus, tu avais bien vingt minutes d'avance... J'espère qu'il ne t'est rien arrivée en cours... »

Marinette sentit l'inquiétude de sa mère. Elle utilisa ses méninges pour trouver une explication plausible, et elle décida de dire la vérité, enfin, une vérité légèrement transformée...

« En fait, les cours se sont bien passés. J'ai eu un vingt en français, et j'ai même réussi à réaliser une expérience sans rien casser en Physique-Chimie. Madame Mendeleïev a été tellement contente qu'elle nous a laissés, mon binôme et moi, quitter la salle avant la fin du cours...

- Je vois... Et qui était ce fameux binôme ?

- Euh... ben... Bégaya l'adolescente en jetant des regards aux nombreuses photographies du dit binôme. C'était...

- Hi, hi, hi ! Pas la peine de te mettre dans un état pareil. Fit-elle avec un petit clin d'œil. J'ai compris de qui tu parles ma chouquette.

- Maman ! S'écria-t-elle, extrêmement rouge de honte.

- Mais tu ne me dis pas tout, je me trompe ? »

L'héroïne se calma à la nouvelle question de sa mère, cette dernière ayant le chic de changer d'expression et de ton en quelques secondes.

« En fait, tout ça a rendu verte de jalousie Chloé. Pour elle, ce n'était pas normal que j'aie eu un vingt alors qu'elle a eu un deux et qu'ensuite, je sois en binôme avec Adrien. Elle m'a fait tomber alors que je retournais à ma place...

- Tu ne t'es pas fait mal j'espère ?

- Non, ça va...

- Décidément, cette fille ne rate pas une occasion de te causer des problèmes...

- Oui, tu l'as dit...

- Bon, ne t'en fais pas... Ce n'est pas si grave... Tu n'as même pas de bleu... Allons manger, ton père fait de la quiche...

- Oui-oui... »

Le corps de la jeune fille avait frissonné de toute part. Sa mère avait fait exprès d'appuyer sur le mot 'bleu'. Sa mère était au courant. Sa mère était au courant !

Elle déglutit et suivit la petite dame jusqu'au salon où la table avait été installée.

« Assis-toi, ma chérie, je vais sortir la quiche de ton père du four... »

Elle s'assit sur sa chaise, et attendit péniblement le moment où sa mère allait la manger toute crue...

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