Tentation en édition

Da Lalie308

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[ Gagnante Watty 2019 dans la catégorie New adult] Michelle Lawson, 23 ans, femme afro et atypique, traverse... Altro

Prologue
Chapitre 1: Paumée.
Chapitre 2: Tarée
Chapitre 3: Trahison sucrée
Chapitre 4: Ottawa
Chapitre 5: Secret
Chapitre 6: Jeu de rôle
Chapitre 7: L'orée de l'addiction
Chapitre 8: Briser la glace
Chapitre 9: La soirée
Chapitre 10: S'incruster
Chapitre 11: Imposteur.
Chapitre 12: Piétine mon cœur
Chapitre 13: Ami?
Chapitre 14: Confusion
Chapitre 15: Tenter
Chapitre 16: Stop
Chapitre 17: Tempête d'attirance
Chapitre 18: Seconde première fois
chapitre 19: Monde d'illusions
Chapitre 20: Doutes
Chapitre 21: Découverte
Chapitre 22: Confiance
Chapitre 24: Démon
Chapitre 25: Pardon?
Chapitre 26: Vengeance
Chapitre 27 : Grillés
Chapitre 28: Au revoir ( Réécrit)
Chapitre 29: Haine ou amour? (Réécrit)
Chapitre 30: Négociations (Inédit)
Epilogue

Chapitre 23: Famille

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Da Lalie308

Que les habitants de ton royaume n'acceptent est mon désir,
Que ton cœur me possède est un plaisir.
—•••—

Lorsqu'on sonne à la porte le lendemain, je grogne en enfouissant ma tête dans le cou d'Harry. La sonnette se fait un peu plus persistante, me faisant grogner plus fort.

— J'y vais, fait Harry en se levant de toute sa belle nudité.

Mater ses fesses me réveille définitivement. Il enfile son boxer puis ses jeans avant de courir vers la porte d'entrée. Je me lève doucement puis réalise enfin que personne ne doit voir Harry chez moi à pareil moment de la journée — et encore moins torse nu. Je me hâte d'arranger mes cheveux, enfile à la hâte mon sweat et un short puis cours vers la porte en criant le nom d'Harry.

— Qui est-ce ? demandé-je en entrant enfin dans le salon.

Harry l'air soudainement gêné, s'écarte de la porte pour laisser entrer deux hommes. Ma bouche légèrement entrouverte, mon regard passe de l'un à l'autre, puis de l'autre à l'un, sans qu'aucun mot ne franchisse directement mes lèvres. Enfin sortie de ma torpeur, je retrouve le verbe.

— Papa, Luc ? m'étranglé-je presque.

Leurs regards sont très loin d'être sympathiques lorsqu'ils me regardent puis regardent Harry. Ce dernier ferme la porte derrière lui.

— Que... Que faites-vous ici ?

— Eh bien, commence mon père en toisant Harry une dernière fois, ton frère a pu se faire transférer ici et j'ai décidé de l'accompagner et de te faire une visite surprise. Mais je ne savais pas que tu me réservais également une surprise, déclare mon père en français avec amertume.

Je me racle nerveusement la gorge.

— Venez, on va prendre le petit déjeuner ensemble, soupiré-je.

Personne ne bronche pendant que nous nous dirigeons vers la cuisine. Je lance un regard à Harry, lui signifiant de porter quelque chose, il rougit brusquement puis monte discrètement. Je fais du café à mon père qui me fixe toujours avec déception, puis à Luc. Je sors la pâte à crêpe que j'ai fait la veille et quelques ingrédients pour des omelettes. Lorsqu'Harry revient enfin, je me tourne vers eux, confiante. Après tout, je ne fais rien de bien mal. À part sortir avec ton éditeur, me reproche ma conscience que j'expulse dans un coin bien enfoui de mon être.

— Papa, Luc, voici Harry, mon petit ami, fais-je en me grattant la nuque.

— Un petit ami ? Un petit ami ? s'indigne Luc.

Si ça ne tenait qu'à lui, je resterais vieille fille toute ma vie.

— Toi la ferme, on n'a pas besoin de ton avis, le rabroué-je en me tournant vers mon père qui n'affiche plus aucune expression.

— Faisons connaissance donc, fait-il.

Je laisse échapper un soupire que je retenais. Harry, aussi rouge qu'une tomate est vraiment tendu. Je pose doucement ma main sur la sienne pour le détendre en lui souriant. Mon père est juste un peu déçu de découvrir un inconnu à moitié nu dans l'appartement de sa fille, mais à part ça, je pense que ça va. Lorsque nous nous installons enfin, mon estomac est noué donc je me contente de boire mon thé en silence tandis que Luc est le seul à cette table qui s'empiffre comme une femme enceinte.

— Donc, parlez-moi de vous, dit finalement mon père à Harry.

Après une courte pause durant laquelle il parcourt la table du regard, Harry prend poliment la parole.

— Je suis désolé des circonstances de notre rencontre. Je suis né dans un petit village assez loin d'ici.

— Et quel âge avez-vous ? demande mon père comme un policier lors d'un interrogatoire avant de prendre une bouchée d'omelette.

Luc, en pleine mastication, scrute Harry du regard, en quête d'un détail pour le faire couler.

— 24, répond-il.

— Et que faites-vous dans la vie ?

— Je suis éditeur en chef chez Homel, annonce Harry qui ne s'en compte que trop tard.

La fourchette de Luc tombe soudainement dans son assiette tandis qu'il cligne plusieurs fois des yeux. Mon père me lance un regard bien plus qu'interrogateur et je me fais toute petite, parce qu'il connaît la fameuse clause du contrat.

— Bien, se contente-t-il de répondre. Vous avez une bonne situation.

Le reste du déjeuner se passe un peu bizarrement, mais Harry finit par s'en aller. Il m'embrasse presque, mais se résigne à cause des regards posés sur nous. Dès qu'il s'en va, je me sens seule contre tout un peuple qui veut ma tête. Mon père, assis sur le sofa, me lance un long regard. Je remarque enfin les valises de Luc dans un coin de la pièce, mais n'ose pas encore soulever la question.

— Tu sors avec la seule personne avec qui tu n'es pas censée sortir ? me demande mon père avec un calme déconcertant.

— On fait attention papa, tout ira bien. Tu sais que je n'ai jamais réellement été attirée par un homme. Mais avec Harry, c'est pur, je tiens vraiment à lui, lui avoué-je honnêtement.

Je lance un regard noir à Luc qui vient de pouffer, les bras croisés.

— Fais attention, s'il te plait. Homel n'a pas l'air net non plus.

Je me contente d'acquiescer.

— Dans quel hôtel resterez-vous et dans quelle université va Luc ?

— On ne va pas rester à l'hôtel alors que tu as une chambre de libre voyons, notifie papa.

— Ou elle ne voudrait pas qu'on entende leurs petites galipettes, ronchonne mon idiot de frère.

Je roule des yeux. Luc est excessivement insupportable.

— Il a été reçu à l'Université d'Ottawa puisqu'aussi con qu'est ton frère, il y en a aussi dans son crâne.

— Eh ! fait Luc en faisant une moue. Et puis, tu en as fini avec son histoire de petit ami ?

— Ta sœur est majeure et vaccinée, je voudrais juste qu'elle fasse attention.

— Pff, moi je ne serai jamais d'accord. Mais et si ce mec voulait juste profiter d'elle ? insiste Luc.

— On s'en fout de ton avis Luc. Et puis c'est toi qui me parlais de belles auteures non ?

— Mais où est le rapport ? Maintenant je m'en fous des filles, j'ai des études de médecine à poursuivre.

Effectivement, Luc n'a plus une seule fois fait référence à aucune fille depuis un certain temps, ce qui me donne ma petite idée.

— T'as une copine hein ? avancé-je avec un petit sourire taquin.

Il rougit légèrement avant de balayer d'un geste de la main ma supposition.

— N'importe quoi.

— Je reviens dans quelques minutes et je vous fais un peu visiter la ville, on ira faire un coucou à Charly en passant.

Je me dépêche de prendre une douche — calmant la pression qui s'est heureusement éteinte, rassurée que mon père n'en dise pas plus à propos d'Harry. Lorsque je les rejoins enfin, mon père dans son bomba (tenue traditionnelle du Bénin) se lève directement. Nous toquons à la porte de Charly et c'est la crinière rousse d'Elton qui apparaît derrière la porte. Son visage s'illumine aussitôt qu'il me voit. Je n'ai pas souvent l'occasion de les croiser parce qu'ils s'enferment dans l'appartement de Charly pour gérer leurs affaires.

— Calista ! plaisante-t-il en me prenant dans ses bras.

— Il n'y a que des mecs ici, grommelle Luc derrière moi.

Je roule une fois de plus des yeux.

— Bonjour monsieur ! Elton, se présente poliment Elton à mon père.

— Maxim, le père de Michelle.

— Oh, super ! Ravi de vous rencontrer. Je suis un coéquipier de Charly.

Lorsque nous entrons, toute la team est là, certains sur leurs ordinateurs portables, d'autres stylos en main à écrire je ne sais quoi et Charly au téléphone.

— Mais nous avions convenu que cet établissement ferait partie du programme, grogne-t-il quelque peu nerveux.

Lorsqu'il se tourne vers nous, son visage s'illumine ; il grommelle quelque chose dans le téléphone avant de raccrocher.

— Luc, Maxim, ravi de vous voir.

Il fait l'accolade à Luc, puis serre la main de mon père.

— Charly tu laisses tous ces mecs autour de ma sœur ? le tance Luc en plissant les yeux.

— Mec je sais comment les tenir à distance, rétorque Charly.

— Et ce Ha...

Je lui flanque un coup dans la côte pour qu'il se taise, les autres nous observent. Il aurait pu tout gâcher et soulever des soupçons sur Harry et moi.

— Je ne savais pas que vous viendriez si tôt, continue Charly.

Je fronce les sourcils.

— Tu savais ?

— Comment nous sommes nous si facilement retrouvés à ton avis ? lance Luc.

— Traître, craché-je à Charly qui me lance un regard innocent. Salut les gars, lancé-je à l'équipe.

— Michelle, firent-ils tous en chœur avant de se replonger dans le boulot, y compris Elton.

Nous sortons enfin de l'appartement de Luc et nous rendons à la réception où je découvre Aiden.

— Papa, Luc, voici un des portiers, Aïden. On est amis.

Ils se serrent la main puis nous sortons de l'immeuble. Luc est des plus distraits avec son téléphone qui sonne toutes les deux secondes. Abdou marche déjà vers nous.

— Papa, Luc, voici Abdou, mon... garde-corps et le meilleur ami d'Harry.

— Garde-corps ? s'étonne papa.

— Mais tu n'es même pas encore connu et t'as un garde-corps. Qui serait assez con pour même vouloir t'approcher ? Tu as failli briser le cou à certains de tes camarades au collège, déclare Luc avec un petit sourire taquin.

Je le gratifie d'une petite gifle à la nuque.

— Outch, geint-il.

— Bonjour, monsieur ! fait poliment Abdou.

— Appelle-moi Maxim, fait mon père.

— Luc, ajoute mon frère en lui serrant la main à son tour, mais dès que son téléphone sonne de nouveau, il nous oublie.

Durant le trajet, je décide enfin de prendre mon téléphone. Je découvre toute une panoplie d'appels et SMS de Tania que j'ignore. Les derniers SMS sont plus dans le genre :

Mais répond Mich, ton père et ton frère sont en route vers chez toi.

Michelle, alerte famille en approche. Et pardonne-moi, je t'en prie.

— Tania a voulu venir, mais elle a un eu empêchement, déclare mon père depuis le siège passager.

— Hum, me contenté-je de humer en me baladant toujours dans mon téléphone.

Mon visage s'illumine dès que je découvre des messages d'Harry, beaucoup de messages d'ailleurs.

Je pense que je vais faire une crise cardiaque.

Ton père et ton frère me détestent, j'en suis sûr.

Mon Dieu !!! Michelle, t'es encore vivante ?

Tu me manques.

Michelle, réponds-moi.

Mon cœur se réchauffe quand je lis ses messages. Chaque jour, je découvre un peu plus du vrai Harry : cet Harry joyeux dont m'a parlé Aliyah, cet Harry dont je tombe de plus en plus raide dingue.

Tout va bien, ne t'inquiète pas. Papa va t'adorer si tu restes naturel. Luc, on s'en fout.

À peine le message envoyé, qu'il rétorque :

Je vais tout faire pour que ton père m'accepte, promis.

Je ne peux pas m'empêcher de sourire en lisant ce message. Je me rends compte du fait qu'Harry tient à moi, et que ce n'est pas qu'à un sens, qu'au moins lui, ne me trahira jamais. Je lance un regard de biais à Luc qui m'observe du coin de l'œil.

— Quoi ? fais-je.

— T'aimes jouer avec le feu toi, fait-il en faisant référence à Harry.

— Dis-moi, ta fac n'est pas trop loin d'ici ? Tu vas devoir te taper de longs trajets non ?

Il roule des yeux.

— Tu veux ton appartement pour toi toute seule, et je me prendrai une voiture. T'inquiètes, je pense, économique.

C'est à mon tour de rouler des yeux. Luc ne pense pas économique ; pas du tout, il fait ça pour m'emmerder. Pour l'instant, j'avoue que sa tronche de rat m'a manqué, donc je le supporterai pour quelque temps. Et puis, avec les cours, il n'aura même pas le temps de me voir. Je suis contente d'avoir ma famille là, près de moi.

— Papa, tu es sûr que tu ne veux pas aller à l'hôtel ou je peux te laisser ma chambre, fais-je lorsque nous rentrons enfin le soir.

— Non ma puce, je reste avec Luc.

— J'ai besoin d'intimité, geint ce dernier.

Dès que mon père lève un sourcil, il lève ses bras en signe de soumission.

— OK, OK, OK.

— Bonne nuit papa, fais-je parce que nous avons dîné avant de rentrer.

— Bonne nuit ma puce, me souhaite-t-il à son tour en m'embrassant le front.

Il m'a tellement manqué mon papounet.

— Bonne nuit Luc, lancé-je à haute voix lorsque celui-ci prend le chemin de sa chambre.

— Pas bonne nuit Mich.

Je secoue ma tête en souriant.

Harry

— Je ne t'ai jamais vu aussi stressé, remarque Aliyah en face de moi.

Assise sur le sol dans son pyjama extralarge, elle tient un grand bol de céréales en main. Quant à moi, je me tiens sur le canapé, attendant un autre message de Michelle.

— Rien n'est en ma faveur actuellement Liyah...

— Mais si, t'es beau et canon et tu as une belle situation. C'est tout ce qui importe aux parents.

— Qu'est-ce que t'en sais des mecs toi ? Des relations et tout ? lui demandé-je en plissant les yeux, en mode grand frère.

— Beaucoup plus que toi, rétorque-t-elle en manipulant son téléphone.

Je fais exprès d'ignorer sa réponse.

— Je vais les inviter à dîner lundi soir.

— Voilà, et essaie de ne pas te faire dessus.

Je mime ce qu'elle vient de dire avec des manières, la faisant éclater de rire.

— Je n'arrive pas à croire ce que les gens écrivent sur toi dans les journaux, sérieux, et tout, alors que t'es le plus gros des gamins.

Je roule des yeux puis lui tire la langue, mais mon regard se pose sur une photo de Michelle et Luc devant le parlement du Canada. Elle tire la tête de son frère par les cheveux pendant qu'elle protracte sa langue. Je souris en remuant légèrement ma tête. Je suis tellement fou de cette femme que je dois tout faire pour la garder près de moi.

— Le seul mauvais gros point est ce contrat avec Homel et ton histoire avec cette fille-là, Audrey, poursuit Liyah.

Mes espoirs se fanent encore et je grogne en rejetant ma tête en arrière.

— Son père n'avait pas l'air content en entendant que je venais d'Homel, remarqué-je en me rappelant son expression. Mais il n'y a rien de mal à dîner avec la famille d'un de ses auteurs non ?

— Non rien, sauf que tu ne l'as jamais fait auparavant, répond-elle en fourrant une grosse cuillère dans sa bouche.

Elle dépose le bol et son téléphone sur la table basse avant de bondir sur moi.

— Mon frère est amoureux, c'est trop chou, minaude-t-elle en entourant mon cou de ses bras.

Je ne peux m'empêcher d'éclater de rire et de la prendre dans mes bras, limite pour l'étouffer.

*

— Ne veux-tu pas venir avec moi ? me demande Audrey, alors que nous sommes debout dans le hall de ma rubrique.

— Non j'ai beaucoup de travail et tu sais que les soirées, ce n'est pas mon truc, m'opposé-je gentiment.

Ça devient de plus en plus difficile de tenir cette fausse relation avec Audrey, je n'y trouve plus aucun intérêt. Avant au moins, personne d'autre ne monopolisait mon attention, et à présent, toutes mes pensées convergent vers Michelle, la folle de mes rêves, le remède de mes brûlures et au fond de moi, une voix crie que c'est elle, la femme de ma vie. Je n'arrive plus à faire semblant avec Audrey, mon corps s'est programmé sur Michelle, elle et rien qu'elle. Audrey fait la moue.

— S'il te plait Harry.

Lorsque je lève le regard, il tombe sur Michelle et sa famille qui viennent de débarquer et qui s'avancent vers nous. Je me sens encore plus nerveux qu'hier.

— Bonjour, monsieur Lawson ! Luc, commencé-je poliment, je peux sentir mes mains trembler.

Luc ne prend pas la main que je lui tends, ce qui lui vaut un regard noir de la part de sa sœur.

— Bonjour Harry ! Ravi de te voir, fait Maxim. Et appelle-moi Maxim.

Je n'arrive pas à savoir si c'est par politesse ou s'il m'apprécie vraiment.

— Audrey, fait Michelle tandis qu'Audrey la prend dans ses bras.

— J'espère que t'es prête pour notre soirée filles du mercredi, fait une Audrey surexcitée.

L'expression actuelle de Michelle montre clairement qu'elle avait oublié, ce qui me fait un peu rire. La tension est palpable en moi, celle de l'incommodité de la situation mêlée à celle qui m'oppresse l'estomac à la simple vue de Michelle. J'ai juste envie de dévorer ses lèvres si belles, de fourrer ma langue dans cette bouche qui a du mal à se fermer, de la prendre, là, tout de suite. Mais ma conscience me retient.

— Audrey, voici mon père Maxim Lawson et mon frère Luc, commence Michelle, gênée.

— Oh, vous êtes la famille de Michelle ! Je suis Audrey Davis, la fille de la présidente d'Homel, une amie à Michelle aussi, fait Audrey en serrant vigoureusement la main des deux hommes.

— C'est la petite amie d'Harry, ajoute Michelle plus bas tandis qu'Audrey affiche un sourire fier.

Enterrez-moi vivant ! Je ne gagne pas de points là, j'en perds beaucoup plus. L'expression sur leurs visages est à la fois sombre et surprise.

— Veuillez nous excuser, je dois parler en privé avec Michelle, déclaré-je enfin.

— D'accord mon amour, je ferai connaissance avec eux pendant ce temps.

Je marche devant et Michelle me suit jusqu'à mon bureau dont je referme la porte derrière. Elle lâche un petit rire nerveux.

— Cette situation craint, remarque-t-elle.

Mais je la colle à la porte et glisse mes mains dans son dos. Elle laisse échapper un « oh » avant que je n'écrase mes lèvres contre les siennes. Nous nous embrassons comme si nous n'étions pas dans l'empire qui interdit notre relation, à côté de ma petite amie et de sa famille qui nous attendent derrière la porte. Je fais violence sur moi pour enfin me détacher d'elle afin que nous reprenions nos respirations. Je me passe une main nerveuse dans les cheveux en reculant enfin.

— Dis-moi Harry, pourquoi Aliyah n'a pas les cheveux blancs ? demande Michelle en posant son regard de princesse sur le pauvre homme que je suis.

Je lui lance un regard interloqué, surpris, choqué, outré. Outré qu'elle puisse poser pareille question à pareil moment.

— T'es pas sérieuse Michelle, lui reproché-je en me collant à mon bureau.

Elle glousse légèrement avant de m'embrasser une dernière fois, puis une autre, puis une vraie dernière fois. Mais je ne la laisse pas partir, je la tire encore vers moi et la prends dans mes bras en la barbouillant de petits bisous. Il faut que sa famille soit là et que l'on se trouve chez Homel pour que mes pulsions se déploient soudainement.

— Mais que t'es affectif aujourd'hui Harry ! rigole Michelle en embrassant mon nez.

— Je vais devenir fou, grogné-je en laissant tomber ma tête en arrière.

— Surtout si on ne sort pas maintenant, observe-t-elle en marchant vers la porte.

Je la suis silencieusement, mais lui pose un dernier baiser dans le cou avant de sortir. Je remercie le ciel que Michelle se maquille très rarement — plus parce qu'elle n'est pas au point à ce niveau. Elle reste diablement belle : rien que ses petits yeux marron qui me regardent de cette manière maligne pourraient me faire perdre la tête. Cela aurait d'ailleurs été délicat d'expliquer pourquoi son maquillage s'est effacé, et qu'il se retrouve sur mon visage. Nous marchons rapidement vers le trio.

— Vous en avez mis du temps, remarque Luc d'un ton sournois.

Michelle le pince, il grimace.

— Bon je vais continuer la visite, dit Michelle entre ses dents avant qu'ils ne disparaissent.

— Très belle famille, remarque Audrey.

Je me contente de lui adresser un petit sourire.

Michelle

Je reste encore toute retournée après notre démonstration d'affection avec Harry, mon corps le réclame, encore plus, sur-le-champ, mais c'est impossible.

— Petite amie hein ? fait enfin papa quand nous sortons de la grande salle où se trouvent les comités de lecture.

La salle est aménagée comme une grande cafétéria avec de petits bureaux séparés par des murs de verre.

— C'est une fausse relation pour couvrir Harry. Il ne peut pas l'arrêter ainsi en raison des soupçons, expliqué-je.

— Michelle, soupire mon père. Tu ne penses pas que c'est trop dangereux ?

— Non, on fait attention, répliqué-je brusquement, je ne concevrai pas de me séparer d'Harry, pas après tout le temps que j'ai espéré l'avoir pour moi. Et même si je ne l'ai qu'à moitié, je m'en réjouis.

Les deux m'observent avec des expressions inquiètes voire désapprobatrices, comme s'ils se tenaient en face d'une azimutée. Lorsque nous passons encore par-là, Harry discute avec Sophia, alors je lui lance un petit regard bref avant de sortir. C'est tellement difficile, difficile d'être près de l'homme qui fait battre ton cœur, fait pulser ton sang, fait tourner ta tête, sans pouvoir le toucher et montrer au monde combien tu tiens à lui. La seule manière d'être avec lui serait de rompre le contrat avec Homel, d'abandonner mon projet de livre, renoncer à mon rêve. J'y ai pensé, mais je n'ai même pas le droit de rompre le contrat avant cinq longues années.

— Michelle !

Nous nous retournons vers un Harry essoufflé qui vient de débarquer dans le parking.

— Je vous invite à dîner ce soir, Abdou vous conduira au restaurant.

— Beaucoup mieux, observe Luc avec un sourire satisfait.

— Tu sais comment acheter mon goinfre de frère maintenant, remarqué-je en souriant. Bye, finis-je en me retournant.

J'ai envie de me retourner vers lui, de lui sauter dessus, de le remercier de faire autant d'efforts, de l'embrasser.

Harry

Je lance un coup d'œil à l'écran de mon téléphone qui affiche un SMS provenant d'Abdou et disant qu'ils seraient là dans moins de deux. Je suis habillé un peu comme d'habitude — jeans bleu foncé et chemise en lin blanc, cette fois. Il faut bien que je reste moi-même pour plaire à la famille de Michelle. Lequel des toi ? m'interroge une conscience sournoise. Depuis que j'ai commencé cette relation avec Michelle, je suis différent, j'ai l'impression de redevenir qui j'étais. Je ne force plus ou plus trop mes émotions, j'essaie d'être aussi spontané que possible. J'ai commandé un cocktail en attendant leur arrivée. Après ma première gorgée, je repère le trio qui vient de débarquer dans le restaurant. Michelle est sublime, je ne vois qu'elle en réalité. Elle porte un pantalon crayon noir, les courbes somptueuses de ses hanches s'exposent à volonté. Mon souffle se coince littéralement dans mon torse. Son haut offre un léger décolleté qui me flanque un autre coup en plein estomac et ses cheveux sont retenus en deux longues tresses. Dieu qu'elle est belle, ma douce et sauvage Michelle ! Mes membres se crispent, plus à cause du stress, mais à cause de cette bombe pour qui je donnerai tout, cette bombe que j'aimerais prendre, là sur cette table de restaurant. Je me lève lorsqu'ils se rapprochent de la table. Michelle arbore un de ces sourires lumineux qui font ressortir ses pommettes et l'éclat de ses yeux de fée, un sourire qui me rend fou.

— Harry, fait-elle en me serrant la main à contrecœur.

Au simple contact de nos paumes, mon corps répond à sa présence et mon membre durcit dès que mes yeux tombent sur son décolleté. Seigneur, aidez-moi !

— Maxim, fais-je en serrant maintenant la main de son père. Luc, fais-je avec son frère.

— Monsieur Luc pour toi, me corrige-t-il sèchement.

J'aurai vraiment du pain sur la planche avec celui-là. Quand nous nous installons enfin, je fais signe au serveur de s'approcher. Dès qu'il nous livre la carte, je prends les devants pour la carte aux vins.

— J'espère que cela vous convient, demandé-je à Maxim qui hoche la tête.

— Vous avez des goûts de connaisseur, me dit-il plutôt fièrement.

Quand on travaille dans un environnement comme Homel, c'est nécessaire d'avoir une large connaissance. Je lui réponds simplement avec un sourire. Michelle est assise de l'autre côté avec son père, et près de moi se trouve son frère. Je ne peux m'empêcher de soutenir son regard lorsqu'il se pose sur moi, puis de descendre le mien sur ses lèvres, puis sur ses clavicules incurvées en un S parfait. J'ai diablement envie de l'embrasser. Elle ne peut s'empêcher de rougir légèrement et de se mordre discrètement la lèvre. Un raclement de gorge de la part de Maxim me fait revenir à la réalité. Je rougis, un peu honteux de dévisager autant sa fille en face de lui.

— Michelle m'a dit que vous étiez dans la mécanique et que vous auriez voulu qu'un de vos enfants s'y intéresse ? entamé-je après la prise des commandes par le serveur.

— Oui, mais ils ont clairement choisi d'autres voix, répond-il un peu mélancolique.

— Luc t'a trahi papa, lance Michelle en buvant une gorgée de vin.

J'imagine le liquide rouge descendre lentement le long de sa gorge. Rien qu'à cette idée, je perds encore plus la raison.

— N'importe quoi, les femmes aussi font la mécanique, rabroue Luc, les yeux posés sur son smartphone.

— Et qu'avez-vous étudié à l'université ? me demande Maxim.

— J'ai fait une école de commerce.

J'adorais le monde du business quand j'étais plus jeune. Si je ne dévorais pas tous ces livres dans mon enfance ou encore maintenant, j'aurais pu douter de mon choix de carrière. Mais d'une certaine manière, je suis resté dans le monde du commerce avec ce boulot d'éditeur.

— Bien.

L'ambiance reste plate, Michelle est très silencieuse, nous observant son père et moi.

— Ce serait un plaisir de vous recevoir un jour au Bénin, continue Maxim.

— Il en sera certainement ravi, Harry raffole de la nourriture béninoise, déclare enfin Michelle.

— Ma sœur n'est pas ta cuisinière, lance Luc en levant les yeux de son téléphone.

Son père et sa sœur roulent des yeux. Le serveur apporte enfin nos commandes et le reste du dîner est plus détendu. Michelle raconte ses folles aventures à son père.

— Elle est tombée comme une crêpe puis elle a éclaté de rire, je confirme en riant aussi aux éclats.

Cette fois-là, oui exactement cette fois-là, mon cœur a su qu'il me fallait cette femme dans ma vie. Je n'en avais juste aucune idée. Michelle éclate d'un rire pur, la manière dont elle laisse sa tête tomber en arrière, le son de son rire, ses lèvres me font perdre la tête. Calme-toi Evans, me souffle ma conscience. En plein milieu de dîner, je n'arrive plus à tenir, je sens que je vais exploser. Je jette un coup d'œil à mon téléphone puis prends la parole.

— Hum, excusez-nous, il y a une urgence avec Abdou, j'aurai besoin de Michelle.

— C'est grave ? demande son père.

— Non, ne vous inquiétez pas Maxim. Michelle ?

Elle étouffe un petit rire avant de me suivre.

— Urgence hein, se moque-t-elle à mon oreille.

Comment ne peut-elle pas ressentir cette tension, cette envie ? Dès que nous sortons du restaurant, je repère une ruelle à notre droite et y tire Michelle. Je la colle au mur d'une manière que je trouve tout de même trop brusque puis m'empare de ses lèvres, ses lèvres envoutantes. Elle a le goût du vin, du steak, et de Michelle. Nos langues s'entremêlent, la tension monte toujours en moi. Je la veux, maintenant, entièrement. Je place mes mains contre sa nuque pour la rapprocher encore plus de moi.

— Qu'est-ce que tu me fais Michelle ? soufflé-je entre deux baisers avant d'augmenter le rythme du baiser.

Je suis enfin obligé de m'arrêter, place ma main près de son cou pour calmer ma respiration alors qu'elle colle son front à mon épaule pour calmer la sienne.

— Je t'ai définitivement dans la peau, soufflé-je essoufflé. Michelle, comment peux-tu me faire autant d'effets, bon sang ?

Je la sens sourire contre moi, puis elle me serre fort dans ses bras.

— Parce qu'on est parfaitement mauvais l'un pour l'autre, murmure-t-elle.

Je lui embrasse le front, hume autant son parfum que je le peux. Ma maladie, mon remède, une nouvelle raison de vivre. Maxim et Luc n'ont pas cru un seul mot de nos excuses bidon, mais j'ai eu l'impression que Maxim était heureux pour nous. Son sourire lorsqu'il a posé son regard sur Michelle dont les yeux pétillaient me l'a prouvé. Et au plus profond de mon cœur, je lui fais la promesse de chérir le joyau qu'est sa fille. 

****
Comment se passe votre week-end?
Moi j'ai le cerveau en feu alors que j'ai encore du travail lol.
Êtes vous élèves, étudiants ou travailleurs?

N'hésitez pas à commenter le chapitre. 


Merci de lire voter et commenter.


Lalie.

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